Le deuxième procédé

Nous sommes dans la même situation que précédemment, c’est-à-dire, de nuit dans l’appartement de Calvero après que celui-ci a tiré la cloison de séparation entre les deux espaces : celui de la jeune fille et le sien. Mais le traitement cinématographique comporte des différences non négligeables. En effet, Chaplin fait l’ellipse du cadrage de l’affiche et des photos représentant Calvero et passe directement au fondu enchaîné.

Premier fondu enchaîné : réitération de la scène de rue avec les trois musiciens. On peut légitimement penser que les souvenirs les plus récents de Calvero affleurent à sa mémoire.

Deuxième fondu enchaîné à partir de Calvero endormi sur le même divan. D’abord un travelling avant sur son visage puis un fondu enchaîné sur une scène de théâtre.

Le spectacle se déroule sur une toile de fond champêtre. Calvero est en canotier, en costume et maillot rayé (comme dans les tableaux de A. Renoir ou comme dans le film Partie de campagne de J. Renoir.) Il exécute une pantomime et chante.

Un plan large permet l’entrée d’une ballerine par le bord gauche du cadre. Les deux personnages au centre de la scène dansent. Un gros plan sur le visage de la jeune fille nous permet de reconnaître Terry. Ils jouent une comédie musicale fantaisiste. Le spectacle s’achève par une sortie des deux personnages se tenant par la main par le bord droit du cadre.

La séquence s’achève par une fermeture au noir.

Pour tenter de mieux saisir l’économie de cette séquence dans le film, tenons compte des propos que Calvero tient lui-même à Terry au réveil, au moment du petit déjeuner.

‘« Mon rêve est brisé ! Nous dansions ensemble à la gloire du printemps ! »’ ‘« Je rêve à de belles choses, je les oublie au réveil. Je rêve beaucoup de théâtre ces temps-ci, je reprends tous mes vieux numéros. »’

Il s’agit donc bien ici d’une scène de rêve qui pourtant s’avère complexe dans son fonctionnement.