3 - A Countess from Hong Kong. La farouche volonté d’être.

Trente ans de gestation pour faire naître ce film depuis le jour où il rencontre en 1921 la chanteuse et danseuse Moussia Sodskaya émigrée russe à Paris, depuis le voyage de 1936 en Extrême-Orient où il avait imaginé un script d’une histoire de comtesse à Shanghaï, cela mêlé aux souvenirs de 1931-1932 avec Mary Reeves et qui avait donné lieu au script de Stowaway (Le Passager clandestin.). C’était comme si la formidable dépense charlotienne d’autrefois se transmettait frénétiquement au réalisateur de 77 ans pour créer encore et toujours. Comme il l’avait dit jadis à Cocteau lors de son voyage à Shanghaï :

‘« Je peux mourir demain en me baignant. Moi je ne compte pas. Je n’existe pas. Il n’y a que le papier qui existe et qui compte. »’

Il voulait encore faire ce film et il le fit mettant l’accent sur de nouvelles exigences cinématographiques  151 :

‘« C’est la première fois que je vais mettre des personnages absolument authentiques dans des situations irréelles et incohérentes. Je veux créer quelque chose d’insolite, de différent de tout ce que j’ai signé jusqu’ici. Il me semble bien plus cocasse de faire une comédie se déroulant dans un univers réel, historique même, plutôt que de l’inventer de toutes pièces. » ’

En dépit de ce qu’il déclare, et après avoir rappelé le sort que la critique fit à ce film à sa sortie, nous nous interrogerons, et quoi qu’on en ait dit, sur les empreintes laissées par Charlot dans cette ultime création. Vers quelle écriture finalement Chaplin tend-il avec La Comtesse ?

Notes
151.

Conférence de presse de Chaplin tenue au Savoy Hôtel à Londres sur La Comtesse de Hong Kong.