Un après-midi, au cours de l’année 1971, notre attention fut attirée et notre intérêt piqué par un article 29 de la revue Vers l’éducation Nouvelle consacré aux mathématiques modernes que nous lisions avec beaucoup de rigueur. Nous nous rappelons fort bien que, sorti pour une promenade, toute notre imagination fut mobilisée par un projet pédagogique d’enseignement de la théorie des ensembles. Nous voyions clairement la scène : apportant aux élèves, un carton d’objets divers et posant comme consignes de réaliser des classements et des rangements. De manière très naïve, nous pensions que cette situation amènerait tout naturellement les élèves, aux notions d’ensemble et de relation… . Cela nous créa beaucoup de préoccupations intellectuelles d’ordre pédagogique, tant nous avions envie d’éprouver par l’expérience cette situation didactique que nous avait suggérée l’article. En effet, ce fait marque le début d’une révolution culturelle personnelle en ce qui concerne l’enseignement des mathématiques. Jusqu’alors, nous concevions sans contestation cet enseignement réalisé selon un mode traditionnel partant de l’exposé magistral général des définitions des notions visées, des postulats et des axiomes, puis des théorèmes qui en découlent par démonstration explicitée ou implicitement admise. Cet exposé magistral était suivi d’exercices d’entraînement et de problèmes d’application. Cette démarche d’enseignement n’avait en fait pas provoqué de troubles particuliers de notre processus d’apprentissage des mathématiques. Aucun échec traumatisant ne nous avait conduit à une remise en cause de cette pratique d’enseignement des mathématiques. Or, c’est à ce moment là que nous avons commencé à imaginer plus clairement le rôle de l’activité de résolution de problèmes par l’élève dans le processus d’apprentissage. De là s’est opérée une modification de notre conception du processus d’enseignement des mathématiques.
Pour accorder cet événement à notre conception actuelle du processus d’apprentissage dont nous traiterons plus à fond en seconde partie de cette note de synthèse, nous conjecturons que notre motivation personnelle devait être suffisante pour nous rendre élève-acteur, spontanément enclin à chercher à résoudre des problèmes comme cela s’était déjà passé en CM2.
Vers l’Éducation Nouvelle, revue des CEMEA, Centre d’Entraînement aux Méthode d’Éducation Active.
Salomé, L., (1969), Les mathématiques modernes et l’éducation Nouvelle, Vers l’ é ducation Nouvelle, 237, pp. 25-32