La rentrée scolaire 1983… après la soutenance de thèse de doctorat !

Nous avons soutenu notre thèse de doctorat le 4 juillet 1983. La rentrée 1983 était aussi dixième en tant que professeur de mathématiques en lycée !

Faire un bilan de 10 ans d’activité d’enseignement et tenter d’expliciter notre démarche scientifique.

Durant l’année 1984, nous avions tenté de faire un bilan des dix années écoulées pour éclairer notre parcours et communiquer à d’autres collègues, les fruits d’une expérience pédagogique à la fois singulière mais partagée avec les praticiens-militants de l’I.C.E.M.-pédagogie Freinet. Notre projet était ambitieux. Il s’agissait, par la description, le récit et la confrontation, d’éprouver la transférabilité et le domaine de validité des dispositifs pédagogiques conçus et mis en œuvre comme une opérationnalisation des principes pédagogiques Freinet dans l’enseignement des mathématiques en lycée. Il s’agissait aussi d’éprouver la robustesse de l’esprit de ces dispositifs face aux changements contextuels. Il ne nous semblait guère possible d’aller scientifiquement bien loin dans le degré de certitude quant à la validité des propositions que nous pouvions énoncer. Nous étions déjà convaincu que l’enseignant, acteur au sein de la classe, ne pouvait être observateur de sa pratique qu’au prix de subtiles précautions méthodiques, de l’acceptation d’une large marge d’incertitude, de bricolages, d’une vigilance permanente.

Nous étions en même temps révolté par le fait qu’un enseignant qui souhaitait questionner sa pratique et la mettre en cause par des pratiques pédagogiques différentes, était tenu à payer le prix de cette vigilance. En revanche, ceci n’était nullement demandé à l’enseignant installé dans la routine d’une pédagogie traditionnelle. A cette époque, les critères fondés par nos convictions militantes nous permettaient de trancher assez sommairement : il y avait les pratiques pédagogiques modernes qui se définissaient avant tout en dénonçant le cours magistral, les contrôles, l’usage des notes, la disposition alignée des tables dans la salle de classe, l’absence de travail de groupe, l’absence de concertation, l’absence d’attention portée au sujet apprenant…puis il y avait les autres : les pratiques traditionnelles, celles qui se fondaient sur ce que les pratiques modernes dénonçaient et qui ne pouvaient en fin de compte que bloquer le développement harmonieux de l’individu. Cette position manichéenne était relativement facile à tenir pour prendre des décisions et même pour alimenter notre discours explicatif. Comme nous le verrons dans les épisodes suivants, notre regard a bien changé au vu de la complexité des situations pédagogiques et didactiques.