D’abord nous pouvons affirmer le primat du présupposé philosophique de l’éducabilité de l’être humain et de la croyance en sa modifiabilité permanente. Puis nous n’en citerons deux autres alternatifs. Un inventaire plus large s’avérerait sans doute nécessaire pour l’intelligibilité de l’itinéraire, c’est, en fait, ce que nous faisons au fil des propos.
Les méthodes pédagogiques traditionnelles sont la cause principale de cet échec. La formation en mathématiques des enseignants, en particulier dans le domaine dénommé mathématiques modernes, ainsi que leur formation pédagogique sont insuffisantes, ce qui amplifie l’obstacle à l’adaptation des méthodes pédagogiques traditionnelles aux nouvelles attentes des élèves. Nous devions les combattre.
Les méthodes pédagogiques modernes telles que celles proposées par la pédagogie Freinet, constituent une réponse pertinente à la lutte contre l’échec scolaire en mathématiques. Elles s’appuient sur des techniques à propos desquelles Célestin Freinet (Freinet 1973 p.37) écrivait déjà qu’elles ‘« ne sont pas en 1965, ce qu’elles étaient en 1940 parce que de nouveaux outils et de nouvelles techniques sont venus enrichir et faciliter notre travail. Elles ne seront pas en 1970 ce qu'elles sont aujourd'hui… L’école Moderne n’est ni une chapelle, ni un club plus ou moins fermé, mais un chantier d’où il sortira ce que tous ensemble nous y construirons’. » Elles devaient nous servir de références. A propos de la diffusion de l’influence de la pédagogie Freinet, en 1975, Louis Legrand écrivait qu’ ‘« estimer l’importance de Freinet dans la pédagogie française est une tâche bien difficile et périlleuse. Difficile car nous n’avons aucun indicateur objectif valable…Périlleuse car il est facile d’être accusé de partialité, la pensée de Freinet et ses techniques étant parentes à bien des égards d’autres tendances innovatrices’ ‘ 33 ’ ‘… ’». Il signalait toutefois deux endroits où cette influence avait pu se manifester : les instructions consacrées aux classes de transition et les instructions nouvelles pour l’enseignement du français à l’école élémentaire de 1972. Dans leurs versions des années 75-80, les programmes et instructions pour l’enseignement des mathématiques des classes de lycée ne comportaient pas la moindre trace de suggestion autorisant une telle perspective pédagogique. Louis Legrand concluait sur des propos qui donnaient quelques lumières à notre parti pris (Legrand 1975) : ‘« Dans l’état actuel (1975), seule une mutation personnelle de l’enseignant définissant ses propres objectifs sans aucune référence aux objectifs du système régnant permet (une) conversion et l’adoption des techniques correspondantes. Mais il convient de ne point cacher les risques d’une telle entreprise. La tolérance du système régnant a des limites et par système nous entendons non seulement la hiérarchie, mais les collègues et les parents’ ‘ 34 ’ ‘.’ » Nous avons eu à affronter ces risques comme nous le verrons plus tard.
Legrand, L., (1975) L’influence de Freinet dans la pédagogie française, in Freinet aujourd’hui, Les amis de Sèvres, (2), p 5
Legrand ibidem, p 12.