Face à quelles représentations sociales ?

Depuis les années 50, l’importance des mathématiques s’est accrue dans l’enseignement secondaire. Elles ont, par le jeu des coefficients d’examen, remplacé le latin dans la sélection scolaire. À côté de leur contribution à la formation scientifique, les mathématiques apportaient une façon plus objective que les disciplines littéraires pour réaliser des évaluations sélectives, dans la mesure où le juste et le faux y sont indiscutablement discernables. Les mathématiques demeuraient le meilleur critère de l’excellence scolaire. Le corollaire devenait de faire des mathématiques plus pour franchir les barrières de la sélection que pour se former à l’esprit scientifique. La pression sociale exercée sur les adolescents lycéens, en particulier par l’intermédiaire des parents, plaçait le cours de mathématiques sous haute surveillance. Si cette focalisation nourrissait la valorisation de la place et du rôle du professeur de mathématiques au sein du lycée, elle contribuait à maintenir le statu quo des méthodes traditionnelles d’enseignement. Toute approche innovante était suspectée par la majorité des parents, par le chef d’établissement, par certain membre du corps d’inspection de mathématiques, parfois par nos collègues de l’établissement, comme génératrice d’un désordre qui entravait la bonne marche du cours traditionnel, jugé le seul efficace pour les élèves dignes d’en profiter.

Ces opinions résistaient aux multiples résultats des études docimologiques et des premiers travaux pédagogiques et didactiques menés au sein des Instituts de Recherche sur l’Enseignement des Mathématiques (I.R.E.M.), qui les contredisaient. Il fallait que nous les combattions.