Notre conception d’éduquer…

Pour expliciter notre conception d’éduquer, nous empruntons aux diverses sources rencontrées, ainsi qu’à un travail réalisé, plusieurs années de suite, avec des d’étudiants 120 à partir d’un Q-sort sur quelques conceptions 121 diverses sur l’Éducation. Il ressort que nous nous reconnaissons dans cette caractérisation globale d'éduquer est une action qui se donne pour fin l’émancipation des personnes et la formation progressive de leur capacité à décider elles-mêmes de leur propre histoire, par la médiation d’apprentissages déterminés. Au-delà, il y a une fin plus élevée, celle de l’émancipation et de la promotion de l’humain, celle de la construction de l’humanité. Cette caractéristique majeure requiert des conditions complémentaires, à savoir de faire confiance en Autrui à l’éducation duquel nous projetons de participer, de croire en son éducabilité.Et là, ressurgit le principe fondateur qui préside à toute réflexion sur l’éducation, le postulat selon lequel tout être humain estéducable.Quand bien même nous aurions l’impression de rencontrer quotidiennement nombre contre-exemples au vu de la cruauté que des êtres humains continuent à exercer à l’égard d’autres êtres humains, l’adhésion à ce postulat est pré-requise à tout investissement dans le champ éducationnel. C’est alors parce que nous avons confiance en Autrui, que nous cherchons à lui faire partager ce que nous savons, et que nous avons acquis par l’expérience ou par la médiation de situations d’apprentissage, et même ce à quoi nous croyons de bon. Certes, il y a là une posture paradoxale où nous voulons tout à la fois faire partager nos connaissances et nos croyances, ce qui nous incite à convaincre Autrui, et le respecter dans ses propres connaissances et ses propres croyances, ce qui nous incite à un retrait ou plutôt à une prise de distance, à reconnaître son autonomie. Mais nous ressentons plus juste de prendre le risque de l’affrontement à ce paradoxe apparent que de renoncer au profit du pari sur l’ignorance en laissant l'exclusivité au développent naturel. Par ailleurs, force est de constater que le partage des connaissances n’obéit en aucune façon aux lois habituelles de la physique. Ce partage ne diminue nullement la part de celui qui ‘« donne’ », mieux encore il arrive que le ‘« donneur’ » se trouve enrichi à l’issue du partage, c’est ainsi que nous interprétons l’adage pédagogique : ‘« enseigner, c’est apprendre une seconde fois ’». Avec cela, nous postulons l’importance de la fonction de guide, d’accompagnateur, de personne aidante, chez celui qui se donne comme projet d’éduquer. Ainsi accompagner les démarches tâtonnantes des jeunes pour qu’ils prennent davantage de hardiesse et de sécurité et les aider progressivement à affronter leur angoisse et à s’ouvrir aux autres est une proposition qui explicite cette caractéristique nécessaire de l’action d’éduquer.

Il nous semble aussi que le rôle de l’exemple est à considérer avec soin, ne serait-ce que pour interpréter le ‘« fais ce que je te dis, mais ne fais pas ce que je fais’ » ou parce que certains de nos éducateurs ont contribué par leur exemple à former quelque chose en nous. Enfin nous ne pouvons laisser de côté les deux facteurs complémentaires et nécessaires de l’action d’éduquer : la patience (savoir attendre) et l’incitation (savoir bousculer et provoquer inlassablement)

é duquer est une action d'être humains envers d'autres êtres humains finalisée par leur développement physique et psychique, dans leurs dimensions sociale, psychique, épistémique et bio-physique, en même temps que la formation progressive de leur capacité à décider eux-mêmes de leur propre histoire, par la médiation d'instruments acquis par l'apprentissage.

L'éducation est le processus par lequel un éducateur tente d’éduquer, mais aussi le résultat de ce processus.

Le développement de l’autonomie de l’être humain que vise cette éducation, conduit à imaginer qu'il peut devenir, sous certaines conditions, capable d’être son propre éducateur. Cette capacité de s’auto-éduquer intègre alors celle de s'auto-évaluer et de s'autocorriger.

Notes
120.

Notamment dans le cadre du cours de licence de sciences de l’éducation, Approches interdisciplinaires des apprentissages.

121.

Inspiré et adapté du Q-Sort proposé page 535 in Recueil d’instruments et de processus d’évaluation formative INRP (2 Tomes) éd. n°1-1980, éd. n°2-1983