Retour sur la question de l’autonomie

Nous ne saurions terminer cette partie sans évoquer l’idée d’autonomie qui oriente d’une manière déterminante tant notre discours sur l’auto-évaluation que notre pratique pédagogique.

En ce qui concerne le cadre plus précis de l’enseignement-apprentissage des mathématiques et de la statistique en lycée ou à l’université, nous distinguons alors deux aspects :

Ce premier aspect est lui-même à moduler selon que l’apport de l’enseignant est estimé nécessaire ou non et qu’il peut y avoir prise de responsabilité par rapport à la tâche à produire ou non. Toutefois nous ne retenons pas d’emblée le rejet systématique ou catégorique de l’enseignant par l’apprenant comme une manifestation positive de son autonomie à l’égard de celui-ci.

Tableau 0 - 2 : Une modélisation de l’autonomie de l’apprenant en six degrés
  La prise de responsabilité de l’apprenant par rapport à la tâche est…
L’ apport de l’enseignant est… estimée possible avec conséquences estimée possible sans aucune conséquence estimée impossible
estimé nécessaire
autonomie
degré 4
autonomie
degré 2
autonomie
degré 6
estimé superflu
autonomie
degré 3
Autonomie
degré 1
autonomie
degré 5

Ce tableau met en évidence six situations pédagogiques dans lesquelles un apprenant peut se trouver pour y manifester son autonomie à l’égard de l’enseignant. Chacune implique un degré d’autonomie différent que nous avons tenté d’expliciter (degré 1 est le plus faible et degré 6 le plus fort). En ce sens, nous pouvons considérer que chacune d’elles offre un degré variable d’exercice réel de l’autonomie de l’apprenant. Le paradoxe apparent de notre conjecture réside dans le fait que la situation la plus contraignante à savoir celle où l’apport de l’enseignant est estimé par l’enseignant comme nécessaire et la prise de responsabilité comme impossible est la plus favorable au développement de la capacité d’autonomie de l’apprenant vis à vis de l’enseignant. A contrario la situation la moins contraignante à savoir celle où l’apport de l’enseignant est estimé par lui comme superflu et la prise de responsabilité comme possible et sans conséquence est la moins favorable au développement de cette capacité.

Ce second aspect peut être envisagé du point de vue de la possibilité d’accès à des informations écrites par le biais de livres, de documents ou autres supports, de la possibilité de mobiliser des connaissances pour les transférer à la situation nouvelle rencontrée, de la possibilité d’argumenter à partir de connaissances dans une confrontation avec des observations ou avec des individus. Ainsi dans une situation problème nouvelle, l’autonomie de l’apprenant se manifeste par son engagement à affronter la résolution et à dépasser l’obstacle posé à partir des connaissances acquises, par la recherche de ses erreurs et de leurs causes. Des conduites manifestes pourront être observées telles que le fait de rechercher des informations dans le manuel de mathématiques dont l’apprenant dispose ou dans ses notes de cours ou encore en formulant des questions pertinentes à l’enseignant perçu alors comme personne-ressource.

Nous achevons cette partie en exposant succinctement ce que nous percevons du lien entre autonomie et auto-évaluation. En vertu des significations données à ces deux notions, il nous paraît à peu près clair que la capacité d’auto-évaluation constitue une composante de l’autonomie de l’apprenant vis à vis de l’enseignant et vis à vis du domaine disciplinaire. Actuellement, nous maintenons notre conjecture que le développement de la capacité d’auto-évaluation favorise le développement de la capacité d’autonomie de l’apprenant.