Les inquiétudes et les doutes que génère l’auto-évaluation.

La pratique auto-évaluative suscite des méfiances dont l’origine ne peut se ramener aux conditions d’innovation qu’elle a pu induire. Cette méfiance paraît renvoyer à un problème épistémologique qui se noue autour des notions de subjectivité et d’objectivité, et des notions d’intériorité et d’extériorité. Ainsi l’hétéro-évaluation par son apparence de pratique en extériorité se voit attribuer un caractère d’objectivité qui lui confère une qualité de plus grande scientificité que l’auto-évaluation, pratique en intériorité considérée comme ayant un caractère de forte subjectivité. Cette méfiance s’origine dans la crainte presque systématique de la surévaluation ou parfois de la sous-évaluation d’une compétence à laquelle aboutirait toute démarche d’auto-évaluation. Comme si l’hétéro-évaluation était mieux armée pour éviter ces deux types d’erreur! Peut-être aussi ces inquiétudes sont-elles à mettre en relation avec l’idée de pouvoir ? Au sein de la classe, tous les individus paraissent égaux en face du droit à évaluer. En revanche le pouvoir d’évaluer semble bien être du ressort de l’enseignant, au moins d’un point de vue culturel. L’introduction de pratiques auto-évaluatives donne peut-être l’impression d’une remise en cause de ce pouvoir. Pourtant en regardant de plus près même dans un dispositif pédagogique intégrant des pratiques auto-évaluatives, l’enseignant conserve le pouvoir de la définition des objectifs et de celle des critères d’évaluation. Dans quelle mesure est-ce alors le rôle plus actif donné à l’apprenant dans les pratiques auto-évaluatives qui génère cette inquiétude ressentie comme un abandon par l’apprenant et comme la porte ouverte au laisser-faire n’importe quoi par l’enseignant ?