Ainsi que nous l'avons maintes fois répété, nous souhaitons ne pas en rester au stade d'une séquence didactique. Nous visons un autre niveau d'étude qui intègre l'enchaînement des séquences durant un cycle (une année scolaire pour le lycée, un semestre universitaire c'est à dire : une unité de 24 h). Par analogie aux différents niveaux d'étude en linguistique, il nous semble que la séquence didactique isolée correspondrait à l'unité phrase, alors que nous visons le niveau supérieur de l'unité texte, et même, de manière plus ambitieuse, celui du discours avec sa dimension pragmatique.
La rédaction de l'ouvrage [1991a] participe de cette intention. Dans une approche praxéologique, nous avons tenté de nous confronter aux problématiques suivantes :
Comme nous l'avons écrit en conclusion de l'ouvrage, de l'explicitation du dispositif pédagogique découlent alors deux problèmes. D'une part, celui de la transférabilité à d'autres disciplines que les mathématiques et la statistique, et même, à d'autres classes que la classe de seconde de lycée. D'autre part, celui de la généralisation à l'ensemble des disciplines d'une classe, problème que nous avons affronté, par ailleurs, dans le cadre du travail en équipe pédagogique [1986a] [1987e]. Quant à l'effet du dispositif pédagogique, nous écrivions : « L'analyse des résultats 180 (au sens scolaire) des élèves et de leur progression dans leur cursus de lycée, l'intérêt qu'ils portent à la méthode lorsqu'ils en ont compris le sens (ce qui apparaît parfois au bout de plusieurs années) font déjà ressortir une efficacité certaine des actions conduites par ce dispositif pédagogique qui doit cependant demeurer un dispositif évolutif.» En ce qui concerne les limites, nous écrivions que, ce qui surprenait le plus les élèves à leur entrée en classe de seconde était de trois ordres :
Les habitudes laissées par les pratiques pédagogiques traditionnelles de l'enseignement des mathématiques et de la statistique, bien que dénoncées par les élèves eux-mêmes, constituent des points d'accroche forts vers lesquels les élèves se retournent de manière stéréotypée dès que leur sont proposées des stratégies nouvelles. Il nous a même semblé que certains élèves dépensaient plus d'énergie pour résister qu'il ne leur en aurait fallu pour s'investir dans les activités mathématiques proposées.
Aujourd'hui, nous nous demandons s'il n'existe pas un équivalent de la loi physique de Lenz 181 qui se manifesterait dans les situations d'enseignement-apprentissage. Comment comprendre et expliquer la résistance du sujet apprenant au projet de l'enseignant de l'aider à acquérir des connaissances en mathématiques et en statistique ?
En particulier l'étude du suivi d'une cohorte que nous avons réalisée [1985a]. Par ailleurs, nous avons recueilli plusieurs témoignages d'anciens élèves relativement à leurs souvenirs du travail conduit en classe de seconde en mathématiques. Certains de ces anciens élèves sont maintenant des enseignants-chercheurs universitaires.
Lenz (1804-1865) a énoncé une loi concernant le phénomène de l’induction électromagnétique, en ces termes «Le sens du courant induit est tel que, par ses effets, il s’oppose à la cause qui lui donne naissance. » Notre métaphore cherche à rendre ainsi compte comment la conduite de l’apprenant paraît reliée à celle de l’enseignant à la manière de la loi précédente.