La technologie hypermédia  : un seuil de rupture

À notre sens, la nouveauté technologique informatique dont nous bénéficions actuellement, est la technologie hypermédia, la mise en réseau des réseaux d'ordinateurs de la planète par le biais, en particulier, d'Internet, enfin la possibilité donnée à des non-spécialistes, non seulement, d'accéder à ces réseaux mais d'y faire circuler leur propre produit, via leurs pages Vb personnelles, à l'intérieur desquelles ils peuvent introduire, à leur initiative et de manière autonome, des liens vers des lieux qu'ils ont choisis — par le recours aux hyperliens entre U.R.L. 197 à partir d'une programmation de haut niveau utilisant virtuellement le langage naturel -. Pour nous, c'est cette possibilité de parcourir les documents virtuels au moyen des hyperliens qui caractérise la rupture majeure avec les documents papiers traditionnels ou même les documents virtuels des premiers traitements de texte, à la catégorie duquel nos livrets autocorrectifs appartiennent. En effet, ce sont des documents virtuels. Nous les avons conçus sous traitement de texte informatique, puis transformés en documents sur papier. C'est d'ailleurs cette forme traditionnelle qui les a rendus accessibles aux étudiants. Au moment de leur publication, avant 1996, les possibilités de l'hypermédia n'étaient pas accessibles comme à ce jour.

Avec la technologie informatique actuelle, nous sommes alors en mesure de réaliser des outils qui opérationnalisent, d'une manière extraordinairement performante, les traitements impliqués par notre méthode d'évaluation R.E.N.(voir partie 2-2.1.3.4). En effet, dans les années 80, nous avions développé des programmes en langage BASIC pour assister la prise de décision de l'auto-évaluation. Nous en avions rendu compte dans l'ouvrage [1983b] évaluation et autonomie. Par ailleurs, cette technologie de l'hypermédia permet d'introduire une relation entre le sujet apprenant et le document autocorrectif et auto-évaluatif, d'un niveau d'interactivité bien plus élevé dans sa forme informatisée que dans celle utilisant le support papier. Dans cette dernière forme, le contenu, même élaboré selon notre méthodologie (voir partie 2, 2.1.3.3), n'en demeure pas moins figé dans la forme choisie lors de son élaboration. Le produit est en quelque sorte statique. Certes, [1994c] [1994d] [1995a] [1995b], nous les avons conçus avec des espaces que l'étudiant peut utiliser pour y rédiger des notes personnelles, de manière autonome, et qui plus est, il peut aussi compléter les informations selon les usages habituels de traitements de l'information textuelle (ajout marginal, sur-lignage, etc.). Mais, aujourd'hui, nous avons la possibilité technique d'élaborer des documents autocorrectifs et auto-évaluatifs dynamiques, dont nous rêvions dans les années 80. Tout d'abord, l'usage des signets, des commentaires, des index enrichissent significativement le degré informationnel du document autocorrectif et auto-évaluatif, et offrent des possibilités de traitement de l'information contenue à niveau bien plus élevé qu'avec le document sur support papier. Ensuite, les jeux de données statistiques peuvent être rendus dynamiques, laissant à l'apprenant le choix des données à introduire. Nous pourrions même envisager qu'il en soit ainsi pour les traitements statistiques qui seraient choisis dans une sorte de caisse à outils informatique. Par exemple, il s'agirait, d'une certaine manière, de récupérer des fonctionnalités analogues à celles qu'offre un logiciel de type tableur comme Excel. En quelque sorte, notre conception des documents autocorrectifs et auto-évaluatifs vise à intégrer une structure qui dépasse celle fondée sur les QCM. Cette conception s'appuie sur ce que nous-même sommes capable de faire en relation à notre degré actuel de maîtrise des outils informatiques qu'elle requiert. Mais nous considérons aussi qu'elle peut être enrichie des apports d'experts informatiques qui nous fourniront des possibilités de traitement de l'information contenue dans les documents autocorrectifs et auto-évaluatifs à des fins de formation en statistique, que nous n'imaginons pas à ce jour.

Cette perspective détermine alors une catégorie d'objets de recherche en didactique de la statistique déjà évoquée, en particulier dans le chapitre précédent (voir partie 2-3.3.). Il est clair que de tels documents impliquant l'usage des technologies informatiques, pour atteindre le niveau que nous visons dans notre conception, ne peuvent être la simple réécriture en langage HTML 198 ou une simple conversion en format PDF 199 Nous devons prendre en compte les nouvelles compétences et connaissances que l'usage de tels documents requiert des apprenants. Et l'explicitation de celles-ci passe par une recherche de type scientifique.

Notes
197.

Localisateur uniformisé de ressources  : protocole de repérage dans le réseau de réseaux des objets multiples qui y sont déposés à des fonctions diverses comme la correspondance électronique, l'accès aux pages des sites Web, l'accès à des documents des sites FTP, etc.

198.

HyperText Markup Language, langage de mise en forme de documents pour les rendre explorables par un logiciel navigateur, c'est dire permettant de le parcourir par l'intermédiaire de liens.

199.

Portable Document Format, format qui permet une lecture par l'intermédiaire du logiciel Acrobat et qui rend les documents à la fois facilement transportables comme des photocopies, et explorables comme les documents en HTML.