Si Pablo CASALS a eu un rôle de pionnier dans la redécouverte des Six Suites pour violoncelle solo de BACH et pour la place qu'il a su leur redonner, il n'a bien sûr pas été absolument le seul en son temps à s’intéresser à ces œuvres, et quelques autres grands virtuoses de cet instrument, tels Julius KLENGEL ou Hugo BECKER, ont inscrit ces Suites au programme de leurs récitals dans la décennie qui a précédé la première guerre mondiale, contribuant ainsi à leur diffusion et à leur compréhension. 96 Il suffira, pour se convaincre de l'intérêt porté à ce recueil depuis le début du XXème siècle, de consulter la liste des nombreuses éditions parues depuis 1900, donnée en annexe n°5. 97 On remarquera que presque tous les grands interprètes de notre siècle ont produit "leur" édition des Suites pour violoncelle de BACH, mais curieusement, pas CASALS, car l'édition de 1986 (13 ans après la mort du violoncelliste), qui porte son nom, est en réalité due à Madeline FOLEY.
Cette œuvre constitue en effet encore de nos jours pour tout interprète un questionnement permanent. Elle accompagne véritablement chaque violoncelliste tout au long de sa vie. Chacun y puise la source de son jeu instrumental et y trouve matière à réflexion sur le plan de l’interprétation. Les innombrables enregistrements sur disque, dont nous donnons une sélection dans notre discographie, témoignent de la place capitale qu’occupent ces Six Suites dans le répertoire de tout violoncelliste. Certains interprètes attendent de longues années de mûrissement avant d’oser en fixer une version ‘’définitive’’. D’autres en ont réalisé plusieurs versions discographiques au cours de leur existence, estimant que leur vision de l’œuvre avait suffisamment évolué pour en présenter leur nouvelle conception.
Il nous semble donc évident que ce modèle de composition pour le violoncelle solo, quasi unique, du moins pour un compositeur du début du XXème siècle, a favorisé une première éclosion d'œuvres en rapport direct avec ce genre de la Suite de danses. Ce genre était par ailleurs porteur d’un modèle formel que nous allons rappeler rapidement ici afin de voir ensuite dans quelle mesure il a été ou non imité par les compositeurs du XXème siècle.
KINNEY, op. cit., vol.1, ch. 2, p.190-191 (note n°196), signale par exemple une exécution de la Quatrième Suite par Julius KLENGEL à Londres en 1909.
Cette liste reproduit celle établie par MARKEVITCH, Dimitry, op. cit., p.82 à 84, avec une mise à jour des publications les plus récentes.