1 - Situation de l'œuvre dans la production du compositeur

Même si l’essentiel de la production du compositeur réside dans sa musique vocale, la musique de chambre occupe une place très importante parmi les douze premiers opus publiés (quatuors à cordes, pièces pour piano ...). La Sonate op.8 est composée en 1915, alors que KODALY travaille depuis dix ans avec Bela BARTOK à la collecte de chants populaires paysans et mène avec lui une véritable recherche scientifique sur l’authentique folklore hongrois. KODALY connaît en outre bien le violoncelle qu'il a appris en autodidacte et pratiqué en amateur, ainsi d'ailleurs que le violon et l'alto, et il a déjà composé deux œuvres destinées au violoncelle et à Jenö KERPELY, dédicataire et créateur de l'op.8 : la Sonate op.4 pour violoncelle et piano ¹³⁶ et le Duo op.7 pour violon et violoncelle ¹³⁷ . La Sonate op.8 sera d’ailleurs immédiatement suivie d'une autre œuvre pour le violoncelle seul, un Capriccio, resté sans numéro d'opus et longtemps à l'état de manuscrit puisque KINNEY, en 1962, se plaignait de n'avoir pu en obtenir une copie et faisait la supposition (erronnée) qu'il s'agissait d'une esquisse de la Sonate op.8. ¹³⁸ Le Capriccio sera publié peu après la mort de KODALY, en 1969 ¹³⁹ , et la comparaison des partitions de la Sonate et du Capriccio nous confirme bien qu'il s'agit de deux œuvres tout à fait différentes, même si elles présentent certains traits communs, et avant tout leur virtuosité extrême et leur grande audace dans le traitement instrumental. Mais c’est sans aucun doute l’influence du folklore d’Europe centrale qui assure à la Sonate op.8 toute son originalité et qui a orienté le compositeur vers de nouvelles voies et c’est cet aspect que nous voulons développer maintenant.