5 - Nouvelle esthétique de l’instrument

Dans son introduction à la Sonate, rédigée en 1969, ZIMMERMANN indiquait avoir cherché à travers cette œuvre à renouveler la conception traditionnellement admise de l’instrument et de sa manière de sonner : “ Dans cette sonate pour violoncelle solo, nous avons tenté de donner un nouvel aspect à l’instrument : il n’est plus seulement un instrument à cordes frottées, mais aussi un instrument à cordes pincées, et d’une certaine manière un instrument à percussion. Toutefois, l’œuvre ne quitte jamais la zone des quatre cordes : les effets de percussion sont réalisés par des pizzicatos particulièrement forts ainsi que par de forts appuis du bout des doigts sur les cordes - un toucher qui crée un effet très particulier, surtout dans le grave des cordes. C’est l’association de nombreux touchers, notamment dans des combinaisons jusqu’aujourd’hui inconnues (sans oublier l’utilisation des quarts de ton) qui confère réellement à l’instrument cet aspect nouveau que je recherchais. ” Parfaitement conscient d’avoir réalisé à travers cette œuvre une véritable avancée dans l’écriture instrumentale, ZIMMERMANN écrivait d’ailleurs déjà en 1968 : “ La Sonate pour violoncelle seul a donné une nouvelle dimension au violoncelle, et il n’est pas étonnant qu’elle ait servi d’étalon à toutes les œuvres écrites plus tard pour cet instrument, seul ou avec accompagnement. ” 183 Il est certain que l’élargissement considérable de la palette de timbres qui s’est opéré dans la seconde moitié du siècle doit beaucoup à l’œuvre de ZIMMERMANN qui a véritablement montré la voie dans ce domaine.

Notes
183.

ZIMMERMANN, Bernd Alois, “ De la signification nouvelle du violoncelle dans la nouvelle musique ”, op. cit., p.69.