C - Chaconne ou passacaille
Nous avons déjà relevé la présence de ces formes au sein de la Suite, mais elles peuvent bien sûr aussi constituer des pièces tout à fait autonomes. La Chaconne, avec sa forte référence à la magistrale Chaconne conclusive de la Partita n°2 en Ré m. pour violon seul de BACH a encore une certaine faveur auprès des compositeurs pour violoncelle seul au XXème siècle, que ce soit au tout début du siècle comme le prouve le Caprice in Form einer Chaconne op.43 en Ré m. de Julius KLENGEL, publié en 1905, ou encore sa Chaconne en SOL M., publiée en 1931, ou plus tardivement, la Chaconne (1975) de Heinz HOLLIGER.
L’œuvre de KLENGEL emprunte son point de départ à l’introduction, “ kurz und energisch ” de la Sonate op.121 en Ré m. pour violon et piano deRobert SCHUMANN, un thème présenté en accords de trois ou quatre sons, mais, comme l’indique le sous-titre “ unter freier Benutzung eines Themas Robert Schumann ”, KLENGEL en élargit la structure harmonique en le faisant évoluer, par chromatisme descendant, vers sa sous-dominante pour l’interrompre sur un accord de RE M. suspensif :
Copyright 1905 by Breitkopf & Härtel, Leipzig. Breitkopf & Härtel, Wiesbaden. Reproduit avec l'aimable autorisation des éditeurs.
C’est donc sur un schéma harmonique de 10 mesures que se construisent ensuite les 23 variations pour lesquelles le compositeur va user de toutes les techniques traditionnelles d’écriture pour en renouveler la présentation, modifiant aussi le tempo, la métrique, et surtout, introduisant au centre un groupe de sept variations en RE M., comme BACH l’avait fait dans sa propre Chaconne en Ré m. pour violon seul.
Toute autre, puisque d’écriture dodécaphonique, est la Chaconne qui ouvre Ciaccona, Intermezzo e Adagio (1945) de Luigi DALLAPICCOLA, dont le thème présente sur huit mesures la série originale, immédiatement suivie de sa forme rétrograde :
Copyright 1947 by Universal-Edition, Wien. Reproduit avec l'aimable autorisation des éditions Universal A.G., Wien.
Les dix variations qui suivent, si elles conservent la structure initiale 215 et, bien sûr, la série fondamentale (que ce soit dans sa forme originale, transposée ou non, ou dans sa forme rétrograde), s’efforcent aussi d’en renouveler le caractère, en particulier par le timbre (cf. sixième variation en pizzicato / glissando et sons harmoniques). Mais surtout, ces variations se construisent sur de constantes réminiscences qui donnent au mouvement sa véritable cohésion, comme, par exemple, le rythme des deux premières mesures du thème qui revient dans la quatrième variation :
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La septième variation, reprend, elle, intégralement la troisième par mouvement contraire ; cette troisième variation étant elle-même directement issue de la cinquième mesure du thème :
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tandis que la neuvième variation travaille, dans sa première partie, à nouveau sur le motif initial de cette troisième variation :
Copyright 1947 by Universal-Edition, Wien. Reproduit avec l'aimable autorisation des éditions Universal A.G., Wien.
Quant à la variation finale, c’est quasiment un retour textuel du thème initial, avec un enrichissement harmonique.