a - Influence des musiques populaires

Ce sont en tout premier lieu les œuvres inspirées du folklore d’Europe centrale ou du Sud qui vont laisser apparaître cette volonté d’introduire de nouvelles sonorités. Nous avons déjà pu constater combien la Sonate op.8 de KODALY (1915) avait été novatrice dans ce domaine. Certaine compositeurs espagnols manifestent le même souci de recherche de couleurs et d’effets instrumentaux propres à la musique populaire de leur pays. Ainsi, dans la Suite per violoncello solo (1925) de Gaspar CASSADO, par exemple, le début du deuxième mouvement, Sardana, évoque par le jeu p flautando dans le registre aigu et les sons harmoniques, le fluviol, sorte de galoubet qui est l’un des instruments constitutifs de la cobla, formation instrumentale caractéristique de cette danse :

Exemple n°73 : G. CASSADO,
Exemple n°73 : G. CASSADO, Suite, 2ème mvt , Sardana (Danza), mes.1 à 5.

Copyright 1926 by Universal-Edition, n°8458. Reproduit avec l'aimable autorisation des éditions Universal A.G., Wien.

Dans l’Allegro giusto à 2/4 qui suit, d’autres instruments sont ensuite suggérés par l’écriture, presqu’entièrement sur pédale, pour faire entendre un instrument populaire à bourdon, tandis que la quinte à vide -La accentuée dans le grave résonne comme une percussion :

Exemple n°74 : G. CASSADO,
Exemple n°74 : G. CASSADO, Suite, 2ème mvt , Sardana (Danza), mes.11 à 17.

Copyright 1926 by Universal-Edition, n°8458. Reproduit avec l'aimable autorisation des éditions Universal A.G., Wien.

Un ostinato rythmique, imitant le tambourin (tamboril) qui complète généralement cet orchestre populaire, soutient encore le chant nostalgique du Poco meno (mes.53). Et la guitare est bien sûr aussi présente à travers les successions d’accords joués en pizzicatos qui ponctuent périodiquement le troisième mouvement dans des enchaînements inspirés de la cadence andalouse (cf. 3ème mvt, Intermezzo e Danza finale, mes.5, mes.28...).