Dans ce registre des sons à caractère percussif, seul le pizzicato ‘’Bartok’’ déjà évoqué et le col legno battuto 340 interviennent, encore que parcimonieusement, dans les œuvres de la première moitié du siècle (cf.HENZE, Sérénade,1949). Le col legno va se trouver encore nuancé par l’adjonction du crin de l’archet en même temps que le bois, ajoutant à la sonorité sèche et incisive réalisée par la seule percussion de la baguette sur les cordes, celle plus feutrée et souple de la mèche (cf. CAGE, Etudes Boréales, 1978).
Avec sa Sonate (1960), ZIMMERMANN oriente déjà l’instrument vers une conception plus percussive, en introduisant le mode de jeu ‘’fingerkuppe’’, où le son est obtenu par percussion forte du bout des doigts sur les cordes. 341 Si de nombreux compositeurs reprennent ensuite ce procédé, on peut cependant remarquer qu’il suscite l’une des notations les moins uniformisées, comme l’indique le tableau ci-dessous :
ZIMMERMANN , Sonate (1960), PENDERECKI , Capriccio per S. Palm (1968)
HUBER , Transpositio ad infinitum (1976) DUTILLEUX , Trois Strophes (1983)
BALLIF , Solfeggietto n°13 (1985) MALEC , Arco1 (1987) BOIVIN , Domino II (1987)
Mais c’est encore au Capriccio de PENDERECKI qu’il revient d’avoir véritablement élargi cette conception percussive du violoncelle en investissant plus largement tout l’instrument, que ce soit par percussion d’un doigt sur la table ou sur le chevalet, ou encore en frappant la touche avec la paume de la main.
Là encore, on relève quelques exemples d’emploi de cette technique dès le début du XVIIème siècle. Cf. PENESCO, Anne, Les instruments à archet au XX ème siècle, op. cit., p.204, qui signale une œuvre de l’anglais Tobias HUME, The first part of Ayres (1605), et une autre de l’italien Carlo FARINA, Capriccio stravagante (1627).
Ce mode de jeu, déjà utilisé depuis le début du XIXème siècle dans la technique de la guitare, n’avait, à cette date, pas encore été appliqué aux instruments à archet.