2 - Les formes d’élargissement de ces techniques

a - Polyphonie de timbres

La recherche d'une polyphonie de timbres apparaît certes déjà dans la Sonate de KODALY, ou plus exactement, la mise en évidence ou la matérialisation des différentes lignes de la polyphonie par le biais de timbres différenciés (par exemple, une voix arco et l’autre en pizz. main gauche). Mais elle sera plus amplement réalisée par les compositeurs de la seconde moitié du XXème siècle. Les Sonates de ZIMMERMANN et de son disciple HÖLLER nous ont déjà fourni des exemples de polyphonie élaborée au moyen de la différenciation des voix par le timbre spécifique associé à chacune d’elles (cf. exemples n°32, et n°117).

Si dans ses premières pièces pour violoncelle seul, Triphon et Dithome (1956), SCELSI commence à rechercher cette polyphonie de timbres par le biais de ses sourdines articulées qui ajoutent un timbre bourdonnant aux cordes auxquelles elles sont appliquées, dans le deuxième mouvement de Ygghur (1965), il oppose véritablement une voix “ mélodique ” (centrée sur le son Si joué arco sur la deuxième corde et tenu de manière presque continue, avec des inflexions microtonales au quart de ton supérieur) aux troix autres voix qui réalisent un contrepoint rythmique, essentiellement constitué de sons brefs (pizzicati et percussions diverses) :

Exemple n°114 : G. SCELSI,
Exemple n°114 : G. SCELSI, Ygghur, deuxième mouvement, mes.14-15.

Copyright 1985 by Editions Salabert, Paris, E.A.S. 18290. Reproduit avec l'aimable autorisation des éditeurs.

C’est encore ce type de polyphonie qui est utilisé dans la pièce de François PARIS, Roque (1990), combinant parfois les modes de jeu d’une manière jusqu'alors inexploitée (cf. p.2 où la percussion des doigts de la main gauche sur deux sons simultanés se superpose à un son tenu, avec changement de timbre de ordinario à sul tasto ou sul ponticello).