Je souhaite exprimer ma plus profonde gratitude à celles et à ceux qui m'ont apporté leur soutien, en particulier à Madame Anne Machet et à Madame Carmela La Bella, Juge au Tribunal de Foggia, pour leur aide précieuse et leur infinie disponibilité.
Mes remerciements vont également à Giovanna Benassi et à Laura Burin. Elles furent une source inépuisable de documents et de conseils.
L'aboutissement de cette recherche est à mettre au crédit de ceux qui m'ont aidée au quotidien : Willi, Luca Mattia et Paolo.
Si parler droit, c'est proposer un raisonnement clair qui tout droit va au but, alors l'expression «parler droit» peut ne pas convenir au langage juridique italien. Ce n'est pas un ensemble qu'il est possible de régler avec des procédés, des schémas mathématiques. La pensée n'avance pas en ligne droite.
Le mode d'écriture du «droit» appelle plutôt à l'esprit les procédés de la biologie et des sciences de la nature. Pour répondre à la complexité du vivant, les hommes de sciences constituent des réseaux où tout percole. Les graphes, graphes ouverts ou système fermé, et leurs multiples embranchements ou bifurcations, traduisent mieux ce langage qui doit rendre compte du vivant, de faits inattendus ou répétitifs que vit l'humanité, tout en étant le symbole de l'exercice de la justice et de l'ordre nécessaires à toute vie sociale.
Longtemps présente dans des services où était appliquée la loi, j'ai expérimenté combien la rigueur nécessaire était parfois difficile à l'aune des faits. La loi une et indivisible, sur le papier, se gère autrement au quotidien, au fil des circonstances imprévisibles, au moment où sont promulgués décrets et lois. Il faut s'en référer aux supérieurs, habilités à juger de la marge d'interprétation possible. C'est à d'autres complexités que j'ai été confrontée durant six ans en tant que traducteur-interprète. Le regard d'observateur, l'action, qui est une traduction opérationnelle, m'ont sans doute poussée à entreprendre un travail d'exploration du langage juridique italien, dans le but d'essayer de comprendre et d'interpréter les raisons de ces complexités.
La confrontation quotidienne avec ce langage en action, avec les spécialistes qui l'utilisent, que ce soient des juges, des avocats, des représentants de l'administration, de simples citoyens, permettait d'apprécier qu'en dépit des critiques traditionnelles, ce langage était fonctionnel. Mais comment fonctionne-t-il ? Quelle est sa logique ? S'agit-il d'un langage à part ? Quels sont ses liens avec la langue courante ? Ses critères sont-ils les mêmes que ceux des autres langages spécialisés ?
«Nul n'est censé ignorer la loi», dit l'adage. Aucun langage n'est confronté à une exigence pareille. Est-ce pour cela que le langage juridique répondrait à une logique différente ? Est-ce que les juristes eux-mêmes prennent en compte la nécessité de comprendre des citoyens ? Comment appréhender une réalité qui paraît multiple et variée ? Comment établir des critères capables de l'évaluer ? Telles sont les questions initiales qui m'ont amenée à entreprendre ce travail.