II Analyse de trois discours juridiques

Nous avons défini le langage juridique comme un usage spécialisé de la langue italienne, caractérisé par un patrimoine commun de termes techniques et par la préférence accordée à certaines structures syntaxiques. A côté de cette identité commune de traits, force est de constater la grande variété des réalisations du langage juridique. Elles sont le résultat de choix différents dictés par des domaines d'application différents et par des facteurs extra-linguistiques : un texte juridique peut concerner le droit international, le droit privé, le droit des affaires, le droit des personnes… Chaque genre de sujet implique un vocabulaire différent avant même que soient considérés les facteurs extra-linguistiques. Les variantes du contexte sont susceptibles de produire à tout moment des changements dans l'usage du langage juridique sur le plan du vocabulaire, de la syntaxe et du style.

Parallèlement à ces possibles transformations, le droit prévoit, d'ailleurs, une codification extrêmede toutes ses réalisations textuelles qui ne peuvent pas être négligées si l'on veut analyser cet usage de la langue. En matière juridique, les textes étant innombrables, un choix s'avère nécessaire. Il consiste à privilégier des textes rédigés par le législateur, par le juge et par le professionnel du droit. Il y a des spécificités pour chaque catégorie qu'il convient d'examiner dans leur contexte précis.

Certes, les textes sont les lieux de l'action du droit277, mais comment distinguer les différents types de texte ? Comment affirmer qu'un texte est juridique et qu'un autre ne l'est pas ? S'il existait une taxinomie générale du texte juridique, l'étude du contexte extra-linguistique deviendrait superflu. Cette exigence de classification est ressentie par les chercheurs italiens qui s'efforcent278 actuellement de trouver des critères d'approche valables.

Notes
277.

G.Cornu parle de «langage en action dans le droit», op.cit., 1990, p.212.»

278.

Cf. M.A.Cortellazzo, op.cit., 1997, pp. 38-39 ; A.Berti, «L'ambito giuridico della lingua» in : A.Castellani, L.Serianni (dir.), Studi linguistici italiani, vol.XXV, 1999, pp.67-68.