Usage des temps au service de l'objectivité

Ainsi, le style ne pourrait être plus impersonnel : les formes verbales sont à la troisième personne ou à la forme passive. C'est un résumé chronologique des faits : les verbes sont au passé, le temps de la proposition principale est presque toujours l'imparfait de l'indicatif. Ce procédé linguistique permet de rendre objective la présentation de la réalité. L'imparfait a ici la valeur d'un imparfait historique, qui indique la durée prolongée de l'action exprimée par le verbe. L'action soulignée devient ainsi encore plus «visible» pour le lecteur.374

Ce sont les faits et les demandes des parties qui jalonnent l'exposé du juge. Le rédacteur a recours constamment à la troisième personne ; il utilise la voix active pour indiquer les actions des parties, et de préférence la voix passive pour les mesures judiciaires que la juridiction prend. Citons un passage du svolgimento del processo pour constater en situation les marques mentionnées. Il s'agit d'un jugement concernant la résolution d'un contrat et le versement des dommages et intérêts (Sentenza 31/3/1992) :

‘Con atto di citazione notificato in data 24 settembre 1990 A. M., quale titolare della boutique di abbigliamento…, citava in giudizio la S. r. l. D. S. F., (…), per (…).
Assumeva l'attrice che la S. r. l. (…) le aveva fornito, (…). L'istante lamentava gravi inadempienze (…). Innanzitutto rilevava che(…) ; precisava inoltre che (…) ; poneva, infine, in evidenza che era stata omessa la consegna di una parte (…). Assumeva inoltre che tempestivamente aveva reso edotta delle specificate inadempienze la ditta fornitrice, la quale aveva assicurato l'invio in zona di un suo dipendente (…). Lamentava infine l'attrice che, nonostante tali assicurazioni, la ditta convenuta non si era preoccupata, (…), al punto che l'attrice, nonostante che in un primo momento non avesse posto in vendita la merce (…), successivamente aveva tentato di venderla a prezzi scontati, (…). L'attrice lamentava di aver subito un danno ingente (…). Pertanto chiedeva la risoluzione del contratto (…). In corso di causa, verificata la regolarità della notificazione dell'atto di citazione, veniva dichiarata la contumacia della convenuta. L'attrice produceva perizia stragiudiziale ed altri documenti a sostegno del proprio assunto. In ordine alla asserita sussistenza dei vizi, nonchè del (…) veniva ammessa ed assunta la prova per testi articalata dall'attrice. La causa passava quindi in decisione all'udienza collegiale del 31.3.1992 sulle conclusive richieste in epigrafe riportate nella persistente contumacia della società convenuta. ’

Lo svolgimento del processo est donc la partie du jugement où la situation est spécifiée. Il s'agit bien d'un récit descriptif de la situation, un constat, mais c'est aussi le début de la justification de la décision, déjà prise, que le juge illustre.375 En quelque sorte, le rédacteur exprime les prémisses nécessaires à l'exposé des motifs du jugement. Cette partie se conclut toujours par une formule qui marque le passage entre le récit des faits litigieux et les demandes des parties. Cette expression signale également l'entrée en jeu de la juridiction appelée à trancher. Ainsi :

la causa veniva quindi rimessa al Collegio che all'udienza del 5.11.1991, fissata per la discussione, si riservava di decidere sulle istanze conclusive come in epigrafe trascritte. (Sentenza 5/11/1991)’

Précisons qu'il ne s'agit pas d'une formule standardisée ; en effet plusieurs variantes, dont le sens est équivalent, ont été constatées :

‘In esito la causa è stata riservata per la decisione (Sentenza 15/1/1991) ; il Tribunale si riservava di decidere sulla conclusioni come in epigrafe trascritte (Sentenza 19/3/1991); la causa veniva riservata per la decisione ( Sentenza 7/6/91).’
Notes
374.

Cf. L.Serianni, op.cit., 1991, p.469.

375.

Cf. M.Taruffo, op.cit., 1988, p.191.