4. 2 Richard III et le bestiaire grotesque

Les satiriques visuels donnent une signification à la physionomie humaine comme index du caractère. La similarité entre l'homme et l'animal est d'origine ancienne. Richard III semble prouver le contraire : il parvient à duper son entourage, souvent bien documenté sur sa véritable nature ! Shakespeare montre le côté fascinant du grotesque : le spectateur peut regarder d'un air amusé et narquois car il n'est pas pris dans le mouvement et reste en dehors.

En ce qui concerne le bestiaire évoqué dans cette pièce, les analogies permettent de faire ressortir le bestial chez l'homme. De surcroît, certains monstres évoqués sont des allégories dont la signification est déterminée par une tradition millénaire d'éthique chrétienne. Certaines formes et motifs récurrents sont associés traditionnellement à l'esthétique du comique grotesque . Les araignées, les crapauds, (Richard est appelé "that bottled spider" (1.3.241; 4.4.81) et "poisonous bunch-backed toad" (1.3.228 ; 4.4.81)), le "basilisk" (1.2.150), le "cockatrice" comme l’appelle sa mère (4.1.54) mentionnés dans le texte, outre le fait qu'ils symbolisent les forces du mal, appartiennent à un royaume liminaire inaccessible à l'homme. La valeur emblématique de ces évocations étoffe le sur-scène et enrichit l'effet théâtral global : il est difficile de distinguer le bestial de l'humain dans les portraits de Richard III brossés par ses victimes. La religion chrétienne tenait la discontinuité entre l'homme et l'animal comme essentielle : Richard, comme les monstruosités qui ornent les extérieurs des cathédrales et les marges des textes sacrés, viole le tabou qui sépare les deux.