5. 3 Le theatrum mundi et l'illusion

L'épanouissement de l'art théâtral dans la deuxième partie du XVIe siècle coïncide avec l'engouement pour le lieu commun philosophique — le theatrum mundi . La fortune de la conception philosophique du petit théâtre dans le grand théâtre influe fortement sur le développement d'un procédé théâtral par lequel le théâtre proprement dit s'exprime en termes de théâtre dans le théâtre 557 . Cette conception n’est pas fortuite et s’inscrit probablement dans le contexte de la recherche scientifique sur le miroir qui a lieu au XVIe et XVIIe siècle. Le miroir en projetant l’image de soi-même joue le rôle de révélateur et devient source de vérité. De par sa fonction magique il va être exploité intensément dans les domaines artistiques aussi variés que les beaux arts, la littérature et bien évidemment le théâtre. Ce phénomène de dédoublement va déboucher sur le thème de l’illusion dans laquelle rêve et réalité, vrai et faux vont être intimement liés. Ce thème magique rejoint celui du theatrum mundi et va jalonner aussi bien la littérature romanesque — songeons à Don Quichotteque le théâtre.Ainsi le théâtre n’est plus seulement le miroir du monde mais aussi le miroir de sa propre image. L’image du miroir et la question de la théâtralité se trouvent désormais au cœur de l’interrogation sur l’être et le paraître.

Notes
557.

Pour une analyse approfondie de ce procédé, consulter Georges Forestier, Le théâtre dans le théâtre sur la scène française du XVIIe siècle, Genève: Droz, 1996.