1.8. La conclusion

Dans ce qui suit, nous tenterons de résumer les différents aspects d'incorporation. Avant d'aller plus loin, il s'avère nécessaire d'attirer l'attention sur le fait que selon les langues incorporantes, les détails de l'incorporation peuvent changer considérablement. Néanmoins, il semble qu'il existe un certain nombre de caractéristiques qui sont communes à toutes les langues incorporantes, et c'est à celles-ci que nous nous intéressons.

Lorsque nous parlons des différents aspects de l'incorporation, nous entendons par là les motivations sous-jacentes qui poussent un constituant à s'incorporer au verbe. Ces motivations ne sont évidemment pas toujours les mêmes d'une langue à une autre, ce qui fait que chaque langue incorporante possède un type particulier d'incorporation nominale.

Nous pouvons facilement distinguer trois aspects du phénomène d'incorporation: sémantique, pragmatique et syntaxique. L'aspect sémantique de l'incorporation aboutit à la formation d'un composé. Comme tout composé, le sens de celui-ci peut être la somme des sens des deux membres du composé, ou alors il peut apporter une précision supplémentaire, ou encore il peut être tout à fait différent des deux sens du départ. Le deuxième aspect, pragmatique, est celui qui s'occupe de la mise en arrière-plan d'un constituant de la phrase, ce constituant ayant une saillance peu élevée. Et enfin l'incorporation syntaxique concerne la manipulation de cas dans une phrase, à savoir rendre une phrase intransitive, ou encore créer une valence pour y placer un autre constituant. Il peut paraître inutile de classifier l'incorporation de cette façon parce que dans chaque langue nous avons un peu de toutes ces facteurs, mais en fait bien qu'ils soient étroitement liés, il nous semble que chaque langue déclenche l'incorporation pour une de ces raisons, les autres n'étant que le résultat du processus. Par exemple si on s'intéresse à la durée de vie des composés, on se rend compte qu'alors que certains se font et se défont d'une phrase à l'autre, il y en a qui restent plutôt stables à travers la langue. Ou encore il doit y avoir une manière d'expliquer l'emploi par beaucoup de langues de l'incorporation des parties du corps. Ainsi, nous expliquons ces différences par une différence de motivation du départ.