3.5.4. Le causatif

Le persan possède une deuxième voix, la voix causative. Cette voix possède son propre morphème, à savoir -ân(i)-:

(3-57) âraš qazâ xord
(Arash / nourriture / il mangea)
Arash a mangé (de la nourriture).
(3-58) ali be âraš qazâ xor-ân(i)-d
(Ali / à / Arash / nourriture / il fis manger)
Ali a nourri Arash.
(3-59) man dars râ fahmidam
(moi / leçon / POST / je compris)
J'ai compris la leçon.
(3-60) ostâd dars râ be man fahm-ân-d
(maître / leçon / POST / à / moi / il fis comprendre)
Le professeur m'a fait comprendre la leçon.

Nous avons plusieurs remarques à faire à ce sujet. Il faut savoir que le nombre des verbes qui acceptent ce morphème est peu élevé. Par ailleurs, parfois un verbe reçoit ce morphème sans que cela le rende causatif. Par exemple les verbes parvardan (élever) et parvar-ân(i)-dan (élever) ont strictement le même sens et le même nombre d'arguments. Un certain nombre de verbes ont un statut particulier: ils sont employés comme des verbes transitifs ou intransitifs. Il s'agit des verbes comme poxtan (cuire), suxtan (brûler), rixtan (verser), šekastan (casser, briser), etc. Prenons le dernier verbe comme exemple:

(3-61) gorbe livân râ šeakst
(chat / verre / POST / il cassa)
Le chat a cassé le verre.
(3-62) livân šekast
(verre / il cassa)
Le verre s'est cassé.

Nous avons remarqué que la langue parlée, du moins le dialecte de Téhéran, a développé un verbe causatif, *šekândan, à partir de šekastan, par analogie avec les autres causatifs:

(3-63) gorbe livân o šek-un-d
(chat / verre / POST / il fit casser)
Le chat a cassé le verre.

La langue standard a développé un causatif pour suxtan, sous forme de suzândan. En effet le verbe suxtan dans son emploi transitif n'appartient qu'à la langue littéraire/poétique.