4.2.2. La définition classique des verbes composés

Pour les grammairiens et les linguistes, d'une manière générale, le problème des verbes composés n'en est pas un, c'est-à-dire qu'il s'agit plus d'un détail grammatical qu'une particularité digne d'être étudiée profondément et en rapport avec la linguistique générale. C'est pour cette raison que dans les manuels de grammaire ou les livres de linguistique, il n'y a souvent que quelques lignes qui, de plus, sont plutôt consacrées à la différence entre verbes simples et composés (Meshkotod Dini 1987, Zamanian 1988, Bateni 1991, Marzbanrad 1991, Shariat 1992, Natelkhanlari 1993, Gholamzade 1995). Fréquemment on avance deux critères qui permettent la distinction entre ces deux types de verbe: il s'agit d'une part de différence sémantique et d'autre part de différence syntaxique.

Sur le plan sémantique, les grammairiens insistent sur le fait que dans la construction des verbes composés, la partie verbale n'a pas de sens complet sans la partie nominale, ce qui les distingue des verbes simples qui sont porteurs de sens seuls. Ainsi xaridan (acheter) est un verbe simple parce qu'il n'a besoin d'aucun élément non verbal pour avoir un sens complet; alors que ranj bordan (mot à mot: souffrance amener; souffrir) est composé parce que le sens du verbe seul est différent du sens de l'ensemble du composé. En effet, cette différence sémantique joue un rôle incontestable dans la distinction entre verbes simples et composés, mais nous verrons plus loin quelles sont ses insuffisances.

Le critère syntaxique le plus pertinent des compositions verbo-nominales est le fait que la partie substantivale ne peut avoir une fonction syntaxique comme un substantif autonome. Shariat (1992: 97-8) donne des explications pour pouvoir distinguer les infinitifs composés des infinitifs simples qui sont employés avec un substantif nu: si le verbe est intransitif le substantif doit pouvoir fonctionner comme le sujet du verbe, et si le verbe est transitif le substantif doit être l'objet du verbe, donc on doit pouvoir le faire suivre par la postposition . Chez les générativistes on parle de la possibilité, pour le substantif nu d'un verbe simple, d'être le noyau d'un syntagme nominal. Quoi qu'il en soit, là encore bien que nous ayons un critère syntaxique très important, il n'est suffisant tel quel que pour nous permettre de distinguer les verbes franchement simples des verbes composés avec un degré élevé de cohésion, ces derniers ne constituant qu'une partie de ce qu'on reconnaît comme verbes composés.