5.5.3. Le persan comparé à d'autres langues

Dans le chapitre deux de ce travail nous avons vu qu'il y a beaucoup de langues qui procèdent à la composition objet-verbe. Le point sur lequel nous voudrions attirer l'attention à ce stade c'est le fait que l'existence de différents types de verbes composés n'est pas propre au persan non plus. Il faut remarquer qu'en dépit de différents groupes de verbes composés du persan, ceux-ci peuvent être divisés, en gros, en deux groupes principaux: ceux dont le substantif peut fonctionner comme l'objet de la phrase, et ceux dont le substantif reste toujours satellisé par le verbe.

A partir de là, nous pouvons donner l'exemple de plusieurs langues connaissant la composition objet-verbe qui présentent la même division en ce qui concerne l'autonomie du substantif du verbe composé. Nous avons déjà parlé de la langue turque, qui connaît d'une part la composition objet générique-verbe, et d'autre part les compositions lexicalisées dont le substantif est totalement satellisé par le verbe.

A. Murugaiyan distingue, en tamoul, deux types de substantifs en association avec les verbes composés de cette langue qui sont décrits ainsi: "En tamoul on trouve deux tendances: l'objet partiellement ou entièrement affecté/patient et le formant nominal faisant partie intégrante du formant verbal et de la locution sémantiquement." (1997:188).

A. Montaut parle, à propos de l'hindi, de l'existence de plusieurs types de verbes composés. En somme, elle parle de la "semi-coalescence" de certains verbes, dont le substantif peut être marqué par le morphème de l'accusatif ko, et d'autres verbes dont le substantif garde une partie de son autonomie mais ne peut pas être marqué par ko (1997:223-4).

Ces quelques cas montrent qu'en fait le lien plus ou moins fort entre le substantif et le verbe dans le cas des verbes composés est un critère général qui peut servir à subdiviser les verbes composés des langues qui connaissent ce phénomène.