6.2. La voix moyenne

La notion de voix moyenne n'a pas été, à notre connaissance, introduite dans la grammaire persane. En effet, pour la plupart des grammairiens et des linguistes, le persan a une catégorie de voix constituée de la voix active et de la voix passive. Il est vrai que certains grammairiens, tels que Zamanian, parlent de la voix causative également, mais de telles mentions sont rares. En étudiant les différentes constructions comportant des verbes composés, nous nous sommes rendu compte que certaines phrases ne peuvent être traitées correctement que si on a recours à un concept nouveau, pour la langue persane, qui est celui de la voix moyenne.

A la fin de la section précédente, nous avons donné quelques exemples de verbes qui nous paraissent être différents, sémantiquement, des constructions passives. La liste de tels couples est assez longue. Le problème c'est que nous ne pouvons pas considérer les deuxièmes phrases de chaque couple comme des passifs. Revenons à ce que G. Lazard a écrit sur de tels couples, et reprenons l'exemple du verbe šodan: "forme des verbes intransitifs qui servent normalement de passifs aux transitifs formés de kardan" (1957:290). Nous pensons que les termes "servent" et "normalement" prennent toute leur importance après les exemples que nous venons de voir. En effet ce qu'on comprend par là c'est que premièrement les verbes avec šodan ne sont pas des passifs de leurs homologues avec kardan (ils "servent" de passifs), et deuxièmement c'est "normalement" le cas, donc pas toujours. A partir de là, la question du statut sémantique de ces verbes se pose. Il nous semble que la manière la plus simple et la plus efficace pour déterminer ce statut c'est d'avancer l'idée que le persan possède la voix moyenne.