6.2.2. Le persan possède-t-il une voix moyenne?

A première vue, le persan ne possède pas de morphème ou d'auxiliaire de la voix moyenne. En ce qui suit, nous tenterons de démontrer que d'un côté il existe des formes verbales pouvant être considérées comme moyennes, et d'autre côté il y a certains verbes composés qui ne sont ni des passifs, ni des inchoatifs comme il a été dit, et que le seul moyen de leur donner un statut compte tenu de la définition de la voix moyenne que nous venons de voir c'est de les considérer comme les moyens.

Nous avons vu que Moyne pense que le passif persan est en fait une structure inchoative. Nous pensons que Moyne a basé sa théorie essentiellement sur le sens du verbe šodan (devenir) qui est, lorsqu'il a un sens plein, un verbe lexicalement inchoatif. Mais que veut dire un verbe inchoatif? Selon Ducrot et Schaeffer (1995) chaque verbe peut avoir deux types d'aspect: l'aspect subjectif, c'est-à-dire ‘"[...] le point de vue que le locuteur prend par rapport au procès"’, et l'aspect objectif ou encore "mode de procès", à savoir ‘"[...] la façon dont le procès se déroule, dont il occupe le temps."’ (p. 573). L'aspect inchoatif, étant un aspect objectif, est défini ainsi: ‘"Le mode est inchoatif, ingressif ou inceptif si le procès est donné comme le début d'un procès plus large qui l'englobe (s'endormir), [...]" ’(Ibid.). En d'autres termes un verbe inchoatif signale le début d'un procès. C'est effectivement le cas du verbe šodan en persan lorsqu'il a son sens premier de "devenir" 93 , mais il nous semble qu'il ne garde pas son sens quand il sert d'auxiliaire du passif, ce qui est le cas de tous les auxiliaires. Lorsque nous regardons les analyses de Moyne, surtout la partie suivante où il dérive le passif de la structure profonde:

(6-74) (in) [    ] šod
(ceci) [    ] devint

nous voyons qu'il garde le verbe šodan non pas comme un auxiliaire, mais comme un verbe principal. Outre le fait que la quasi-totalité des grammairiens pense que dans la construction passive šodan joue le rôle d'un auxiliaire, ce qui le différencie de ce même verbe lorsqu'il est à sens plein, il y a le sens qui nous pose un problème: l'exemple de Moyne est

(6-75) ali dide šod
Ali a été vu.

Selon l'analyse de Moyne, le verbe šodan doit exprimer le début d'un procès plus large, puisqu'il est inchoatif. Du point de vue sémantique, nous voyons mal quel est le procès qui peut débuter dans le cas de cet exemple, et par là même nous ne voyons pas l'intérêt de considérer le verbe šodan comme un verbe plein 94 . Qui plus est, si nous donnons à ce verbe le statut d'auxiliaire, l'interprétation sémantique de tous les passifs sera plus simple et surtout plus cohérente.

En ce qui concerne les verbes composés à adjectif, c'est-à-dire ceux comme sard šodan (mot à mot: froid devenir; refroidir), Dabir Moghadam pense qu'il s'agit d'une structure de surface qui peut avoir deux structures profondes différentes, l'une résultant d'une transformation passive et l'autre ayant un sens inchoatif. Regardons de plus près les couples de phrases en question:

(6-76) bâd havâ râ sard mikonad
(vent / atmosphère / POST / froid / il fait)
Le vent refroidit l'atmosphère.
(6-77) havâ sard mišavad
(atmosphère / froid / il devient)
Le temps se refroidit.

En effet la deuxième phrase a, à la fois, les propriétés d'un passif (sans le complément d'agent) et d'un inchoatif, l'objet de la première phrase en est le sujet. Mais là encore nous voyons mal comment expliquer des phrases comme les suivantes:

(6-78) havâ soru' be sard šodan mikonad
(atmosphère / commencement / à / froid / devenir / il fait)
Le temps commence à se refroidir.
(6-79) havâ dârad sard mišavad
(atmosphère / AUX (il a) / froid / il devient)
Le temps commence à se refroidir.

Nous constatons que le verbe soru' kardan (mot à mot: commencement faire; commencer) et l'auxiliaire dâštan (avoir; l'auxiliaire du progressif) sont là justement pour souligner le caractère inchoatif du procès. Si sard šodan en soi est inchoatif, alors pourquoi avons-nous besoin d'un autre verbe ou d'un auxiliaire pour indiquer le début du procès?

Nous pensons qu'il y a une autre manière de voir les choses; il s'agit de prendre en compte, outre les changements syntaxiques survenus en allant de la première à la deuxième phrase, les changements sémantiques. Effectivement, nous voyons que alors que la première phrase met en scène une force sous forme d'un constituant nominal sujet (et, de part sa fonction, assimilable à un agent), et un constituant objet (assimilable à un patient) qui subit l'action de la force de la nature et est, de ce fait, le siège du procès; dans la deuxième phrase il n'y a pas de référence à l'origine du procès, nous n'avons qu'un seul constituant nominal. Autrement dit, "la polarité agissant/subissant" est neutralisée, ou encore, le procès est vu comme un "événement spontané". Les premiers mots sont employés par D. Creissels pour décrire le sémantisme de la voix moyenne, alors que le terme "événement spontané" est utilisé par Kemmer pour nommer un des types situationnels du moyen. Ce que nous voulons dire c'est que la deuxième phrase peut tout aussi bien être le moyen de la première. Regardons de plus près les définitions de la voix moyenne. Selon D. Creissels, une forme moyenne est

‘"[...] une forme qui est disponible pour signifier que le rôle du référent du sujet est conçu comme échappant d'une manière ou d'une autre à une stricte polarité agissant/subissant." (1995:273). ’

Kemmer pense que lorsque nous voulons exprimer un changement subi par une entité, nous avons le choix entre deux façons de conceptualiser l'événement: soit nous traitons l'événement comme ayant une cause directe, auquel cas nous employons une structure transitive, soit nous voyons le même événement comme autonome et sans référence à une cause extérieure, auquel cas nous pouvons choisir une structure moyenne parce que dans ce cas le référent du seul participant du procès explicité est celui qui subit (donc il est le point d'arrivée) mais le procès étant considéré comme autonome, ce même référent est vu comme l'initiateur du procès, ce qui fait que ces structures sont sémantiquement moyennes (op. cit., pp. 144-5) 95 . Cela étant dit, nous voyons que la phrase havâ sard mišavad (le temps se refroidit) exprime les particularités sémantiques de la voix moyenne: non seulement la polarité agissant/subissant ne peut plus s'appliquer au référent du constituant nominal havâ, mais aussi ce référent est conceptualisé comme étant à la fois l'initiateur et le point d'arrivée du procès exprimé par le verbe; en somme on peut dire que le rôle d'agent initiateur est supprimé dans la conceptualisation du procès.

De telles structures ne sont pas rares en persan. En fait une grande partie de ce qu'on appelle traditionnellement des verbes composés à adjectif présente ces propriétés sémantiques. Nous pouvons donner les exemples suivants: pâk šodan (mot à mot: propre devenir; être nettoyé), xarâb šodan (mot à mot: détruit devenir; tomber en panne), bâz šodan (mot à mot: ouvert devenir; s'ouvrir), etc. Nous pensons que tous ces exemples relèvent de la voix moyenne.

En ce qui concerne les verbes composés à substantif, nous avons remarqué que dans un certain nombre de cas ils sont comparables aux verbes que nous venons de voir en ce sens qu'ils expriment, sémantiquement, l'absence de polarité agissant/subissant et l'identité du point d'arrivée et de l'initiateur.

Pour mieux voir ces caractéristiques, nous redonnons deux des exemples de la section précédente:

(6-80) ali esm-e u râ yâd-am andâxt
(Ali / nom-EZ / lui / POST / mémoire-I.1sg / il jeta)
Ali m'a rappelé son nom.
(6-81) esm-e u yâd-am oftad
(nom-EZ / lui / mémoire-I.1sg / il tomba)
Je me suis rappelé de son nom.
(6-82) zelzele xâne râ tekân midehad
(tremblement de terre / maison / POST / secousse / il dnne)
Le tremblement de terre secoue la maison.
(6-83) xâne tekân mixorad
(maison / secousse / il mange)
La maison est secouée ("se bouge").

Comme on peut remarquer, dans chaque paire de phrase nous avons un premier membre transitif, avec un sujet sémantiquement agent et un objet sémantiquement patient. Le deuxième membre, lui, il ne contient qu'un seul constituant nominal (le substantif du verbe composé mis à part) qui correspond à l'objet du premier membre, mais ce qui est intéressant c'est son rôle sémantique: en absence du sujet agent, ce constituant, qui avait le statut sémantique de patient, est bivalent: il est à l'origine du procès, c'est donc l'initiateur, et il subit le procès, il est donc le point d'arrivée. Le procès lui-même est vu comme autonome: il n'y a pas le besoin de mentionner un agent parce que le procès part de l'initiateur. C'est la définition du sémantisme de la voix moyenne.

Nous constatons aussi que chaque changement sémantique du rôle de l'entité patient s'accompagne, syntaxiquement, par un changement du lexème verbal, et que contrairement pour les verbes composés à adjectif, ici le couple verbal constitué par les lexèmes qui commutent n'est pas uniquement kardan/šodan, nous avons aussi tous les couples déjà cités. A partir de là, nous pensons qu'il existe une relation systématique entre certains couples de verbes qui se traduit de manière suivante: à chaque fois qu'un membre du couple verbal commute avec l'autre membre, un changement syntaxique de nombre des participants au procès et un changement sémantique des rôles de ces mêmes participants a lieu, de sorte que nous assistons soit à une élimination d'agent et par là même une élimination de la valence du verbe composé (kardanšodan; dâdanxordan ou gereftan), soit à une addition d'agent, et donc une augmentation de la valence verbale (šodankardan; xordan ou gereftandâdan). Nous pensons que cette relation systématique peut se définir comme une relation entre les structures transitives et moyennes. En d'autres termes, dans les exemples du haut à chaque fois que nous passons du premier membre au deuxième, nous arrivons à une structure moyenne.

En effet le persan n'a pas de morphème de la voix moyenne, mais il ne faut pas oublier qu'il y a des langues qui n'ont pas de morphème de la voix passive, par exemple, mais qui possèdent bel et bien un passif. En d'autres termes l'absence du morphème du moyen en persan ne peut pas être retenue comme une raison valable pour nier l'existence de la voix moyenne dans cette langue. Par ailleurs, il faut tenir compte du fait qu'une corrélation entre un changement du lexème et un changement de sens doit correspondre à quelque chose; il a été dit par certains linguistes qu'il s'agirait d'un passif, mais nous ne pensons pas qu'on puisse retenir cette hypothèse. Outre la différence du comportement des phrases passives et des phrases moyennes par rapport à l'introduction de l'expression xod be xod, il existe une différence de sens qui se laisse appréhender dès le départ:

(6-84) ali dar jang košte šod
(Ali / dans / guerre / tué / AUX PASS)
Ali a été tué à la guerre.
(6-85) dar qofl šod
(porte / verrou / il devint)
La porte a été verrouillée.
(6-86) kâh âtaš gereft
(paille / feu / il prit)
La paille a pris feu.

Les deux premières phrases sont passives, et la dernière est moyenne.

Nous pouvons remarquer qu'au niveau sémantique, ces deux types de phrases n'expriment pas la même idée: les premières laissent entendre qu'un procès s'est effectué à l'aide d'un agent qui n'est pas explicité au niveau de la phrase (quelqu'un a tué Ali, de même que quelqu'un a verrouillé la porte). Mais cet agent existe, et s'il n'est pas donné c'est pour des raisons pragmatiques ou sémantiques 96 . La dernière phrase n'exprime pas la même chose: en effet dans cette phrase, d'un point de vue sémantique, l'existence d'un agent n'est nullement requise (bien qu'un agent puisse exister en dehors du contexte de cette phrase). Le référent du constituant nominal en fonction du sujet est considéré à la fois comme l'agent (l'initiateur) et le patient (le point d'arrivée), le procès est vu comme étant accompli par la même entité qui le subit.

Ainsi, nous pensons pouvoir affirmer l'existence de la voix moyenne en persan: les phrases résultant d'un changement du lexème verbal qui ont été souvent simplement désignées comme des intransitives sont en fait passives ou moyennes.

A côté des deux types de constructions que nous venons de voir, à savoir la passive et la moyenne, il existe un troisième type de construction, à laquelle l'attribution d'une voix ne nous paraît pas aussi évidente que dans le cas des phrases précédentes. Le persan possède des couples de phrases comme:

(6-87) ali râ gul zadand
(Ali / POST / tromperie / ils frappèrent)
Ils ont trompé Ali.
(6-88) ali gul xord
(Ali / tromperie / il mangea)
Ali a été trompé.
(6-89) pedar xâhar-am râ kotak zad
(père / sœur-I.1sg / POST / coup / il frappa)
Père a frappé ma sœur.
(6-90) xâhar-am kotak xord
(sœur-I.1sg / coup / il mangea)
Ma sœur a été frappée.
(6-91) doctor be ali âmpul zad
(médecin / à / Ali / ampoule / il frappa)
Le médecin a fait une injection à Ali.
(6-92) ali âmpul xord
(Ali / ampoule / il mangea)
On a fait une injection à Ali.

Nous remarquons que le deuxième lexème verbal est toujours le même: xordan (manger), qui a commuté avec zadan (frapper). Si on veut attribuer une catégorie de voix au deuxième membre de chaque couple, celui-ci doit être analysé à deux niveaux différents: d'une part la construction de la phrase, et d'autre part notre connaissance du monde. La construction elle-même ne donne pas d'indication sur la voix. Par ailleurs, nous avons vu que le verbe xordan évoque, métaphoriquement, la notion de "s'approprier", ce qui peut nous amener à conclure que le sujet de la phrase n'est pas sémantiquement patient, donc la phrase n'a pas de sens passif. En revanche, si nous tenons compte de notre connaissance du monde, nous savons que si quelqu'un est victime d'une escroquerie, ou s'il reçoit des coups ou une injection, il est sémantiquement patient. C'est à partir de ce deuxième niveau d'analyse que nous pouvons attribuer une voix grammaticale aux phrases ci-dessus: elles sont passives.

Le problème d'interprétation que nous venons de voir peut se poser d'une manière plus générale: le persan ne dispose pas de moyens morphologiques pour distinguer les phrases moyennes de certaines phrases passives. Qui plus est, le sens de telles phrases ne peut pas toujours servir d'indication pour leur catégorisation; ce qui aboutit à une certaine ambiguïté qui ne peut être levée que si on fait appelle à des informations contextuelles ou situationnelles.

Ce problème n'est pas propre au persan. Si nous prenons les deux phrases suivantes à la morphologie moyenne

(6-93) a.la branche se casse
b.le vin se boit frais 97

nous remarquons que dans la première phrase l'existence d'un agent n'est pas nécessaire, alors qu'il est "sémantiquement requis" dans la deuxième phrase. En d'autres termes, alors que le sens de la première phrase est on ne peut plus moyen, la deuxième phrase a un sens très proche du sens passif.

C'est la même chose pour les phrases espagnoles suivantes:

(6-94) a.se-curaron los brujos
b.se-venden bien los apartamentos

Selon Givón, chaque phrase peut avoir plusieurs interprétations différentes qui sont, respectivement:

(6-95) a.The sorcerers cured themselves (refléxif)
b.The sorcerers got well (intransitif moyen)
c.The sorcerers were cured (passif)
(6-96) a.Apartments sell well
b.Apartments are sold well
(op. cit., p. 604)

Ces interprétations sont dues à la présence du morphème se- qui peut avoir une valeur réflexive, donc moyenne, et une valeur passive.

Nous remarquons que dans chaque langue, l'interprétation exacte du sens de la phrase dépend essentiellement du contexte ou de la situation dans laquelle la phrase se trouve. En d'autres termes, au moins en ce qui concerne le français et l'espagnol, un verbe ayant la morphologie du moyen peut véhiculer un sens passif. Par ailleurs, dans certains cas le sens du verbe intervient aussi dans l'interprétation de la phrase: nous pensons que la différence de voix exprimée par se casser et se boire dans les exemples cités plus haut, se situe au niveau du sens de chaque verbe: le deuxième verbe a un agent dont le référent est forcément humain, ce qui peut ne pas être le cas du premier verbe. Nous pensons que c'est pour cette raison et dans ce cas bien précis que même hors contexte la phrase comportant le verbe se boire est interprétée comme passive.

Nous voyons que le persan peut être considéré de la même manière: des phrases ambiguës hors contexte peuvent recevoir une interprétation dans un contexte ou une situation précis.

Notes
93.

Historiquement, šodan était l'équivalent sémantique de raftan (aller). Avec le temps, il a perdu ce premier sens, de telle sorte qu'aujourd'hui son sens premier est "devenir".

94.

Si nous reprenons l'exemple de Bashiri, dont la traduction est "The boy is (a) killed (one)", nous pourrions, à la limite et en insistant sur sa structure inchoative, dire qu'il s'agit effectivement du début du procès "être mort". Dans le cas de cette hypothèse, nous nous posons deux questions: premièrement, cette interprétation nous rappelle la célèbre phrase "Monsieur de Lapalisse était en vie cinq minutes avant sa mort"; c'est-à-dire que l'hypothèse de Bashiri nous paraît, en tout cas dans son exemple, inutile; le verbe koštan (tuer) étant sémantiquement ponctuel, il n'est pas nécessaire d'interpréter šodan comme inchoatif (une fois que le garçon est tué, il est forcément mort). Deuxièmement, nous voyons que cette hypothèse ne marche pas toujours avec tous les passifs, donc nous ne voyons pas son utilité.

95.

Nous avons deux remarques à faire à propos de ce qui vient d'être dit. En premier lieu, l'emploi des termes "agent", "initiateur" et "point d'arrivée" peut sembler discutable à propos des phénomènes atmosphériques comme le vent ou le froid, mais ce sont les termes employés par Kemmer elle-même. En effet, lorsqu'elle parle de la conceptualisation d'un procès par une structure transitive, elle dit: "Human, volitional participants, being highly salient, are typically selected as Initiator under such circumstances (although other perceived causal forces such as natural or supernatural entities can be ascribed this role)." (op. cit., pp. 144-5).

Autrement dit, pour elle, le terme "agent" a une définition très large qui peut comprendre aussi les forces de la nature comme les phénomènes atmosphériques. En ce qui concerne les deux autres termes, en parlant des structures intransitives correspondantes, elle dit: "They are semantically middle in that the affected entity is not only an Endpoint, but is also conceptualized as an Initiator. The event is treated as though it emanates from the Patient." (op. cit., p. 145).

Là encore nous voyons qu'elle donne un sens très large à ces deux termes (aussi la note de bas de page n° 90). En ce qui nous concerne, ayant basé notre travail en partie sur les définitions de Kemmer, nous avons gardé ses termes.

En deuxième lieu, le type situationnel des événements spontanés se subdivise, selon Kremmer, en plusieurs groupes dont les plus importants sont: les processus ou les actions physiques s'accomplissant sans l'initiation directe d'un agent humain comme mourir, grandir, se dessécher, etc., ainsi que les changements de taille, de forme, de couleur, etc.; les mouvements non volontaires comme commencer, s'approcher, etc. et finalement les changements d'état sans qu'il y ait un patient (ou "Undergoer") spécifique, comme se passer ou avoir lieu (op. cit., pp. 142-6).

96.

L'agent est "sémantiquement requis" (cf. Langacker et Munro) parce que le sujet de la phrase a, sémantiquement, le rôle du patient. Par ailleurs, en ce qui concerne les raisons sémantiques et pragmatiques de l'absence du constituant nominal dont le référent est l'agent du procès de la phrase, Saad donne les conditions sous lesquelles le passif est employé en arabe:

"1. if the agent is God or a higher being;

2. if the agent is unknown;

3. if the speaker does not wish to name the agent;

4. if the significance of the act is associated with the affected person rather than the agent."

(Cité par Windfuhr, op. cit., p. 110)

Selon Windfuhr, ces faits sur le passif arabe nous aident à connaître le passif persan. En effet, nous pensons aussi que le passif persan, lorsqu'il est employé, obéit à ces mêmes conditions sémantiques et pragmatiques; c'est surtout le cas de l'agent inconnu qui nous paraît important pour le passif persan.

97.

Ces exemples nous ont été donnés par D. Creissels.