Conclusion

Le but essentiel de cette recherche était de mette en évidence le caractère universel de la coalescence objet-verbe et d'y inclure le cas persan, à savoir les verbes composés du persan. Nous pensons avoir atteint ce but en dégageant les propriétés de telle coalescence d'une part d'une manière générale, dans les langues les plus diverses connaissant ce type de coalescence, et d'autre part en persan. En effet en étudiant les deux grands types de relation qui existent entre l'objet et le verbe, à savoir l'incorporation de l'objet et la composition objet-verbe, nous pensons avoir dégagé un certain nombre de caractéristiques communes à ces deux types de relation et valables dans toutes les langues connaissant l'une ou l'autre relation. Par ailleurs, en étudiant les verbes composés persans d'une manière plus détaillée, nous pensons avoir montré que cette langue connaît, en gros, deux types de relation objet-verbe: la première est effectivement une relation étroite entre l'objet indéterminé et le verbe, et la deuxième est une relation de satellisation d'un substantif par le verbe. Ces deux relations peuvent, à notre sens, être considérées comme deux variantes de la relation de composition objet-verbe, puisqu'elles sont régies par les mêmes lois linguistiques que la composition dans d'autres langues.

Afin d'arriver à ce résultat, nous avons été amenée à introduire plusieurs notions peu habituelles pour la linguistique persane, à savoir la théorie du prototype et la notion de voix médio-passive. En effet nous pensons que sans ces notions, l'étude de la langue persane ne peut être satisfaisante et complète. Certaines relations existant entre l'objet et le verbe, ou entre le substantif et le verbe, et surtout la question des frontières entre les différents types de composés ne peuvent être expliquées de manière satisfaisante qu'à l'aide de ces deux notions. Ainsi, nous pensons avoir apporté une nouvelle approche de la catégorisation grammaticale en langue persane: au lieu de dire si oui ou non une unité appartient à une catégorie, on peut dire qu'elle présente un certain nombre de caractéristiques de l'élément prototypique de la catégorie en question. Qui plus est, l'introduction de la notion de voix médio-passive nous aide à dresser une nouvelle catégorie de voix en persan qui nous paraît être plus simple à comprendre et à apprendre.

En dépit de tout ce que nous venons de dire, il nous semble que notre travail soulève plus de questions qu'il n'a donné de réponses. Par exemple, on peut se demander si le recours à la théorie du prototype est le seul moyen de classifier les verbes composés, et si la réponse est positive, s'il est possible de raffiner le classement des verbes composés en cherchant d'autres facteurs de classification et de le rendre plus précis, moins flou. De telles questions, à notre avis, ouvrent une perspective pour les recherches à venir.