2.3 Le chanoine de Lacger au créneau

Malgré ces réticences et ces mises en garde l'abbé de Lacger, décidé à mener à bien son projet d'article, en expose les grandes lignes à trois hommes : B. de Solages, J. Rivière et A. Fabre.

Les deux premiers ont des avis divergents tant sur le fond que sur la forme. B. de Solages, qui est prêt à ouvrir la Revue Apologétique à cet article à condition de "le soumettre à de nombreuses censures" 118 , lui suggère un plan : "1) Mgr Mignot avait personnellement la foi ; 2) Il a fait à Loisy même des réserves ; 3) Il est resté en relations confiantes avec Loisy a) par amitié, b) par intérêts des études, c) dans un but apologétique : pour le ramener ? ne pas couper les ponts ? ; 4) Reste que : a) trop bon -, mais l'est-on jamais trop ? b) pas assez clairvoyant (mais ne pas oublier que nous jouissons, nous, de lumières rétrospectives)" 119 , et il engage son oncle à faire preuve tant dans l'exposé des faits que dans la discussion des opinions, de loyauté, c'est-à-dire de ne pas escamoter ce qui gêne. J. Rivière trouve que le plan proposé par B. de Solages ne répond pas au problème soulevé par les Mémoires. "Loisy ne nie pas pas que Mgr Mignot eût la foi, au contraire". La vraie difficulté est ailleurs. Le fait qui lui parait devoir être expliqué, car c'est celui qui semble le plus déconcertant, est celui "d'un archevêque approuvant L'Évangile et l'Église et ne cessant de soutenir son auteur". C'est sur cette question de fait que doit porter l'explication. D'autre part sans être agressif, il ne faut pas mâcher ses mots. Loisy "s'est si peu gêné lui-même, soit à l'égard de ses "amis" que des autres, qu'il autorise une légitime liberté d'appréciation".

Notes
118.

Est-ce parce que l'abbé de Lacger n'a pas voulu s'y soumettre que l'article parut finalement dans la R.H.E.F. ?

119.

Lettre du 22 juin 1931.