4. La révélation

En novembre 1898, Mgr Mignot qui venait de lire dans Les Débats un article sur H. Schell 2097 et J. Müller 2098 qui lui "donne beaucoup à penser", avait interrogé l'abbé Loisy sur "le mouvement intellectuel de l'Allemagne catholique". N'y a-t-il pas quelque chose de vrai dans les reproches adressés aux catholiques "de s'isoler dans le passé et de ne vouloir tenir aucun compte du développement de l'idée religieuse : Une Église immobile en possession d'un dogme immuable ?" Schell n'a-t-il pas raison quand il estime qu'on exagère "le principe, juste en soi, de l'autorité et de la vérité objective ?" et il ajoute :

‘En se plaçant au point de vue historique et critique il est difficile d'admettre que N. S. ait établi l'Église telle qu'elle est aujourd'hui avec son culte, sa hiérarchie, sa dogmatique, sa vie sacramentelle. Assurément tout s'est développé conformément à la pensée maîtresse du Sauveur, mais cette pensée Jésus ne l'a pas explicitement formulée, et le développement de cette pensée a été l'œuvre de Dieu, de la conscience humaine et des circonstances. En ce sens, il y aurait moins de vérité objective dans la Révélation que n'en mettent les théologiens 2099 .’

Loisy qui a lu le texte de Schell répond à l'archevêque :

‘Il est parfaitement vrai que la révélation s'est faite dans l'esprit des hommes et qu'elle s'est formulée en idées conformes à l'état de culture générale du peuple hébreu et au génie particulier des hommes inspirés. L'Évangile même est conditionné judaïquement et sa lumière supérieure éclaire des idées qui ne sont pas absolument nouvelles. La vérité objective de la révélation est dans les idées plus que dans les formules, et dans l'esprit encore plus que dans les idées ; car les idées sont des symboles à notre mesure, et l'esprit qui les vivifie tend moins à les maintenir qu'à les perfectionner. (…) Le principe même de la révélation et en tout cas la raison d'être de l'Église est la nécessité permanente d'un travail d'adaptation des vérités religieuses aux conditions perpétuellement changeantes de l'humanité 2100 .’

Mgr Mignot se trouve donc confirmé dans la conception qu'il se fait de la révélation. Il faut moins la concevoir comme la transmission de vérités doctrinales toutes faites que comme l'histoire d'un développement religieux continu dont la Bible rend témoignage : "On peut très bien soutenir, écrit-il au baron, que Dieu a suivi dans l'économie de la Révélation la loi de développement qu'on retrouve même dans l'Église" 2101 . Mais telle n'est pas l'opinion dominante.

En 1905, constatant que s'affrontent deux conceptions de la révélation, "celle des théologiens qui se réclament de l'autorité de Dieu même et celle des savants qui, à tort ou à raison, parlent au nom de la science", Mgr Mignot s'interroge :

‘Qui a raison des théologiens ou des savants ? Il semble que sur bien des points ce soient les derniers, car les découvertes sur lesquelles ils s'appuient contredisent certaines données traditionnelles… et ont obligé les théologiens à modifier plusieurs de leurs théories 2102 . ’

Ces découvertes qui contredisent les données traditionnelles sont naturellement celles qui concernent la lecture de la Bible. Celle-ci n'est pas le terrain "des abstractions et des raisonnements sans fin" 2103 . La révélation est une histoire et non pas une philosophie religieuse. Dieu ne nous parle point dans l'Écriture comme un savant à ses disciples : les différents livres de la Bible n'ont aucun caractère didactique à proprement parler. Aucun ne se présente comme un traité sur Dieu, sa révélation, ses rapports avec l'humanité :

‘La littérature sacrée et l'on en a fait souvent la remarque n'a rien de théologique encore qu'elle ne parle guère que de Dieu et de son action. On y trouve tout, excepté l'exposé doctrinal dont nous aurions besoin. Il faut y chercher la vérité religieuse sous des formes poétiques, symboliques, allégoriques, anthropomorphiques ; découvrir le principal sous l'accessoire, l'éternel sous le transitoire. Prendre à la lettre toute cette poésie serait s'exposer aux plus regrettables erreurs 2104 .’

Avec la Bible, "nous nous trouvons en face de récits, d'événements religieux qui sont loin d'être la conséquence directe, prévue et inéluctable des lois naturelles. La religion d'Israël, comme le christianisme intégral dont elle est l'aurore brise la série des causes, elle ne les continue pas". Il convient seulement de démêler "dans quelle mesure elle est l'œuvre de Dieu et dans quelle mesure celle de l'homme collaborateur de Dieu". Or la Bible n'est plus "ce qu'elle était pour nos pères, la vraie, pure et complète révélation de Dieu".

‘La critique, en effet, dans le sens que nous donnons à ce mot n'existait pas chez les catholiques il y a seulement cinquante ans : l'exégèse suffisait. Aucune difficulté sérieuse n'était soulevée à propos de la date de sa composition, de la véracité, de l'intégrité des livres saints, ou du moins on n'en tenait pas compte. Catholiques et protestants se plaçaient sur le même terrain et regardaient la Bible à peu près comme un autographe de Dieu lui-même 2105 .’

Si la Bible reste vraie au point de vue doctrinal, elle ne l'est donc plus de la même façon au point de vue littéraire et historique. C'est que les découvertes faites tout au long du XIXe siècle dans le domaine archéologique et les progrès des connaissances sur les civilisations du Proche-Orient qu'elles ont provoquées, ont conduit catholiques et protestants à se demander si "la révélation (pouvait) coexister avec l'allégorie, la légende, le mythe, en d'autres termes avec l'erreur historique". La question a pris une ampleur démesurée et elle est en grande partie à l'origine du malentendu entre critiques et savants conservateurs parce qu'on a confondu inspiration et révélation. L'inspiration porte sur l'écrivain pas sur les matériaux qu'il utilise : "personne ne tiendra pour inspirées les tablettes chaldéennes relatives à la création ou au déluge où l'auteur a trouvé le fond de son récit". Toute la question se résume donc à savoir si les auteurs inspirés ont pu se servir de documents erronés.

Pour y répondre, Mgr Mignot observe tout d'abord qu'il faut tenir compte du fait que ces auteurs ont été l'écho de leur temps et que par voie de conséquence "leurs connaissances scientifiques, historiques, littéraires furent celle de leur temps". La supériorité qu'ils ont sur leurs contemporains tient au fait qu'ils ont été choisis par Dieu comme instruments de la révélation, "mais cette supériorité indéniable et merveilleuse ne fait pas qu'ils se soient trouvés dans le domaine scientifique et historique sur une plate-forme plus haute que celle de leurs contemporains". Il note ensuite, et c'est pour lui l'argument essentiel, que la révélation est compatible avec l'erreur morale, "en ce sens tout au moins que l'auteur raconte les événements sans s'astreindre à en expliquer le caractère moral" :

‘Dieu pour arriver à ses fins se sert des mensonges de Rébecca, de Jacob, de l'inceste des filles de Lot, sans en apprécier la moralité. On pourrait citer cent autres exemples tirés de Josué, des Juges, de Samuel, les cruautés des rois, les épouvantables meurtres commis par Jéhu, approuvés par un prophète et blâmés par un autre. La révélation a été compatible avec des institutions réprouvées par le Christ comme la polygamie, le divorce, le talion, la vengeance du sang, l'esclavage 2106 .’

Dès lors, si Dieu a pu se révéler aux hommes au milieu d'erreurs morales, pourquoi n'aurait-il pu se révéler en dépit d'erreurs historiques ? L'inspiration pousse l'auteur à insérer dans la trame de son récit tel incident, tel souvenir populaire en raison du rôle providentiel qu'il a à remplir dans l'économie de la révélation et il faut admettre que de même que "l'écrivain raconte des faits, sans en apprécier toujours la moralité qui ne rentre pas dans le but qu'il se propose" de même "il en raconte d'autres tels qu'il les trouve sans se préoccuper davantage de leur vérité objective".

Cette idée est difficile à accepter, car on répugne d'admettre qu'il y a des mythes et des légendes dans la Bible. Le mythe et la légende sont en effet généralement considérés comme synonymes de fausseté, de mensonge, d'erreur. Ils semblent incompatibles avec la vérité historique et, à tout le moins, apparaissent comme des medias peu convenables pour la révélation. Il y a là, pour Mgr Mignot, un double a priori.

D'abord, celui de refuser au mythe et à la légende d'être des genres littéraires parmi d'autre : "N'est-il pas très certain que (les auteurs de la Genèse) se sont servis des mythes chaldéens en les dégageant de leurs éléments polythéistes et panthéistes ?" 2107 . La Bible utilise la poésie, la parabole, l'allégorie, le conte populaire. Ces genres ne renferment pas en eux-mêmes plus de vérité historique que le mythe ou la légende.

En ce qui concerne le mythe, s'il faut utiliser le mot avec prudence, on peut admettre la définition qu'en donne Briggs - "l'histoire religieuse primitive d'une race, d'une nation et des rapports de ses ancêtres avec la divinité" - et accepter que ce concept soit utilisé pour étudier par exemple l'histoire de Samson où l'on peut "retrouver le souvenir du phénicien Malquout, du grec Hercule" 2108 . Quant à la légende, on a pu dire qu'en un sens elle est plus vraie que l'histoire : "elle réunit dans un récit et condense en un seul tableau tous les traits d'un peuple, d'une civilisation, épars un peu partout". Ce sont des récits fondés sur une réalité dont nous ne savons pas au juste la nature, enjolivés par l'imagination, la piété, destinés à figurer quelques vérités doctrinales ou morales, une explication postérieure, mais d'apparence anticipée d'événements futurs.

Ensuite, celui de croire qu'un récit permet d'atteindre à plus de vérité :

‘Le récit le plus exact sera toujours infiniment loin de la réalité de Dieu et ce n'est pas l'exactitude d'un récit qui le rend apte à recevoir et communiquer la révélation. Dieu est libre de nous communiquer sa révélation comme il lui plaît et seul juge de ce qu'il doit faire, fût ce sous une forme qui nous paraisse peu acceptable. Il suffit que cette forme soit en harmonie avec les idées courantes de l'époque où a lieu la révélation 2109 .’

Mgr Mignot persiste donc à penser que la seule manière de sortir des difficultés que posent l'histoire et la science est de disjoindre la question de la vérité de la révélation de celle de la vérité des énoncés bibliques. "Il n'est pas téméraire, écrivait-il en 1885, de soutenir que le Saint-Esprit a attaché une vérité doctrinale à des faits symboliques, à des légendes, à des paraboles" 2110 . Mais c'est aussi la seule manière d'en maintenir l'objectivité contre Sabatier qui la réduit à l'éveil d'un sentiment, à une forme d'émotion et de sensation religieuse qui font naître dans l'esprit des conceptions, des théories, des images qui n'ont aucune réalité objective quelconque. Il faut en effet concevoir la révélation "comme une instruction surnaturelle de l'esprit, dans laquelle les formes et les images qui constituent le langage de l'esprit en question sont employées directement ou indirectement par Dieu pour exprimer des vérités inconnues précédemment ou inconnues sous cet aspect" 2111 . La dernière proposition n'est pas anodine. Mgr Mignot reprend en effet à son compte l'idée d'une révélation primitive 2112 qui plonge jusqu'aux racines de l'humanité et dont les germes grandissent l'un après l'autre :

‘Aujourd'hui nous donnons le nom de Sainte à l'histoire d'Israël non parce que les faits qu'elle raconte sont saints, mais parce qu'elle raconte des événements dont Dieu s'est servi pour se révéler à nous, parce qu'elle nous met en contact direct avec son action, avec l'économie divine de la religion depuis la révélation primitive dont elle nous montre le progrès et le développement jusqu'à son complet épanouissement dans l'Évangile 2113 .’

Mgr Mignot assoit cette certitude à la fois sur un constat factuel et sur un raisonnement logique. D'une part, on trouve des traces de cette révélation primitive jusque "dans la conscience obscure et oblitérée des peuples primitifs". Et ce ne sont pas les travaux des sociologues qui peuvent l'en faire douter : Durkheim "a beau aller chercher au fond de l'Australie, chez de pauvres sauvages dégénérés de prétendues preuves de l'absence de religion à l'origine de l'humanité […] on ne peut s'empêcher de sourire à la vue de tant d'efforts en pure perte" 2114 . D'autre part, il n'est pas vrai de dire que ce que nous croyons et savons de Dieu vient directement de notre raison et de notre conscience :

Toute vraie connaissance de Dieu doit être conforme à notre raison et à notre conscience, mais n'en dérive pas exclusivement. Il y a dans toute religion un élément positif que nous tenons de nos devanciers. Si cet élément est vrai il faut nécessairement qu'en remontant en arrière nous le rencontrions à l'état de vérité récente chez un petit nombre d'hommes. Le nier c'est dire qu'il n'y a pas de religion véritable ou que la religion est affaire de sentiment. Si la religion est plus que cela il faut que nous en retrouvions l'origine dans un certain coin du temps et de l'espace ; car si la révélation est chose sérieuse il faut que chaque communication successive de Dieu tombe dans le terrain précédemment préparé, que chaque assise repose sur les assises antérieures, que chaque manifestation grandissante soit adressée à une société déjà préparée à ce rôle par des communications précédentes 2115 .

C'est pourquoi on peut tout à fait admettre qu'Israël n'a pas tout reçu de Dieu sur le Sinaï : "tels rites, tels usages, telles lois, telles formes de sacrifice sont antérieurs à Moïse et ont appartenu au vieux fond sémite avant d'être l'héritage des descendants d'Abraham". L'image qu'affectionne Mgr Mignot est celle du sel dissous dans l'eau de l'océan : "le temps fait son œuvre, le Saint-Esprit échauffe et éclaire doucement les âmes, dirige les intelligences, peu à peu le dogme se forme, ses éléments se rapprochent, se cristallisent, bientôt c'est un diamant aux merveilleux reflets" 2116 .

La révélation opère en fait une sorte de démythologisation des premières croyances dans lesquelles "la réalité se confond vite avec la fantaisie, l'histoire avec la légende, le faux avec le vrai, le symbolisme avec la mythologie". Le fait qu'Israël échappe à cette dérive est la marque de la révélation : "Au lieu de laisser l'humanité élaborer lentement, maladroitement une théorie sur Dieu, il y suppléa du dehors".

Ce que la critique biblique met parfaitement en lumière c'est le caractère composite de la rédaction de la Bible. Celle-ci n'a pas été écrite d'un seul jet "comme l'ont cru plusieurs Pères qui confondant la Révélation avec l'Inspiration pensaient que Dieu avait dicté pensées et paroles sans presque que l'écrivain en eût conscience" et comme l'ont admis à leur suite "des théologiens catholiques et surtout protestants". Il faut bien admettre que "la rédaction textuelle dans l'état où nous l'avons est le résultat d'un travail long et pénible comme le prouve l'aveu frappant de l'auteur du 2ème Livre des Macchabées et aussi celui de S. Luc" 2117 .

Mais ce caractère composite, s'il manifeste l'origine humaine des livres, révèle plus encore, compte tenu de l'unité d'ensemble, leur origine divine. D'ou la métaphore de la chaîne ou du tableau fréquemment utilisée par Mgr Mignot :

‘Cependant ce qui frappe malgré ces différences c'est l'unité de pensée ; c'est une chaîne ininterrompue ; aucun anneau ne manque, encore qu'il y ait des anneaux plus ou moins précieux : d'or, d'argent, de cuivre, de fer, de zinc etc. Au milieu de la variété innombrable des récits on sent encore une intelligence directrice qui centralise vers un but unique tous les fragments divins et humains. Chose plus étonnante encore c'est que les auteurs étaient inconscients du rôle que leur faisait jouer le S. Esprit en vue de l'avenir. Ils dictèrent leurs oracles plutôt en vue de leurs compatriotes que d'un avenir très éloigné. […] Comme on l'a fait remarquer souvent, chaque prophète est comme un peintre qui sur une toile donne un coup de pinceau et s'en va ; un autre arrive donne sans y regarder un second coup de pinceau et passe à son tour et ainsi de suite pendant plusieurs siècles […]. 2118

La religion d'Israël n'est donc pas un développement naturel du sens religieux inhérent à la nature humaine qui aboutirait à "un humanisme rationnel et progressif". Pour cela nul besoin de la révélation. Cela la Grèce l'a donné à l'humanité. Mais c'est aux visions des prophètes, aux chants des psalmistes, aux prescriptions des sages et aux rites des prêtres, en un mot aux faits de l'histoire d'Israël que l'on doit de savoir quelque chose sur Dieu.

‘L'acropole c'est l'œuvre de l'homme, la Judée c'est l'œuvre de Dieu. D'un côté c'est l'homme réalisant un genre de perfection qu'on ne dépassera pas, de l'autre c'est l'homme, aidé de Dieu, cristallisant lentement dans son esprit les notions de bon, du vrai, du juste et dans son cœur une loi morale dont le développement atteindra dans l'Évangile une perfection inconnue aux sages de la Grèce 2119 .’

C'est pourquoi il ne faut pas s'imaginer que la révélation a été aussi complète aux âges lointains des patriarches qu'à l'époque d'Isaïe ou que les idées sur Dieu, le péché, l'expiation, l'immortalité, la résurrection étaient aussi claires au temps d'Abraham qu'à celui de la captivité. Il faut au contraire admettre que la révélation "est proportionnée à la condition de ceux qui la reçoivent. Elle s'appuie sur les choses actuelles, les événements, elle en sort pour ainsi dire, sans qu'on sache, sinon après l'événement jusqu'où elle s'élèvera" 2120 :

‘La lumière blanchit en Israël alors que tout reste obscur chez les autres peuples. […] L'idée de Dieu estompé à l'origine apparaît dans tout son éclat ; puis se développent les idées sur le mal moral, le péché, l'expiation ; la vague survivance dans le triste Shéol devient l'immortalité ; puis paraît la doctrine de la rétribution dans une autre vie ; puis la résurrection des corps ; enfin la Rédemption d'Israël à laquelle participe l'humanité entière. Ce n'est pas encore le christianisme : c'en est au moins le cadre 2121 .’

Mgr Mignot estimait donc en 1905 qu'il n'avait pas à modifier les conclusions auxquelles il était parvenu une dizaine d'années auparavant et qui s'étaient trouvées confortées par les propres conclusions du baron von Hügel dans son mémoire pour le congrès de Fribourg, approuvé par Loisy dans la recension qu'il en avait fait alors 2122 :

‘M. von Hügel n'hésite pas à dire que le développement de la religion israélite à travers les siècles n'est pas chose moins admirable, moins digne de Dieu, moins visiblement surnaturelle que l'idée d'une révélation complète dès le début et qui n'aurait pas été comprise avant la fin de la captivité […]. Il faut distinguer entre l'interprétation naturaliste […] et cette histoire même telle qu'elle se manifeste à l'observateur sans parti pris […]. On peut concevoir la religion israélite comme quelque chose de vivant et la trouver en même temps surnaturelle, parce que, si l'on y constate un développement […] le principe même de ce mouvement doit toujours être cherché en dehors de ses causes apparentes qui ne suffisent pas à l'expliquer 2123 .’

Il n'est donc pas étonnant que Mgr Mignot ait fait parvenir une lettre d'encouragement 2124 à l'abbé Margival 2125 pour son Essai sur Richard Simon qu'il trouvait remarquable. Dans ce travail, l'abbé Margival présentait en effet la révélation comme une "éducation religieuse des âmes". Il fallait donc moins l'envisager comme "la somme des vérités mécaniquement communiquées par Dieu et enregistrées dans la mémoire", mais comme un enseignement "économique" appartenant à la catégorie de la charité. C'était donc dans "l'histoire complète de la révélation biblique continuée par la tradition ecclésiastique" qu'il fallait chercher "la solution des problèmes que le dogmatisme ne peut trancher". Mgr Mignot estime en conséquence que Bossuet, en utilisant "son prodigieux talent à la réfutation" des thèses de Richard Simon s'est trompé de combat.

Or l'Essai de l'abbé Margival est sévèrement critiqué dans un article anonyme 2126 qui paraît dans le Bulletin de littérature ecclésiastique. Chacun y reconnaît la main de Mgr Batiffol qui à la même époque prononce, nous l'avons vu, un violent réquisitoire contre certains auteurs catholiques qu'il accuse d'adopter un point de vue protestant lors du discours de rentrée de l'institut catholique de Toulouse 2127 . Mgr Batiffol reproche à l'abbé Margival de rechercher dans une histoire de la révélation, "affranchie de tout a priori théologique", la solution des problèmes dogmatiques. Or cette histoire est dominée par "une incontestable loi d'évolution" conçue non pas comme un "passage du simple au complexe, mais comme une adaptation incessante" dont l'unité n'est assurée que par une "continuité morale". Dans ce système la révélation n'est que l'éducation religieuse de l'humanité et non pas "la somme des vérités communiquée par la voix de Dieu et enregistrée par la mémoire". Pour Mgr Batiffol cette conception est inacceptable, car "ne nous laissera-t-elle plus d'acte de foi à faire qu'à l'inconnaissable spencérien ?" 2128

Loisy réagit immédiatement aux deux charges du recteur, car il estime que dans les deux cas c'est lui qui est visé :

‘Il est inutile que je vous parle de Mgr Batiffol. Vous aurez certainement remarqué, et apprécié à sa juste valeur, le passage de son discours de rentrée où il dénonce les catholiques qui nient, après Sabatier, l'existence d'un élément intellectuel dans la révélation, et l'article qu'il a écrit contre l'abbé Margival, si toutefois c'est l'abbé Margival qui est réellement visé 2129 .’

Mgr Mignot se situe résolument du côté de l'abbé Loisy. En particulier la charge contre l'Essai de l'abbé Margival lui semble injustifiée et il le fait savoir au recteur par l'intermédiaire de l'abbé Birot. Le recteur répond que "son but était de protester contre la tendance de ceux qui, en fait, suppriment la Révélation et ne voient dans la religion que le développement, l'évolution religieuse de la pensée humaine" 2130 . Pour Mgr Mignot, accepter l'idée d'un développement ne supprime pas la réalité objective de la révélation, au contraire elle y conduit.

Écrire cette histoire de la révélation était un projet qui lui tenait à cœur depuis longtemps : "Mon rêve, écrivait-il au baron von Hügel en 1898, serait de faire une véritable histoire d'Israël, accessible au public ordinaire, très critique sans être pour autant surchargée de textes et de notes savantes" 2131 . Mais il ne s'estime pas assez compétent pour mener à bien ce projet et il souhaite bénéficier de la collaboration de Mgr Duchesne et de l'abbé Loisy. Apprenant que Loisy travaille sur un projet similaire, et avant de lire les premiers articles de la Revue du clergé français, il lui avait adressé un discret appel :

‘Mon projet - si j'avais les connaissances bibliques et autres suffisantes - serait de faire une histoire sainte, ou plutôt une histoire de la religion d'Israël, en montrant que la révélation de Dieu n'est pas tombée en bloc du ciel en terre ; que la Bible n'est pas un phonographe sur les rouleaux duquel est enregistrée la parole de Dieu ; que les hommes ont eu une grande part au développement de la pensée divine ; que l'idée de Dieu n'a guère été vraiment dégagée des ombres du polythéisme qu'assez tard - quoique pourtant, comme vous le montrez fort bien dans votre Job, le monothéisme radical de l'auteur suppose qu'il existait longtemps avant, au moins dans une élite.
Je voudrais montrer comment l'histoire d'Israël aboutit logiquement au christianisme, sans toutefois l'expliquer comme les théologiens par un accomplissement mécanique pour ainsi dire des prophéties. Dieu a prédestiné Israël, mais il n'a pas fait que son histoire fût la reproduction, avant la lettre, et anticipée du Christianisme etc., etc. En d'autres termes il faudrait refaire l'Histoire universelle de Bossuet, ou tout au moins la deuxième partie de cette histoire 2132 .
Voila ce que je voudrais réaliser. On verrait ensuite pour le Nouveau Testament. Mais très heureusement ce que vous me dites de vos projets cadre avec les miens 2133 .’

Ce programme était en effet très proche de celui que l'abbé Loisy était en train de réaliser à Neuilly et dont il commença la publication sous le pseudonyme de Firmin dans la Revue du clergé français à partir de décembre 1898. Or cette publication allait être brutalement interrompue par le cardinal Richard en octobre 1900 après l'article consacré à la religion d'Israël. La condamnation de l'archevêque de Paris ôtait à Mgr Mignot, si tant est qu'il en ait eu l'intention, toute possibilité de publier son propre travail : "Je crois que nous sommes au tempus tacendi", écrira-t-il un peu plus tard à l'abbé Loisy 2134 .

Pour autant il reste persuadé, comme il l'avait écrit dès 1893 au baron von Hügel, qu'on "peut très bien soutenir que Dieu a suivi dans l'économie de la Révélation la loi de développement qu'on retrouve même dans l'Église". "Je crois, ajoutait-il, que la vraie solution se trouve dans le développement religieux du Mosaïsme ; c'est le flambeau qui guidera nos pas au milieu du dédale obscur des textes difficiles, contradictoires, inexplicables autrement" 2135 .

Il sait pourtant que l'idée est loin d'être acclimatée et qu'elle choque encore. Il en fait l'expérience quand il la défend auprès de ces collègues dans l'épiscopat qui restent dans leur grande majorité fermés à ces questions comme elles le restent "même à des gens très intelligents". Il raconte ainsi à l'abbé Loisy qu'il a "fort scandalisé" l'archevêque de Toulouse en lui disant qu'il "fallait admettre un développement réel de la Révélation, que le dogme n'était pas sorti tout fait de l'Évangile ; que le discours de saint Pierre aux Juifs par exemple avait une forte teinte d'ébionitisme 2136 , que l'on pouvait se demander quel était l'objet précis de la foi des trois mille nouveaux convertis à la suite des arguments de saint Pierre, etc." 2137 . Alors qu'il travaille à la rédaction de sa cinquième Lettre sur les études ecclésiastiques, il écrit à Loisy :

‘Je suis un peu embarrassé par les lettres sur l'Apologétique et la Critique, sur le développement de la doctrine chrétienne. Le développement de la doctrine chrétienne dans l'A. T. s'admettra assez facilement, mais le développement de la doctrine sur Dieu, sur la théologie de la divinité de N. S., sur la formation du dogme ou plutôt son développement dans l'Église, rencontrerait bien des obstacles. Le malheur de nos théologiens c'est de croire que Dieu a été connu des ancêtres d'Israël, d'Israël lui-même, comme nous le connaissons, que le premier siècle croyait à la divinité de N. S. d'une façon aussi claire que nous, que l'Église contenait explicitement dès l'origine tout ce qu'elle admet aujourd'hui.
La seule démonstration efficace sera désormais la théorie du développement. Libre à ceux qui n'en n'auront pas besoin de s'en tenir aux thèses traditionnelles 2138 .’

Par l'expression "développement de la doctrine chrétienne", Mgr Mignot désigne ici deux réalités différentes. D'une part celle de la progressivité de la révélation et d'autre part celle du développement du dogme. La seconde pose des problèmes spécifiques sur lesquels nous allons revenir.

Dans un texte de décembre 1906, Mgr Mignot analyse longuement le premier aspect 2139 . L'idée que rien n'est parfait à l'origine et qu'il suffit d'une observation attentive du monde pour se persuader que "partout ici bas se révèle la loi du progrès" n'est pas en soi une nouveauté. La grande différence réside dans la conception de la notion de progrès. Pendant longtemps, le progrès était placé "ni dans les choses ni dans l'esprit humain, mais dans la volonté de Dieu créant successivement des êtres de plus en plus parfaits". Dès lors, la série des êtres pouvait être considérée comme "la superposition de phases différentes de la vie, sans lien entre elles plutôt qu'un enchaînement, un développement logique de la vie". Cette position n'est plus tenable depuis les découvertes faites au cours du XIXe siècle, en particulier celles de Darwin. La théorie évolutionniste gagne du terrain tous les jours, elle pénètre tous les domaines scientifiques et n'épargne ni la littérature, ni la politique, ni la religion. A tous les égards, cette hypothèse est une hypothèse féconde et l'idée d'évolution est sans doute "l'idée la plus puissante qui ait ébranlé les esprits depuis Aristote". Et à proprement parler la théorie de Darwin n'est pas contraire à la foi. Les Pères de l'Église ne croyaient-ils pas à la génération spontanée ? Or "un progrès dans la vie est moins extraordinaire, en soi, qu'une vie sortant directement du néant" 2140 .

C'est en effet une "pieuse conjecture" qui impose "une sage réserve" que de croire que la révélation a été parfaite dès Adam. Invoquer par exemple le récit de la Genèse à l'appui de cette idée, c'est méconnaître le fait qu'elle a été rédigée par des hommes déjà monothéistes. Les critiques "même les plus croyants" ne considèrent plus la Bible comme le recueil d'une "théologie toute faite, complète dès le principe", mais ils admettent qu'on y lit "le développement de la pensée religieuse d'Israël". Ceci "n'altère pas plus la notion vraie de révélation que la substitution du système de Copernic à celui de Ptolémée n'a modifié le dogme chrétien" et ne change rien "ni à la nature ni à l'étendue de l'inspiration". Il n'y a donc aucune objection décisive contre l'hypothèse du développement de la révélation dans l'Ancien Testament.

Mgr Mignot n'ignore pas que ce qui empêche d'admettre cette doctrine, c'est qu'elle réduit à néant la force probante des prophéties. S'il y a développement progressif, le prophète n'annonce plus l'avenir. Que devient alors l'argument de prophéties si important dans l'apologétique classique? Mgr Mignot a depuis longtemps écarté pour son compte cette objection. La lecture de Robertson Smith l'a convaincu qu'elle est sans fondement, car il est absurde de vouloir trouver dans l'Ancien Testament autant de lumière que dans le Nouveau. La finalité du premier n'est pas d'apprendre quelque chose sur le Christ, mais de le situer dans l'œuvre de la rédemption qu'on ne peut comprendre entièrement si l'on n'en trace le développement historique :

Pour comprendre un mécanisme il faut en étudier les pièces, pour comprendre un organisme il faut l'étudier depuis son germe jusqu'à l'action complexe de toutes les fonctions réunies. […] Au lieu de nous demander a priori ce que le prophète doit nous enseigner nous verrons ce qu'il avait l'intention d'enseigner à son peuple. De cette façon nous aurons le vrai sens de ses paroles ; bien mieux nous aurons une idée plus nette de sa place, de son rôle dans l'unité de l'œuvre révélatrice. Nous verrons l'action de la révélation et de la rédemption se façonnant d'âge en âge par un contact vivant avec les besoins des générations successives 2141 .

Non seulement Mgr Mignot ne trouve pas d'objection à l'idée que la révélation a suivi les lois du progrès et du développement historique, mais encore il voit une grande convenance puisque "la révélation ne devient une force dans la conduite morale de l'humanité que si elle y entre comme élément vital dans l'histoire humaine" 2142 . Les analogies que la Bible donne pour faire comprendre l'œuvre de la grâce amènent "à soupçonner que la révélation a une histoire dont les lois sont conformes à celles de la nature et obéissent à cette règle générale que toute relation spirituelle et morale, si elle est continue, doit grandir insensiblement et suivre le principe de développement intérieur".

Qu'en est-il de la révélation évangélique ? Si bon nombre de savants chrétiens ne veulent pas qu'on aille plus loin, ils s'en trouvent cependant beaucoup pour penser qu'il n'y a "aucune raison de tracer une ligne de démarcation" entre l'Ancien et le Nouveau Testament. Les récits évangéliques en effet "constituent moins un bloc doctrinal intangible qu'un recueil de faits parfois difficiles à concilier, d'allégories, de paraboles, de prédications sans date précise, sans liaison avec les événements".

Parmi les savants qui estiment que l'idée d'évolution se continue dans la vie de l'Église, il est impossible de ne pas citer Loisy, même si Mgr Mignot ne se porte pas garant de l'exactitude de toutes ses affirmations. Celui-ci

‘ne voit que des germes de doctrine dans les Synoptiques, tout en reconnaissant à ces écrits un caractère historique qu'il refuse au quatrième évangile. D'après lui l'auteur de l'écrit johannique n'aurait pas composé son livre uniquement d'après ses souvenirs personnels, mais aurait rédigé et conçu une interprétation théologique et mystique de l'Évangile. Le Jésus du quatrième Évangile n'est pas précisément celui de l'histoire : c'est celui de la foi. L'Évangile a été réellement le grain de Sénevé, il a produit l'Église, cet arbre immense dont les rameaux abritent des millions d'âmes en qui vivent Dieu et le Christ 2143 .’

Il faut cependant reconnaître que la théorie de la progressivité de la révélation pose un problème redoutable. Elle risque de rendre superfétatoire la notion de surnaturel puisque tous les phénomènes religieux de l'humanité peuvent, "en vertu de la loi d'évolution, s'expliquer naturellement". Les esprits timides sont effrayés "à la pensée que le sol ne serait pas aussi solide qu'ils l'avaient toujours cru". Les esprits autoritaires refusent d'admettre que le terrain de la révélation puisse être sujet aux mêmes agitations que celui de la raison. Et pourtant s'il est vrai que l'ère de la révélation est close par la fixation du Canon, l'action du Saint-Esprit n'a pas cessé dans l'Église puisqu'il en est la vie. A preuve, le progrès dans les définitions des conciles précisant les uns après les autres ce qui n'était pas clair auparavant.

Critiquer l'hypothèse du développement en lui reprochant de n'être capable que de "rassurer la foi des chrétiens intelligents et instruits" sans la donner à ceux qui ne l'ont pas, c'est être aveugle au fait que l'apologétique a changé de finalité. Il s'agit désormais pour elle de "fortifier la foi des croyants beaucoup plus que de convertir les incrédules". C'est pourquoi il y a tout lieu de penser que l'hypothèse de Newman élargie au domaine scripturaire "servira de base principale à l'apologétique du XXe siècle", parce qu'elle s'appuie sur des réalités.

Sur ce point Mgr Mignot rejoint l'opinion de l'abbé Wehrlé 2144 qui pense que "la transformation des croyants est la condition préalable et absolue de la conversion des incroyants" 2145 .M. Blondel lui répond :

‘Que de fois en effet je me suis dit qu'ayant d'abord songé à convertir les incrédules, j'avais, réflexion faite, à commencer par convertir les croyants. Car, vous le sentez bien, la vraie apologétique […] est celle qui, se fondant sur la fécondité de la vie profonde, rend l'atmosphère salubre aux intelligences, montre la chrétienté vivante et attrayante […]. Nous sommes loin de là, hélas 2146 .’

Après Pascendi, pour expliquer ce qu'il considère comme un malentendu, il reviendra sur cette idée :

‘Nous avions d'abord visé les rationalistes et les incrédules : rien d'étonnant à ce que les théologiens n'aient pas compris ce qui s'adressait à d'autres. Et notre maladresse a été de vouloir directement leur faire approuver ce qui était destiné à des hommes dont ils ignorent la langue et les idées 2147 .’

Les théologiens sont en effet réfractaires à l'idée d'évolution. Pour trois raisons. D'abord, ils ne peuvent faire abstraction "des tendances nettement antichrétiennes de la plupart de ses défenseurs" 2148 . Ensuite il existe une certaine confusion dans le vocabulaire entre évolution et changement radical, entre développement et transformation. Or, le transformisme des espèces, "à le supposer possible", ne peut être appliqué au domaine religieux sous peine de ruiner la notion de révélation. Enfin la doctrine de l'Église se fonde sur l'affirmation du Christ que ses paroles ne passeraient pas. Comment concilier "une théorie dont le nom signifie changement et une doctrine dont l'essence est d'être immuable ?"

Toutefois si la notion de transformation n'est pas acceptable en ce qu'elle impliquerait "l'identité des contraires", celle de développement de la doctrine est une hypothèse qui peut s'appuyer sur la tradition, en particulier sur Vincent de Lérins. Elle a été reprise par Newman qui, servi par sa connaissance remarquable de la littérature patristique, a pu montrer qu'il y avait un développement indéniable de la doctrine chez les Pères. Mais comme cette hypothèse ne répondait ni "aux préoccupations ni aux besoins intellectuels des catholiques de cette époque", elle n'a pas reçu l'accueil qu'elle méritait et n'a pas été sérieusement étudiée. Il a fallu l'évolution des sciences en particulier de l'histoire pour que l'on en vienne à se demander si "la révélation elle-même n'était pas soumise à la loi du progrès".

Telle est bien désormais la question centrale qui oblige à mieux définir les liens réciproques qui unissent, sans les confondre, le dogme et la théologie dans leurs rapports à la révélation. La solution du problème dépend en grande partie de la conception de la notion de développement. C'est sur ce point que les divergences vont s'opérer. Le débat se déroule donc à un double niveau entre conservateurs et progressistes d'une part, entre newmaniens, d'autre part.

Notes
2097.

Hermann SCHELL (1850-1906), professeur d'apologétique à l'Université de Würtzbourg, s'était déjà attiré la critique des traditionalistes pour sa Katholische Dogmatik dans laquelle il niait l'universalité de la science humaine du Christ. La polémique rebondit à la suite de la publication de deux brochures intitulée Der Katholismus als Prinzip des Forschrittes (1897) et Die neue Zeit und der alte Glaube (1898) qui critiquaient l'étroitesse de l'esprit romain face aux impératifs de la pensée contemporaine.

2098.

Joseph MÜLLER, dirige la Renaissance, un des périodiques du Reformkatholicismus , mouvement qui regroupait des universitaires catholiques allemands réclamant une meilleure adaptation de l'Église aux besoins du temps.

2099.

Mgr Mignot à l'abbé Loisy, 15 novembre 1898, f°103-104. Dans ses Mémoires (I, p. 496), Loisy écrit : "Si j'avais eu besoin d'être encouragé dans cette entreprise (la publication des articles signés Firmin), je l'aurais été par la lettre que l'évêque de Fréjus, sans rien connaître de ce que je projetais, m'écrivit le 15 novembre. Mgr Mignot y paraphrasait à sa façon la critique que faisait Schell du principe où semblait vouloir s'enliser l'orthodoxie contemporaine".

2100.

L'abbé Loisy à Mgr Mignot, 17 novembre 1898, BLE, 1966, pp. 17-21.

2101.

Mgr Mignot au baron von Hügel, 19 juin 1894, ms. 2779.

2102.

Ecclesia Discens, 1905, f° 1, ADA, 1 D 5 11-02.

2103.

Études sur l'histoire et la religion d'Israël, 1905, f° 9, ADA, 1 D 5-04.

2104.

Études sur l'histoire et la religion d'Israël, 1905, f° 16, ADA, 1 D 5-04.

2105.

Études sur l'histoire et la religion d'Israël, 1905, f° 9, ADA, 1 D 5-04.

2106.

Études sur l'histoire et la religion d'Israël, 1905, f° 15, ADA, 1 D 5-04.

2107.

4 e Reg., Lettres à l'abbé Chédaille, Sur la critique, f° 58.

2108.

4 e Reg., Lettres à l'abbé Chédaille, Sur la critique, f° 58.

2109.

Études sur l'histoire et la religion d'Israël, 1905, f° 18, ADA, 1 D 5-04.

2110.

Étude sur l'inspiration, f° 151, ADA, 1 D 5 11-01.

2111.

La vitalité des dogmes, 1899, ADA, 1 D 5 11-01.

2112.

"Les hommes ne savaient plus rien de l'origine du monde, de la création, de l'unité de Dieu […]. Aussi, ignorant presque tout de Dieu, ou ayant oublié ce qu'on savait à l'origine, ils ont renversé les rôles, et au lieu de se croire faits à l'image de Dieu, ils ont fait Dieu à la leur. Ce mystère d'ignorance ou de dégénérescence est si frappant que nos contradicteurs en concluent à la négation de toute révélation", "La Bible et les religions", in L'Église et la critique, pp. 185-186. Sur cette idée reprise de Bergier, voir Fr. Laplanche, La Bible…, pp.96-97.

2113.

Études sur l'histoire et la religion d'Israël, 1905, f° 11, ADA, 1 D 5-04.

2114.

2 ème Reg., 1915, f° 70. Après la lecture de Totem et tabous.

2115.

Notes sur Les prophètes d'Israël de Robertson Smith, 1886, f° 6, ADA 1 D 5 04

2116.

Étude sur l'inspiration, f° 178, ADA, 1 D 5 11-01. Reprise dans son article du Correspondant de 1897, cette image fut particulièrement critiquée par l'abbé Magnier. En 1914 Mgr Mignot écrit dans son Journal : "Je croyais et je crois encore ne pouvoir trouver une meilleure comparaison physique. […] Il y a des forcenés d'orthodoxie dans tous les temps : il n'en manque pas aujourd'hui. C'est incompréhensible. Loin d'exorciser ces énergumènes, on les approuve presque", 1 er Reg., f° 78.

2117.

4 e Reg., f° 12-13.

2118.

4 e Reg., Lettres à l'abbé Chédaille, Sur l'inspiration, f° 71-72.

2119.

Études sur l'histoire et la religion d'Israël, 1905, f° 23, ADA, 1 D 5-04.

2120.

4 e Reg., Lettres à l'abbé Chédaille, Sur l'inspiration, f° 73.

2121.

Études sur l'histoire et la religion d'Israël, 1905, f° 24, ADA, 1 D 5-04.

2122.

"Opinions catholiques sur l'origine du Pentateuque, RCF, 15 février 1899, repris in Études bibliques. Ici cité dans la 3e édition.

2123.

A. Loisy, Études bibliques, pp. 207-208.

2124.

Lettre de remerciements de l'abbé Margival du 23 mai 1900, ADA, 1D5 01.

2125.

Henri MARGIVAL (1854-1914), vicaire à Saint-Honoré d'Eylau et professeur à la Faculté des Lettres de l'Institut catholique de Paris (1888-1896). Il fit paraître en 1900 le recueil de ses articles parus dans la RHLE sous le titre : Essai sur Richard Simon et la critique biblique au XVIIème siècle à propos duquel Mgr Mignot écrit : "Ouvrage autour duquel on a fait la conspiration du silence, mais ouvrage qui restera et sera un guide précieux quand les passions actuelles seront calmées", Ecclesia discens, cahier 1, "Nove non nova", 1906, f° 24, ADA, 1 D 5 11-02. L'abbé Margival quitta l'Église en 1901.

2126.

***, "A propos de Richard Simon", BLE, 20 novembre 1900, pp. 257-268 repris in Mgr Batiffol, Questions d'enseignement supérieur ecclésiastique, 1907, pp. 283-305. Voir Poulat, Histoire, pp. 370-374.

2127.

Discours du 14 novembre 1900 : "L'enseignement supérieur et les intérêts de l'Église", BLE, 1900, p. 332 repris in Questions d'enseignement supérieur ecclésiastique, 1907, pp. 55-77.

2128.

***, "A propos de Richard Simon", BLE, 20 novembre 1900, in Questions d'enseignement supérieur ecclésiastique, 1907, p. 304.

2129.

L'abbé Loisy à Mgr Mignot, 25 décembre 1900, BLE, 1966, pp. 81-83. Mgr Batiffol indique dans Questions d'enseignement... p. 303, note 1 : "Si l'on veut bien rapprocher ces conclusions de celles que j'ai formulées trois ans plus tard sur l'Évangile et l'Église , BLE, 1903, pp. 3-15, on découvrira que toute le philosophie de la religion de M. Loisy, c'est à savoir le fidéisme évolutionniste, avait été exposé par M. l'abbé Margival, dès 1900".

2130.

Mgr Mignot à l'abbé Loisy, 26 décembre 1900, f° 130-131.

2131.

Mgr Mignot au baron von Hügel, 27 février 1898, ms 2783.

2132.

Dans la seconde partie du Discours sur l'histoire universelle, Bossuet montre comment toute l'histoire converge vers Jésus-Christ et l'Église et donc comment le christianisme se rattache par les prophètes et les patriarches à l'origine même de l'humanité.

2133.

Lettre du 13 mars 1898, BN, Naf, 16656, f°101-102.

2134.

Lettre du 15 février1902, BN, Naf, 16656, f° 154.

2135.

Mgr Mignot au baron von Hügel, 19 juin 1894.

2136.

Les ébionites reconnaissaient en Jésus le Messie sans pour autant croire en sa divinité.

2137.

Mgr Mignot à l'abbé Loisy, 31 décembre 1898.

2138.

Lettre du 13 janvier 1901, BN, Naf, 16569, f° 132-133.

2139.

Ecclesia discens, "Nove non nova", 1906, ADA, 1 D 5 11-02.

2140.

1 er Reg., f° 314.

2141.

Notes sur Les prophètes d'Israël de Robertson Smith, 1886, f° 4-5, ADA 1 D 5 04.

2142.

Notes sur Les prophètes d'Israël de Robertson Smith, 1886, f° 5, ADA 1 D 5 04. Idem pour la citation suivante.

2143.

Ecclesia discens, "Nove non nova", f° 21, 1906, ADA, 1 D 5 11-02

2144.

Johannès WEHRLÉ (1865-1938), ordonné en 1889, vicaire à Saint-Philippe-du-Roule, ami de M. Blondel et de V. Delbos. Notice de Fr. Laplanche in DMRFC, t. 9, pp. 675-676.

2145.

Abbé Wehrlé à Maurice Blondel, 12 décembre 1902, in Correspondance, t. 1, p. 71. Il ajoute : "Le renouvellement de la doctrine en des formes adaptées à l'esprit moderne et contemporain, renouvellement qui n'a jamais eu lieu depuis le XIIIe siècle, servira de point d'appui à l'application ultérieure de votre méthode, devenue efficace par l'évolution qu'elle aura déterminée au dedans avant de réagir au dehors".

2146.

Maurice Blondel à l'abbé Wehrlé, 15 décembre 1902, in Correspondance, t. 1, p. 73.

2147.

Maurice Blondel à l'abbé Wehrlé, 22 septembre 1907, in Correspondance, t. 2, pp. 382-383.

2148.

Ecclesia discens, "Nove non nova, ADA, 1 D 5 11-02. Même source pour les citations suivantes.