Quatrième Chapitre :
Dogme, théologie, développement.

"Cesse-t-on d'être un enfant soumis de l'Église en admettant qu'il y a une évolution réelle du dogme ; évolution conforme à certaines lois providentielles, évolution franche, indéniable et voulue de Dieu" 2149 ? Cette question, Mgr Mignot n'a cessé de se la poser depuis qu'il avait lu Newman et la difficulté qu'il a éprouvé pour y répondre de façon satisfaisante, c'est-à-dire d'une manière qui lui semble en accord avec l'orthodoxie catholique signe "l'opposition, qui semblait alors irréductible à certains, entre les données de l'histoire, c'est-à-dire le développement, voire "l'évolution" des dogmes chrétiens de siècle en siècle, d'une part, et la conception abstraite d'une théologie scolastique qui semblait présupposer que toutes les formules et institutions de l'Église remontaient également aux origines chrétiennes d'autre part" 2150 .

C'est très exactement ce que Mgr Mignot reproche aux théologiens de son temps :

‘Le malheur de nos théologiens c'est de croire que Dieu a été connu des ancêtres d'Israël, d'Israël lui-même, comme nous le connaissons, que le premier siècle croyait à la divinité de Notre-Seigneur d'une façon aussi claire que nous, que l'Église contenait explicitement dès l'origine tout ce qu'elle admet aujourd'hui 2151 .’

La question du développement du dogme n'est pas isolable à l'époque du double problème des rapports du dogme et de la théologie d'une part et des rapports du dogme et de l'histoire d'autre part.

Notes
2149.

Notes de retraite, Lérins, octobre 1896, ADA, 1 D 5 24.

2150.

B. Sesboüé, Histoire des dogmes, t. 1, Le Dieu du Salut, Paris, Desclée, 1994, p. 8.

2151.

Mgr Mignot à l'abbé Loisy, 13 janvier 1901.