Bien qu'il existe des traits caractéristiques qui soient propres à la symbolique, à la mythologie, aux croyances ou aux religions, autant qu'aux représentations, l'imbrication entre chaque concept et le recoupement en thèmes gardent des limites plus ou moins floues. Plus communément, quelles que soient les bornes fixées aux périmètres, le rapport à la flamme est sans cesse sous-entendu quand il n'est pas instantanément affirmé. Le feu a ainsi été un des principaux facteurs de l'évolution de l'espèce humaine121. A ce titre, il figure au premier rang de la symbolique universelle, reconnu parmi les principes élémentaires d'organisation122. Il est entré dans toutes les légendes. Il a été de tous les mythes. Il a obtenu ferveur et adoration.
Lorsque l'étude fait référence aux mythes123, il en existe dès lors de nombreux et de très différents, notamment sur l'origine et sur l'acquisition du feu par l'homme124. Cependant, le plus magique, figuratif de nombreux symboles, celui qui s'est transmis le plus spontanément jusqu'à nous, s'établit sur la légende de Prométhée125. Cette dernière contient tout le symbolisme de l'élément, de la genèse déifiée à la pénitence, de l'aspect socialement bénéfique au sacrilège, de la vie à la mort, de l'expiation au salut. Elle détermine encore le rôle puissant d'agent civilisateur qui entoure la flamme.
Selon l'interprétation des termes, par l'appropriation de l'élément, elle-même fondée sur la bienveillance symbolique des dieux qui communiquaient un bienfait essentiel au groupe et à son devenir, se justifie, selon la mystique, le rapport particulier que les hommes ont entretenu avec la flamme. D'autre part, dans cette légende, le rapprochement aux divinités ne s'est pas fait sous l'unique rapport d'un Dieu puisque quasi toutes les références divines gréco-romaines y étaient citées si bien que l'empreinte de la flamme était, manifestement, partout présente. Néanmoins, le mystique ne vit pas que sur cette unique "légitimation" de l'apparition du feu sur la terre par la seule volonté des dieux. Surtout, il apparaît que le feu faisait déjà l'objet de vénération bien avant que les civilisations anciennes lui donnent une racine légendaire126.
Innombrables sont donc les mythes sur l'origine du feu127 qui donnent deux éventuelles lectures au culte qui lui a été rendu : l'une est liée aux mystères qui ont entouré, voire entourent, cet élément alors que l'autre se prête aux propriétés de la flamme et à son étroite imbrication dans l'évolution de l'espèce humaine. La première des lectures nous ramène ainsi à l'essence divine du feu que l'homme reconnaîtra dans les éléments naturels ou qui gravitaient dans son environnement128 alors que la seconde établit, nettement, cette liaison, directe, à l'évolution du genre humain129.
Concernant plus particulièrement l'élément, l'imbrication entre énigmes et source de vie se vérifie. Elle témoigne du rapport à la flamme véhiculé jusqu'à ce que l'homme parvienne à fonder son raisonnement de façon rationnel. L'interrogation demeure d'ailleurs sur l'accès à cette rationalité de l'esprit humain car au vu de plusieurs attitudes et comportements tenus face aux flammes, le doute subsiste sur sa rapide et concrète survenue qui, selon certaines caractéristique, ne se marquerait que de manière contemporaine.
En attendant ce franchissement de la logique humaine, qui s'effectuera, effectivement, de manière progressive, l'homme a choisi d'adorer et de célébrer l'élément divinisé130. Les références sont partout prédominantes : le sacré, l'obligation, la peur, la pureté, soit l'image de symboles extrêmement forts que les religions naissantes ont intégré sous des formes qui ne caractérisaient plus seulement l'élément, en lui-même, mais l'éventuelle entité divine qui pouvait en disposer. Dans quel but ? Punir les hommes de leur apostasie, par exemple.
Dans cette dualité, qui place le feu comme représentation du bien ou du mal, l'élément entre directement dans les fondements religieux. Le mazdéisme131 établissait ainsi ses dogmes sur le théâtre du monde dont la scène était occupée par la lutte qui opposait le principe du mal et celui du bien132, soit une image assimilable aux aspects fastes et néfastes de la flamme, à la destruction et à la reconstruction. Dans la culture judéo-chrétienne, l'Ancien Testament a repris la légende de Prométhée pour développer celle d'Adam, de l'arbre de la connaissance et l'idée du paradis. Se lit également dans la bible que Dieu est apparu à Moïse sous la forme d'un buisson ardent. L'évocation est forte et le gage d'un pouvoir : celui dont disposait Dieu pour armer son bras et punir les hommes. Le rapport religieux à la flamme n'a donc cessé d'y puiser ses références opposant constamment l'image de la source de vie à celle de l'enfer, l'idée de la régénérescence et de l'expiation, entre la lumière et le chaos.
Sous cette marque du divin, manipuler la flamme fut, en conséquence et pour longtemps, l'apanage et le privilège de quelques personnes alors appréhendées comme le relais fondamental entre les dieux et le commun des mortels133. Quant aux symboles religieux appliqués au feu, ils se sont pratiquement tous confondus jusque parfois très tard dans l'histoire, pris entre les sacrifices134, pratiqués pour apaiser les déités et s'accorder leurs bonnes grâces, et les rites de purification ou de fécondité, voire l'usage du feu comme une arme de la justice divine135.
Ce rapport du feu à la religion est d'ailleurs universel. La notion de purification s'y ancre fortement. Quant aux pratiques de crémation136, elles y puisent l'accession de l'âme à la spiritualité. C'est sous la puissance de tels symboles qu'il faut lire, au-delà de l'allégorie divine, la représentation, sous certaines formes, de la flamme. Par exemple, l'isomorphisme du feu à l'oiseau -le phénix137- et, sous l'affiliation des contours, l'image de la rédemption qui s'y profile138. Le feu purifierait et donnerait, de ce fait, un accès à une vie nouvelle. De cette idée est née la marque du pur et celle de l'impur, de l'innocent et du coupable ; l'opposition entre les flammes de l'enfer et celles du feu sacré, entre être condamné à se consumer sans espoir de rédemption et l'accès au salut. De cette évocation et de ces principes ont alors émergé ordalies139, bûchers et autodafés de l'Europe Médiévale140.
Si, lorsque les chroniqueurs des quotidiens lyonnais relataient un sinistre, que ce soit en 1850 ou en 1900, les images étaient fortes, c'est que les symboles, mystiques ou religieux, étaient, précisément, continuellement sous-entendus. Quant aux individus, ils cherchaient, par tous les moyens, à échapper au feu, sans discernement, et ce, jusqu'à y perdre la vie en choisissant de sauter par les fenêtres pour échapper aux flammes, choix que le seul instinct de survie ne pouvait totalement guider141.
Dans le cas précis de l'incendie et en référence aux fondements religieux, c'est Dieu que le fidèle prie pour épargner ou soustraire ses biens aux fléaux. C'est encore Dieu qu'il remercie lorsque les ravages causés par les flammes n'ont engendré aucun dégât sur sa propriété personnelle. Le besoin de se rattacher aux croyances fondées depuis les temps ancestraux était puissant142. Le fait de se tourner vers la providence, notamment en des temps de foi fervente, comme c'était le cas au Moyen Age, permettait aux populations d'accepter, de se résigner face à ces événements déroutants et imprévisibles. D'ailleurs, l'Eglise se chargeait de donner une lecture de l'incendie sous l'angle de la catastrophe voulue par Dieu pour punir le péché des hommes143. Aujourd'hui encore, la catastrophe, quelle qu'elle soit, amène fréquemment la prière et la représentation du châtiment.
Pour se protéger des flammes, il était donc courant d'inscrire sur un bâtiment, une propriété, une formule à laquelle étaient censés être attachés des pouvoirs144 : celui, dans le cas présent, de préserver d'une destruction par le feu. D'autres pratiques veillaient à disposer une niche dans un mur de manière à y placer un saint protecteur145, quel que soit d'ailleurs celui-ci, bien que le crédit ait été donné, le plus fréquemment, aux canonisés qui avaient un rapport direct à la flamme ou au bûcher146. Selon d'autres croyances, il était encore d'usage de conduire le Saint Sacrement sur les lieux de l'incendie ou de jeter dans les flammes le corporal de façon à affaiblir le feu puis l'étouffer147. Néanmoins, et malgré l'influence de ces crédulités, il arriva un temps où l'être humain s'est rendu compte du peu d'efficacité de ses superstitions ; qu'il fallait chercher en d'autres actions le moyen de garantir son patrimoine. Toutefois, cette substitution de fondements rationnels au fatalisme, aux "naïvetés", ne s'est imposée que très progressivement et surtout dans des temps historiquement contemporains.
L'hypothèse peut apparaître quelque peu simpliste de voir, à l'ombre de la vénération de l'élément ou à celle des fondements et croyances religieuses, l'importance d'un phénomène aussi dévastateur que l'incendie. Pourtant, le retour de temps obscurs après les périodes d'éclat de civilisations anciennes ou le retard technique avant la redécouverte de réalisations ou bien encore l'inorganisation de l'autorité, locale ou nationale, ne peuvent suffire à expliquer la prédominance de la catastrophe. L'homme subissait l'influence de son histoire, des images nées de ses représentations, de ses peurs, de son rapport à la flamme et des progrès qu'il lui devait. De ces croyances est issu, pour partie, l'investissement tardif dans la défense contre le feu.
En outre, les symboles ne s'arrêtent pas à l'unique frontière de la symbolique ou de la religion. Le feu compose aussi le social, l'esprit et l'imagination des individus, les représentations humaines, la littérature romancée et jusqu'à la stimulation des sens de l'être humain. Il est, de ce fait, courant que nos sociétés lui attribuent une reproduction analogique de comportement ou y puisent un langage148.
Bien avant de transposer la flamme à des sentiments ou à des perceptions sociologiques, voire socio-psychologiques, le feu a captivé l'esprit et l'imagination, par l'invitation au repos et au relâchement que la chaleur ou les couleurs imposent, par l'appel aux rêves. Il s'agit, ni plus ni moins, que de sensations qui coïncident avec la peur qui, elle, survit comme un sentiment aux aguets malgré le réconfort auquel invite la flamme. Seulement, plus le feu se trouve produit, plus la peur se masque. C'est elle qui a conduit l'homme à cette fausse impression de docilité de l'élément.
A l'évocation de l'imagination ou du pouvoir de la flamme, il devient difficile de se dispenser de la référence au fait divers qu'induit l'incendie et à la représentation visuelle de l'événement. L'article de presse du XIXème siècle donnait au récit une certaine théâtralité : "‘Chacune des treize fenêtres des deux façades ressemblait à la gueule d'un four immense, et vomissait des colonnes de feu qui s'élançaient aux étages supérieurs et au toit en répandant des torrents d'étincelles’ 149". Couramment, la scène est renforcée : ‘"(...), d'immenses gerbes de flammes et d'épais nuages de fumée noire obscurcissaient le ciel, (...)’ 150". L'évocation plaquait pourtant à la réalité de ce que "voyait" ou interprétait le chroniqueur, nonobstant une propension, parfois à l'exagération, surtout à la relation sous une forme littéraire. L'incendie était imposant, les moyens encore partiellement inadaptés pour en limiter les effets et la propagation, notamment sur la première moitié du XIXème siècle. Par la presse, et comme le souligne l'auteur de Nouvelles à sensations – Canards du XIX ème siècle 151, l'image soulevait les passions. L'histoire des incendies, calamités urbaines, en détient d'ailleurs un exemple frappant au regard de l'incendie du Bazar de la Charité survenu en 1897152. Par l'intermédiaire de la presse, le fait divers pouvait se démarquer et devenir un mythe. L'idée veut alors que ce soit la relation qui crée l'événement et non pas nécessairement l'inverse.
Sous l'image du feu, les sciences littéraires, telles qu'elles se définissent, évoquent deux couleurs, sans parler de l'évocation synonymique passionnelle : le rouge et le noir. Le rouge de la flamme, symbole du sang, de la révolution, de la lutte politique, de la destruction ; le noir de la nuit, du chaos, de l'enfer, des cendres et de la suie. Par l'écrit, le feu excite l'imagination individuelle. Néanmoins, c'est là un sens qui se démarque de la fonction psycho-physiologique par laquelle l'individu reçoit, par exemple, une information sur les éléments qui forment son milieu extérieur. Dans le cas de l'incendie, les cinq sens de l'être humain, ceux définis sous la fonction psycho-physiologique, s'aiguisent, chacun sous des formes particulières. La vue demeure liée aux pouvoirs attractifs des flammes autant qu'au spectacle, voire au voyeurisme interprété comme l'observation du malheur ou de la destruction d'un bien impersonnel153, ceci, au risque d'entraver les secours154. A ce sujet, la classification communément admise au XIXème siècle des individus présents sur le lieu d'un drame établissait trois groupes : ceux qui viennent d'être évoqués, ceux qui, au son de la générale, se précipitaient sur le terrain de l'incendie pour prêter leur concours à l'alimentation des agrès en eau, et ceux venus pour profiter de la confusion et commettre des exactions tel le vol. C'est aussi sous cette perspective de la vue et du ballet des couleurs, chaudes par le pouvoir calorique dégagé, par les teintes, que certains peintres ont puisé leur inspiration. Quelques-uns ont ainsi traduit plusieurs de ces scènes tragiques de la vie urbaine des siècles passés155. Concernant les autres sens humains, l'ouïe s'affûte, elle, par les sons, les crépitements et autres craquements des matières en feu ; par la diffusion de l'alerte ou, s'en s'appesantir sur les faits, par les cris de désespoir de ceux qui voyaient leur richesse réduite à l'état de cendres156. Dans le cas de l'odorat, c'est sur les dégagements de fumée produits par les matériaux en ignition que se focalise cette fonction ; sur ces émanations qui attaquent les voies respiratoires, organes de vie157. Quant au toucher, il se fonde sous une double interprétation, celle de la brûlure, première connaissance sociale de l'homme avec le feu, et celle des débris engendrés par la combustion. Seul le goût trouve difficilement son équivalent bien qu'il puisse être associé aux dégagements respirés, aux odeurs qui peuvent soulever des évocations liées à la "gustation".
Le feu entre, d'autre part, dans une masse de métaphores calquée sur le comportement humain et l'expression de ses émotions. Aujourd'hui, la trace s'en repère dans nombre de locutions idiomatiques158. L'allégorie de référence concerne celle liée à la passion et, sous un dérivé, à la sexualité159. Si la représentation y est plus ou moins parfaite selon les traits appuyés, il n'en demeure pas moins que la littérature et la tragédie classique y ont puisé de nombreuses images et qu'elles continuent de s'en inspirer. Sous d'autres bases, le feu personnifie le trouble ou l'excitation d'un tempérament et fonde certains des signes astrologiques160. Lorsque, enfin, se pousse plus loin l'analyse et que se franchissent les limites de la sociologie pour naviguer dans les eaux plus sombres de la psychologie ou de la psychanalyse, le feu révèle, foncièrement, le sens de comportements individuels, voire, parfois, du groupe. Ainsi, selon BACHELARD, le feu nous est intime et universel ; ce qui lui confère sa puissance et son rôle de symbole social prédominant161. En termes psychologiques, le feu est de sexe féminin et, par extension, une évocation sexuelle universelle qui a fait écrire à FREUD que le feu est l'image même de l'excitation féminine. Il est l'invitation à la maîtrise des sens et du plaisir qu'éprouve l'être féminin162.
Si beaucoup de ces perceptions survivent et parfois guident plusieurs de nos comportements, il n'en reste pas moins que nos rapports au feu et à la flamme se sont graduellement modifiés163. Aujourd'hui, l'être humain peut se passer de cet élément sans pour autant retomber à "l'âge de pierre". Le discours, la mémoire, individuelle ou collective, conservent néanmoins la trace consciente ou inconsciente du pouvoir de ce corps. C'est une trace qui s'est affaiblie de par les progrès, l'étude des comportements sociologiques et à la lueur de la psychologie. Seulement, l'idée demeure sous-entendue du renvoi constant de l'homme à la flamme ; des processus de développement à la découverte et à la production du feu ; du foyer à la naissance du groupe social et, évidemment, du rapport à la vie et à la destruction par l'incendie.
PERLES C. - Préhistoire du feu, Paris, Masson, 1977, 180 p.
Aux côtés de l'air, sa complice lorsque la référence est faite aux propriétés nécessaires à la combustion, l'eau, son ennemie, longtemps seul moyen dont disposait l'homme dans son combat contre les flammes, et la terre, figurant au nombre de ses géniteurs.
Sans trop s'étendre sur le sujet qui ne constitue pas le propos de cette recherche, l'objet étant uniquement
de fournir une perception interprétative plus large de l'élément sur l'événement ici qualifié, soit l'incendie.
FRAZER J.G. - Mythes sur l'origine du feu, Paris, Payot -traduction de l'original publié en 1931-, 1991, 243 p.
SECHAN L. - Le mythe de Prométhée, Paris, Presses Universitaires de France, 1951, 128 p. La traduction figurée de ce mythe place le feu, cet élément puissant, cette force naturelle, bénéfique ou maléfique, ce Janus -Dieu romain représenté avec deux visages fondant la synonymie avec les deux figures du feu, celles du bien et du mal-, comme issu du ciel, de l'Empyrée. De ce fait, il ne pouvait appartenir qu'aux puissants, sous-entendus aux Dieux. Cette légende a été, tantôt interprétée par les Grecs, tantôt par les Romains.
FRAZER J.G. - Mythes sur l'origine du feu, Paris, Payot -traduction de l'original publié en 1931-, 1991, 243 p.
Idem 48. L'auteur de cet ouvrage donne une large présentation des différents mythes.
Le soleil, la foudre -le feu du ciel- ou les volcans, par exemple ; souvent une origine céleste que des phénomènes, à l'image des feux follets, contribuaient, sans aucun doute, à entretenir.
PERLES C. - Préhistoire du feu, Paris, Masson, 1977, 180 p. ; p. 1. Présentation de l'ouvrage. L'auteur montre, dans un livre qui utilise la référence de nombreuses découvertes archéologiques et de thèses scientifiques, que l'homme ne s'est différencié de l'animal que du jour où il est devenu maître du feu. Cette maîtrise serait à l'origine des nombreux bouleversements ayant conduit l'homme de sa condition de simple individu au fondement du groupe social.
Dans le culte de Vesta -Déesse du foyer domestique dans la mythologie romaine-, c'était à la hantise -ancestrale- de l'homme relativement à la conservation du feu que se devait la vénération des flammes. Nul ne souhaitait, plèbe ou patriciat, voir celles-ci s'éteindre. Ce culte était servi par des prêtresses qui devaient s'astreindre à la chasteté de manière à garder toute sa pureté à la flamme. A ce titre et sous ce symbole, le feu se définit, en sanscrit, par le terme pur.
Ou zoroastrisme.
Quoi qu'il en soit, le triomphe revenait toujours au bien.
Les vestales, les grands prêtres, les druides furent parmi ceux-ci.
Exemple de certaines fêtes druidiques. En d'autres lieux et sous d'autres cultures, le cas de l'holocauste qui, chez les Hébreux, marquait un sacrifice par lequel une victime était brûlée.
Des pratiques que les "pouvoirs" de la flamme, tel celui d'avoir raison de quasi toutes les matières, ne semblaient pas prêts de remettre en question en ces siècles anciens où la profondeur des connaissances demeurait superficielle.
Le transport du monde des vivants au monde des morts.
Oiseau fabuleux de la mythologie antique, unique de son espèce, qui se brûlait lui-même sur un bûcher pour renaître de ses cendres.
FRAZER J.G. - Mythes sur l'origine du feu, Paris, Payot -traduction de l'original publié en 1931-, 1991,
243 p. ; pp. 223-232. L'auteur note, dans son ouvrage, que de très nombreux mythes, lorsque ceux-ci faisaient référence à un animal, il s'agissait communément de l'oiseau.
Synonyme de jugement de Dieu.
Livrer l'accusé de sorcellerie ou l'infidèle au bûcher n'était pas interprété comme une manière de donner la mort ; seule la volonté de punir par la représentation de l'enfer mais également de purifier et d'offrir la paix de l'âme aux damnés prévalait chez les exécuteurs ; une vérité puis une image dont l'interprétation pousse le questionnement de la perception de la flamme jusqu'à nos jours.
Comment ne pas voir là, en dehors de la peur et de l'image de la mort, l'appréhension du feu comme la représentation des flammes de l'enfer dans lesquelles l'individu se consumerait sans espoir de rédemption ?
Deux principaux ouvrages en donnent la dimension : DELUMEAU J. - Rassurer et protéger (le sentiment de sécurité dans l'occident d'autrefois), Paris, Fayard, 1989, 667 p. ; DELUMEAU J. / LEQUIN Y. (sous la direction de) - Les malheurs du temps – Histoire des fléaux et des calamités en France, Paris, Larousse, 1987, 520 p. Ces 2 ouvrages, dans leurs parties respectives abordant l'incendie, donnent un éclairage à ces fondements.
DELUMEAU J. / LEQUIN Y. (sous la direction de) - Les malheurs du temps – Histoire des fléaux et des calamités en France, Paris, Larousse, 1987, 520 p. ; pp. 375-382. Les auteurs démontrent cette logique dans l'interprétation des textes. Ainsi, citations et références bibliques ne manquaient pas de concourir au renforcement et au poids des interprétations.
DOLLINGER R. (sous la direction du colonel pour l'édition française) - Objectif brûlant, les sapeurs-pompiers du monde, Paris, Editions et diffusions internationales, 1984-1993, 8 vol. (tome 2 : Origine et évolution des sapeurs-pompiers, 1984, 287 p. ; p. 24). La pratique avait encore cours au XIXème siècle.
PETIT M. - Les grands incendies, Paris, Hachette et Cie, 1882, 302 p. ; pp. 225 et suiv. Des coutumes, ou plus exactement des croyances, que les monographies modernes sur les villes ou les régions relèvent d'autre part.
Parmi les saints censés protéger des dévastations par le feu figure Saint-Florian qui s'opposa aux persécutions chrétiennes sous Dioclétien.
Ibidem 67. Des textes du XIXème siècle font référence à cette pratique et de son cérémonial.
Lorsque le social est sous-entendu, il s'agit d'une référence en droite ligne aux peuples "primitifs" et à la naissance du groupe, plus précisément de la cellule familiale. Ainsi, le terme de "foyer" garde une connotation toute particulière en renvoi au lieu où l'on fait le feu. C'est une marque à laquelle l'extension aboutira à la définition, historique, de l'ensemble des personnes vivant autour de ce foyer, terme dont le synonyme courant équivaut au ménage, à la cellule familiale.
Tiré du journal Le Salut Public du 01/04/1851 ; relation de l'incendie de la maison Milanais.
Narration de l'embrasement des chantiers de la Buire dans Le Progrès du 19/05/1882.
SEGUIN J.P. - Nouvelles à sensations – Canards du XIX ème siècle, Paris, Armand Colin, 1959, 227 p.
Cet incendie, survenu le 04/05/1897, à Paris, frappa la population non pas tant par l'événement que par le nombre de décès, la qualité et le sexe des disparus.
Dans de nombreux articles ou rapports, il était fait mention de ces citadins qui se rendaient sur les lieux de la catastrophe, rebaptisés, pour la circonstance, "théâtre de l'incendie". D'ailleurs, l'expression perdure avec la même connotation.
AML, 1270 WP 024 – Sapeurs-pompiers : Incendies : - Rapports ; 1852-1879. "L'on eut dit plutôt des habitants venus jouir d'un spectacle que des citoyens résolus à se rendre utile. (...)" – Rapport d'incendie du 07/08/1856. Dans une séance du conseil municipal de 1890 (Procès-verbaux des séances du conseil municipal, 1890 – vol 3, séance du 08/08/1890, p. 252), Mr BESSIERES demande que des mesures de police soient prises pour faire respecter l'ordre sur les lieux d'un incendie et concourir à des secours efficaces.
Voir le document n° 4 : "La foire Saint-Germain après l'incendie", P.A. de MACHY - 1763. L'incendie s'est produit durant l'année 1762 ; DELUMEAU J. / LEQUIN Y. (sous la direction de) - Les malheurs du temps – Histoire des fléaux et des calamités en France, Paris, Larousse, 1987, 520 p. ; p. 379. L'ouvrage de Maxime PETIT (Les grands incendies, Paris, Hachette et Cie, 1882, 302 p.) énumère les peintres influencés par le feu. Cette liste est ajustée et complétée dans Sapeurs-pompiers de France (CART-TANNEUR Ph. / LESTANG J.C. - Sapeurs-pompiers de France, Paris/Barcelone, B.I.P./Solo, 2ème éd, 1986, 240 p.).
"Les habitants chassés par l'élément destructeur, prenaient la fuite en emportant ce qu'ils avaient de plus précieux ; les cris des femmes et des enfants effrayés, la crépitation des flammes, le bruit strident du clairon d'alarme, formaient un concert lamentable." – Le Courrier de Lyon du 13/08/1873.
"Les femmes, affolées, couraient d'une chambre à l'autre, poussant des cris d'effroi ; la fumée arrêtait à la gorge les gémissements et les sanglots." – Le Progrès du 26/09/1884.
Quelle que soit la forme de ces expressions, dictons, proverbes, métaphores, ... : "Jouer avec le feu", "Il n'y a pas de fumée sans feu", "brûler d'une passion ardente et dévorante", ...
Le symbole le plus communément admis de l'amour ardent et passionné est, en effet, celui du feu.
Les signes de feu sont : le bélier, le lion et le sagittaire.
BACHELARD G. - La psychanalyse du feu, Saint-Amand, Gallimard, réimpression de l'original de 1931, 1968, 190 p. Dans son ouvrage, l'auteur associe couramment la flamme au symbole et à la passion. Une citation de BACHELARD est d'ailleurs fréquemment reprise : "Le feu couve dans une âme plus sûrement que sous la cendre" (p. 31).
Idem 83. A la lumière de ces interprétations se concrétise le rapport de comportements humains tel celui du pyromane. De là s'analyserait encore l'exercice de professions, notamment celle de sapeur-pompier -soldat du feu-.
Notamment depuis le milieu du XIXème siècle.