2. L'INCENDIE DU THÉÂTRE DES CÉLESTINS (1880) : L'INTERROGATION DE L'ÉVÉNEMENT POLITIQUE OU DU CONCOURS DE CIRCONSTANCES TRAGIQUE

S'il est des incendies survenus dans l'agglomération lyonnaise qui soient difficiles d'interprétation, le double embrasement du Théâtre des Célestins fait partie intégrante de ceux-ci. En un laps de temps relativement court, pas tout à fait 10 ans, il sera en effet par deux fois la proie des flammes. Cette répétition pourrait presque fonder un exemple aux études menées sur le risque des salles théâtrales à être détruites par le feu. Néanmoins, il est des particularités, dans le cas lyonnais, et autour de chacun de ces deux embrasements, des caractéristiques qui font que ces conflagrations et les circonstances qui les ont entourées demeurent encore aujourd'hui assez sombres et difficilement interprétables, notamment en ce qui concerne le sinistre de 1880. Ce brasier touchera d'ailleurs très durement le bataillon des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon, non pas tant dans ses effectifs mais dans le prétexte qu'il allait fournir aux attaques contre l'administration et la République. Si le corps s'acquittait avec dévouement de sa mission, son fonctionnement manquait, en effet, par certains côtés, de modernisme. Ce sera là un prétexte car la querelle était ailleurs. En atteignant un service comme celui des soldats du feu, plusieurs personnes ou journaux cherchaient à atteindre ceux qui en "tiraient les ficelles".

Les Célestins de la seconde moitié du XIXème siècle étaient un théâtre à l'italienne617 ; c'est-à-dire une salle sur un plan circulaire qui se constituait de plusieurs niveaux, entre corbeille, balcons et galeries, divisés en loges. Le premier des embrasements dont il est fait référence eut lieu en 1871, le 1er avril. Alors que les rondes menées jusqu'au milieu de la nuit n'avaient rien remarqué d'anormal, la population résidante du quartier était soudain réveillée par les cris qui appelaient au feu : le théâtre brûlait. Le rapport notait un déclenchement de l'incendie aux environs de 0 heure 30618. Le foyer aurait pris dans les cintres en trouvant un aliment de choix dans les décors peints à l'huile. L'incendie se propagea avec une rapidité effrayante. Le temps que les sapeurs-avertisseurs aient parcouru leur arrondissement respectif, prévenu les hommes, que les pompes soient traînées sur les lieux de l'événement et les flammes avaient déjà dévoré la plus grande partie de l'édifice. Les 12 pompes à bras et les 2 pompes à vapeurs présentes ne purent que livrer une lutte qui, malgré l'importance du parc technique, était vouée à ne noyer que des décombres619. Aussi, la décision était-elle prise de sacrifier le théâtre et de protéger les maisons et immeubles qui entouraient la construction620. Lorsque le feu sera enfin circonscrit, le bâtiment avait subi d'irréparables déprédations621. Il n'était plus qu'une ruine.

Les informations accessibles, que ce soit les rapports de feu, les rapports de police ou la presse, s'étendent peu sur la cause du sinistre de 1871. Il est donc difficile d'interprétation. La période événementielle -la Commune de Paris- à laquelle il se déroule, peut également prêter à des suppositions. Le plus frappant vient, en fait, de l'analyse entre l'incendie qui vient d'être narré et celui qui surviendra en 1880. Plusieurs ressemblances ressortiront en effet qui peuvent prêter, a posteriori, à interrogation sur chacun de ces événements. Hors le fait que ces embrasements aient eu lieu dans un intervalle qui ne soit que de 10 ans, presque mois pour mois622, et la nuit, généralement propice aux grands incendies, c'est le contexte qui interpelle. En 1871, la France, au sortir du conflit qui l'a opposée à la Prusse, était en pleine transition politique entre Second Empire et République. La cité lyonnaise était, elle, à la veille de réintégrer le cadre usuel d'administration municipale623. Quant au bataillon des sapeurs-pompiers, il était en pleine recomposition624 et de nouveaux officiers venaient d'être nommés625. En 1880, plusieurs des constats se révèleront être identiques avec toutefois quelques nuances. Si le régime politique de la France était désormais fondé, ses contours étaient encore flous ou mouvants ; ce qui se vérifiera avec le passage, à la fin des années 1870, entre le régime de l'ordre moral et la république opportuniste. En ce qui concerne la ville de Lyon, la revendication de la souveraineté à s'administrer était, plus que jamais, présente, un droit qu'elle recouvra d'ailleurs dès le début de l'année 1881626. Quant au corps de sapeurs-pompiers, comme en 1871, il était encore là en pleine restructuration, structurelle et humaine, cette fois liée aux impératifs issus du décret de 1875. Simple concours de circonstances, loi des séries, risques théâtraux, attaque d'un symbole, incendie volontaire et criminel, la réponse est difficile à donner. Il n'en demeure pas moins que le sinistre survenu en 1880 sera un des plus marquants pour la population lyonnaise. Avec la destruction de cette scène, les passions politiques allaient s'exacerber, révéler les divisions et peindre le climat lyonnais du début des années 1880. Bien évidemment, entre ces deux incendies, la salle avait été reconstruite627. Le chantier fut entrepris sous la direction d'un architecte lyonnais, Gaspard ANDRÉ, auteur de plusieurs réalisations dans la cité628. L'édification fut faite dans un style intérieur identique à ce qui avait existé mais elle évitait toutefois certaines imperfections, principalement sous l'angle de la sécurité des spectateurs629.

Le 25 mai 1880 allait donc être la seconde date d'une couleur noire de suie dans l'histoire de ce théâtre630. Au soir de ce jour, les sapeurs MICHEL, BALANDRAS et DARANCY étaient de garde aux Célestins sous le commandement du chef de poste BOISSET. Les rondes s'étaient effectuées normalement. Rien n'était apparu ou n'avait semblé remarquable. Pourtant, au milieu de la nuit, c'est le drame. Un feu démarre, vraisemblablement au niveau des premiers cintres, et ne tarde pas à se communiquer aux frises. L'alerte est donnée, un message télégraphique envoyé au dépôt général des pompes à incendie qui dépêche sur place de gros moyens. L'intervention s'organise mais le feu gagne du terrain. Il se propage rapidement. Notamment, il ne tarde pas à se communiquer à l'ensemble de l'édifice : ‘"Au moment où nous mettons sous presse, la ville est éclairée d'une lueur sinistre. Le Théâtre des Célestins est en feu. Une immense colonne de flammes s'élève jusqu'au ciel. Des gerbes de feu couvrent la place et le quartier Bellecour631 ’". Au petit matin, le feu est maîtrisé mais l'édifice est ravagé sur toute sa partie intérieure. Les 11 pompes à bras, les 2 pompes à vapeur et l'échelle aérienne n'ont pas pu atténuer les désastres de la flamme632. Les décombres fumaient encore que naissait déjà la polémique. La discussion, animée, se focalisera, en tout premier lieu, sur l'organisation des secours et leur déficience sous certains aspects. Seulement, la polémique, selon les journaux et les propos, ne tardera pas à dériver, d'abord, de façon sous-entendue, puis, de manière directe, contre le régime ou l'administration municipale. Quelques-unes de ces attaques étaient légitimes, d'autres demeuraient douteuses, voire pernicieuses. Légitimes étaient pour partie celles qui se fondaient sur l'organisation du bataillon des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon, une structure qui ne se trouvait plus en adéquation avec l'importance de la ville. L'institution était encore déterminée sur un volontariat des hommes, où l'alerte et la mobilisation des sapeurs étaient devenue inadaptées mais dont les soldats du feu étaient obligés de se satisfaire. Ces attaques, douteuses sous le prétexte du sinistre, des personnes et de l'obsolescence, par certains côtés, du service d'incendie cachaient un désir manifeste de l'événement, d'un événement ; d'un fait qui permettrait aux contestataires de s'exprimer de manière véhémente ; un embrasement qui, par la particularité de l'édifice, théâtre municipal, scène du vaudeville, devenait le prétexte, l'argument d'une expression.

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Document n° 11 : Rapport d'incendie - Théâtre des Célestins - 25/05/1180

Il est vrai que le corps de pompiers de la ville connaissait des insuffisances, des carences qui étaient, en partie, le fondement de la réorganisation que devait imprimer le décret de 1875633. Cette réforme était, en 1880, tout juste commencée pour l'unité lyonnaise634. Toutefois, demeurent des faits qui ne suffisent pas à expliquer la tournure qu'ont pris les événements. Des défauts structurels, certes il y en avait, mais les hommes semblaient irréprochables dans leur office. Ce sont bien eux, pourtant, malgré leur bonne volonté, qui seront au centre du débat. C'est leur image qui sera dégradée lorsqu'ils seront soupçonnés d'être les auteurs de l'incendie, hypothèse, mal fondée, dont la presse allait être le ferment et qu'une enquête infirmera sans donner pour autant plus d'informations sur la cause ou l'origine635. Si l'édition du Nouvelliste du 26 mai ne se cantonnait encore qu'à décrire l'incendie, dès le 27, elle se faisait l'écho de bruits qui donnaient comme origine au départ de feu le poste des sapeurs-pompiers636. Ces échos, le journal disait ne pas les croire. Pourtant, ceux-ci alimenteront massivement son édition du 28. Sa parution du 27 ne contenait d'ailleurs pas que ce postulat sur la cause. Elle comportait également une attaque contre le commandant PITRAT dont il était dit : "‘Il ne suffit pas Mr PITRAT d'être républicain pour commander un bataillon de pompiers. Il faut avoir fait ses preuves. Il faut encore avoir des connaissances techniques, être, en un mot, un homme de métier pour pouvoir prendre des mesures nécessaires pour sauvegarder la vie et les propriétés particulières"’ ; des propos auxquels il rajoutait, dans son édition du 28, plus de sévérité en précisant toutefois, le 29, que ces mots n'étaient pas destinés aux hommes du rang. En fait, il s'agissait de termes à peine voilés d'un journal monarchiste pour discréditer l'administration et le régime qui détenaient, notamment, le pouvoir de nommer l'officier commandant. A l'inverse, Le Lyon Républicain parlait, lui, de l'étrange coïncidence d'un incendie qui dévorait les Célestins la nuit où le conseil municipal venait de trancher la question de la future direction de l'établissement637. Ce quotidien allait à l'encontre du Nouvelliste et revenait sur le changement de commandant survenu en 1879 où l'ancien chef de bataillon, Alexandre WILLAMME, avait été écarté pour ses opinions exprimées638. Surtout, ce journal, dans la mouvance de la droite radicale, s'insurgeait contre les insinuations portées par plusieurs parutions sur les origines de l'incendie639 ; allégations dont il écrivait, le 4 juin, en rapport à un article publié dans Le Petit Lyonnais : ‘"Lisez, on croirait qu'il l'a vu"’, sous-entendu le feu se déclencher. Le Salut Public rejoignait dans ses termes ceux employés par Le Nouvelliste. Il évoquait ainsi, dans son édition du 30, la liberté républicaine qui s'était emparée du bataillon, liberté qui justifiait l'inefficacité de l'institution, insinuations que Le Petit Lyonnais reprenait à mots voilés. Plus catégoriquement, il s'en prenait aux hommes de garde et au corps de sapeurs-pompiers. L'incendie remettait à l'ordre du jour une réforme plusieurs fois évoquée par la presse et le public sur les modernités à introduire dans le service de défense contre le feu640. Si dans son édition du 27, il alléguait la possible défaillance de l'éclairage au gaz, dès le 29, dans une longue explication et démonstration, il affirmait : ‘"Notre opinion bien arrêtée est que les pompiers de service sont seuls responsables du malheureux événement qui vient de ruiner notre seconde scène"641.’ Les accusations ne se voulaient pas contre les hommes mais contre l'organisation. Néanmoins, l'entremêlement était trop profond pour ne pas voir là des attaques personnelles, contre l'autorité et le pouvoir. Le Progrès du 28 mai reprenait cette hypothèse de déclenchement du feu dans le poste des pompiers mais pour le définir comme volontaire et prémédité. Il revenait ainsi sur ces termes le 6 juin en faisant référence à un article publié dans Le Sapeur-Pompier qui laissait supposer un incendie criminel. Quant à La Comédie Politique, les propos y étaient plus directs642. Le journal parlait d'un incendie officiel avec garantie du gouvernement, par opposition à la condition SGDG643, de la faute à la catastrophe république qui s'était abattue sur toutes les communes de France pour finir en publiant : ‘"il -l'incendie- a dissipé, (...), un gros nuage de Cases des Oncles Toms, de Maries-Jeannes ou les filles du peuple et de Marceaux et les enfants de la république qui allait crever nos échines".’

La question des assurances sera l'autre sujet sur lequel se sont déchaînées les passions. Chacun des journaux précédemment cités y allait de son couplet dans l'interprétation des faits relatifs aux polices d'assurance qui couvraient le risque incendie de l'édifice. Les contrats s'avéraient, en fait, en retard de signatures et Le Salut Public des 28 et 29 mai pensait détenir la réponse. A cette fin, dans ses deux éditions, il expliquait que ces lenteurs dans le renouvellement des polices n'avaient qu'une origine : la volonté de la commission municipale d'écarter les sociétés d'assurance suspectes de sentiments réactionnaires ou cléricaux. Il s'avérait en fait que les crédits nécessaires à ces contrats figuraient bien au chapitre des dépenses de l'année 1880 suivant une délibération du 1er mars644. Ce budget reçut son approbation le 17 du même mois645. Aussi, entre le 5 et le 20 avril de nouveaux contrats furent passés puis signés entre la ville et les différentes compagnies qui assuraient la construction dans la perspective d'expiration des précédentes polices au 24 mai, et des primes engagées. Ces actes furent soumis par l'administration à l'acceptation de la commission municipale avec un avis favorable le 29 avril. Cet avis sera d'ailleurs suivi par la commission des finances et dont elle dressera son rapport le 18 mai. Ce rapport aurait dû recevoir son approbation le jour même, en réunion municipale, mais, pour des raisons de surcharge, il ne fut que lu et sa ratification renvoyée à la séance suivante, qui, suivant le calendrier, devait et se déroulera le 26 mai, soit un jour après le sinistre. L'administration municipale ne s'attendait évidemment pas à ce que le théâtre subisse les assauts de la flamme. De plus, c'était là une pratique courante de tacite reconduction avant approbation formelle. Malheureusement, ou heureusement selon le positionnement, n'était jamais intervenu le cas d'un embrasement et donc d'un montant des pertes à rembourser, en fait un engagement des compagnies d'assurance646. Le concours de circonstances est tout de même curieux et mérite d'être noté : les polices expiraient le 24 mai, devaient être reconduites et approuvées le 26 ; mais le théâtre brûlait le 25. Selon le procès-verbal d'expertise qui sera établi le 15 octobre 1880, le montant des dommages, auquel s'ajoutaient les frais de démolitions et d'enlèvement des matériaux, portait un état de 642.891 francs et 85 centimes647. La charge se trouvait dès lors répartie entre les 16 compagnies qui assuraient l'édifice. Quant à l'indemnité, selon une convention intervenue le 12 juillet 1880 entre la ville et les compagnies d'assurances, elle devait être réduite de moitié de la part proportionnelle qui incombait à chacune d'entre elles, hors l'Union648. Sans doute fallait-il voir là une reconnaissance administrative dans le laisser-aller de certaines pratiques comme l'approbation tardive de polices d'assurance expirées. Quoi qu'il en soit, si les sociétés d'assurance réglèrent 348.233 francs et 08 centimes de dommages, il restait 294.658 francs et 77 centimes à la charge de la ville. La négligence coûtait donc chère aux finances publiques.

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Document n° 12 : Les façades successives du Théâtre des Célestins - Avant 1871 - Après 1880

La reconstruction du théâtre fut de nouveau confiée à Gaspard ANDRÉ649. La réédification conservera la façade d'après 1871 dans ses grands traits mais fera bénéficier la sécurité incendie de nouveaux aménagements650. Ainsi, de vastes vitrages seront-ils aménagés dans la toiture que la chaleur pouvait briser facilement et qui, associés au rideau de fer, pouvaient permettre de localiser un sinistre et de dégager les gaz ainsi que les fumées toxiques651. Ce projet fut très tôt entrepris puisque la salle rouvrit ses portes au public en octobre 1881652 ; une réouverture avec un bâtiment à la charpente en fer. Si l'édifice retrouvait sa splendeur, plusieurs questions demeurent. Les circonstances qui entourent l'incendie dont furent victime les Célestins en cette année 1880 persistent comme ténébreuses. Bien que l'enquête déterminée pour établir la responsabilité des hommes de garde dans le départ de feu ait innocenté les sapeurs et le chef de poste, ceux-ci n'en seront pas moins traduits en conseil de discipline, qui leur reprochera trois fautes : ne pas avoir occupé les postes qu'ils devaient tenir pendant une garde de théâtre ; ne pas avoir développé les boyaux comme il est d'usage et de façon à disposer de moyens prêts à intervenir dans le cas où un incident se produirait ; avoir perdu leur sang-froid au moment de la découverte du foyer et ne pas avoir alors utilisé les moyens de secours dont la salle était équipée653. Néanmoins, la sanction fut finalement modérée puisque le 1er sapeur BALANDRAS fut relaxé pour avoir tenté une action contre les flammes et les autres hommes seulement cassés dans leur grade. Les chefs d'accusation méritaient pourtant la révocation. Sans doute fallait-il voir là l'aveu du laxisme, par certains côtés, de l'organisation des secours et de la part de responsabilité de l'administration dont dépendait le corps. A cette date, la structure connaissait plusieurs défauts dont quelques-uns ont déjà été évoqués. A ces insuffisances s'ajoutaient d'autres paramètres comme l'absence de chevaux logés au dépôt des pompes pour assurer rapidement le départ des agrès ; des carences que l'autorité voulait voir disparaître mais dont la mesure se faisait, comme dans la plupart des cas, à la lumière d'accidents dramatiques. Dans cette perspective, en séance du 27 mai, le projet de constitution d'une commission de réflexion fut adopté654. Ce comité mènera une étude sur la meilleure des organisations à structurer et conduira à un premier rapport au début de l'année 1881655. Des modifications structurelles, le bataillon en avait besoin pour assurer convenablement sa mission. Il s'agissait d'une nécessité dont l'immense incendie survenu aux magasins généraux de Vaise, le 17 décembre 1880, se fera l'écho : ‘"Faudra-t-il donc de nouveaux sinistres, l'incendie d'un quartier tout entier pour qu'on se décide à faire enfin droit à de justes réclamations"656.’ C'était donc un fait, l'organisation de défense contre le feu était surannée par certains aspects ; ce qui ne dissipe pas les interrogations sur la cause, involontaire ou criminelle, de l'incendie des Célestins ; sur les concours de circonstances singuliers des polices d'assurance et de l'arrivée d'un nouveau directeur à la tête de l'établissement. En fait, l'incendie du théâtre pourrait être vu comme une tentative de manipulation de l'opinion, de déstabilisation de l'administration municipale. Le bataillon des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon aurait alors été, tantôt un bouc émissaire, tantôt un prétexte. Ce corps demeura touché dans son coeur par les attaques dont il fut victime en ces circonstances, mais elles n'empêchèrent pas les hommes d'accomplir leur mission avec courage et dévouement, reprenant le flambeau de ceux qui les avaient précédés et inculquant leurs valeurs à ceux qui les suivront.

Notes
617.

AML, 480 WP 037 – Théâtre des Célestins : Incendie de 1871 : Expertise ; 1871-1872.

618.

AML, 1270 WP 024 – Sapeurs-pompiers : Incendies : - Rapports ; 1852-1879. Rapport du 03/04/1871.

619.

Ibidem 231.

620.

Ibidem 231.

621.

Idem 230.

622.

Le premier incendie des Célestins est intervenu en avril 1871, le second, en mai 1880.

623.

BLANCHE Al. (sous la direction de ) - Dictionnaire général d'administration, Paris, Dupont, 3ème éd., 1884-1885, 2 vol. ; pp. 1515-1516. Loi du 14/04/1871.

624.

AML, 1270 WP 001 – Sapeurs-pompiers : Organisation et fonctionnement du service, budget, comptabilité ; 1803-1929. Un nouveau règlement non revêtu de l'approbation de l'administration supérieure allait voir le jour le 10/04/1871.

625.

AML, 1270 WP 005 – Sapeurs-pompiers : Personnel : - Officiers : Nomination, mutations ; 1818-1939.
Par un arrêté du 11/02/1871, le commandant LACHAL est relevé de ses fonctions de chef de bataillon, apparemment en conséquence de ses opinions politiques, et remplacé par Ferdinand BARQUI.

626.

BLANCHE Al. (sous la direction de ) - Dictionnaire général d'administration, Paris, Dupont, 3ème éd., 1884-1885, 2 vol. ; pp. 1515-1516. Loi du 21/04/1881.

627.

AML, 88 WP 008 – Théâtre des Célestins : - Direction Martial SENTERRE : - Reconstruction après
incendie ; 1875-1880.

628.

AML, 480 WP 041 – Théâtres des Célestins : Incendie de 1880 : - Evaluation des pertes ; 1880. Les rapports dressés à ce moment fournissent les plans du bâtiment.

629.

Le Salut Public du 28/04/1871 insistait sur le fait que l'incendie se soit déclaré hors présence du public.
Dans le cas contraire, des victimes auraient pu être recensées car les escaliers étaient insuffisants et mal placés pour permettre une évacuation rapide du public.

630.

Voir le document n° 11, page I-148 : Rapport d'incendie - Théâtre des Célestins - 25/05/1880. AML,
1270 WP 025 – Sapeurs-pompiers : Incendies : Rapports ; 1880-1881 / 1271 WP 024 – Sapeurs-pompiers : Rapports d'incendie : Registres ; 1876-1888.

631.

Le Nouvelliste du 26/05/1880.

632.

AML, 1271 WP024 – Sapeurs-pompiers : Rapports d'incendie : Registres ; 1876-1888.

633.

Bulletin Officiel du Ministère de l'Intérieur – 1876 ; pp. 193-200. Organisation des corps de sapeurs-
pompiers – Décret relatif à l'organisation et au service des corps de sapeurs-pompiers – 29/12/1875.

634.

AML, 1270 WP 005 – Sapeurs-pompiers : Personnel : - Officiers : Nominations, mutations ; 1818-1939. Renseignements confidentiels les concernant ; 1876-1879. Réorganisation de 1879.

635.

Le Lyon Républicain du 02/06/1880.

636.

Le Nouvelliste du 27/05/1880.

637.

Le Lyon Républicain du 26/05/1880.

638.

Le Lyon Républicain du 28/05/1880 : "Nous croyons faire état de justice en disant que le commandant PITRAT, lorsqu'il a succédé au commandant WILLAMME, a pris possession du matériel tel qu'il était, vieux et usé". Le sous-entendu est porté sur l'ancien commandant qui n'aurait conduit aucune des réformes nécessaires pour moderniser ou pérenniser la qualité de son parc technique.

639.

Le Lyon Républicain du 02/06/1880.

640.

Le Petit Lyonnais du 27/05/1880.

641.

Cet article est un modèle du genre journalistique dans l'extrapolation.

642.

La Comédie Politique du 30/05/1880.

643.

Sans Garantie Du Gouvernement.

644.

AML, 480 WP 041 – Théâtre des Célestins : Incendie de 1880 : - Assurances : Litige relatif à la validité des polices ; 1880.

645.

Idem 257.

646.

Le Courrier de Lyon du 20/06/1880. Dans son article, le quotidien relevait 18 cas semblables, de 1872 à 1880, entre l'expiration des contrats d'assurance et une approbation ultérieure. Il évoque des compagnies toujours prêtes à considérer leurs polices du moment que les primes étaient payées, que la ville ne leur a jamais fait de difficultés et que les sociétés n'en ont jamais soulevé que dans les circonstances présentes où elles ont un dommage à payer.

647.

AML, 480 WP 041 – Théâtres des Célestins : Incendie de 1880 : - Evaluation des pertes ; 1880.

648.

Idem 257. La proportion était la suivante : [(montant des dommages x montant de la garantie) / montant de l'assurance totale] / 2 ; soit pour chacune des compagnies comme l'Assurance générale, l'Aigle et la Centrale qui assuraient un capital de 75.000 francs une indemnité de 16.072,30 francs : [(642.891,45 x 75.000) /
1.500.000] / 2.

649.

Idem 260. Arrêté du 16/06/1880, article n° 3.

650.

Voir le document n° 12 : Les façades successives du Théâtre des Célestins - Avant 1871 - Après 1880. GARDES G. - Le voyage de Lyon – Regards sur la ville, Roanne, Horvath, 1993, 390 p. ; p. 126 – 1871.
Le Progrès Illustré du 15/03/1891 – 1880.

651.

GUIMET E. - Sécurité dans les théâtres, Lyon, Imp. de Pitrat Aîné, 1887, 42 p. ; pp. 5 et suiv.

652.

AML, 88 WP 011 – Théâtre des Célestins : - Direction des artistes : Société Neveu et Cie : - Gestion : Incendie, contrôle de la commission des théâtres, relations avec le Grand-Théâtre ; 1880-1881. Ouverture du 18/10/1881.

653.

AML, 1270 WP 007 – Sapeurs-pompiers : Personnel : Conseil de discipline : - Procès-verbaux de séances ; 1876-1925. Procès-verbal de la séance du 03/06/1880.

654.

AML, 1270 WP 001 – Sapeurs-pompiers : Organisation et fonctionnement du service, budget, comptabilité ; 1803-1929. Séance du 27/05/1880.

655.

Idem 267. Rapport du 07/02/1881.

656.

Le Républicain du Rhône du 18/12/1880.