I. LYON 1853-1913 : APPROCHE GLOBALE

A. REPÉRER ET COLLECTER L'INFORMATION

1. PRÉSENTATION ANALYTIQUE ET CRITIQUE DES SOURCES

Les corps de sapeurs-pompiers ont été parfois très tôt formés. Organe de la défense des hommes contre les ravages de la flamme, à chaque appel du tocsin, puis du clairon, au son de la générale, les soldats du feu se précipitaient pour combattre l'incendie. Dans ce service, volontaire dans toutes les communes et encore dans plusieurs villes de France à la fin du XIXème siècle, les sapeurs-pompiers intervenaient en fait sur leur temps de travail et sur ce que nous appellerions, aujourd'hui, leur vie familiale. Au décompte des 166 incendies et des 263 feux de cheminée qui se sont produits en 1889 dans l'agglomération lyonnaise797,à la veille de la création de la section active, cela pouvait représenter un investissement personnel et horaire important. Il est cependant difficile de réaliser un chiffrage exact puisque, dans les rapports d'incendie, n'était généralement, en dehors du numéro de la ou des compagnies intervenantes, pas noté, ou rarement, le nom des hommes. Plus couramment, nombreux étaient les rapports à l'information succincte avant 1875, occultant toute présentation de l'intervention. Il n'en demeure pas moins que, proportionnellement au chiffre total des embrasements et à la dévotion de la plupart des sapeurs au service qu'ils accomplissaient, il puisse être assimilé à un temps considérable. D'autant plus qu'à côté du service d'incendie à proprement parler se situaient le temps de formation et les gardes auxquels les hommes étaient astreints.

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Graphique n° 4 : Evolution du nombre des incendies sur la période 1853-1913

Comme il est difficile d'estimer concrètement le temps fourni par les sapeurs-pompiers dans l'accomplissement de leur office, il est également malaisé de produire une statistique fiable du nombre des incendies, et ce jusque sur le dernier quart du XIXème siècle, période où la justesse de l'information deviendra plus rigoureuse, notamment en ce qui concerne l'agglomération lyonnaise par exemple. Plusieurs raisons en seront à l'origine pour la ville de Lyon. Les arguments iront du régime particulier de la commune jusqu'en 1881 aux bouleversements introduits à la naissance de l'agglomération, en 1852, en passant par un non-dénombrement, volontaire ou involontaire, manquant de constance, avant les premières améliorations portées sur la décennie 1875-1885. A la veille des années 1880, percevoir le risque incendie dans toute sa proportion ne peut donc que très imparfaitement et très précautionneusement s'appuyer sur une base de données chiffrées. La perception subsiste dès lors comme le fruit de la logique et du constat ; éléments auxquels l'analyse du monde urbain, les mesures de prévention, les lois édictées, les créations d'unités de pompiers, le poids de la littérature événementielle ou technique, évoqués précédemment, sont, également, venus donner un corps. Néanmoins, l'analyse ne peut se séparer de cet appui aux chiffres. C'est un support qui cimente plusieurs hypothèses ou confère tout du moins l'argument à la démonstration. Toutefois, son utilisation doit se faire avec beaucoup de prudence. Elle mérite des correctifs qui, à cette fin, seront livrés à chacune des étapes.

L'information s'est en effet parfois avérée être tronquée. Le cacher serait nier une évidence et mettre en péril la présente étude d'autant plus qu'il est envisageable de fournir une explication réelle aux carences. En outre, il est dans la logique du chercheur de pouvoir restituer, dans la mesure du possible, la dimension originelle lorsqu'il arrive que l'information soit masquée. L'amputation du renseignement, la fiabilité partielle de l'indication, malgré de très nombreux recoupements, se lisent d'ailleurs aisément sur certains points. Ainsi, la construction d'un graphique sur l'évolution du nombre des incendies sur la période 1853-1913 qui ont eu lieu dans la cité lyonnaise donne-t-il une illustration au fait798. Les déclarations de feu n'y ont pas subi la croissance, tout du moins pas aussi exponentielle, que suppose le graphique entre le milieu du XIXème siècle et le début du XXème siècle. Sur le seul plan visuel, c'est pourtant l'impression qui ressort, notamment sur les trois premières décennies. La présentation, l'analyse et la critique des sources détermineront en fait celle-ci comme une sous-estimation flagrante, plus ou moins appuyée selon les années, sur la période 1853-1880, voire jusqu'en 1884-1886. Ce graphique, bien que des nuances subsistent, devrait effectivement présenter une croissance, encore que ce ne soit pas le reflet parfait de la réalité, mais dans un mouvement plus classique ou, dans tous les cas, imprimant un passage moins soutenu entre les 71 incendies recensés en 1853799 et les 225 sinistres dénombrés en 1913800.

Recenser les embrasements survenus dans l'agglomération lyonnaise entre le milieu du XIXème siècle et la veille de la Grande Guerre s'est appuyé sur un travail de collecte de l'information à travers différentes sources, soit un travail de longue haleine puisque la statistique n'existait pas pour au moins la moitié des années et que, pour l'autre moitié, quantités de corrections étaient à apporter pour rendre les données justes et exploitables. Cela a été un long travail d'enquête dont les résultats font l'objet d'une Bible d'informations 801. Il s'agissait d'une recherche nécessaire sans laquelle l'incendie n'aurait pas pu livrer sa mesure et le concours, sous une certaine forme, à sa maîtrise. Parmi les sources utilisées pour construire l'état disponible dans le tome V figurent les rapports d'incendie et les registres de feu qui ont été conservés802, les chroniques du feu publiées dans la presse803 et les statistiques éditées, soit dans les Documents administratifs et statistiques de la ville de Lyon 804, soit dans le Bulletin Municipal Officiel 805. Ce n'est, formellement, qu'au terme de maintes vérifications, et au fil des années, que les renseignements ont acquis une fiabilité manifeste et ont été mentionnés ou exploités. Ces faits permettront d'accorder, dans une certaine mesure, la dimension au phénomène, au risque et à ses effets.

D'ailleurs, à l'énumération des quatre grands groupes de recueils informatifs utilisés, on pouvait imaginer disposer de fonds suffisamment sérieux pour collecter, traiter et édifier un ensemble statistique principal. Cela n'a pas toujours été le cas et nombreuses ont été les difficultés. Les rapports d'incendie et les registres de feu fondaient une des sources obligatoires. Leur conservation et leur disponibilité passent par la consultation des fonds déposés aux Archives Municipales de la ville de Lyon. Seulement, il existe des manques dans la sauvegarde, par exemple pour les années 1860, 1862 et 1863806. D'autres informations sont incomplètes comme celles des années 1859 et 1861807. De plus, ces documents ne fournissent pas un état fondamental de la réalité car, comme le soulignait le commandant du corps de sapeurs-pompiers lyonnais, en 1859, tous les sinistres ne faisaient pas l'objet de rapports systématiques808. Ainsi, lorsqu'il arrivait qu'un homme soit requis à son domicile pour intervenir sur un feu de cheminée ou un commencement d'incendie, il était rare que celui-ci rédige un rapport de son office ; ce qui signifiait donc que, hors interventions des postes où une garde était présente, aucun dénombrement des embrasements n'était, en général, effectué sur les sorties des dépôts, hormis les renforts sur des brasiers importants. C'était un manque de tenue du travail administratif, auquel les hommes étaient encore que trop imparfaitement soumis et habitués. A cela venaient s'ajouter la recomposition "géo-administrative" de 1852 et des principes particuliers de gestion municipale jusqu'à ce que la ville recouvre sa mairie centrale en 1881809. Le bataillon des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon était né de l'annexion des communes suburbaines pour former une agglomération. Cela supposait une recomposition de l'exercice administratif du corps. Ce fut cependant une mission qui ne se fera que progressivement et laissera subsister un état d'imperfections dans lequel la tenue des rapports de feu puisera quelques-uns de ces manquements. Le régime municipal distinctif affecté à la cité lyonnaise sur les décennies courant de 1852 à 1881 peut expliquer, en outre, dans une certaine mesure, plusieurs des carences, notamment au titre du dénombrement et de la conservation des documents qui étaient adressés, pour un temps, non pas au maire de la ville mais au préfet. Cet ensemble de faits détermine alors, et pour partie, la sous-estimation du nombre des départs de feux jusque vers 1880-1882, voire 1884.

En fait, la première évolution dans le compte-rendu des sorties des hommes du feu devient perceptible au milieu des années 1870. Avec la publication de l'arrêté sur l'organisation et l'administration publique des corps de sapeurs-pompiers se reconnaissaient, non seulement la légitimité des unités de soldats du feu mais, notoirement, celle du risque et de l'événement. Dans le cadre de la ville de Lyon, le constat était sensible ; sur la période 1871-1880, par exemple, où rien ne permettait de justifier, hormis un meilleur suivi des interventions des sapeurs-pompiers, le passage d'un total de 406 incendies entre 1871 et 1875 à une somme de 528 entre 1876 et 1880, soit une augmentation d'approximativement 30 %. Depuis 1873, il n'était également pas rare de disposer d'un rapport du service de la voirie concomitant à celui des hommes du feu et parfois même le suppléant. Suivant les cas, cela accroissait la qualité du renseignement, soit dans le recoupement de l'information, soit dans la connaissance d'incendies non répertoriés -toujours dans le cadre d'un déplacement et d'une intervention des soldats du feu-. Ces relations, issues des services de la voirie, sont uniquement disponibles pour les années 1873 à 1877810, et étaient en fait rédigées par les cantonniers qui intervenaient simultanément au service d'incendie de manière à ouvrir les bouches d'eau nécessaires à l'alimentation des agrès811. Durant cette période sont également accessibles les documents rédigés, soit par le commissaire de police du quartier, soit par le commandant de gendarmerie812, actes dont le fondement peut être lu à la lumière des suspicions qui entouraient la plupart des déclarations de feu et au regard de l'application du droit813.

La seconde évolution, la plus sensible et significative, dans l'amélioration et le témoignage du phénomène, se note à la fin de 1884814. Cette année-là se produisit un changement qui pourrait être qualifié de primordial, un bouleversement que des faits, non pas pris individuellement mais pris de manière associative, peuvent éventuellement expliquer : des actes comme les différents projets de restructurations du bataillon lyonnais, qui imposaient la connaissance exacte du service815 ou l'application de la loi du 5 avril sur l'administration municipale816 auxquels s'ajoutait le poids de l'appareil administratif maintenant parfaitement rodé et servi par une relative stabilité du régime politique. Quoi qu'il en soit la transformation est perceptible entre les trois premiers trimestres de 1884 et le dernier trimestre, plus précisément sur les dernières semaines d'octobre817. A partir de cet instant, tous les sinistres deviendront répertoriés de façon systématique, du commencement d'incendie au feu de plancher ; tous, sans exception, quels qu'ils soient en termes d'ampleur, de dégâts ou de nature, et, inévitablement, pour lesquels les sapeurs-pompiers sont intervenus. Ceci imprime dès lors, et à compter de 1884, une fiabilité manifeste à l'information bien que subsiste encore une parcelle de sous-évaluation au titre des conflagrations éteintes sans le concours des soldats du feu.

Les renseignements distillés par les registres et les rapports n'ont pas toujours été de qualité identique pour plusieurs raisons, ce qui légitimait la conduite d'opérations de recoupements entre différentes sources. Les registres étaient généralement tenus par les chefs de poste qui relevaient chacune de leurs sorties alors que le rapport était en fait rédigé par l'officier commandant le service818. Les premiers étaient apparemment retranscrits par le commandant en personne lorsqu'ils étaient communiqués au Dépôt Général des pompes à incendie expliquant que chacun était revêtu de la signature du chef de bataillon819 ; ceci peut également expliquer la sous-évaluation qui caractérisera les décennies 1853-1884 dans une communication de ces registres plus ou moins parfaite ou, plus catégoriquement, dans les pertes qui ont pu se produire sur certains des volumes. Ces hypothèses donneraient quelques-uns des fondements au fait que des mois aient pu être répertoriés sans qu'aucun incendie ne soit recensé ou avec des chiffres très faibles ; ce qui, compte tenu de l'état de la menace et à la lumière des connaissances sur l'incendie, paraît improbable. Bien évidemment, leur contenu comme leur support étaient foncièrement différents, y compris pour un même élément. Ainsi, la présentation du rapport relatif à l'incendie du Théâtre des Célestins ne détermine qu'une des nombreuses configurations du document820. Ces distinctions fonderont alors, tantôt la richesse de la source, tantôt l'imperfectibilité qui déterminera dès lors la vérification.

A l'origine, les rapports ou les registres n'étaient qu'une simple narration des faits. Puis au fil des années, ils deviendront de véritables outils d'informations où tout ou partie y était consigné. Le renseignement était généralement relaté sous un angle que déterminait l'intervention du service d'incendie. Le côté humain, et fréquemment dramatique, demeurait le propre de la presse quotidienne constituant une autre source à l'appréhension du phénomène et du risque. La lecture des journaux s'est d'ailleurs parfois substituée aux rapports et aux registres de feu lorsque ceux-ci étaient non conservés821. Il est même arrivé que les quotidiens fournissent un compte-rendu de sinistres ayant nécessité l'intervention du corps de pompiers, sur la période 1853-1880 notamment, alors que ni les rapports ni les registres n'en portaient la trace, confirmant l'hypothèse d'une sous-évaluation de la menace, d'une négligence dans la rédaction des actes de sorties, et d'une disparition ou d'un égarement des documents. Néanmoins, il réside un danger dans l'article de presse qui se place, principalement lorsqu'il s'agit d'un événement tragique, sur, tantôt l'exagération du fait, tantôt l'accent des sentiments humains822. A ces éléments, s'adjoignait de plus, pour les journaux du XIXème siècle, l'influence politique dans l'explication des comportements ou des attitudes. Ainsi, toutes les attaques adressées au bataillon sur plusieurs des dysfonctionnements qui l'affectaient n'étaient pas toujours faites à juste titre. Il arrivait fréquemment que, de manière à peine déguisée, elles s'adressent à l'administration communale, aux membres de la municipalité ou au régime. Seulement, sous la surveillance des publications, le corps de sapeurs-pompiers, sous le motif de réclamer le droit à la sécurité, fournissait un alibi. Ces comportements expliqueront également que, à certains moments, la presse n'ait pas toujours été informée des déclarations d'incendie, d'où l'importance des recoupements. Le Petit lyonnais du 14 septembre 1880 évoquait ainsi la retenue des hommes du bataillon dans la communication de renseignements sur les incendies pour lesquels ils intervenaient. C'était avoir la mémoire courte pour un quotidien qui, quelques mois auparavant, avait accusé les sapeurs-pompiers de garde aux Célestins d'avoir mis le feu à l'édifice823. Malgré cela, les journaux subsisteront comme une source complémentaire et appréciable de l'information d'autant que, au fil des années, beaucoup d'entre eux opteront pour la rédaction d'une chronique du feu comme Le Progrès ; en fait, un répertoire journalier des embrasements ; un état alimenté par les communications qui seront faites à la presse sur la fin du XIXème siècle et les années qui suivront par les hommes de service824.

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Document n° 14 : Expression des totaux d'incendie selon différentes sources sur la période 1886-1913

Parmi les sources utilisées pour opérer la composition d'une bible informative figurent encore les Documents administratifs et statistiques de la ville de Lyon et le Bulletin Municipal Officiel, deux ouvrages, d'une utilité manifeste, qui présentaient, en quelque sorte, une compilation de l'information, puis, au fil des ans, de détails, le tout sous une forme particulière de traitement. Chacune de ces publications s'appuyait en fait sur les rapports et registres rédigés maintenant obligatoirement à chaque sortie sans peu ou pas de lacunes. L'édition des Documents administratifs et statistiques de la ville de Lyon commencera en 1881 sous le simple répertoire à l'incendie et, en 1886, sous la communication de détail. Quant au Bulletin Municipal officiel, sa disposition deviendra réelle en 1897. Malheureusement, leur détermination manquera souvent de rigueur quant à la présentation et au recensement des sinistres comme le montre le document n° 14825. L'établissement, par exemple des Documents administratifs et statistiques, était supposé être établi selon les rapports dressés, et la correspondance des totaux d'incendie devait nécessairement être identique826. Ce ne fut pas le cas. Les manquements ou les erreurs n'étaient plus le fait de rapports perdus mais d'une analyse mal conduite. Plusieurs années en portent les traces et ont demandé de nombreuses et actives corrections. Ces dernières se sont toujours effectuées selon le support des rapports et des registres d'incendie, outils concrets. D'une manière générale, les Documents administratifs et statistiques de la ville de Lyon exprimaient souvent une exagération du total des sinistres alors que le Bulletin Municipal Officiel présentait une sous-évaluation827. Plusieurs interprétations peuvent expliquer ces écarts parmi lesquelles la confusion et l'ajout aux déclarations de feu des interventions et des secours portés en dehors de la ville, des opérations diverses, des fausses alertes, des brasiers éteints hors interventions des hommes du feu ou des embrasements de planchers qui n'étaient, en fait, que des feux de cheminée. Ce dernier élément vaut d'ailleurs à l'inverse et peut éclaircir certains retranchements. Tout était apparemment affaire de lecture et d'erreurs sur les faits. Les écarts sont le plus souvent trop minimes pour qu'ils aient pu jouer sur le vote d'un budget ou l'acquisition d'un matériel. Demeurent cependant des années, comme 1891, où beaucoup d'informations ont été faussées et impossibles à reconstituer pour certaines répartitions à la vue du décalage des totaux, d'une hauteur de 36,2% par exemple, entre les registres et rapports et les Documents administratifs et statistiques 828.

Avant de manipuler les chiffres ou les données, il était nécessaire d'accéder à la l'analyse et à la critique des différentes sources qui ont été utiles à l'édification et à la présentation du risque incendie sous l'usage de données chiffrées. Devant la difficulté à disposer de l'information et à la maintenir qualitative, l'exposition s'est réduite à un essai de répertoire annuel des déclarations de feu jusqu'en 1885, date à partir de laquelle, en fonction de la complémentarité des renseignements fournis par les Documents administratifs et statistiques de la ville de Lyon, il a été possible de franchir le cap du détail ; c'est-à-dire l'étape de la communication étendue à l'origine, la nature, les pertes, les modes d'extinctions ou la répartition des conflagrations en association avec le renseignement de la source originelle : registres et rapports de feu ; le tout dans l'esprit, la conception et le projet de livrer une information qui soit claire, lisible, interprétable et fiable et de manière à ce qu'elle puisse être aisément utilisable. Ces conceptions ont nécessité, pour chaque année depuis 1886, au même titre qu'un travail correctif lié aux dénombrements périodiques selon les différents fonds, une recomposition selon chacun des critères étudiés. Car, si les Documents administratifs et statistiques présentaient l'avantage de disposer d'un traitement déjà effectué, l'erreur dans la somme des incendies se répercutait forcément sur le reste de l'analyse. Cela obligeait donc à une reprise totale de la statistique sous peine d'user de données faussées. Toutes les informations mentionnées sont ainsi, soit collectées, traitées et présentées pour créer un état absent, soit corrigées et retravaillées pour délivrer une évaluation fiable. Réunir et traiter les données, avant de rentrer dans l'analyse concrète des faits et penser livrer une interprétation, a d'abord permis une reconnaissance : celle de l'événement imposant. Si le XIXème siècle représentait l'ère de l'éveil technique, il ne figurait pas encore celui du risque technique, bien qu'il commence à percer avec les premiers accidents ferroviaires, l'exploitation des machines à vapeur ou le développement de certaines branches industrielles. Si le risque naturel perdurait, le péril épidémique diminuait et les conflits guerriers devenaient moins nombreux. La catastrophe ou le fait marquant au XIXème siècle étaient donc réellement l'embrasement ; pas le commencement d'incendie, répétitif et presque anodin, accident familier à la fin des années 1800, mais le drame, d'ailleurs pas nécessairement humain ; un événement qui, au fil de ses déclenchements, produira un double effet : l'indifférence de la population au fur et à mesure que la sollicitation de son aide se fera de moins en moins utile, la chaîne d'alimentation en eau des agrès disparaissant, et, en pleine opposition, la recherche du fait divers et des éléments qui marqueront l'esprit. Ce n'est donc qu'avec une lecture ou plutôt une recherche du détail que resurgissent les événements considérables qui, sans l'étude de proximité, l'analyse locale, auraient disparu de l'historiographie ou ne demeureraient connus que de l'érudit local ; ce qui pourrait tendre à minimiser le péril.

Notes
797.

Dénombrement effectué par recoupements entre les rapports d'incendie conservés (AML, 1271 WP 024 – Sapeurs-pompiers : Rapports d'incendie : Registres ; 1888-1892), les statistiques éditées dans les Documents administratifs et statistiques de la ville de Lyon (Lyon, Imp. L. Delaroche, 1890, 691 p. ; pp. 335 et suiv.) et les articles et chroniques du feu publiés dans le quotidien lyonnais Le Progrès. Informations complètes disponibles dans le tome V, pp. V-105 et suiv.

798.

Voir le graphique n° 4 : Évolution du nombre des incendies sur la période 1853-1913. Ce graphique a été construit avec l'ensemble des données recueillies lors du travail de collecte de l'information concernant les incendies qui se sont produits dans les limites de l'agglomération lyonnaise entre 1853 et 1913. Tous les renseignements constitutifs sont accessibles dans le tome V.

799.

Dénombrement effectué par recoupements entre les rapports d'incendie conservés (AML, 1270 WP 024 – Sapeurs-pompiers : Incendies : Rapports ; 1852-1879) et les articles et chroniques du feu publiés dans les quotidiens lyonnais Le Courrier de Lyon et Le Salut Public. Informations complètes disponibles dans le tome V, pp. V-9 et suiv.

800.

Dénombrement effectué par recoupements entre les rapports d'incendie conservés (AML, 1270 WP 027 – Sapeurs-pompiers : Interventions : Registres de sorties ; 1910-1927 / 1271 WP 029 – Sapeurs-pompiers : Rapports d'interventions : Registres ; 1909-1920), les statistiques éditées dans les Documents administratifs et statistiques de la ville de Lyon (Lyon, Imp. Vve L. Delaroche, 1914, 432 p. ; pp. 206 et suiv.) ou le Bulletin Municipal Officiel (tomes 1 et 2, 1913), les dépêches archivées (AML, 1271 WP 067 et 068 – Sapeurs-
pompiers : Interventions : Dépêches téléphoniques : Registres ; 1912-1913 / 1913-1915) et les articles et chroniques du feu publiés dans le quotidien lyonnais Le Progrès. Informations complètes disponibles dans le tome V, pp. V-244 et suiv.

801.

La présentation de ce travail de collecte et de traitement de l'information constitue le volume V.

802.

Leur conservation est en grande partie faite aux AML ; quelques-uns d'entre eux sont sauvegardés aux ADR.

803.

Les principaux journaux consultés, classés alphabétiquement, sont : Le Courrier de Lyon, Le Lyon Républicain, Le Petit Lyonnais, Le Progrès et Le Salut Public.

804.

Cette collection est facilement accessible à la BML.

805.

Idem 8.

806.

AML, 1270 WP 024 – Sapeurs-pompiers : Incendies : - Rapports ; 1852-1879. Dans tous les classements archivistiques, l'intitulé d'un fonds comprend, dans ses dates de référence, les bornes temps du document le plus ancien et le plus récent ; ce qui ne signifie aucunement que, entre ces deux dates, tout ait été conservé.

807.

Idem 10.

808.

Idem 10. Rapport du commandant du corps de sapeurs-pompiers de la ville de Lyon du 24/03/1859.

809.

BLANCHE Al. (sous la direction de) - Dictionnaire général d'administration, Paris, Dupont, 3ème éd.,
1884-1885, 2 vol. ; pp. 1515-1516.

810.

AML, 1270 WP 024 – Sapeurs-pompiers : Incendies : - Rapports du service de la voirie ; 1873-1877.

811.

Le Salut Public du 06/09/1873 publie, dans ses colonnes et pour rappel, l'ordre et la conduite à tenir pour les hommes du service de la voirie municipale lors d'une alerte incendie.

812.

AML, 1270 WP 024 – Sapeurs-pompiers : Incendies : - Rapports du commissaire de police et du commandant de gendarmerie ; 1874-1879.

813.

BRAYER F. - Dictionnaire général de police administrative et judiciaire, Paris, Editions de l'imprimerie administrative, 1875-1878, 2 vol. ; pp. 208 et suiv.

814.

AML, 1271 WP 024 – Sapeurs-pompiers : Rapports d'incendie : Registres ; 1876-1888.

815.

Des projets évoqués depuis l'incendie du Théâtre des Célestins du 25/05/1880.

816.

PAPILLEAUD P. - Des droits et des obligations des communes en cas d'incendie, Bordeaux, s.éd., 1909,
122 p.

817.

Idem 16.

818.

AML, 1270 WP 001 – Sapeurs-pompiers : Organisation et fonctionnement du service, budget, comptabilité ; 1803-1929. Le règlement de 1896 mentionnait, dans son article 91, qu'après chaque sinistre, un rapport devait être dressé par l'officier commandant le détachement, lequel rapport serait adressé au chef de corps.

819.

Signature et écriture identiques.

820.

Se reporter au document n° 11, page I-148.

821.

Pour les années 1860, 1862 et 1863, par exemple.

822.

Le Progrès du 13/01/1898 narre un terrible incendie survenu Quai Saint-Clair comme un véritable roman.

823.

Le Petit Lyonnais du 29/05/1880.

824.

AML, 1271 WP 062 à 068 – Sapeurs-pompiers : Interventions : Dépêches téléphoniques ; 1895 · 1917.
Le caporal chargé du service téléphonique avait pour consigne de prévenir les journaux, sans aucune exception, lorsqu'un incendie se déclarait.

825.

Le document n° 14, Expression des totaux d'incendie selon différentes sources sur la période 1886-1913, présente des données qui sont toutes accessibles dans le volume V.

826.

Documents administratifs et statistiques de la ville de Lyon, Lyon, Imp. Chanoine, L. Delaroche et Cie successeurs, 1888, 603 p. ; pp. 280 et suiv. Dans les pages qui se rapportent à l'incendie était spécifié que les documents statistiques étaient établis selon les renseignements contenus dans les rapports d'incendie.

827.

Voir le document n° 14, page I-181 : Expression des totaux d'incendie selon différentes sources sur la période 1886-1913.

828.

Idem 31.