Lorsque le bataillon des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon fut créé en 1852, une commission, à l'image de celle de la surveillance pour le secours contre l'incendie qui avait fonctionné dans l'ancienne commune de Lyon, fut instaurée1370. Cette commission déterminait la fusion des structures qui administraient jusqu'alors les différents corps municipaux maintenant réunis en une unique formation. Ce groupe, dont le nombre des membres était fixé à six, désignés administrativement et par l'autorité centrale, auquel s'ajoutait le préfet, président, avait en charge de proposer, de surveiller et d'administrer le bataillon1371. La première de ses tâches, la plus importante, fut la rédaction d'un nouveau règlement de service car, à la naissance de l'agglomération lyonnaise et à l'unification des corps des communes annexées, s'établissait le besoin d'un code adapté à la structure à présent créée. La commission travailla à la rédaction de ce texte, pendant six années, qui, lorsqu'il fut rendu, n'introduisait aucune nouveauté et reprenait, en grande partie, l'acte qui avait jusqu'alors régi le fonctionnement de la compagnie des gardes-pompiers de Lyon1372. De cette commission, qui ne pouvait réellement fonctionner très longtemps dans la forme déterminée par l'acte de 1852, l'article 15 de l'arrêté réglementaire du 14 novembre 1858, mentionnait que devaient être réglées la composition et les attributions d'un nouveau conseil d'administration. En conformité avec cet article du règlement constitutif des sapeurs-pompiers municipaux de la ville de Lyon, un arrêté préfectoral fut pris le 19 mai 1859 fixant la constitution, la composition et les fonctions de ce groupe1373.
L'administration du corps de sapeurs-pompiers de la ville était donc confiée à un conseil de sept membres1374. Le groupe était placé sous la présidence du préfet ou de son représentant et comprenait, au moment de sa formation, en 1859, deux représentants de la commission municipale1375, l'architecte en chef de la ville1376, un ingénieur technique1377, et deux officiers du bataillon1378. Hors les gradés du corps, le conseil devait être renouvelé tous les ans ; la possibilité était toutefois acquise d'une réélection des personnes à leur poste1379. Cette assemblée devait se réunir au moins quatre fois par an, une fois par trimestre, sans compter les réunions exceptionnelles qui pouvaient être provoquées par le préfet ou son délégué1380. Le conseil ne pouvait délibérer que sur la présence d'au moins quatre personnalités le composant1381. A un partage des voix, celle du président était prépondérante. Les attributions principales de l'assemblée étaient le règlement de tous les états de dépenses sans distinction de nature, la visite générale des postes et dépôts, du matériel et des pompes à incendie1382. Le conseil avait également un avis consultatif sur les demandes d'admissions ou l'accord des pensions de secours ou de retraite1383. Sous ses modalités, le groupe fonctionnera jusqu'en 1879 où fut opérée une modification dans la composition et le nombre de ses membres. Avant cela, peu de changements furent introduits capables d'expliquer, sous une certaine forme, l'inertie dans l'entreprise de réformes concrètes de la structure et de la forme des dispenses de secours. Malgré la présence de personnes issues de la commission municipale, le contrôle le plus important demeurait celui de l'autorité et de l'administration d'Etat, ne serait-ce qu'au travers de la présidence du conseil ou de la nomination de certains des hommes. Si le conseil devait être renouvelé tous les ans, avec toutefois une éventualité de réélection, entre 1859 et 1869, sur une décennie, hors le changement de chef de bataillon, seule une personne aurait été remplacée1384. Dans ce maintien des conseillers dans leurs fonctions s'exprimaient deux volontés : conserver des hommes maintenant en parfaite connaissance de l'institution, de son fonctionnement et de ses besoins ; garder une mainmise centrale sur l'organe de gestion et d'administration sans lequel l'organisation n'aurait pas d'existence légale.
Au moment du retour de l'exercice des prérogatives municipales à la ville, la détermination manifestée était celle d'un contrôle total de l'institution de secours. Cette maîtrise, les magistrats municipaux ne pouvaient l'obtenir que par une volonté d'un conseil d'administration qui permettrait d'aller en ce sens. Tel était le souhait1385, telles furent les décisions. Ainsi, le règlement de 1871 contenait, dans son article 11, le principe que l'administration du bataillon des sapeurs-pompiers de Lyon était confiée à un conseil de sept membres, tous pris en dehors du service1386. C'était là, notamment, un moyen d'écarter les personnes normalement nommées par l'autorité centrale, y compris les officiers, malgré les changements intervenus à la tête du corps depuis le début de l'année 1871. Le conseil recouvra ses modalités légales de constitution, de composition et d'attributions lors du retour de la singularité de la charge administrative de la ville, en 1873, sous la forme qu'elle avait connue entre 1852 et 18701387. A cet instant, le groupe travaillait à la réorganisation de la structure1388. Avec la promulgation du décret d'organisation et d'administration publique des corps de sapeurs-pompiers, en 1875, de nouvelles tâches incombaient au conseil comme la rédaction d'un nouveau règlement devant répondre aux exigences du texte. Il s'agissait, ici, de travailler sur un futur règlement ; aucune décision directe de recomposition ne pouvait émaner du groupe et seul un avis consultatif prévalait. S'il y eut un tel décalage entre l'acte de 1875 et la réorganisation de 1879, le fait était bien uniquement issu de rapports tendus entre autorités municipales et administration d'Etat.
Sous l'application des modalités du décret de 1875, le conseil d'administration du corps de sapeurs-pompiers de la ville de Lyon fut complètement transformé au moment de l'achèvement de la restructuration de l'unité. Suivant l'arrêté du 31 juillet 1879, portant la création du bataillon lyonnais, et son article 4, le nombre des membres du conseil était déterminé à 14 sous la présidence du chef de bataillon : 8 étaient issus des rangs du corps de pompiers1389, 2 membres issus de la municipalité et 2 membres nommés par le préfet auxquels s'ajoutait un rapporteur1390 ; ce qui changeait radicalement par rapport à ce qui avait existé auparavant. La correspondance était reconnue avec l'effectif du corps et le fait d'accorder une importance aux hommes émergeant de ses rangs ne pouvait avoir que des aspects positifs sur les transformations et les perfectionnements à introduire dans le service. Plus généralement, entre la composition de 1859 et celle de 1879, correspondaient deux régimes politiques distincts, n'exprimant pas les mêmes objectifs sur l'institution. A la nomination définitive des personnes composant le groupe de 1879, les conseillers municipaux étaient ceux ayant fait partie de la commission de réorganisation, Mrs BARQUI et CHÉRON. Quant aux personnalités nommées par le préfet, il s'agissait plus, à cet instant, d'appuis scientifiques et techniques que d'individus choisis en fonction d'une représentation1391. Cette assemblée fonctionna, ainsi définie, jusqu'à la veille de la Grande Guerre où, en raison de la promulgation prochaine d'un nouveau statut des sapeurs-pompiers -le décret du 18 avril 1914-, il fut décidé de surseoir à de nouvelles nominations1392. Cet état persista d'ailleurs puisque l'acte de 1914 ne reçut qu'une application partielle en raison d'un événement : la déclaration de guerre et les difficiles années qui allaient suivre.
Il est important de ne pas confondre la gestion administrative du corps et les décisions arrêtées, qu'elles soient de recompositions, de transformations ou d'introduction de réformes. S'ajoutait, de plus, un effet de dépendance à une administration de tutelle. Le rôle du conseil était bien celui de travailler sur les dépenses du corps et le service direct d'incendie. Il n'empêche qu'il disposait d'un avis incitatif et consultatif qui établissait la nécessité d'une composition faite, en grande partie, de membres issus des rangs du corps. Après 1880, une séance type de l'assemblée se déterminait par l'ouverture des discussions sur les admissions, les démissions, les révocations, les retraites, avant d'aborder le thème des dépenses et du règlement des factures, puis du service à proprement parler et de son fonctionnement1393. Le respect de la charge s'est toujours opéré dans les conditions imposées par l'arrêté déterminant les attributions du conseil. Il n'est pas une année après 1879 où les réunions n'aient pas été tenues trimestriellement1394. Si le conseil n'avait pas l'initiative directe sur plusieurs points, il joua parfaitement son rôle et tint pleinement ses responsabilités dans certaines prises de positions. Cette assemblée fut à l'origine de l'introduction de perfectionnements techniques ou de simples améliorations nées de l'observation ou de la réflexion concertées qui apportèrent de réels bouleversements dans la tenue et surtout l'exercice de la défense contre le feu. Avant 1879, c'est sous l'impulsion du conseil qu'il fut décidé de porter la ville acquéreur de sa première pompe à vapeur1395. Par sa surveillance continuelle des postes et du matériel, il permit de maintenir le service des hommes qualitatif et fonctionnel, à la mesure de l'obtention des crédits, les progrès en matériel par présentation de ses délibérations et incitations auprès des autorités de tutelle de l'institution. Suivant la nomination des membres, les événements et le contexte, il paraît certain que cette assemblée avait pu subir des influences. Cependant, à la lecture des procès-verbaux et des comptes-rendus des délibérations1396, il semble vérifié que ce groupe aura eu une conscience importante, surtout après 1879, de la fonction qu'il pouvait avoir dans l'amélioration du service, notamment au vu des reproches et des attaques formulés envers le bataillon et dans l'attente d'une recomposition du corps sur une base d'hommes casernés. En fait, s'il y a une distinction à faire, elle pourrait s'opérer sous l'influence d'un contexte national, entre la période du Second Empire -à laquelle s'associerait l'instabilité républicaine des années 1871-1873 à 1877-1879- et la détermination définitive du régime républicain, un contexte juridique, la promulgation du décret de 1875, et un contexte local, notamment dans le développement de la cité ou le retour des droits municipaux à la ville.
Principes de financement et principes d'administration représentaient deux pôles majeurs autour desquels se déterminaient, d'abord, la création, puis le maintien d'un service d'incendie efficace et fonctionnel. A ces deux fondements élémentaires s'associait, dans le cadre des corps de sapeurs-pompiers comme dans toutes les institutions pouvant s'en rapprocher sous une organisation identique mais sur des missions différentes, un troisième principe essentiel qui était celui de la discipline. Dans cet ordre d'idée, il s'agissait plus d'un régime qui s'apparentait à un cadre militaire qu'à la simple observation d'un règlement collectif. La discipline, sous le modèle militaire et l'association faite, de 1831 à 1871, avec la Garde Nationale, était fondée sur un respect, une obéissance et un ordre très durs, y compris pour les compositions n'ayant jamais rien eu à voir avec la Milice. Dans ce dernier cas, pour un service volontaire, imposant de lourdes charges à l'individu qui choisissait de s'engager, recevant une maigre rétribution, le choix d'évoquer des hommes de bonne volonté, dévoués, dotés d'une solidarité sociale sans faille, n'est pas erroné.
AML, 1270 WP 001 – Sapeurs-pompiers : Organisation et fonctionnement du service, budget, comptabilité ; 1803-1929. Organisation du bataillon des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon par arrêté du 01/09/1852.
Ibidem 265.
AML, 1270 WP 001 – Sapeurs-pompiers : Organisation et fonctionnement du service, budget, comptabilité ; 1803-1929. Règlement constitutif des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon ; Préfecture du Rhône, police administrative, 1ère division. Arrêté du 14/11/1858. La référence est faite à l'acte de 1807-1808.
AML, 1270 WP 002 – Sapeurs-pompiers : Conseil d'administration du bataillon : - Composition et nominations ; 1859-1927. Arrêté du 19/05/1859.
Ibidem 268. Article 1.
Mrs JOLY et BOURGEOIS.
Mr DESJARDINS.
Mr GIRARDON, également professeur à l'école de la Martinière.
Le commandant du corps, à cet instant Mr CRÉPET, et l'officier ingénieur chargé du service et du matériel, qui faisait par ailleurs office de rapporteur.
Ibidem 268. Article 3.
Ibidem 268. Article 4.
Ibidem 268. Article 5.
Ibidem 268. Article 6.
Ibidem 268. Article 7.
Idem 268. Arrêté de nomination des membres du conseil d'administration du corps de sapeurs-pompiers de Lyon en date du 25/01/1869. Mr JOLY.
AML, 1270 WP 001 – Sapeurs-pompiers : Organisation et fonctionnement du service, budget, comptabilité ; 1803-1929. Lettre du maire datée du 21/01/1871.
AML, 1270 WP 001 – Sapeurs-pompiers : Organisation et fonctionnement du service, budget, comptabilité ; 1803-1929 / VILLE DE LYON. - Sapeurs-pompiers - Règlement et ordres de services du bataillon des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon, Lyon, Imp. Rey-Sézanne, 1871, 48 p.
AML, 1270 WP 002 – Sapeurs-pompiers : Conseil d'administration du bataillon : - Composition et nominations ; 1859-1927.
Idem 282. Lettre du secrétaire du conseil d'administration au préfet en date du 20/01/1876.
Toutes les fonctions et grades étaient représentés puisque la formation était faite avec le capitaine-adjudant-major, 1 capitaine, 1 lieutenant, 1 sous-lieutenant, 1 sergent-major, 1 sergent, 1 caporal et 1 sapeur.
Idem 280. Réorganisation de 1879.
L'architecte en chef de la ville et le directeur de la voirie municipale.
AML, 1270 WP 002 – Sapeurs-pompiers : Conseil d'administration du bataillon : - Composition et nominations ; 1859-1927. Lettre du maire au commandant le 13/01/1914.
AML, 1270 WP 002 – Sapeurs-pompiers : Conseil d'administration du bataillon : - Comptes-rendus de séances ; 1863-1928.
Idem 288.
Idem 288. Année 1867.
Idem 288 / ASPL, n° 408 – Conseil d'administration du bataillon des sapeurs-pompiers ; 18/11/1879-01/01/1907 / ASPL, n° 409 – Conseil d'administration du bataillon des sapeurs-pompiers ; 1901-1927.