Sur la période 1852-1913, neuf chefs de bataillon se sont succédés au sommet de l'institution1523. Le plus logique dans la façon d'aborder chacun de ces commandements, pour les plus intéressants, en fonction des contextes, jusqu'au commandant RANGÉ, aurait été de reprendre l'analyse selon les étapes successives qui ont marqué le corps de sapeurs-pompiers de la cité lyonnaise sur la période allant de sa création, en 1852, aux décisions de 1913, donc sous trois parties. Cependant, devant la complexité de certaines nominations, la pratique a commandé le respect d'un strict travail nominatif, qui, de toute façon, suivra, de manière plus découpée, les grandes étapes ayant jalonné l'histoire du corps sur la seconde moitié du XIXème siècle. Au moment de la naissance du bataillon de la ville de Lyon, la compagnie lyonnaise était dirigée par J. POYET, par ailleurs auteur d'un manuel de théorie longtemps en usage dans le bataillon1524. La recomposition, en fonction des effectifs, demandait un nouvel encadrement qui ne fut pas confié à un officier issu des rangs des anciennes compagnies des communes suburbaines dès lors agglomérées, malgré la qualité ou l'intérêt au service d'hommes comme Mrs POYET ou CRÉPET1525, mais à une personne prise hors l'unité : Frédéric GIROUD-D'ARGOUD1526. Le critère de la réorganisation ne semblait pas seul prévaloir. A cette période, la ville de Lyon venait d'annexer les communes limitrophes pour former l'agglomération lyonnaise et surtout celle-ci intégrait un régime d'administration municipale identique à la ville de Paris qui la plaçait sous l'autorité directe de l'administration d'Etat, celle du Second Empire.
C'est l'argument du régime politique qui semble prévaloir dans la désignation de l'homme comme chef de bataillon, nommé en lieu et place de Christophe CRÉPET qui avait en charge le corps depuis sa date de composition1527. Ce dernier, ancien commandant de la compagnie de La Guillotière, quartier populaire, ne devait plus se contenter que du grade d'adjoint au chef de bataillon, celui de capitaine-adjudant-major1528. Dans le dossier personnel de F. GIROUD-D'ARGOUD, l'individu était présenté comme un ancien sous-officier du 3ème de génie et ayant occupé différents postes et fonctions au sein de la Garde Nationale1529. Il y était surtout présenté comme le seul membre du comité municipal qui, en 1848, ait osé afficher son soutien à la candidature du Prince Louis-Napoléon. C'est peut-être dans cet acte qu'il fallait voir le choix de l'individu. En fait, la proposition du commandement aurait été faite à un colonel d'artillerie, Mr PERRIOLAT, qui, devant l'impossibilité de se libérer de ses fonctions, aurait proposé F. GIROUD-D'ARGOUD. Un courrier du commandant de police du quartier de La Guillotière, en novembre 1852, proposant des renseignements identiques à ceux issus d'une enquête de police politique conduite quelques jours plus tôt, présentait l'homme comme un ingénieur civil, parmi les "rouges" lors des événements de 1848 avant de se prononcer pour Louis-Napoléon suite à l'épisode CAVAIGNAC1530. Le document mentionnait encore que l'homme était actif, intelligent mais qu'il aimait se faire remarquer, disposait d'un caractère peu "solide" et d'une position de fortune inconnue. A la lecture de quelques-uns de ces éléments, surtout en fonction de l'épisode correspondant à 1848, le dilemme du choix de l'homme devient plus difficile à démontrer malgré le revirement de 1852. D'autant qu'il était mentionné, dans un courrier du commissariat spécial de la Préfecture du Rhône de mars 1854, que l'individu n'avait aucunement droit aux fonctions qu'il occupait et que les ardeurs de ses anciennes opinions socialistes pouvaient faire craindre pour l'ordre du bataillon1531. A cette date aurait même circulé à l'intérieur des rangs de sapeurs-pompiers une pétition contre l'homme. Officiellement, pour raisons professionnelles, Mr GIROUD-D'ARGOUD demandait un congé dans l'exercice de sa fonction en avril 18541532 ; officieusement, sous l'influence de pressions, l'interrogation demeure.
Bien que l'homme ait souhaité être remplacé dans sa charge par le chirurgien-major CHAPOT1533, le respect de la hiérarchie confiait les attributions, sans le grade, au capitaine-adjudant-major, Ch. CRÉPET, et ce, à partir du 1er mai 18541534. Cette fonction, il l'occupera jusqu'à sa nomination par décret du 9 février 1859 dans le grade de chef de bataillon1535. Jusqu'à cette date, mais plus fondamentalement jusqu'en 1858, le titre appartenait toujours à Mr GIROUD-D'ARGOUD qui faisait d'ailleurs encore partie des effectifs bien qu'il ne fasse dorénavant que reconduire successivement son congé1536. Cela n'allait pas sans poser des problèmes comme le soulignait, en juin 1857, l'officier chef de bataillon par intérim qui notait, sur le théâtre d'un incendie, la présence du commandant, normalement en dispense, en grande tenue ; une attitude qui avait de quoi troubler les hommes dans leur travail1537. Ce trouble dans l'esprit des soldats du feu, Ch. CRÉPET l'avait déjà évoqué dans un courrier adressé au préfet, en mai 1857, par lequel il demandait que soit mis fin à son intérim et qu'il soit nommé chef de bataillon avec une allocation de 1.200 francs au titre de dépenses de bureau1538. Hormis sa qualité d'architecte, aucune information complémentaire, sous l'étude des disponibilités concernant le personnel des sapeurs-pompiers, n'est accessible sur l'individu. Seuls ses états de service dans le rang des soldats du feu permettent de savoir que l'homme avait été promu capitaine commandant la compagnie de l'ancienne ville de La Guillotière, en 18431539. Ch. CRÉPET aurait également reçu la légion d'honneur ; il a surtout occupé son poste jusqu'à son décès en 18641540. Concours de circonstances ou pas, la période caractérisant la durée de sa charge fut un intervalle de temps où, de manière globale, le bataillon des sapeurs-pompiers fut le moins sujet à des attaques ou des contestations, encore que tout soit relatif, fonction des libertés de la presse et d'une administration peu disposée à confirmer les dysfonctionnements, s'ils existaient, d'un service sur lequel elle exerçait son autorité. Dans tous les cas, à la lecture de son projet de réorganisation établi au lendemain de l'incendie de la Recette Générale, en 1851, et dans la perspective de la création d'une importante unité, s'établissait la prééminence d'une personne touchée au plus profond d'elle-même par la fonction, le rôle et les valeurs s'attachant au service du feu et dévouée à la cause du citoyen, celle du droit à disposer de moyens efficaces de défense des biens contre la flamme1541. Cette conscience, il la déterminait autant au regard des risques concentrés dans la ville qu'en fonction des progrès techniques, de l'influence de la révolution industrielle et du développement économique, que dans un souci social1542. Surtout, la vision portait pour une agglomération qui allait naître, ne cesser de s'étendre et dans les vues de l'arrivée d'un siècle moderne.
Le capitaine-adjudant-major Pierre LESAGE assura l'intérim de la fonction entre la mort de Ch. CRÉPET et la désignation de son successeur, Lucien LACHAL, qui eut lieu en juin 18651543. Selon les informations fournies dans une enquête émanant du secrétariat général de police, l'homme, à la veille de sa nomination, était âgé de 41 ans, marié, père de famille et avait une situation de propriétaire rentier1544. Après s'être occupé du tissage des soies, cette personne se serait embarquée pour les Amériques d'où elle serait revenue à Lyon, en 18541545. Détenteur de deux médailles pour actes de bravoures, impliqué à divers degrés dans les sociétés de sauvetage locales, L. LACHAL était présenté comme un homme ferme, énergique, intelligent, d'une moralité irréprochable, aux antécédents exempts de tous reproches et comme profondément dévoué au gouvernement de l'Empereur1546. Selon le document, il présentait surtout des connaissances et des garanties pour un commandement efficace1547. Si, sur la première partie de sa direction, hors le fonctionnement classique du service d'incendie, peu de choses sont à noter, la seconde partie de son administration fut marquée par des rapports humains difficiles, notamment en fonction du contexte. A partir de 1869, le commandant s'opposera, en effet, de plus en plus à des membres de son état-major, principalement le Docteur CHAPOT. En 1870 et au début de l'année 1871, ce sont des lettres et des articles de journaux qui mettront en cause les capacités de l'officier commandant1548. Les allusions seraient alors devenues légion sur un homme jugé ignorant et incompétent1549. Toutefois, toutes ces attaques demeuraient, en grande majorité, le résultat du contexte politique de l'époque. La Décentralisation du 3 décembre 1870 parlait, en des mots très durs, de l'officier, n'ayant aucune des qualités voulues pour exercer le commandement d'un corps de pompiers. Cette publication parlait encore d'un homme qui aurait été comblé de faveurs par la préfecture, qui aurait bénéficié d'une augmentation de traitement en récompense de son "zèle napoléonien", en un mot, d'un individu "pantin" ou "créature" de l'administration préfectorale, d'Etat. L'attitude de l'encadrement du bataillon comme des hommes du rang sur cet "épisode" reste ambiguë, mais compréhensible en fonction des événements extérieurs, entre une première position, sans franche affirmation, pour l'homme, suivie d'une réprobation affirmée et exprimée dans une pétition1550. Enfin, "l'affaire" du caporal THOLOZAN, traduit en conseil de discipline par le commandant pour avoir dénoncé les effets de sapeurs-pompiers disponibles et pouvant être confiés à l'armée, a également été retenue contre l'homme1551. Dans cette période où la ville de Lyon, par le retour à l'exercice de ses prérogatives, entendait rétablir ses droits sur le bataillon, considérant les nombreuses plaintes s'élevant sur l'insuffisance de direction dans les incendies et qu'il importait d'introduire, dans l'organisation et le matériel des pompiers, des réformes qui exigeaient une main ferme et des aptitudes spéciales, un arrêté de février 1871 relevait le chef de bataillon LACHAL de ses fonctions1552.
Dans sa volonté d'affirmation du pouvoir et de l'autorité du conseil municipal sur la structure, la décision fut prise de nommer Ferdinand BARQUI chef de bataillon des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon. Reconnu dans ses attributions le 19 février 1871, il ne le fut légalement que par un décret présidentiel qui n'interviendra qu'en février 18721553. L'homme, architecte, membre honoraire de la société académique d'architecture, de la société des sciences industrielles, professeur à l'école de la Martinière, était surtout un conseiller communal apparemment proche du nommé HÉNON, premier magistrat municipal à cet instant1554. Cette désignation, qui ne s'interprète finalement que dans le cadre d'une manifestation profonde d'un désir d'autorité municipale sur l'institution et par opposition à l'autorité d'Etat, fonda de nombreuses interrogations. Une lettre adressée à Mr BARODET, premier adjoint, en juillet 1871, évoquait une nomination insolite dans un grade nécessitant pourtant l'autorité d'un chef militaire, capable et énergique1555. Au moment du retour de la gestion administrative de la cité lyonnaise entre les mains du préfet, ce dernier, dans un courrier adressé au Ministère de l'Intérieur, en 1874, revenait sur cette désignation, qui restait considérée comme illégale, d'un individu n'ayant aucune notion de commandement ou propre au service et qui expliquerait la situation dans laquelle se trouverait actuellement le corps, manquant d'efficacité et de fonctionnalité1556. Plus directement, dans un contexte national, de raffermissement de l'autorité gouvernementale, et local, de "musellement" de la municipalité, le choix était fait, à un moment opportun, de pourvoir au remplacement du pouvoir supérieur de l'unité par un homme nommé régulièrement et proche, foncièrement, de l'administration d'Etat. La proposition fut faite d'une substitution par un chef de bataillon du génie prochainement mis à la retraite, Mr WILLAMME1557. Seulement, l'officier commandant ayant actuellement la charge avait été, malgré l'apparente illégalité de sa nomination, approuvé dans ses fonctions par un décret présidentiel, et seule une révocation pouvait lui ôter ses attributions. L'idée fut alors déterminée de nommer un nouveau commandant de manière à pousser en fait le titulaire à la démission1558.
Telles furent les conditions d'arrivée du chef de bataillon Alexandre WILLAMME à la tête du corps de sapeurs-pompiers de la ville de Lyon, approuvé dans ses nouvelles fonctions par un décret du 18 avril 18741559. Sous l'exercice de sa charge, l'unité lyonnaise devait poursuivre deux buts : un désir de réorganisation de plus en plus fermement affirmé par la presse, l'opinion publique mais aussi le comité municipal ou l'administration préfectorale ; la mise en conformité du corps avec le décret d'organisation et d'administration publique promulgué en 1875. Sous l'impulsion du deuxième objectif, intervenant chronologiquement après le premier mais, dans les faits, supposé ayant entraîné celui-ci, les premières étapes de restructuration furent une recomposition simplement humaine, celle de 18791560. Au moment de cette nouvelle constitution, le commandant se trouvera en fait écarté par la commission, composée notamment de deux conseillers municipaux, dont l'ancien chef de bataillon, Mr BARQUI, et placée sous la présidence du maire1561. Sur le plan national, des éléments entraient en ligne de compte ; le contexte politique avait changé puisque la IIIème République s'affirmait dans l'essence du régime politique devant normalement la caractériser. Cette unique explication pourrait prévaloir à l'écartement de Mr WILLAMME, désigné par des hommes "d'un autre temps" mais ce serait omettre l'influence de certains autres paramètres. Le reproche était ainsi fait à l'homme de ne pas avoir su conduire le corps sur la voie de réformes plus profondes, notamment sur le matériel ou l'organisation fonctionnelle, et d'avoir affiché des opinions bonapartistes accusées. Sont sans doute également entrés en jeu des conflits individuels, notamment avec l'ancien officier commandant BARQUI, membre de la commission chargée d'avaliser les demandes de réadmissions ; un personnage que le chef de bataillon WILLAMME avait accusé, en son temps, d'avoir détourné certains dons destinés à récompenser le courage et la bravoure des hommes1562. L'individu, enfin, était surtout "lâché" par l'administration préfectorale qui voyait maintenant, dans le personnage, un obstacle à l'exercice serein d'une autorité supérieure1563.
Selon des modalités identiques à celles qui avaient conduit Alexandre WILLAMME à la tête du bataillon, l'homme fut écarté par la désignation d'un nouvel officier, Jean-Pierre PITRAT, au poste qu'il occupait. Ce nouveau commandant, reconnu dans les fonctions de chef de bataillon par le décret d'approbation de réadmission du 2 décembre 1879, était un ancien commandant de la batterie d'artillerie de la 1ère légion du Rhône1564. Le contenu d'une fiche de renseignements du commissariat spécial auprès de la Préfecture du Rhône décrivait l'homme comme ne jouissant, à cette époque, ni de l'estime, ni de la considération des habitants de son quartier, vivant en concubinage et au-dessus de ses moyens, titulaire d'une décoration gagnée pendant la guerre de 1870-71, et démontrant des opinions républicaines modérées1565. Selon d'autres sources, il était présenté comme disposant de ressources matérielles peu élevées qui, après diverses entreprises, auraient conduit l'individu à demander un emploi public1566. Mr WELCHE, préfet du Rhône de 1875 à 1877, aurait alors promis de l'appeler aux fonctions d'officier commandant le bataillon des sapeurs-pompiers en vue de la réorganisation du corps à entreprendre1567. Après un renouvellement de sa demande auprès de l'administration préfectorale et l'appui de recommandations, Mr PITRAT obtenait le titre de chef de bataillon sous le préfet OUSTRY1568. Cet officier se trouvera pris dans la tourmente des événements de 1880 et des années qui allaient suivre, périodes de vifs reproches formulés contre l'organisation humaine et matérielle du corps de pompiers lyonnais. A peine six mois après sa nomination se produisait le second incendie des Célestins pour lequel, dans la façon de diriger l'unité, des reproches furent directement adressés à J.P. PITRAT. Sa charge fut difficile à exercer jusqu'à son décès, en septembre 18851569. Deux mois auparavant, Le Progrès écrivait, à propos de son administration : ‘"Voilà un personnage avec lequel il serait temps d'en finir, (...)"’ 1570. Les dysfonctionnements qui affectaient le service d'incendie n'étaient pas interprétés comme émanant d'erreurs commises et admises depuis les décennies antérieures mais comme propres à la gestion du commandement actuel. L'homme eut donc fort à faire. Bien que deux projets de recomposition aient été étudiés sous sa gestion, sans néanmoins recevoir d'exécution directe, comme sous ses prédécesseurs, des améliorations avaient été introduites dans le service de secours mais dont seules les imperfections subsistantes étaient notées quand il s'agissait d'établir un bilan.
Après un intérim d'un tout petit peu moins d'un an, assuré par le capitaine Etienne PONCHON, Félix RANGÉ était nommé chef de bataillon par décret du 9 septembre 18861571. L'homme, après une carrière militaire dans le génie, accédait à la responsabilité du commandement du corps de sapeurs-pompiers de la ville de Lyon à 51 ans1572. A partir de la désignation de cet officier, les modalités, et surtout l'exercice de la charge, deviendront plus fonctionnels par rapport à ce qui avait été jusqu'à maintenant, bien que le service de Mr RANGÉ ait été soumis, à plusieurs reprises, à des reproches et que l'homme ait été, indirectement, écarté en 1894, plus ou moins sur des incompatibilités d'humeurs1573. A la fin de l'année 1893, des démarches auraient ainsi été entreprises par la municipalité auprès de l'autorité préfectorale et ministérielle pour obtenir le remplacement de cet officier supérieur1574. L'homme, dans l'idée qu'il se faisait du service, renforça la discipline et les consignes, sans doute dans le but de conserver les hommes les plus motivés et dans la perspective dorénavant lancée, par la création de l'embryon de la section active, d'une professionnalisation1575. Il aurait, dans un sens, volontaire ou involontaire -la question demeure-, joué la carte de la municipalité dans le but de surseoir au recrutement dans les compagnies d'arrondissement et de réduire progressivement leurs effectifs. Ce commandant fut donc écarté en 1894 et remplacé par François PERRIN, nommé par décret du 28 avril 18941576. A la disparition de ce dernier, le Journal Le Sapeur-Pompier parlait d'un homme ayant beaucoup voyagé, étudié les différents types de secours en France et à l'étranger, et qui avait eu surtout fort à faire au vu de l'état du service laissé par son prédécesseur lorsqu'il fut désigné pour commander le corps de sapeurs-pompiers de la ville de Lyon1577. Le bilan n'était pas si négatif et restait le résultat d'une période transitionnelle. D'ailleurs, F. PERRIN, officier supérieur ayant servi dans l'infanterie, dépeint comme digne, d'une conduite, d'une moralité et d'une tenue irréprochables, avait manifesté, dès son arrivée, le désir de maintenir les idées de discipline, de courage et de dévouement qui caractérisaient maintenant l'unité tout en travaillant à donner un casernement digne de la seconde ville de France1578. Ces projets, Eugène MARCHAND puis Louis JATOWSKI allaient en assurer l'évolution sans faire parler, outre mesure, d'eux en dehors de leurs qualités d'officiers supérieurs du corps de sapeurs-pompiers de la ville de Lyon et dans l'exercice de leurs attributions1579.
Si ces deux derniers commandants, voire trois derniers, firent beaucoup moins parler d'eux, bien qu'ils prirent des positions affirmées en différentes circonstances, comme le capitaine JATOWSKI dans son projet d'avril 19121580, c'est principalement que l'environnement et le contexte, qu'ils soient nationaux ou locaux, avaient considérablement évolué depuis 1852. Notamment, sur cette période, le régime politique avait changé et la ville était passée d'un régime d'administration à un autre. Sous l'analyse globale des officiers commandant le bataillon des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon, les conditions qui tournèrent autour de la nomination de ces hommes furent, sans nul doute, pour partie dans le manque d'efficacité et de fonctionnalité jusqu'à la stabilité fondée à la veille du XXème siècle. Il conviendrait, en fait, de noter trois périodes : la première, jusqu'à la fin de la charge du chef de bataillon PITRAT, la seconde, transitionnelle, sous l'administration RANGÉ, et la troisième depuis la désignation de PERRIN et jusqu'à la veille de la Guerre de 14-18. La période numéro un est l'intervalle de temps qui fut le plus mouvementé et dont le corps eut le plus à souffrir. Sur le terrain du service d'incendie s'affrontaient autant les idées de pouvoir, de politique que les querelles personnelles. Si les commandants furent pris dans des professions civiles jusqu'à Mr BARQUI, il est à noter que son remplaçant était un militaire, ce qui vaudra d'ailleurs jusqu'au capitaine JATOWSKI. Le choix de l'autorité d'Etat fut vraisemblablement délibéré au lendemain des événements de 1871, que ce soit avec le retour de la mairie centrale à la ville, la Commune de Lyon ou "l'épisode" de l'Hôtel de Ville avec la garde des pompiers. Sur les périodes deux et trois, les buts n'étaient plus les mêmes. Ils se trouvaient dès lors tournés vers l'avenir et surtout fondés sur la préoccupation directe d'une dispense convenable des secours. A leur décharge, depuis les années 1885-1890, la situation, nationale et locale, était plus propice à un travail de fond et sur la durée. Entre 1852 et 1885, sur 33 ans, six chefs de bataillon et un intérim se succédèrent ; entre 1894 et 1913, sur 20 ans, seulement trois officiers commandants se relayèrent. Sur la première période, deux hommes furent nommés après avoir sollicité l'administration d'Etat, Mrs LACHAL et PITRAT, deux autres furent désignés pour affirmer des pouvoirs, Mrs BARQUI et WILLAMME, l'un n'a pratiquement jamais exercé sa charge, Mr GIROUD-D'ARGOUD ; seul Christophe CRÉPET semblait avoir correspondu à des critères de manifestation et de centres d'intérêts par rapport à la lutte contre les incendies. Pour les officiers nommés à partir de 1886, bien qu'ils l'aient été en récompense de services rendus, l'expression d'attentions était beaucoup plus directe et surtout visible au regard du service d'incendie. Le temps n'était plus à la représentation, aux querelles, aux conflits ou à la politique mais au concret. Dans tous les cas, il y a bel et bien eu un affrontement autour de l'exercice du commandement, flagrant jusqu'en 1885. L'absence de continuité jusqu'au chef de bataillon RANGÉ, de stabilité et surtout d'une considération simplement orientée sur les fonctions du service, auraient engendré l'état d'imperfections, les préoccupations étant ailleurs. Tout ceci renforce dès lors le rôle qu'a dû jouer le personnel d'encadrement, du sous-lieutenant au capitaine, et la motivation qui devait animer les hommes du rang.
Voir le document n° 22 : Les chefs de bataillon du corps de sapeurs-pompiers de Lyon sur la période 1852-1913. AML, 1270 WP 005 – Sapeurs-pompiers : Personnel : - Officiers : Nominations, mutations ; 1818-1939.
POYET J. - Nouvelle théorie pratique des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon, Lyon, Imp. Nigon, 1850,
132 p.
Visibles au regard de la rédaction d'un manuel, pour l'un, ou des préoccupations manifestées, par l'autre, dans un projet de formation.
Selon certains actes, le nom est parfois orthographié avec un t final : GIROUD-D'ARGOUT.
AML, 1270 WP 005 – Sapeurs-pompiers : Personnel : - Officiers : Nominations, mutations ; 1818-1939. Décret de nomination du 31/12/1852.
Idem 36.
Idem 36. Dossier personnel GIROUD-D'ARGOUD.
Ibidem 38. Enquête de la Préfecture du Rhône, commissariat spécial, police politique, en date du 05/11/1852. Courrier du commandant de police du quartier de La Guillotière au secrétaire général pour la police en date du 16/11/1852.
Ibidem 38. Courrier du 25/03/1854.
Ibidem 38.
Il s'agit là de la même personne que celle que plusieurs événements survenant en 1870-1871 mettront en avant.
Idem 36. Dossier personnel CRÉPET.
Ibidem 43.
Ibidem 38.
AML, 1270 WP 024 – Sapeurs-pompiers : Incendies : - Rapports ; 1852-1879. Rapport adressé au préfet le 07/06/1857.
AML, 1270 WP 005 – Sapeurs-pompiers : Personnel : - Officiers : Nominations, mutations ; 1818-1939. Dossier personnel CRÉPET.
Ibidem 47. Le 25/05/1843.
Ibidem 47.
AML, 1270 WP 001 – Sapeurs-pompiers : Organisation et fonctionnement du service, budget, comptabilité ; 1803-1929. Projet de réorganisation de Ch. CRÉPET.
Ibidem 50.
Idem 47. Décret du 03/06/1865.
Idem 47. Dossier personnel LACHAL. Préfecture du Rhône, cabinet du secrétaire général de police, 15/05/1865 / FBP (J. PERIER).
Idem 47. Dossier personnel LACHAL / FBP (J. PERIER).
Ibidem 54.
AML, 1270 WP 005 – Sapeurs-pompiers : Personnel : - Officiers : Nominations, mutations ; 1818-1939. Dossier personnel LACHAL / FBP (J. PERIER). Conclusions d'un courrier du Ministère de l'Intérieur.
Idem 56. Dossier personnel LACHAL. Une lettre d'un capitaine en retraite, envoyée au maire de la ville de Lyon le 21/11/1870, parlait d'un bataillon dirigé par un homme inhabile, sans connaissances précises. Dans la référence journalistique, Le Courrier de Lyon du 22/01/1871 peut servir d'exemple.
Idem 56. Dossier personnel LACHAL.
Ibidem 58. Début février 1871.
AML, 1270 WP 001 – Sapeurs-pompiers : Organisation et fonctionnement du service, budget, comptabilité ; 1803-1929. Janvier 1871.
Ibidem 58. Extrait du registre des arrêtés du maire de la ville de Lyon en date du 11/02/1871.
Idem 56. Dossier personnel BARQUI. Décret présidentiel du 28/02/1872.
Ibidem 62.
Ibidem 62. La référence était également faite au terrible incendie des Célestins et du Pont Morand.
AML, 1270 WP 005 – Sapeurs-pompiers : Personnel : - Officiers : Nominations, mutations ; 1818-1939. Dossier personnel BARQUI. Lettre du 20/02/1874.
Idem 65. Dossier personnel WILLAMME.
Ibidem 66.
Ibidem 66.
AML, 1270 WP 003 – Sapeurs-pompiers : Effectifs : Reconstitution du bataillon ; 1879.
AML, 1270 WP 001 – Sapeurs-pompiers : Organisation et fonctionnement du service, budget, comptabilité ; 1803-1929.
Idem 70.
AML, 1270 WP 005 – Sapeurs-pompiers : Personnel : - Officiers : Nominations, mutations ; 1818-1939. Dossier personnel WILLAMME. Courrier du 17/11/1879 adressé au Ministère de l'Intérieur.
Idem 72. Dossier personnel PITRAT.
Ibidem 73. Transmission de cette fiche au secrétaire général pour la police le 29/04/1878.
Ibidem 73.
Ibidem 73. L'écartement de Mr WILLAMME était donc déjà prévu.
Préfet du Rhône de 1878 à 1882.
Le 30/09/1885, à l'âge de 69 ans.
Le Progrès du 26/07/1885.
Idem 72. Dossier personnel RANGÉ. Le nom de cet homme était également orthographié avec le e final sans accent.
Ibidem 80 / FBP (J. PERIER).
Ces incompatibilités, les propos du commandant et la réaction des conseillers municipaux au moment de l'accident de la Rue Ferrandière en portaient le témoignage.
AML, 1270 WP 005 – Sapeurs-pompiers : Personnel : - Officiers : Nominations, mutations ; 1818-1939. Dossier personnel RANGÉ.
Selon cet officier, la devise du bataillon devait être : "tout au mérite". Cette devise pourrait être à l'origine des accidents survenus sous l'autorité de cet officier, les soldats du feu entrant dans le jeu par des démonstrations parfois inconsidérées de zèle.
Idem 83. Dossier personnel PERRIN / FBP (J. PERIER).
ASPL, n° 315 – Le Sapeur-Pompier ; 17/04/1904. Le journal parle d'une instruction, d'une discipline et d'un matériel à recomposer.
Ibidem 83.
Idem 83.
AML, 1270 WP 001 – Sapeurs-pompiers : Organisation et fonctionnement du service, budget, comptabilité ; 1803-1929. Rapport du 13/04/1912.