I. MOYENS D'EXTINCTION DES FOYERS D'INCENDIE

A. L'USAGE D'UN PARC CLASSIQUE

1. LE SUPPORT DES POMPES À INCENDIE À BRAS
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Document n° 44 : Pompes ordinaires, matériel à bras : Pompe à 2 roues - Principes de fonctionnement - Mise en manoeuvre d'une pompe à 4 roues

Concourir à une opération d'extinction des foyers d'incendie ne procédait pas de la seule génération d'une structure humaine formée aux techniques d'intervention ; encore fallait-il mettre à disposition des hommes un ensemble de supports matériels permettant cette réalisation. Dans tous les cas, conformément aux décrets rendus en 18753013 et en 19033014, le procédé était, en fait, à l'inverse car un corps de sapeurs-pompiers n'était autorisé à s'organiser que lorsqu'une commune apportait, auprès des services administratifs, la preuve de disposer d'un matériel de secours ou d'en faire très rapidement l'acquisition. Ainsi donc, l'article 3 du décret de 1903 indiquait que l'autorisation de composition ne pouvait être donnée aux administrations municipales que ‘"après justification par celles-ci qu'elles possèdent un matériel de secours suffisant ou qu'elles sont en mesure de l'acquérir (...)"’ 3015. La réponse à cette logique se plaçait, une nouvelle fois, sur la conservation du droit à l'armement des sapeurs-pompiers. La justification d'un matériel de secours supposait du bien-fondé de la création et que celle-ci ne correspondait donc pas, par exemple, à une simple recherche de représentation, pour une municipalité, au travers d'un corps armé. D'autant que le pouvoir exercé sur les structures de secours d'urgence était bien celui des magistrats municipaux et non pas de l'administration d'Etat. L'équipement matériel en agrès de lutte contre l'incendie était donc fréquemment réalisé, d'abord pour une manoeuvre simplement civile, avant que ne soit constituée une unité de sapeurs-pompiers hormis que le critère de possession n'était pas nécessairement celui d'un matériel très technique et pouvait simplement s'appuyer sur des seaux et des bâches. Toutefois, le matériel le plus répandu au moment de la promulgation de l'arrêté de 1875 était la pompe à bras, instrument de base dans le processus devant aboutir à la maîtrise des départs de feu3016. L'engin, dans son mode de fonctionnement3017, n'aurait représenté qu'une transposition de principes mécaniques qui auraient été mis en avant dès la période romaine mais dont le Moyen Age aurait, en fait, perdu la découverte3018. Ce n'est qu'à la fin du XVIème siècle ou au début du XVIIème que le principe, en lui-même, sera repris et perfectionné, succédant aux seringues à incendie utilisées depuis peu pour projeter de l'eau, encore qu'en très petite quantité, sur le foyer d'un incendie. Les villes du Nord de la France furent les premières à s'équiper, à la fin du XVIIème siècle3019, sous l'influence des pays de l'Europe septentrionale, en avance techniquement dans la disposition des agrès de lutte contre les incendies. Peu après, ce fut la capitale de la nation française, Paris, qui fera l'acquisition de ses premières pompes en même temps qu'elle jetait les bases de son unité de gardes-pompes, futurs sapeurs-pompiers3020. Il s'agissait, dorénavant, du matériel de base le plus adapté pour concourir, de manière efficace, à la défense des destructions par le feu. Toutefois, aucun document ne permet d'établir formellement à quelle date la ville de Lyon fit l'achat, sans intermédiaire ou sans incitation, soit sur ses deniers municipaux, de ses premières pompes à bras jusqu'à l'ordonnance royale de 1781 qui organisait une compagnie de gardes-pompes d'un effectif de 112 hommes3021. Au moment où fut rendu cet acte, la mention était en effet portée, quoique l'appartenance réelle, celle de la ville, ne soit pas catégoriquement démontrée, de la propriété de 19 pompes à bras. Ce nombre sera maintenu à ce total, sans peu d'écarts, puisque, au moment où fut constitué le bataillon des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon, soit lorsque les communes suburbaines furent annexées, Ch. CRÉPET comptait 20 pompes en service sur le territoire de la ville de Lyon3022 ; une somme à laquelle viendront s'ajouter les quelques autres agrès utilisés jusqu'alors dans les communes de La Guillotière, Vaise et La Croix-Rousse. L'ensemble formait dès lors un parc de 31 engins3023. Cet appui technique, essentiel à la bonne marche des opérations d'extinction, permettant d'éviter d'avoir recours à la pratique systématique de la "part du feu", demeurait néanmoins peu important pour une population agglomérée, à présent supérieure à 250.000 habitants3024, et sur une surface communale désormais étendue, caractérisant, en sus, certaines propriétés urbaines telles que des constructions en hauteur et subissant régulièrement la manifestation des départs de feu même si tous n'avaient pas les conséquences dramatiques de l'incendie de la maison Milanais survenu en 18513025.

La pompe à bras manoeuvrée par les sapeurs-pompiers fondera le support matériel caractéristique de l'exécution des opérations du service d'incendie. Avant que la ville de Lyon ne fasse l'acquisition de sa première pompe à vapeur, en 1867, et ne développe son réseau d'adduction des eaux qui permettra alors aux soldats du feu de faire l'usage de dévidoirs et de leurs longueurs de tuyaux, c'était le meilleur atout au travail d'intervention sur le foyer d'un incendie. Seulement, si Ch. CRÉPET comptait une somme totale de 31 de ces agrès à la réunion des différentes compagnies de sapeurs-pompiers qui formeraient le bataillon de la ville de Lyon, c'était, selon son étude, loin d'être suffisant3026. Selon le projet de nouvelle composition du service qu'il proposait, le minimum était de pouvoir, au moins, disposer d'un peu plus de 50 instruments de cette classe3027. Quant à la garantie concrète à l'exercice d'une mission remplie avec fonctionnalité et efficacité, c'est-à-dire avec des agrès répartis conformément à un maillage serré, adapté à la ville et à ses risques, rendant les moyens disponibles instantanément et évitant les remorquages trop longs, elle ne pouvait répondre que d'un parc matériel et technique formé de 80 pompes à bras3028. A l'appui de sa réflexion, établissant également le besoin d'une structure de secours permanente, celui qui n'était encore que le commandant des sapeurs-pompiers de La Guillotière prenait plusieurs exemples de fonctionnement de services d'incendies dans différentes villes de France3029. La comparaison ne plaçait pas la future puis nouvelle agglomération lyonnaise parmi les cités les mieux protégées, à cette époque, contre le danger des déclarations d'incendie3030. Dans le parallèle qu'il dressait, par l'intermédiaire de son étude, Ch. CRÉPET prenait surtout pour exemple la ville de Rouen qui, au moment où le projet était présenté, aurait eu un service d'incendie usant d'un parc matériel de 119 pompes, pour une population citadine deux fois moins importante et une superficie urbaine nettement moins étendue3031. L'argument des matériaux de construction utilisés dans l'édification des bâtiments de la cité rouennaise pourrait expliquer le nombre important d'engins de cette classe mis à la disposition des sapeurs de cette ville mais le conditionnel demeure toutefois de mise dans la présentation tant le chiffre paraît élevé. Le parc de la ville de Lyon n'atteindra jamais un tel chiffre. Tout juste fut-il rapproché de la première somme mise en avant par Ch. CRÉPET dans son projet de 1851, soit les 50 agrès3032. Ainsi, au moment de la première présentation du rapport d'Edouard THIERS3033, les pompes à bras utilisées par le service d'incendie de la ville de Lyon, qui seront appelées ordinaires ou classiques à la fin du XIXème siècle, se décomposaient en 12 pompes à 2 roues, aspirantes et foulantes, 26 pompes à 2 roues, foulantes, 1 pompe à 4 roues, aspirante et foulante, et 9 pompes à 4 roues, foulantes, soit une somme totale de 483034. A ce chiffre se rajoutaient encore quelques engins du type des pompes "puisardes", des pompes dites ancien modèle et des pompes à mains. La proportion des pompes classiques était loin de celle maximale avancée, 30 ans plus tôt, dans l'étude de Ch. CRÉPET et ses comparaisons, pour deux raisons essentielles : l'évolution du risque incendie et, avant toute chose, la mise en service d'une première pompe à vapeur, en 1867, puis de deux autres, en 1870.

Les pompes à 4 roues étaient, en fait, déjà, des pompes d'ancien modèle, lourdes à tracter3035. Au milieu du XIXème siècle, l'acquisition des engins se faisait donc, dorénavant, sur du matériel plus "compact", facile à manoeuvrer, la pompe à 2 roues, appelée encore modèle de Paris, généralement aspirante et foulante3036. Dans une lettre du commandant au préfet ayant la charge administrative de la cité lyonnaise, datée de mai 1863 et présentant les deux systèmes, à 2 ou à 4 roues, le chef de bataillon écrivait, à propos des pompes parisiennes, que "‘la rapidité avec laquelle elles sont transportées et mises en batterie et surtout leur force de projection ne laissent aucun doute de leur supériorité’"3037. L'usage de la pompe à 4 roues, compte tenu du débit d'eau qu'elle engendrait allait alors progressivement devenir celui d'un instrument surtout utilisé pour noyer les décombres. Qu'elles soient à 2 ou à 4 roues, le principe classique de fonctionnement était identique3038. Sur la base de l'engin modèle de Paris, avec des propriétés d'aspiration et de refoulement, la structure se composait, pour l'essentiel, de3039 : une bâche ou un réservoir en métal qui constituaient une enveloppe extérieure ; deux corps de pompe cylindriques reposant au fond de la bâche sur une plate-forme rectangulaire ; un récipient d'air cylindrique ; des clapets permettant la mise en relation du réservoir avec les corps de pompe et le récipient ; un balancier servant à actionner les pistons. Très schématiquement, la logique de fonctionnement était de produire une dépression provoquant l'arrivée de l'eau, prenant alors la forme de l'opération d'aspiration, et à l'opposé, une surpression, conduisant alors à l'opération de refoulement du liquide dans les tuyaux jusqu'à la lance. Seulement, toutes les pompes ne fonctionnaient pas sur cet unique mode puisque certaines d'entre elles ne permettaient que le refoulement du liquide et non son aspiration. D'autres ne servaient qu'à cette dernière action et étaient généralement mises en relais dans une alimentation ou utilisées que sur des interventions spécifiques comme l'épuisement des lieux inondés. C'était alors le propre des pompes dites "puisardes". Pour alimenter à proprement parler les agrès, plusieurs solutions étaient couramment employées. Dans le cas des engins de simple refoulement, il s'agissait de l'acheminement de l'eau au moyen, par exemple, de seaux dont le contenu était versé dans la bâche au travers d'un tamis, souvent en osier, parfois en toile métallique, chargé de retenir les corps étrangers pouvant obstruer les clapets et endommager les corps de pompe, compromettant dès lors la conduite de l'extinction. En revanche, sous les propriétés techniques de l'aspiration, la provision se faisait, soit auprès d'une source d'eau, tels que les cours d'eau Rhône et Saône, soit à l'aide d'un branchement direct sur le réseau de distribution des eaux au fur et à mesure de son extension. La source de provision dès lors définie, la manoeuvre concrète de l'engin pouvait donc débuter.

Si les postes de garde étaient généralement composés de 3 à 4 sapeurs-pompiers, cela ne suffisait néanmoins pas à une mise en batterie efficace de la pompe à 2 roues, équipant la plupart de ces locaux. Comme évoqué antérieurement, la première action des hommes de veille, lorsqu'une demande de secours leur parvenait, était de se rendre sur le théâtre des opérations en tractant leur engin, d'un poids d'environ 270 kg avec son armement3040. Cependant, associée à un avant-train, la machine pouvait être remorquée par un attelage, mais encore fallait-il disposer de celui-ci ou opérer sa réquisition. Après avoir désolidarisé la pompe de son chariot3041, il convenait ensuite d'établir en eau, de mettre en batterie et de manoeuvrer l'engin. Cette dernière action imposait un minimum de 80 coups simples de balancier de manière à produire un rendement et un débit suffisants pour les foyers qui étaient attaqués à l'aide de ce moyen, soit 240 l/mn3042. Cela signifiait, dès lors, qu'un peu plus d'un mouvement de balancier devait être accompli par seconde. La cadence était donc élevée et difficilement soutenable pour les quelques sapeurs qui avaient acheminé la pompe sur le lieu de l'incendie. En fait, la manoeuvre proprement dite exigeait un minimum de 8 hommes alors que, effectivement, la mise en batterie, soit l'action préparatoire à la manoeuvre, pouvait être effectuée par 3 hommes. La logique d'intervention était alors la suivante : les hommes du poste de surveillance acheminaient le matériel, mettaient celui-ci en batterie pendant que le chef de poste faisait sa reconnaissance et que le quatrième homme, prenant les directives, partait mobiliser le reste des soldats du feu de la compagnie. Lorsque ces hommes arrivaient à leur tour, une partie d'entre eux s'attelait au mouvement des balanciers. La réunion étant plus ou moins rapide, l'intervention concomitante des hommes de la troupe militaire faisait que ceux-ci étaient fréquemment employés à la manoeuvre. Cette exigence de personnel était toutefois moins manifeste que pour assurer le mouvement des balanciers d'une pompe à 4 roues qui ne nécessitait pas moins de 16 hommes3043. La pompe à 2 roues était donc d'un usage moins imposant. Elle permettait, correctement manoeuvrée, d'atteindre une hauteur moyenne, aux pressions de travail, de 20 à 22 mètres de jet en portée verticale. Elle était donc adaptée à l'élévation des constructions lyonnaises. Tout, dans son armement, était fait pour que l'engin et les hommes qui intervenaient avec puissent fonctionner en autonomie. Dans le cas des pompes aspirantes et foulantes à 2 roues, cet équipement se composait, généralement, de plusieurs matériels, tels que3044 : un tamis ; des boyaux d'aspiration, habituellement en cuir, cloués ou rivetés, en section de 6 à 7 mètres ; 4 à 5 longueurs de tuyaux de refoulement, fournissant généralement une grandeur d'environ 40 mètres ; 1 cordage de 20 mètres, nécessaire à la reconnaissance et au(x) sauvetage(s) ; 40 à 60 seaux en toile pour permettre l'alimentation éventuelle de la pompe en usant de ces moyens ; une hache, un grappin et des matériels de destruction au cas où les hommes devaient abattre des parties d'édifices embrasées ; une ou deux lances ; enfin, différents petits outillages hydrauliques comme des raccords et, notamment, après 1880, les clés d'ouverture des bouches du réseau d'eaux ; soit tout le matériel normalement nécessaire à la mise en batterie de l'engin, sa manoeuvre et à la conduite de l'opération d'extinction.

Lorsque des pompes étaient acquises, avant qu'elles ne soient mises en service, celles-ci passaient différentes épreuves de façon à garantir qu'elles répondent à l'exigence de technique et d'efficacité de cette classe d'agrès. Elles n'étaient acceptées à la manoeuvre et placées dans les postes et dépôts disséminés sur le territoire de l'agglomération lyonnaise qu'après avoir satisfait à un examen technique et pratique et qu'un procès-verbal d'agrément ait été dressé par la commission chargée du matériel3045. L'achat des agrès était généralement provoqué auprès des artisans pompiers-mécaniciens de la ville3046. Sur la période 1852-1913, les acquisitions de pompes à 2 roues, dont les dernières eurent d'ailleurs lieu en 1885-18863047, furent ainsi réalisées auprès des constructeurs DEVAUX et BOUCHARD, MIEUSSET pour celles de 18863048. Les acquisitions faites en 18613049, par exemple, répondaient au besoin d'augmentation du parc matériel alors que celles réalisées en 1885-1886 correspondaient à un renouvellement du parc, notamment par la réforme progressive des pompes à 4 roues. Au moment de ce projet d'achat de 1885, qui faisait alors suite aux premières conclusions du rapporteur GRINAND3050, des contacts furent en fait pris avec les différents constructeurs lyonnais et parisiens de cette classe de matériels d'incendie de manière à mettre ceux-ci en concurrence et d'obtenir, donc, les meilleurs prix3051. Conformément au cahier des charges dressé pour la fourniture de 5 de ces agrès, pompes à incendie à bras, les pompes à acquérir devaient être aspirantes et foulantes, en tout point conformes au modèle admis à cette époque comme modèle de référence, soit la pompe parisienne3052. Afin d'éviter d'avoir à faire confectionner le chariot de transport de l'engin, celui-ci devait être, de plus, pris en charge par le constructeur qui remporterait le marché de même que devait être fourni l'armement classique équipant une pompe à 2 roues3053. Les raccords devaient surtout être du modèle, du filetage et des dimensions de ceux en usage dans le corps de sapeurs-pompiers de la ville de Lyon3054, des incompatibilités ayant, trop fréquemment, compromis l'efficacité et la rapidité de mise en batterie des pompes sur certains incendies3055. Quant à la bâche, ou réservoir, la préconisation était l'utilisation d'un cuivre rouge, première référence aux couleurs du matériel en usage dans les rangs du service d'incendie3056. L'offre la plus avantageuse fut celle du fabricant lyonnais MIEUSSET, Rue du Gazomètre, qui s'engageait à produire les 5 unités souhaitées par la ville au prix de 4.550 francs3057. Néanmoins, n'était pas comprise la fourniture des chariots de transport dont l'achat fut réglé par une délibération de septembre 18863058, intervenant, très logiquement, après l'essai des agrès. L'acceptation de la réception de ces agrès ne fut, en effet, prononcée qu'après un long et imposant examen des engins, de nombreuses manoeuvres et de nombreux essais, régulièrement réalisés en public3059. Ces expériences étaient entreprises et conduites par la commission chargée des pompes à incendie et sous l'autorité du conseil d'administration du corps et des instances administratives de la cité3060. Les pompes, déclarées techniquement conformes aux exigences de service3061, pouvaient donc être, à l'issue des épreuves, mises en service dans les postes et dépôts.

Malgré les ventes de matériel à 2 roues3062, survenues dès la suppression des premiers corps de garde, en 1900, touchant en premier lieu les agrès de cette classe, par ailleurs remplacés par des dévidoirs à caisse, déjà depuis 1885, les pompes à bras furent cependant encore utilisées dans les modes opératoires concourant à l'extinction des foyers d'incendie3063. Toutefois, la proportion de cet usage demeurait peu importante au regard de certains autres modes. En 1900, soit peu après l'étape de 1899 dans le voeu de réorganisation du service d'incendie de la ville de Lyon, le parc des pompes à bras, composé, à présent, seulement de pompes à 2 roues, se fondait néanmoins encore sur 18 pompes aspirantes et foulantes et 24 pompes foulantes, soit un total de 42 engins. La somme correspondait en fait, purement et simplement, au nombre de postes et dépôts implantés sur le territoire de l'agglomération lyonnaise3064, hors les postes permanents, bien que tous les locaux ne soient plus nécessairement pourvus de ce type d'engin, à cette date. Plus aucune acquisition ne fut concrètement réalisée à compter de 1885, achat qui ne portait d'ailleurs que sur 5 pompes, car les sorties du Poste Central avec ses pompes à vapeur auxquelles étaient accrochés des dévidoirs se faisaient sur quasi toutes les interventions. Malgré cela, ponctuellement, et, avant tout, en fonction de l'impératif de protection et de défense contre l'incendie, ces engins pouvaient encore être amenés à servir utilement et efficacement sur le théâtre des opérations. De plus, prenaient place sur leur chariot de transport des matériels que les seuls dévidoirs à caisse ne permettaient pas d'emmener sur les lieux d'une déclaration. Plus couramment, ces pompes étaient, enfin, d'un nouvel emploi lié à la diversification des fonctions de sécurité remplies par les sapeurs-pompiers de l'agglomération lyonnaise, notamment dans le cadre des services de veille assurés lors de manifestations publiques3065. Du fait de sa mise en batterie plus aisée et de sa manoeuvre moins imposante que celles d'une pompe à 4 roues, du fait d'une machine plus compacte, la pompe à 2 roues prenait ainsi place dans la plupart des réquisitions de sécurité exercées sur le personnel du service d'incendie3066. Jusqu'à ce que la rapidité des déplacements puisse être assurée de manière fonctionnelle, efficace et définitive par la traction automobile, ces engins, remisés dans les parties excentrées de la cité, continuaient également d'être d'un précieux secours. En outre, disposées dans des dépôts, voire des postes, localisés dans des bâtiments et des édifices publics, ces pompes déterminaient la disponibilité instantanée d'un moyen de protection et de secours efficace. Il convenait, enfin, que le parc soit maintenu à un chiffre minimum car l'utilisation du matériel sorti en intervention fonctionnait sur une rotation toujours pratiquée du fait du remplacement de certaines pompes par des dévidoirs, rendant des agrès disponibles. Ainsi, lorsqu'une pompe était mise en batterie, de retour d'opération, celle-ci était obligatoirement vérifiée ce qui nécessitait de remplacer l'engin par un matériel de réserve le temps du contrôle de son état. Le procédé permettait de garantir continuellement le fonctionnement des mécaniques, paramètres essentiels en termes de lutte contre l'incendie. Si la pompe à bras fut écartée du parc matériel du service d'incendie de la ville de Lyon au fur et à mesure de l'équipement en matériel automobile, elle continuera néanmoins de jouer un rôle prépondérant dans l'extinction des incendies dans de nombreuses communes de France, parfois jusque très tard sur la période contemporaine. Elle fut, plus particulièrement, le premier engin concrètement mis à la disposition des hommes dans la lutte contre le feu déterminant son appartenance à un support matériel classique tout comme les moyens d'établissement en eau, boyaux et tuyaux.

Notes
3013.

Bulletin Officiel du Ministère de l'Intérieur – 1876 ; pp. 193-200. Décret du 29/12/1875 relatif à l'organisation et au service des corps de sapeurs-pompiers (7 chapitres et 35 articles). Article 3.

3014.

Bulletin Officiel du Ministère de l'Intérieur – 1903 ; pp. 363-386. Décret du 10/11/1903 qui portait règlement d'administration publique sur l'organisation des corps de sapeurs-pompiers (7 chapitres et 73 articles), suivi du rapport au Président de la République. Article 3.

3015.

Ibidem 2.

3016.

Voir le document n° 44, page III-554 : Pompes ordinaires, matériel à bras : Pompe à 2 roues - Principes de fonctionnement - Mise en manoeuvre d'une pompe à 4 roues. La logique de présentation de ces 3 documents s'enchaîne de gauche à droite et de haut en bas. Pompe à 2 roues : AML, 1270 WP 015 – Sapeurs-pompiers : Matériel, équipement, et habillement : Offres de service de fabricants ; 1869-1939. Pompe modèle de Paris avec son armement. Offre du représentant en matériel d'incendie EMONIN. Principe de fonctionnement : Grand Dictionnaire Universel du XIX ème siècle, volume XVII, définition sur les pompes. Les supports lettrés figurant sur le document correspondent à : A = bâche ou réservoir ; B = corps de pompe air/eau ; C = récipient d'air créant la dépression ; D = clapets reliant les corps de pompes et le récipient ; E = balancier. Mise en manoeuvre d'une pompe à 4 roues : POYET J. - Nouvelle théorie pratique des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon, Lyon, Imp. Nigon, 1850, 132 p. Planches de présentation des techniques et du matériel.

3017.

Idem 4.

3018.

L'information est donnée mais le propos de cette étude n'est pas de revenir sur l'origine fondamentale du principe mécanique de fonctionnement des pompes mais de considérer le matériel à disposition des corps de sapeurs-pompiers, notoirement celui de la ville de Lyon, ayant permis de réduire le risque incendie et, avant tout, ses effets et ses conséquences.

3019.

RIVIERE M. - Pandectes françaises – Nouveau répertoire de doctrine, de législation et de jurisprudence, Paris, Chevalier-Maresq/Plon-Nourrit, 1886-1905, 59 vol. ; volume n° 51, pp. 219-238.

3020.

Ibidem 7.

3021.

AML, 1270 WP 001 – Sapeurs-pompiers : Organisation et fonctionnement du service, budget, comptabilité ; 1803-1929. Le point intitulé Création et assises du bataillon des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon de la première partie du chapitre IV a déterminé l'ambiguïté qu'il y avait sur la légitimité du total de l'effectif de la compagnie organisée.

3022.

Idem 9. Informations fournies dans le projet de réorganisation proposé par Ch. CRÉPET en 1851.

3023.

Ibidem 10.

3024.

Le chiffre exact de la population, sur la base du recensement effectué en 1851 et à la réunion des communes entre elles, était de 258.494 habitants.

3025.

Cet événement eut lieu dans la nuit du 31 mars au 1er avril 1851.

3026.

Ibidem 10.

3027.

Ibidem 10.

3028.

Ibidem 10.

3029.

Ibidem 10.

3030.

Ibidem 10.

3031.

AML, 1270 WP 001 – Sapeurs-pompiers : Organisation et fonctionnement du service, budget, comptabilité ; 1803-1929. Informations fournies dans le projet de réorganisation proposé par Ch. CRÉPET en 1851.

3032.

Ibidem 19.

3033.

Idem 19. Cette première présentation eut lieu en février 1881.

3034.

AML, 1270 WP 021 – Sapeurs-pompiers : Matériel : Inventaires ; 1868-1911. Inventaire du matériel effectué le 14/03/1881.

3035.

Voir le document n° 44, page III-554 : Pompes ordinaires, matériel à bras : Pompe à 2 roues - Principes de fonctionnement - Mise en manoeuvre d'une pompe à 4 roues. Le dernier document présente une pompe à 4 roues.

3036.

Idem 23. Le premier document présente une pompe à 2 roues. Le Courrier de Lyon du 20/03/1860 évoque une manoeuvre des pompes modèle de Paris ayant eu lieu à l'Hôtel-Dieu.

3037.

AML, 1270 WP 018 – Sapeurs-pompiers : Matériel : - Acquisition, surveillance, entretien et réparations ; 1793-1935. Lettre du 14/05/1863.

3038.

Idem 23. Le deuxième document présente la coupe transversale de la mécanique d'une pompe à bras.

3039.

Ibidem 26. Des lettres visualisent les principaux éléments de l'engin et des flèches indiquent la mécanique des fluides, air et eau, sous le mouvement des corps de pompe.

3040.

LESAGE P. - Ville de Lyon - Sapeurs-pompiers municipaux - Théorie, Lyon, Nigon, 1862, 126 p. ; pp. 32 et suiv.

3041.

Voir le document n° 44, page III-554 : Pompes ordinaires, matériel à bras : Pompe à 2 roues - Principes de fonctionnement - Mise en manoeuvre d'une pompe à 4 roues. L'observation attentive du document présentant une pompe à 2 roues permet de remarquer les poignées servant à désolidariser la pompe de son chariot.

3042.

Ibidem 28.

3043.

Voir le document n° 44, page III-554 : Pompes ordinaires, matériel à bras : Pompe à 2 roues - Principes de fonctionnement - Mise en manoeuvre d'une pompe à 4 roues. Le dernier document présente une pompe à 4 roues.

3044.

Idem 31. Sur le document présentant la pompe du modèle de Paris, certains de ces matériels sont visibles.
Les boyaux d'aspiration sont disposés de manière circulaire autour de la pompe. Les tuyaux de refoulement sont arrangés sur le balancier. Les seaux sont, pour l'essentiel, placés à l'avant du chariot de transport. Quant à la hache à pic, elle est accrochée sur le montant du chariot / LESAGE P. - Ville de Lyon - Sapeurs-pompiers municipaux - Théorie, Lyon, Nigon, 1862, 126 p. ; p. 109 / THIERS Ed. - La réorganisation des sapeurs-pompiers de Lyon, Lyon, Association Typographique, 1881, 118 p. Description de l'organisation lyonnaise du service d'incendie / AML, 1270 WP 021 – Sapeurs-pompiers : Matériel : Inventaires ; 1868-1911.

3045.

AML, 1270 WP 019 – Sapeurs-pompiers : Demandes, acquisitions et essais de matériels : - Pompes, voitures et échelles ; 1859-1897.

3046.

Le Salut Public du 04/08/1855 contient une publicité de l'artisan pompier mécanicien DEJEY.

3047.

Idem 33.

3048.

Idem 33.

3049.

Idem 33. Arrêté préfectoral du 26/07/1861 ouvrant un crédit spécial d'approximativement 5.670 francs pour l'acquisition de nouvelles pompes à incendie.

3050.

VILLE DE LYON. - Conseil municipal - Commission d'études pour la réorganisation du bataillon des sapeurs-pompiers (1er rapport présenté au conseil municipal pour une augmentation préalable du matériel), Lyon, Association Typographique, 1885, 6 p.

3051.

AML, 1270 WP 019 – Sapeurs-pompiers : Demandes, acquisitions et essais de matériels : - Pompes, voitures et échelles ; 1859-1897. Ces contacts furent pris sous la forme de courriers envoyés en date du 28/03/1885.
Les constructeurs lyonnais auxquels fut adressée la correspondance étaient, à cette époque, Mrs CHAMENOIS, ELDIN, FAUCHÉ, GUINAND et MIEUSSET.

3052.

Idem 39. Cahier des charges. Article 2.

3053.

Ibidem 40. Articles 3 et 7.

3054.

Ibidem 40. Article 5.

3055.

Le Salut Public du 25/08/1862, relatant le terrible incendie survenu dans la nuit 23 au 24/08, quartier des Brotteaux, ayant engendré 1 million de francs de dégâts et réduit 80 ménages à la misère, revenait sur les difficultés rencontrées par les sapeurs-pompiers dans l'établissement des moyens en eau du fait, par exemple, de l'incompatibilité de certains raccords entre eux.

3056.

Ibidem 40. Article 4.

3057.

Idem 39. Soumission MIEUSSET datée du 12/06/1885.

3058.

Idem 39. Délibération du 28/09/1886.

3059.

Idem 39. Acquisition de pompes à incendie, 1885-1886.

3060.

Ibidem 47.

3061.

Idem 39. Procès-verbal de réception du 28/07/1886.

3062.

Des ventes avaient déjà été effectuées concernant certains agrès et notamment les pompes à 4 roues.

3063.

Voir le graphique n° 24, page III-538 : Proportion et répartition des extinctions d'incendie selon différents modes opératoires sur la période 1886-1913.

3064.

Voir le document n° 35, page III-436 : Evolution du nombre de postes et dépôts du service d'incendie de la ville de Lyon selon leur localisation sur la période 1855-1900.

3065.

AML, 1270 WP 008 – Sapeurs-pompiers : Fonctionnement et services du bataillon : - Règlements et consignes d'ordre général ; 1863-1911 ; - Services extraordinaires de sécurité : Cérémonies publiques et privées, expositions ; 1872-1914.

3066.

Idem 53.