Conclusion

‘"La vulnérabilité de la ville à l'incendie"3446, "La ville en feu"3447, "De l'immobilisme à l'incendie créateu’ r"3448, reprenant, sous cet ordre de présentation, le mouvement cyclique de construction-destruction-reconstruction de l'espace urbain3449, sont des titres, pris parmi de nombreux autres3450, d'ouvrages, de publications, d'articles ou de chapitres, résonnant, de façon indéniable, sous l'évocation. Ils ne portent en effet pas moins que la révélation d'une analyse, à la fois historique et contemporaine, le renseignement d'un état, le bilan d'une situation, le résultat d'une logique de démonstration ou d'interprétation, face à un risque et ses effets : celui d'une déclaration d'incendie3451. Seulement, la mesure concrète de la menace, du péril, comme le soulignent plus ou moins ouvertement les titres qui viennent d'être relevés, ne vaut, nettement, au-delà du groupe communautaire et d'un rapport au cadre naturel, qu'à l'échelle d'un espace social et économique défini, soit celui de la ville, et, dès lors, d'un milieu déterminé, celui de l'urbain3452. C'est ainsi que l'évaluation prend tout son sens, toute sa dimension, entre observations, traductions et modes de gestion, dans l'étude qui vient d'être conduite à l'échelle d'un territoire dûment qualifié, à savoir la ville de Lyon, sur une période appropriée, soit la plus significative dans l'histoire et l'évolution de la défense contre les incendies, la seconde moitié du XIXème siècle et le début du XXème siècle. Aussi, et à l'appui de l'ensemble des faits qui ont été abordés par la présente démonstration, bien que des références, des renvois aient été périodiquement liés à des conjonctures, des événements, des contextes, des décisions, des textes de loi ayant pour terrain la nation française, chacun doit conserver à l'esprit que la présentation n'a de valeur, précisément et uniquement, qu'en fonction de cet univers urbain spécifié ; en l'occurrence, celui de la cité lyonnaise, et ceci, entre les années 1852, figurant la création de l'agglomération et de son bataillon de sapeurs-pompiers3453, et 1913, date de l'orientation définitive du corps à la professionnalisation3454. Si plusieurs informations et arguments se sont prêtés, suivant certaines perspectives, à une généralisation, elle n'a, la plupart du temps, de valeur et de représentativité qu'à l'échelle des villes.

L'analyse du risque incendie, en homme du XXème siècle, noie en fait cette menace dans un ensemble de dangers qui établissent, actuellement, différentes classifications et prennent plusieurs formes, "décrédibilisant", d'une certaine manière, le péril du feu, malgré des manifestations périodiques, qu'elles aient lieu dans un environnement naturel ou civil. La société moderne a également, et avant tout, suffisamment travaillé sur les notions de sécurité incendie3455, que ce soit au niveau des produits ou des espaces, pour que la perception collective ait, à présent, perdu le sens originel de ce péril, fortement destructeur et encore tragique, dont la maîtrise demeure finalement superficielle et ne procède que d'une action moderne, presque contemporaine. Le rapport à la flamme, puissant symbole social, organe nécessaire, sous certaines caractéristiques, à la vie, mais aussi outil économique, s'est surtout, aujourd'hui, complètement métamorphosé. La société moderne peut ainsi abolir l'usage de l'élément sous sa forme classique, hormis des circonstances exceptionnelles ou particulières, sans pour autant avoir à souffrir de cette mutation. La cheminée est, de ce fait, par exemple, couramment devenue un mobilier domestique d'agrément alors que le filament de l'ampoule électrique a remplacé la flamme de la bougie. L'esprit humain a, en conséquence, partiellement dénaturé, sous le masque du plaisir, de la technologie ou de la modernité, déviant le rapport direct à l'élément, la notion de la matière comme source potentielle de déclenchement d'un état pouvant engendrer un accident, parfois même une catastrophe. Il suffit pourtant, simplement, de se placer, dans la dimension historique, comme cela vient d'être fait, en homme du XIXème siècle, soit presque hier, pour toucher du doigt, prendre conscience, déterminer, pertinemment, l'état du risque, de ses déclarations et de ses effets. Ceci permettra dès lors de suivre, manifestement, à l'image de cet actuel travail, l'implacable processus évolutif de la gestion d'un risque qui portait encore la qualification et la définition d'un fléau, urbain, au début des années 18003456, réhabilitant dès lors le danger d'incendie. Seulement l'intérêt de l'étude ne pouvait pas se fonder sur un seul répertoire des déclarations d'incendie, dont l'information et le nombre, présentés dans les chapitres précédents, laisseraient alors entrevoir un rapport à l'élément finalement relativement modeste à l'échelle d'un territoire. La pertinence de l'analyse ne valait réellement que sur la largeur du phénomène et non pas uniquement, et ce, en aucun cas, sur une ordinaire interprétation du dénombrement des départs de feu. Toute la lumière sur l'élément, ses manifestations et le combat engagé, ne pouvait exprimer de valeur qu'en replaçant, significativement, chaque composant de l'étude dans un espace aux multiples dimensions ; ni plus ni moins qu'un espace dans lequel s'aggloméraient, pêle-mêle, des notions tels les conséquences, économiques ou sociales, d'un départ de feu, le besoin de sécurité des populations et l'organisation de modes de défense et de secours. Car, pour revenir à l'intérêt et répondre, dans le même temps, pour partie, à la problématique, l'enjeu ne se déterminait donc pas sur le nombre, soit le répertoire des incidents ou des accidents, mais sur les effets couramment engendrés et enregistrés3457, et, par-dessus tout, les moyens d'y remédier. Ce n'est véritablement qu'en replaçant l'ensemble de ces éléments, situant la menace, présentant la principale forme de lutte et de secours, sous un plan humain et fonctionnel, le tout à l'échelle d'une société, de son histoire, que pouvait percer l'état du risque et que tombait le constat d'une gestion contemporaine. C'est conformément à cette même phase qu'a été permis de conclure, par exemple, au mouvement du danger ou à la naissance d'une profession moderne, celle de sapeur-pompier.

Il est juste d'admettre que le risque et le rapport à l'incendie ont évolué, comme l'étude l'a démontré, voire certains chercheurs3458, et que les collectivités comme les pouvoirs publics savent à présent, hors certaines circonstances marquant le caractère et la persistance des propriétés de la flamme, prévoir, prévenir, défendre, en somme gérer, ceux-ci. D'ailleurs, l'ensemble des mesures prises à l'heure actuelle montre quel enjeu représente encore la menace de feu. Il est, en revanche, inexact d'assimiler l'incendie et ses suites, hors, encore une fois, des événements catastrophiques, à une maîtrise que le groupe social pourrait imaginer ou interpréter comme ancestrale et l'organisation d'une structure de défense relativement ancienne même si plusieurs objets sont interprétables en ce sens3459. Il est surtout aujourd'hui inapproprié de mentionner, toutefois dans le cadre d'un placement qui est exclusivement celui du danger, que, par exemple, l'intervention sur des foyers d'incendie ne représente plus qu'un infime pourcentage des sorties des corps de sapeurs-pompiers, en l'occurrence, ici, de l'agglomération lyonnaise3460. C'est l'utilisation, dans la comparaison, de l'adverbe et l'expression "plus que" pour un degré de qualification qui est en fait inadaptée. L'argument et son usage ne demeurent réellement valables que sous une seule caractéristique, celle de la statistique, car, et c'est là la principale réponse, en fonction, actuellement, de la palette considérablement étendue des spécialités, des risques et des secours dispensés par ceux qui sont encore nommés "soldats du feu"3461, le chiffre des interventions sur des déclarations d'incendie est, effectivement, devenu extrêmement faible ; de l'ordre de 6,7 % du total des sorties des unités de secours lyonnaises, par exemple, sur l'année 19913462. En revanche, et sous le rapport à une simple comptabilité, les données restent, selon la même expression mais prenant alors un autre sens, "plus que" sérieuses. Quant à un positionnement vis-à-vis de l'histoire des sociétés, du mode d'organisation des moyens de défense, de l'étude, l'analyse et l'interprétation de l'événement, la qualification qui use de la comparaison demeure incorrecte. Ainsi, jusqu'à l'aube du XXème siècle, l'incendie, malgré l'évolution de son "statut", soit de dévastateur à mesuré et d'étendu à limité, était, concrètement, un risque important et persistant dont le groupe social se défendait, devant un déclenchement, en faisant appel à une structure formée spécialement à cet effet, soit les corps de sapeurs-pompiers, formant des structures chargées de répondre à l'urgence au rôle essentiel. Ce n'est que progressivement, justement devant l'évolution de la menace et sa maîtrise, encore qu'il faille s'entendre sur la définition de ce dernier terme, "libérant" des hommes rompus aux situations critiques, dangereuses, et devant l'organisation de la société civile, que les secours et les missions remplis par les soldats du feu iront en s'élargissant, changeant le rapport aux interventions. Ce n'est donc que dans cette dernière perspective que l'emploi d'une qualification telle qu'elle est exprimée aujourd'hui est acceptable ; si bien que l'incendie continue de représenter un danger quotidien, mais apprécié différemment du fait, par exemple, de la réalisation de progrès, et ne fonde pas "plus que" le chiffre d'une statistique mais "encore" un nombre notable de départs de feu, allant de l'accident mineur à l'événement aux conséquences parfois tragiques.

Danger par excellence, hors phénomènes naturels ou conflictuels, avant l'apparition de nouvelles menaces, le risque demeure donc obstinément réel malgré les progrès réalisés en matière de prévention et de dispense des secours, et, dès lors, la menace catastrophique latente. Ce n'a été, fondamentalement, que par l'association -vérifiée- avec la révolution industrielle que le feu fut envisagé, par la société et les autorités, comme un fléau à combattre3463. Quant à la perception du danger, le changement de son appréciation fut à l'image de la mutation -c'est-à-dire rapide- qui l'affecta sur le XIXème siècle alors que, au même moment, de nouveaux maux ou de nouveaux périls surgissaient3464 ; si bien que la mémoire sociale et collective n'a pas nécessairement conservé la trace du péril que constituait encore, tout récemment, l'incendie à l'échelle des temps historiques. Phénomène aléatoire, légitimant les nuances à introduire dans la qualification de "maîtrise du risque", il ne cessera de surprendre et de réveiller l'inconscient comme ce fut le cas à la suite de la tragédie du Bazar de la Charité, survenue en 1897. L'analyse demeure donc complexe mais détermine, dans tous les cas, la réponse à une exigence, celle du concept de sécurité des biens et des populations en proposant, dans le même temps, un "décryptage" de l'histoire des risques et une exposition beaucoup plus large ; celle mêlant différentes sciences, de la sociologie à la géographie en passant par la physique ou la chimie. A l'évidence, la sécurité contre l'incendie ne pouvait donc pas être la juxtaposition de simples mesures de protection sans une appréciation globale et logique d'un phénomène néanmoins complexe et aux conséquences importantes, soulevant le concept et la question de l'apparition d'une politique publique de gestion du risque au sens moderne du terme. Surtout, les conséquences étaient ou pouvaient être d'autant plus sérieuses que le tissu "résidentiel" puis l'espace industriel, sous les développements de la société du XIXème siècle, se densifiaient3465. Parmi les effets redoutés restaient ceux des départs de feu dans un milieu manufacturier, entraînant fréquemment un triste cortège de suites sociales et économiques. L'enjeu et le concours à la maîtrise du risque, sans aucune concession qui soit, étaient donc capitaux, et pour lesquels l'organisation des structures de secours représentait un des principaux points.

Suivant l'orientation, la logique et l'interprétation données à la présente étude, les corps de sapeurs-pompiers, par-delà les principes de gestion tels ceux de la prévision, de la prévention, des règles et des mesures sécuritaires, ont donc représenté un service essentiel à la sécurité publique. Travailler à l'analyse, dans ses interactions, de la défense contre le feu, à travers la démonstration qui vient d'être effectuée concernant la ville de Lyon et son bataillon de soldats du feu, a, en fait, renvoyé à plusieurs notions. Celles-ci ont été au carrefour de nombreux recoupements entre une histoire -au-delà de celle du risque- autant sociale, économique, politique, technique, institutionnelle, voire symbolique qu'une histoire collective, civile, militaire -dans certains cas-, locale et nationale dans la France urbaine de la seconde moitié du XIXème siècle et du début du XXème siècle ; ceci, bien que des événements, comme la Révolution Française, puissent constituer d'autres points de départ. Si la lutte contre l'élément déchaîné conservait l'image d'une solidarité devant les conséquences et les souffrances, sociales et économiques, induites par la flamme, progressivement et par l'affirmation, la réponse est devenue une affaire de pouvoirs politiques et administratifs, de politiques publiques, d'institutions. Néanmoins, malgré l'initiative réglementaire ou l'éducation des populations, la plus sûre des réactions face aux conséquences éventuelles de l'événement ne provenait, pour l'essentiel, à cet instant, que de la capacité à structurer des groupes tels ceux des "troupes" de soldats du feu. En conséquence de quoi et bien que la diminution des effets d'une déclaration d'incendie doive beaucoup au progrès des techniques de construction, à l'établissement et l'imposition de règlements, à l'évolution des matériels, au développement des réseaux tel celui de l'adduction des eaux, à l'essor des communications prises au sens de la transmission des informations, l'opération serait cependant demeurée délicate sans la formation des corps de sapeurs-pompiers. L'incendie aurait alors continué de garder cette valeur associée à la fatalité ou au fléau urbain avec de fortes influences sociales et économiques tel qu'il pouvait encore l'être, au moins sous la deuxième définition, au lendemain de la Révolution Française. D'ailleurs, sous le coup de la loi des 16 et 24 août 1790, la caractéristique du départ de feu était à la fois celle de l'accident et du fléau calamiteux3466. A travers les propos perçaient, non seulement l'inquiétude des autorités face au danger d'incendie, mais également la réalité d'un état. Si bien que l'étude qui vient d'être menée, certes très ciblée de façon spatiale et temporelle, contribue à déterminer fidèlement la valeur du risque incendie mais aussi à fonder sa "réhabilitation" autant à travers la présentation des manifestations de l'événement et de ses effets que de l'organisation des modes de défense contre l'élément et, avant tout, des structures de secours.

Parvenir à composer de manière fonctionnelle des services de lutte contre l'incendie ou établir des mesures appropriées de prévention des déclarations imposait, avant tout, de comprendre le phénomène et son enchaînement catastrophique, car, appréhender l'élément fondait la détermination des logiques de limitation des déclarations et des procédés d'extinction. Là encore, le processus ne s'est amorcé, concrètement, qu'avec l'achèvement du XVIIIème siècle, pour connaître une significative déduction analytique et scientifique sur le XIXème siècle, encore que cette ère n'ait pas produit toutes les réponses rationnelles, par exemple, sur certaines des propriétés physiques et mécaniques de l'élément3467. C'est d'ailleurs ce qui a pu laisser, dans l'esprit des êtres individuels, mais aussi du groupe, fortement influencés par des perceptions "humano-sociales" héritées de la symbolique, de la mythologie, des religions, plus simplement de l'histoire, subsister des interprétations providentielles, y compris, parfois, jusque très tard sous un facteur qui serait celui de la contemporanéité3468. Par le raisonnement et l'explication de la survenue de l'événement, le projet était donc aussi celui de sortir le feu, phénomène accidentel, de ce contexte socio-interprétatif, de le rationaliser, y compris à travers le combat de l'être humain contre le "Dieu" déchaîné. Seulement, dans la relation d'une circonstance catastrophique, la recherche demeurait celle du sensationnel, de l'émotion3469, renvoyant aux images associées à la flamme que la littérature classique ou la société, à travers des symboles extrêmement forts comme ceux d'intensité, de chaleur, de luminosité, de couleurs, continuaient d'utiliser, par exemple, dans l'interprétation des sentiments. En outre, en dehors de la considération de l'élément matériel, du bien économique, de la structure urbaine qui pouvaient être détruits, c'est encore l'esprit humain qui a mesuré l'échelle du dégât né de la flamme. C'est lui qui qualifiera l'événement, couramment en catastrophe, lors de la ruine de fonctions socio-économiques d'une cité, en désastre lorsque l'identité, culturelle, historique du lieu et des populations qui y étaient agglomérées, était touchée. Seulement, l'expérience du drame n'avait pas que des suites négatives, encore aujourd'hui, car elle permettait de retirer de significatifs enseignements et, dans le cas de dévastations majeures, que ce soit un quartier ou une ville, de reconstruire en développant, par exemple, l'usage de nouveaux matériaux ou des modèles de prévention des sinistres3470. Cependant, tirer des leçons n'avait d'efficacité que dans la mesure où était développée une politique publique de gestion du risque incendie, ce qui ne s'est en fait concrètement établi, soit sous le régime d'une organisation définie dans une perspective d'administration et de continuité, qu'à compter du début des années 1800 et n'aura de réelle valeur interprétable qu'à l'échelle du monde urbain. Dans le cas de l'agglomération lyonnaise, la chose est devenue ainsi véritablement perceptible qu'au moment de la création de la dite agglomération bien que des initiatives aient été prises, sans attendre, dans chaque commune qui formait, à l'origine, cet espace ; et ce, longtemps avant que ne soit donnée naissance, de manière "géo-administrative", à ce nouveau territoire.

A l'échelle des civilisations, la recherche et l'application d'une gestion du risque incendie demeuraient, en fait, relativement anciennes comme certains des points de cette étude, utilisés dans ce cadre pour légitimer plusieurs développements modernes, ont pu le démontrer3471. Toutefois, c'est dans l'engagement et l'exercice directs de responsabilités, dans l'exigence de résultats, la capacité à surmonter les divisions ou d'autres sortes de problèmes, soit, pour l'essentiel, à partir du XIXème siècle, que le terme issu de l'action d'organiser, laissant, en outre, percer l'idée de la conduite volontaire d'une politique, a pris tout son sens. Le besoin de sécurité, de sauvegarde, apparu tout à fait logiquement, en était à la souche et continue d'ailleurs de s'affirmer sous son caractère originel, celui des concentrations humaines et, dès lors, urbaines, économiques et sociales. Protéger les villes, centres d'échanges commerciaux vitaux du Moyen Âge puis, pour certaines, centres industriels de la seconde moitié du XIXème siècle, voire également centres identitaires, contre une destruction qui pouvait provenir de la flamme était, en conséquence, fondamental. Car, l'incendie, et la présente étude en porte la démonstration à l'échelle de la cité lyonnaise, même s'il n'était plus un fléau, s'interprétait encore comme un risque majeur, au moins jusqu'à la fin des années 1800, le début des années 1900. D'ailleurs, que ce soit à l'analyse des incidents, accidents ou catastrophes, de la constitution du bataillon des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon, ou des efforts, des initiatives et des progrès accomplis dans le domaine de la défense contre l'incendie sur la période 1852-1913, ce n'était pas là le seul vecteur à cette conclusion. En s'attachant à la production littéraire, quel que soit son aspect, par exemple technique ou administratif, l'expression, catégorique, était bien celle de la crainte, du danger face à la menace mais déjà des dispositions et des moyens pour y répondre efficacement. D'ailleurs, sous ce visage du risque majeur et du monde urbain, d'autres lectures pourraient être données à certaines des réalisations politiques entreprises sur le XIXème siècle français, en dehors des textes législatifs qui se sont attachés à la constitution des unités de secours. Ainsi, parmi tout ce qui pourrait se rapporter, de près ou de loin, à une théorie des mutations urbaines, figure le mécanisme de ce qui est aujourd'hui nommé "l'haussmannisation". Ce processus, issu de "réflexions" sur la ville, a établi de profonds changements dont le tissu urbain français porte encore les traces. Seulement, le point de vue sous lequel se place le chercheur ou l'analyste peut, hypothétiquement, donner un complément d'interprétation à l'initiative3472. Par ailleurs, si l'incendie ne fut pas à l'origine des principes de l'urbanisme, il a toutefois contribué, bien involontairement, à donner, ponctuellement, les moyens d'en appliquer certaines conceptions.

Sous le terme qui vient d'être évoqué -haussmannisation-, qualifiant une opération sur la ville, il est alors couramment admis que les modifications engagées et les bouleversements urbanistiques introduits ont été pris sous la résolution d'hommes dévoués à un régime politique, à l'origine peu enclin à la philanthropie. L'objectif initial n'avait, ainsi, pas pour principal but l'amélioration des conditions de vie des tranches de population les plus défavorisées mais, d'abord, une finalité d'une autre nature, soit celle d'une gestion sécuritaire, à laquelle s'ajoutait celle de favoriser la circulation, les échanges et la délocalisation des industries vers la périphérie. Seulement, s'il s'agissait d'une notion de sécurité prêtée au maintien de l'ordre public et d'une politique de circulation, le constat fut aussi, rapidement, celui de l'émergence, qu'elle soit d'ailleurs volontairement ou involontairement induite, d'effets bénéfiques dans la prévention de risques pouvant produire des destructions d'envergure, sous-entendue la protection contre l'incendie3473, voire le risque industriel. Car la ville demeurait, par excellence, un lieu prédominant de contacts et donc à protéger alors que, dans le même temps, elle était parfois utilisée comme un argument de poids dans l'affirmation d'une identité3474. Aussi, les cités les plus importantes, concentrant en leur sein des fonctions politiques, administratives, économiques, commerciales, industrielles, techniques, pouvaient avoir à souffrir, à cette époque, de la perte accidentelle d'un ou plusieurs de ces pôles. Ce pouvait être, en effet, la cause d'un déséquilibre socio-économique, voire politique, dans un cadre départemental ou régional que des "opérations d'urbanisme", par exemple par une aération du tissu urbain, pouvaient prévenir ou protéger, notamment dans l'enchaînement catastrophique3475. Le percement de boulevards très larges ne devrait donc pas tout au seul cautionnement de la société policée, à l'ordre public et aux échanges, mais également à la défense contre les risques dont le principal était et demeurait celui d'incendie alors que, dans le même temps, s'ouvrait celui du mode industriel. Dans l'hypothèse, née de l'étude et de l'analyse du phénomène, de la réflexion3476, la largeur des voies n'aurait pas alors pris le simple caractère d'une réponse orientée sur la perspective de l'écrasement d'éventuels soulèvements populaires ou d'émeutes politiques, en donnant du canon ou la charge, mais, notoirement, un moyen d'éviter la propagation de l'incendie ; ceci, en se substituant, par la distance, à la pratique de la part du feu, longtemps seul rempart efficace contre la communication des flammes. L'initiative, au-delà du désir d'un régime, au carrefour d'un urbanisme autoritaire et de développement, fruit de motivations politiques et policières mais aussi, finalement, d'une volonté hygiéniste et esthétique, pourrait donc témoigner -encore hypothétiquement, soit réclamant un travail plus profond sur cette conjecture- de l'attention portée, par cet intermédiaire, dans la recherche de la maîtrise de l'incendie urbain. Dès lors, sous l'exemple des grands incendies américains, à compter de celui de Chicago, en 1871, et les libérations d'espaces engendrées, le "modèle haussmannien" revenait dans tous les esprits, ce, à travers des formes de prévention des risques ou de protection qu'il pouvait concéder3477.

Comprendre et analyser le phénomène, nommé ici, sous l'image, le Diable, fondant le rapport à cette idée de l'incendie, danger permanent, parmi les périls les plus à craindre en milieu urbain français jusqu'à la fin du XIXème siècle3478, a saisi certaines réponses à la persistance de ses conséquences et à la représentativité de l'événement dans la compréhension progressive, pour l'époque, des propriétés de l'élément ; ceci, à compter des découvertes scientifiques et analytiques de la fin du XVIIIème siècle. Si une déclaration d'incendie et les suites qu'elle engendrait généralement continuèrent d'être parfois perçues comme l'expression d'un fléau alors que l'orientation du phénomène était déjà tournée, dans une certaine mesure, vers un processus prenant la forme d'un risque, la symbolique et le légendaire qui lui étaient encore associés, sous l'influence des allégories ou de la littérature, y jouaient un rôle notoire. Ceci restait parfois nettement perceptible et ce, malgré la rationalité concernant plusieurs faits ou éléments, y compris donc ceux se rapportant à la flamme, auxquels le siècle des Lumières avait pourtant déjà cherché à fournir une explication. A ce titre, et pas uniquement dans un but commercial ou de référence, le choix des noms donnés aux compagnies d'assurance contre l'incendie témoignait de la persistance, de la flagrance de ces représentations sociales et de leur poids dans l'esprit individuel. Ainsi, l'analyse de la permanence de la menace a-t-elle pu trouver des hypothèses de travail dans l'histoire des sensibilités, dans l'étude de la sociologie, de la psychologie, du monde religieux, cependant sans rien de réducteur, et tout en portant également le témoignage de sentiments entremêlés de peur et de fascination devant le feu. Toutefois, et au-delà de l'interprétation des liens étroits associant donc le monde urbain et l'incendie, visibles, en outre, depuis les premiers temps de l'agglomération des civilisations anciennes jusqu'à la période contemporaine ou au-delà de la perspective de relative stabilité sous certains fondements, c'est bien l'arrivée et l'entrée de plain-pied dans le XIXème siècle et l'avènement de la révolution industrielle qui ont fourni des réponses parmi les plus significatives à l'évolution vers la maîtrise du danger d'incendie ou, au moins, à la limitation de ses conséquences ; ce, principalement à travers le renforcement des concepts de prévention et, plus catégoriquement, la formation des corps de sapeurs-pompiers. Car, si des devoirs et des obligations en matière de sécurité incendie ont, de tout temps, été imposés aux détenteurs des pouvoirs, quelle que soit d'ailleurs la forme de leur exercice, ce fut, effectivement, sans résultats concrets jusqu'à l'aube des années 1800. Ce n'est qu'à partir de cet instant, et en fonction des derniers bouleversements introduits dans la société française, des progrès réalisés autant dans le domaine du droit pénal que de la législation, qui ne cesseront d'ailleurs de se poursuivre, avant tout et par-dessus tout devant l'urgence, que l'impulsion fut bel et bien donnée. Celle-ci est alors devenue mesurable et interprétable avant de produire une démonstration transitionnelle, celle d'un état du danger d'envergure aboutissant au risque ponctuel. L'obligation ne provenait pas seulement du tableau dressé dans les premières pages de ce travail sur le risque incendie mais également des mutations introduites par l'évolution du monde social, économique, et le développement de l'urbanisation. La situation s'appliquait, bien évidemment, à la ville de Lyon subissant, elle aussi, d'importantes mutations et où, malgré l'implantation d'industries en périphérie de la cité, l'extension du tissu urbain avait tôt fait d'englober celles-ci et de modifier les données liées à l'appréciation et à la protection des biens et des populations ; tout ceci, d'autre part, et graduellement, non plus spécialement contre le risque incendie mais contre les risques au sens large, comprenant aussi maintenant ceux liés à l'industrie.

Appréhender l'incendie selon l'ensemble de ces éléments et dans la perspective du concours à la maîtrise du phénomène et de ses conséquences conduisait, tout naturellement, à l'appréciation de notions dont l'enchaînement des verbes prévoir, prévenir, protéger, défendre a porté la représentation. Avec le XIXème siècle, instaurant un cadre de continuité administrative, juridique, de compétences légales et de responsabilités pénales, et subissant, par-dessus tout et de plein fouet, l'innovation et l'évolution techniques, l'initiative autant que l'application de mesures en matière de sécurité incendie parvenaient de tous bords. La réponse préventive fut ainsi parmi les premières adoptées -d'ailleurs bien avant cette ère mais qui, en fait, en consolidera de façon flagrante les bases- et fait que des règlements et des normes régissent aujourd'hui tout ce qui peut se rapporter, de près ou de loin, au feu, sous sa forme classique, ou à des propriétés qui le caractérisent ; ceci, quitte à entraver les libertés dans des domaines, tel celui de l'architecture3479. Toutefois, la réponse n'a pas simplement été celle de la constitution d'un cadre légal ou normatif instauré sous l'intervention des acteurs et des détenteurs des différentes formes de pouvoirs. Elle a été, parallèlement, celle de l'urbanisme contemporain, entre l'adaptation des armatures de construction, l'emploi de nouveaux matériaux, de récents modes d'édification, et du développement technique nous léguant, principalement dans le paysage de nos espaces publics, des instruments comme, par exemple, l'extincteur ou le sprinkler. Par l'attention portée, l'étude des risques à travers des lieux, telles les salles théâtrales, encore prédestinées, il y a peu, à être détruites par le feu et dont la ville de Lyon a détenu quelques exemples marquants sur la période allant de 1852 à 1913, notamment autour du Théâtre des Célestins, le progrès a aussi été celui de la sécurité des établissements recevant du public. Aujourd'hui signés par les initiales E.R.P, ils doivent à présent répondre, à la lumière des constats réalisés alors à l'époque, à de très sévères mais néanmoins légitimes prescriptions sécuritaires. Quoi qu'il en soit, l'ensemble de ces mutations, répondant aux concepts de prévision, de prévention et, sous un certain angle, de protection, n'ont représenté qu'une des deux notions fondamentales autour du danger d'incendie. La seconde se figurait, significativement, par les modes et les moyens de défense mis à la disposition du public lorsque les précédents concepts s'avéraient inefficaces ou, plus couramment, inadaptés à empêcher puis limiter les effets d'un début d'embrasement. Le développement des secours et des services de lutte contre l'incendie, seuls capables de répondre à l'urgence d'un départ de feu signalé, déterminait donc ce second aspect. Du même coup et compte tenu du rôle des hommes servant ces missions, du poids social de ce "nouveau" corps sur la seconde moitié du XIXème siècle et de l'intérêt qui lui a été progressivement porté, il s'est agi, indéniablement, du point le plus intéressant à développer après avoir situé les différents éléments liés au phénomène ou à l'histoire de l'institution. Car, les réponses préventives, normatives, ne se sont adaptées que graduellement à l'espace urbain alors que l'incendie a continué, lui, dans ses déclarations, à engendrer, fréquemment, de fortes conséquences économiques et sociales. Si bien que sous cette caractéristique, ponctuelle mais néanmoins aléatoire, celle de l'alerte au feu, le fait ne pouvait plus être que celui de l'unique intervention d'une structure organisée à cet effet. A l'image de la formulation du voeu et de l'incitation à lutter contre l'élément, l'observation a alors révélé comment le XIXème siècle -à compter de la circulaire MONTESQUIOU, arrêtée conformément à l'état du risque et répondant à une prise de conscience du rôle des autorités en matière de sécurité des biens et des populations- et la révolution industrielle ont "enfanté", à une échelle beaucoup plus large que les simples initiatives locales, l'exercice d'une fonction progressivement érigée en profession : celle de sapeur-pompier. C'est cette fonction que le décret de 1875 et les textes suivants ont finie par appréhender et par apprécier, sous l'importance et le poids pris dans la société par cette charge et la reconnaissance à lui manifester, d'un point de vue amplement plus caractéristique3480.

Le rapport à l'incendie et la liaison avec les moyens de secours, concernant la ville de Lyon, ont ainsi déterminé, sous une échelle qui demeure néanmoins exclusivement, il est vrai, locale, la part et l'enjeu qui tournaient autour de ces deux pôles. Comme d'autres cités bénéficiant d'un potentiel de développement sous l'influence des bouleversements entraînés par le XIXème siècle et son déroulement, la ville de Lyon et les autorités qui en ont eu l'administration ont fondé de légitimes craintes devant le risque incendie et ont alors établi de profondes réflexions sur les moyens à mettre à disposition des populations pour lutter contre un départ de feu prenant des proportions inquiétantes. Par la rédaction progressive de rapports circonstanciés, agglomérés en registres, revêtant, d'autre part, des caractères qui sont différents du simple compte-rendu d'une intervention, et par leur collecte, aboutissant à la tenue d'une statistique, le projet a été celui de la mesure du phénomène. Ce n'est que par de semblables intermédiaires qu'était notamment permise l'adaptation des moyens de défense. Aux cris "Au feu !", dont la diffusion impliquait généralement l'intervention des unités de secours, répondait donc l'évaluation du péril à l'échelle du terrain géographique, soit Lyon et ses incendies. Seulement, les sources, exposant explicitement l'état du risque, n'ont pu être utilisées, ici, qu'après avoir effectué de maints recoupements imposant un sens critique et qui ont, par exemple, permis de conclure à une sous-estimation des données, selon plusieurs faits, jusque, essentiellement, au milieu des années 1880. Quant à la question ouvertement posée sur l'état et la position du risque dans l'agglomération lyonnaise, sans parler de caractéristiques propres au phénomène tels que la nature, l'origine, la localisation ou le montant des pertes, les chiffres étaient, en fait, déjà révélateurs de l'évolution de la menace ; un "résultat" qui était, pour grande partie, issu des dispositions prises et, par-dessus tout, de l'organisation fonctionnelle du bataillon des sapeurs-pompiers de la ville ; ce, malgré que, concernant ce dernier corps, certaines imperfections aient demeuré et qu'il soit sous l'influence d'un mode structurel transitoire à partir du dernier tiers des années 1800. Car, si, sur la période concernée, soit entre 1852 et 1913, la cité a été affectée, comme beaucoup d'autres villes, par la survenue de grands feux, leur interprétation qualifiait effectivement un rapport à l'expression d'un mouvement transitionnel. Ce dernier prenait généralement la forme d'une déclaration que les moyens mis en oeuvre réussissaient, de plus en plus régulièrement, à limiter à un espace précis. Le rapport à l'incendie, selon les termes de l'étude, déterminait donc l'affirmation de cette évolution qui ne posait plus, à la fin du siècle, en dehors de manifestations d'envergure aléatoires, l'incendie sous la définition d'un fléau mais bel et bien comme un risque. Ainsi, a été marqué le passage entre la calamité et l'inscription reconnue, entre l'évocation de la fatalité ou du concours de circonstances et l'observation méthodique ou le recours à l'examen des probabilités. Si l'analyse peut finalement conclure en évoquant, à juste titre, un danger qui a perdu de son importance -non pas qu'il disparaisse mais en fonction de la menace qu'il avait représentée jusqu'alors-, restait toutefois à déterminer si ce fut par une maîtrise concrète de l'élément et, en conséquence, une réelle atténuation des effets ou parce qu'il n'était, ni plus ni moins, que noyé dans l'émergence de nouveaux maux, de nouveaux périls. La réponse reste ambiguë. En dehors du fait qu'elle trouve, d'un autre côté, de nombreux arguments explicatifs dans différents concepts, elle provenait, en fait, du rapprochement de ces deux dernières notions. Par l'établissement de règles et de mesures de prévention, par la formation des services d'incendie, la société devenait, dès lors, foncièrement capable de se protéger contre des dévastations étendues, de limiter les effets de la flamme en s'appuyant, par exemple, sur une reconnaissance de l'inscription du danger selon la trame et le tissu urbain. Néanmoins, dans le même temps, l'évolution de cette société marquait l'émergence de nouvelles menaces déterminant une immersion du péril incendie dans un groupe de risques aux contours beaucoup plus larges et à l'interprétation plus récente.

Le processus évolutif du danger d'incendie a donc établi la décroissance, par une réduction des effets, du phénomène et, en quelque sorte, une hypothèse au maintien des effectifs des corps de sapeurs-pompiers sur des rangs à forte ou complète prédominance de volontaires ; ceci, à l'image de ceux du bataillon de la ville de Lyon malgré l'importance de cette dernière cité, les risques qu'elle concentrait et le développement qui l'affectait. Seulement, le rapport à l'incendie et à la formation, la constitution des rangs d'un corps de sapeurs-pompiers et sa disposition en réponse à toute demande ou réquisition de secours étaient en fait beaucoup moins simplistes que cette logique fondée sur le mouvement du phénomène. La liaison s'imbriquait dans une perception qui imposait un examen relativement large des facteurs à prendre en compte, permettant alors d'appréhender l'ensemble des composants entrant en jeu. Elle impliquait surtout un travail d'analyse qui ne soit pas seulement celui de l'exercice d'une mission remplie par ceux qui ont été ici nommés des "serviteurs" mais également une étude historique, sociale, technique et administrative ou au travers de l'espace municipal ; une étude rendant ainsi compte de toutes les répercussions, quelles que soient leurs origines, sur l'institution. Car, en termes de sécurité incendie, dans la perspective de sauvegarde des biens et des personnes, de défense de la fortune et de la propriété publique ou privée contre une destruction par le feu, la réponse catégorique aux situations d'urgence, souvent critiques, ne pouvait découler, à cet instant, que de l'organisation fonctionnelle, en outre tributaire de plusieurs autres paramètres, de services d'incendie ; des services composés d'hommes impliqués socialement dans cette "oeuvre" et capables d'intervenir, à tout moment, sur le foyer d'un sinistre. A travers la création de ces corps, leur histoire et leur évolution, dernière notion aux propriétés caractéristiques sur la seconde moitié du XIXème siècle, s'est, de ce fait, lue la composante principale de l'analyse du risque incendie. A l'échelle de la structure, un bataillon, et du terrain géographique, une grande cité, résumés sous un titre, Sapeurs-pompiers, ville de Lyon, le témoignage a été celui de ces divers éléments et des bouleversements qui ont affecté l'organisation du service d'incendie composé dans cette agglomération. Les mutations ont véritablement été significatives et révélatrices des modifications introduites par le développement de la société lyonnaise, et plus généralement, française. Entre ces deux bornes limites qu'ont constitué l'année de création du bataillon, en 18523481, et l'année où a été objectivée sa recomposition définitive, soit à partir du moins de janvier 19133482, les transformations ont, effectivement, été totales. Ces mutations ont essentiellement marqué le passage d'une structure formée sur des rangs de volontaires à un service de professionnels, d'une mission de secours incendie à un élargissement des tâches, d'un matériel d'extinction à bras à un parc technique performant. Ce processus évolutif a surtout été le témoin de l'enchaînement de toute une série d'étapes qui, pour certaines, portaient la trace de faits ayant, en outre, signé l'histoire de la ville de Lyon. Si bien que l'analyse à travers le bataillon des sapeurs-pompiers de l'agglomération lyonnaise n'a pas déterminé uniquement une lecture qui soit celle du risque incendie sur le territoire de la cité mais également celle de la vie municipale, sociale, administrative, politique, technique, ou d'autres encore, de la ville par l'intermédiaire de ce corps. D'ailleurs, seul l'élargissement à l'ensemble de ces notions pouvait permettre d'assimiler, dans toute sa dimension, l'état du risque et, par-dessus tout, le rôle et le poids social pris par les soldats du feu ; ceci, pas exclusivement sous l'angle de la sécurité incendie mais aussi sous celui du mouvement associatif. L'expression a enfin été celle d'enjeux, celle de conflits d'intérêts et de priorités à donner, d'ailleurs exprimés dans certains rapports commandés3483, celle d'une gestion financière et régulière parfois difficile qui expliquera, dans une certaine mesure, le retard à l'imposition de transformations pourtant nécessaires au bon fonctionnement du bataillon et légitimement réclamées par la presse locale ou l'opinion publique.

Si le projet à la constitution d'un corps de sapeurs-pompiers a été celui du concours à la maîtrise du risque incendie, le service devait tout à l'engagement d'hommes dévoués et courageux. Cet engagement exprimait une dimension et une représentation qui n'étaient autres que celles du cadre humain. Derrière l'exercice d'une fonction et d'une mission couramment périlleuses se profilaient donc des hommes qui se sont enrôlés sans hésiter, sous le régime du volontariat, mettant leur vie en jeu avec, un temps, pour seules satisfaction et perspective le sentiment d'avoir humblement participé à la sécurité des biens appartenant à autrui ou à la collectivité. L'empreinte de l'organisation humaine des corps n'était autre que, fort logiquement, l'association à un héritage militaire essentiel à la discipline et, en conséquence, un fonctionnement sur un personnel d'encadrement et des hommes du rang. Seulement, devant les bouleversements introduits dans la société, les supports du recrutement ont subi de tangibles évolutions que l'analyse de la composition des rangs du bataillon de la ville de Lyon a permis de mettre en avant bien que le processus soit resté superficiel. Surtout, l'analyse menée selon certaines caractéristiques, comme celle concernant la nomination des officiers du corps, a permis de mettre en évidence plusieurs interactions et, avant tout chose, l'implication et l'influence de relations personnelles ainsi que la correspondance avec des situations sociales, politiques et municipales. Quant aux effectifs du bataillon, ceux-ci n'ont cessé d'évoluer entre la composition de l'unité, sous cette forme humaine, en 1852, et l'appui exclusif sur une division de sapeurs qui a formé ce qui a alors été nommé une section active, dès lors composée exclusivement d'un personnel professionnel. D'ailleurs, le rapport du personnel des services d'incendie à la population et à la superficie de l'agglomération lyonnaise a démontré une proportion inappropriée à ces deux éléments mais dont la justification trouvait une réponse dans l'évolution des dangers d'incendie et la limitation progressive des effets d'un départ de feu. Subissant, à l'origine, l'influence des anciennes formes de recrutement, notamment selon des catégories professionnelles clairement établies, la principale mutation est demeurée, au-delà cependant de l'élargissement des sphères propres à l'enrôlement jusqu'à ce que disparaisse le régime lyonnais volontaire, le passage d'un exercice "civil" à un service professionnel. Dans le même temps, les sapeurs-pompiers se sont érigés en modèle associatif pour finir par composer un élément essentiel de la société. Au-delà de la structure formée dans le but de mettre à la disposition des populations des hommes mobilisables, maîtrisant les procédés théoriques et techniques devant conduire à l'extinction des foyers d'incendie, l'expression a également été celle de l'association et de l'identification à la fonction. L'ouvrage de Hubert LUSSIER donne une perception des corps de sapeurs-pompiers selon un modèle portant parfois l'empreinte du folklore, vérifiable à l'échelle du territoire rural3484. Bien que certaines des notions mises en avant dans les parties précédentes soient identifiables à cette forme culturelle, par exemple, sous la correspondance à l'image pour les sapeurs-pompiers urbains, l'exécution du service, l'investissement des hommes restaient totalement différents. La source de représentation et d'identification à la fonction, qu'elle soit pour la population ou les sapeurs eux-mêmes, a été, en conséquence, perçue différemment. Si certaines formes imagées, parfois caricaturales, continuèrent d'accompagner la fonction, la population reconnaissait la valeur des hommes engagés sans qu'il ne soit sans cesse besoin de rappeler la ou les devises des soldats du feu, que ce soit celles de courage ou de dévouement, celles d'honneur ou de probité. Si le rapport a été fait au modèle associatif, dont le bataillon lyonnais portait, lui aussi, l'illustration, c'est que le rapprochement était également fait à la simple vie municipale, celle d'un groupe communautaire. Quant aux mouvements qui se développeront autour, ils établissaient, principalement, le trait des bouleversements de la société et, une nouvelle fois, de l'évolution du risque. Ainsi, jusqu'à ce que de nouvelles missions soient confiées aux hommes -sans compter que les structures ne pouvaient, sous le besoin de sécurité, être désorganisées-, la richesse et l'intérêt pour la fonction n'ont parfois "survécu" que par adéquation au mouvement associatif.

En usant de cette référence aux corps de sapeurs-pompiers comme mouvement associatif ou à l'organe de la vie municipale sous un caractère qui a pu, pour ce dernier point, prendre, par exemple, la forme de représentations et de manifestations publiques, le rapport ne se déterminait pourtant pas catégoriquement sur le réel et notable investissement qui était demandé, voire imposé aux hommes ; ou, tout au moins, il ne prenait pas ici la forme du strict exercice du service d'incendie et des contraintes qui l'ont régulièrement accompagné. Car, en s'engageant dans les rangs d'un corps urbain de sapeurs-pompiers à l'image de celui de la ville de Lyon et hors les unités militaires comme à Paris, la participation individuelle était importante entre la mobilisation correspondant aux demandes de secours, les temps de formation et l'astreinte des gardes à effectuer dans les locaux affectés au service ou dans les bâtiments à protéger ; et ce, bien que tous les personnels n'aient pas accompli leur "service" avec une même appréciation de la fonction. C'est le rapport à cet investissement qui a renvoyé l'étude à des notions et à des paramètres sociaux qui ne pouvaient pas exclusivement être interprétés comme des éléments propres à l'individu mais également, et avant tout, des facteurs liés à l'exercice de la mission confiée aux sapeurs-pompiers. A la vue de la modicité de la solde accordée aux hommes du bataillon lyonnais, sous une liaison à des revenus professionnels, pour remplir pourtant une tâche qui exposait leur vie sociale et individuelle à chaque intervention, l'engagement des personnes pouvait aisément être assimilé à celui de l'exercice d'un seul devoir moral et d'une conscience sociale envers la sécurité à offrir au groupe communautaire et à son organisation. La solde de sapeur n'a donc pas exprimé distinctement de reconnaissance pour des hommes qui acceptaient, cependant, de mettre en péril leur vie, qui engageaient des sacrifices familiaux ou sociaux pour sauver la richesse et la position d'autres personnes. Si la gratitude des populations a toutefois été latente, traduisant l'évolution vers un sentiment populaire, les autorités n'exprimèrent celle-ci, pour la première fois, qu'en 1851 et par l'intermédiaire de la loi sur les secours et pensions à accorder aux sapeurs-pompiers victimes de leur dévouement3485. Le mot était significativement choisi et précisait, à juste titre, sous une image qui était, ni plus ni moins, que celle, voilée, de leur rôle et, en conséquence, du témoignage qui devait leur être porté, de cet investissement des hommes. Néanmoins, la ville de Lyon a offert très tôt à ses sapeurs des pensions de secours et de retraite sur les finances municipales qui permettaient de soulager des situations ou des positions pouvant devenir socialement fragiles pour un sapeur blessé ou qu'un long service pouvait avoir affecté physiquement. Cependant, et à l'échelle de la nation, de trop nombreuses actions en ce sens demeuraient tributaires de paramètres municipaux que le décret de 1875 chercha à estomper mais qui continueront de subsister sous certaines formes. Si bien qu'au moment où sera rendue la loi de finances de 1898 et les principes d'assurance des personnels d'incendie qu'elle proposait3486, puis de la promulgation du décret de 1903 concernant les corps de sapeurs-pompiers3487, la société avait manifestement contracté envers les soldats du feu, notamment engagés sous le régime du volontariat, ce qui fut nommé comme une dette, celle de l'obligation morale3488. D'ailleurs la définition ne vaut qu'imparfaitement car il ne devait s'agir ni d'une obligation au sens de sa définition ni d'une récompense mais d'une juste appréciation de l'investissement, des sacrifices et des services rendus à la propriété et à la fortune publiques et privées, plus simplement à la vie, par les hommes engagés dans les rangs des corps de sapeurs-pompiers. Ces notions ont revêtu, en outre, de semblables caractères sous la professionnalisation de la fonction alors que la solde évoluait, du même coup, en salaire. Car, quelle que soit la forme du traitement, la correspondance établissait formellement une exigence de service, de discipline, de don de temps et de soi. Développer des prérogatives autour de l'engagement et de l'exercice du service de feu a ainsi autant eu pour dessein, si ce n'est plus encore, d'offrir des garanties et de protéger les hommes, "serviteurs", que de favoriser le recrutement.

De cet investissement à l'engagement dans les rangs d'un corps constitué à l'échelle d'une grande ville se déterminait bien le dévouement des personnels, imprimant l'image du "sacerdoce" accompli en remplissant une fonction respectable. En conséquence, l'astreinte du service n'a pas uniquement été celle de l'intervention sur des déclarations d'incendie mais, avant tout, dans la logique de prévention et de défense par la disposition rapide de moyens de secours, l'accomplissement, par exemple, de gardes. C'est ainsi que protéger, alerter, secourir ont fondé des pôles fondamentaux à l'exercice du service d'incendie perçu de façon très large et établi une participation expressive à la réduction des effets des départs de feu, à la maîtrise progressive du risque incendie. Sous l'exemple de la réalisation d'une surveillance, autant à dessein préventif que dans la disposition des secours, celle-ci s'est effectuée dans des locaux spécialement affectés au service d'incendie. Ceux-ci multipliaient en fait, sur le territoire de l'agglomération lyonnaise, les points auprès desquels les populations pouvaient trouver un personnel et un matériel prêts à partir à la moindre réquisition. Tisser la toile d'un réseau de distribution des secours adapté à la maille et au risque alors inscrit dans le tissu urbain "résidentiel" ou industriel a donc été tout aussi capital que la disposition de l'élément liquide -l'eau, agent extincteur par essence-, ou la transmission de la demande de secours et l'alerte au feu. L'ensemble de la structure, qui a formé l'armature lyonnaise de mise à disposition des hommes et des moyens de secours, a reposé, jusqu'à ce que se développe progressivement l'engagement d'un personnel professionnel à compter de la création de la section active et jusqu'à l'édification de la caserne RABELAIS puis, après guerre, le développement de casernes de compagnies, sur un réseau pyramidal. Celui-ci se constituait d'un Dépôt Général, de postes de veille et de petits dépôts de matériels, derniers groupes de locaux finalement réduits à partir du début du XXème siècle devant l'évolution du risque, l'extension du réseau d'adduction des eaux, le développement des moyens de communication, et remplacés, pour certains, par des bâtiments appelés postes-casernes. L'adaptation de cette distribution était celle, dans la mesure du possible, du terrain avant qu'elle ne subisse, à juste titre, l'adaptation aux mouvements qui ont affecté autant la société que le service de lutte contre les incendies. Ainsi, en réorganisant les effectifs du bataillon autour de professionnels casernés, la réponse, nécessaire, au danger et aux conséquences d'un départ de feu, devenait exclusivement celle d'un potentiel humain permanent et constamment entraîné ainsi que la disponibilité d'un parc technique matériel révisé et entretenu. A côté de cet axe dominant représenté par l'adaptation de la distribution des moyens de secours au tissu de l'agglomération, à la concentration du risque, voire des risques avec le développement de certains secteurs industriels, l'amélioration de la demande de secours et l'essor de l'accessibilité à cet élément indispensable que constitue l'eau ont déterminé deux autres notions fondamentales dans la gestion du danger d'incendie. Les progrès qui ont affecté ces deux éléments ont été significatifs en matière de sécurité face à la menace des flammes même si le rapprochement n'est pas fondamentalement à faire avec ce domaine mais, beaucoup plus généralement, avec l'évolution de la société, la croissance de l'innovation, le franchissement de barrières "technologiques" et l'essor technique. Sur la période étudiée, le mouvement sera exemplaire dans la rapidité de ces évolutions ; par exemple, de la mobilisation lente des soldats du feu à la voix et par les sons à la diffusion des informations par l'implantation d'un réseau télégraphique puis d'un réseau téléphonique spécialement affecté à l'exercice du service d'incendie au sein de la ville de Lyon. Devant l'importance de la mobilisation rapide des hommes, des moyens et l'enjeu du concours à la maîtrise du risque, de ses effets, le projet est allé, en outre, jusqu'à envisager le tissage d'une toile de postes-avertisseurs publics d'incendie. Le rapport à la mobilisation était tout aussi capital que celui à l'eau car, si la cité lyonnaise a été parmi les premières villes françaises à s'équiper de pompes à vapeur, agrès majeurs dans l'extinction des incendies, la liaison était nécessairement celle s'établissant sur un réseau d'adduction des eaux suffisamment développé et capable d'alimenter de tels engins. L'extension a ainsi été progressive mais révélatrice, par exemple, sous la constitution d'un réseau spécialement affecté au service, des exigences de disposition des moyens de défense et des fondements du mode municipal, et plus généralement du mode social et du mode urbain, de gestion du risque ; un dessein qui lègue aujourd'hui dans le paysage de nos sociétés urbaines et rurales un mobilier public d'incendie, tel celui des bouches d'eau.

Avec le développement des services d'incendie urbains et civils, l'exécution de la tâche n'a donc pas exclusivement été celle de l'intervention des sapeurs-pompiers sur le foyer des incendies. Elle a d'abord été celle d'un investissement social, personnel et permanent, qui explique que des droits ou des avantages aient été concédés aux hommes s'engageant dans le rang de ces corps et que certains analystes aient estimé que la société avait contracté une dette, morale, envers ces hommes3489. Selon le placement, la définition à l'exercice du service d'incendie tel qu'il a été exécuté par le bataillon des sapeurs-pompiers de l'agglomération lyonnaise, sur la période concernée, établissait une perspective hors ou préalablement à une intervention sur le foyer d'un départ de feu. De cette définition a émergé, en premier lieu, l'accomplissement d'un service de garde, de surveillance qui a fondé une protection et une disponibilité à la réquisition d'une équipe de sapeurs et des premiers moyens de secours avant un renfort. Hors strict exercice du service d'incendie, la maîtrise du risque, l'évolution des moyens, le développement des facteurs comme ceux de la mobilisation rapide des hommes ont, non seulement, permis de procéder, dans de nombreux cas, à une limitation des effets ou de la propagation des flammes, mais également à faire des sapeurs des hommes rompus à l'exercice de missions périlleuses, aux sauvetages des biens et des personnes et ainsi à porter assistance et secours aux victimes du feu. D'ailleurs, l'évolution du corps de sapeurs-pompiers de la ville de Lyon n'a pas uniquement porté le témoignage d'un personnel d'engagés volontaires à un effectif de professionnels et de la pompe à bras au véhicule d'incendie. Le processus évolutif a, en effet, par ailleurs, porté la relation d'un mouvement significatif qui a fait passer le service d'un régime exclusif de lutte contre l'incendie, bien que l'exécution de certaines opérations diverses soient admises, à celui d'un service de secours aux personnes victimes d'accidents sur la voie publique et, dès lors, associé à l'intervention et aux moyens de défense contre l'incendie ; en somme, les premiers pas, lyonnais mais aussi à l'échelle du territoire national, d'une extension des missions répondant aux voeux exprimés, par exemple, par la Fédération nationale "professionnelle"3490. La mise en place d'un service d'ambulance, bien qu'il n'ait eu, à l'origine, qu'un maigre rapport avec le bataillon des sapeurs-pompiers, à travers une simple conduite du véhicule, déterminera, cependant et concrètement, l'amorce à l'extension des missions aujourd'hui quotidiennement remplies par les "soldats du feu". Cette amorce n'a pas été la seule conséquence d'une diversification des missions selon un personnel rompu aux exercices de secours, d'abord d'incendie, mais également, selon les arguments avancés dans la démonstration de ce travail, par une mise en relation avec le contrôle progressif du danger d'incendie et l'investissement financier demandé aux communes, selon les textes législatifs de 1875 et 19033491 ; un financement devant, notamment, assurer la stabilité des structures formées et imposant, en conséquence et dans le même temps, une exigence de rentabilité. Si de telles adjonctions de tâches se sont produites, définissant ce qui a été posé comme un service hors strict exercice de celui d'incendie, un autre axe s'est déterminé préalablement à l'intervention des hommes sur un embrasement. Impliquant aussi un rapport à l'image et à l'identification, par la population par exemple, le port de l'uniforme est entré dans cette logique sous le symbole de la charge et l'immersion dans la fonction. Pourtant, c'est le temps de formation, celui de l'instruction théorique et pratique entre manoeuvres des agrès et simulacres d'attaque des incendies, qui a déterminé l'essentiel de cette seconde étape disposant un "passage de témoin" à l'analyse de l'exécution du service à travers le combat livré contre les flammes. A une demande de secours s'enchaînaient la mobilisation des hommes et l'acheminement des moyens sur les lieux d'une déclaration. Ce déplacement, notamment celui des matériels, a d'ailleurs posé de fréquents problèmes, nuisant parfois à l'efficacité des secours lyonnais jusqu'à l'apparition de la traction automobile supprimant celles à bras et hippomobile. Néanmoins, dans cet exercice du service de feu, le plus intéressant est resté celui correspondant à l'intervention, soit une fois les hommes rendus sur les lieux, où les sapeurs entamaient leur action par toute une série d'opérations connues des soldats du feu modernes puisque la plupart, adaptées mais datées de cette époque, se pratiquent encore comme telles. Surtout, l'étude, selon l'usage et l'évolution des moyens d'extinction, a montré comment le risque, dans le concours à la limitation des effets d'un incendie, s'est adapté aux évolutions des techniques de travail, absorbant également les progrès matériels et urbains. C'est sous l'analyse de l'accomplissement de ce service, à travers certaines évolutions, certains efforts d'équipement, en matériels ou en réseaux, qu'a pu percer un essai d'interprétation à la maîtrise du risque incendie à l'échelle de la cité lyonnaise sous la disponibilité d'un corps de sapeurs-pompiers, donnant des éléments à l'introduction de réformes, à l'origine partielles, dans l'organisation humaine du bataillon.

Remplir l'exercice du service de lutte contre les incendies n'a pas pu répondre à une unique appréciation de l'intervention des hommes sur le théâtre des incendies dont l'action restait vaine sans l'usage d'un matériel d'extinction de plus en plus performant. Le rapport a nécessairement et également été celui aux supports matériels et techniques mis à la disposition des rangs et servant le courage et le dévouement des soldats du feu dans leur lutte sans merci contre les effets dévastateurs des flammes. Différentes distinctions étaient à opérer au sein du parc technique, ne serait-ce que sous l'évolution des matériels d'extinction, qui conduiront, sur la période étudiée, les sapeurs de la ville de Lyon à voir fonctionner, dans l'attaque d'un foyer d'incendie, le balancier de pompes à bras, la chaudière d'une pompe à vapeur, de simples établissements de longueurs de tuyaux vissées sur bouches d'eau puis la pompe d'un véhicule automobile. La définition a donc été celle d'un parc d'extinction classique et moderne usant de supports matériels assimilant de profonds bouleversements quand il ne s'agissait pas de nouveaux moyens mis au point sous l'invention, l'innovation, et visant, spécialement, la sécurité des biens et des personnes en matière de préservation et de défense contre les incendies. Le support des pompes à incendie à bras et des moyens d'établissements en eau est en fait demeuré un héritage établissant un rapport aux premiers véritables procédés d'attaque des flammes et d'extinction des départs de feu autres que la pratique de la part du feu ; en conséquence, un parc ancien. Quant à l'usage d'un parc moderne, il a surtout déterminé l'introduction de nouveaux caractères, comme celui de la puissance, avec l'acquisition des premières pompes à vapeur par la cité de Lyon en 1867 et 18703492, et celui de la rapidité avec les autopompes dont la première fut mise en service dans les rangs du bataillon en 1909. Si les conditions des marchés qui ont été passés, par exemple, pour l'acquisition de longueurs de tuyaux, ont révélé certaines pratiques pouvant parfois mettre en défaut la conduite fonctionnelle de l'intervention des hommes, l'achat des pompes à vapeur a révélé la suprématie, dans les concours organisés au moment de ces projets, des pompes de fabrication anglaise dont 4 des 6 qui équipèrent le corps de Lyon avaient cette origine. Si des acquisitions d'agrès de cette classe et de fabrication française ont été faites par l'administration municipale, le souci a plus été celui de favoriser l'économie nationale, pour ne pas dire locale puisque les achats ont été réalisés auprès d'un constructeur implanté dans l'agglomération, que l'expression d'une reconnaissance de la supériorité, voire la simple concurrence, de ces engins. Devant l'exigence et le besoin de sécurité, affirmés face au risque d'incendie, le marché du matériel de défense et de lutte contre les déprédations engendrées par la flamme a ainsi représenté un secteur économique substantiel qui n'a cessé de se développer pour proposer des moyens de plus en plus performants ; d'ailleurs, pas seulement à destination des services de secours. Quant à l'évolution la plus significative, elle a bien sûr été celle de l'automobile, favorisant les déplacements en permettant d'acheminer rapidement hommes et moyens sur le théâtre des incendies. Au même titre que l'évocation sur les précédents marchés, celui de l'achat par la ville de ces premières autopompes a donc révélé, à juste titre, l'enjeu économique que représentera ce nouveau secteur industriel et, dans le cas présent, celui du matériel à traction mécanique à destination des corps de sapeurs-pompiers. Devant les perspectives commerciales, la proposition du constructeur lyonnais BERLIET, au moment du premier projet d'équipement de la ville de Lyon avec une autopompe, a ainsi pris, dans une certaine mesure, la forme d'une stratégie. Celle-ci visait de futurs marchés et une reconnaissance tout en se fondant sur l'argument légitime du concours à la modernisation du parc technique du bataillon. Ce parc d'agrès ne pouvait, d'autre part, pas se réduire aux seuls engins d'extinction. Les soldats du feu disposaient d'un matériel d'intervention beaucoup plus large, entre moyens de sauvetage, engins de renforts, outils d'exploration et petits matériels. Sous la dotation du service d'incendie de l'agglomération en moyens aériens, les projets ont été, à nouveau, rapportés à des machines de fabrication étrangère qui dans ce cas, établissaient une liaison avec des origines allemandes et ramenaient la discussion sur la priorité à donner au développement de l'économie française. Seulement, la disposition d'échelles aériennes de développement important était capitale et obligeait à des compromis qui ne devaient pas être faits sur la qualité des secours. Au même titre que l'appui sur des chars à incendie, sur des départs attelés, sur des systèmes d'exploration dans un environnement délétère, chaque engin, même s'il ne sortait pas sur tous les départs au feu ou n'était pas systématiquement mis en batterie, fondait la garantie, par l'intermédiaire des hommes qui le servaient et de la ville qui en avait fait l'acquisition, de la propriété publique ou privée. L'investissement en équipement matériel portait donc le reflet, sous une forme particulière, de la politique publique de gestion du risque dont le seul appui ne pouvait pas exclusivement être fait sur la dévotion, humaine, sociale et morale, d'une certaine classe d'hommes au profit de la fortune d'autres hommes.

L'ensemble constitué des éléments qui viennent d'être évoqués permet, à présent, d'aborder formellement la question posée du concours à la maîtrise du risque incendie pour laquelle il est néanmoins capital de donner une définition transparente au terme. En fait, celui-ci ne porte pas, dans sa signification, l'idée que les moyens soient devenus infaillibles. Surtout, le terme ne s'établit pas sur la définition d'une domination incontestée de la menace mais sur la sûreté des techniques mises au point, essentiellement dans la limitation des effets couramment engendrés, et ce, notamment par la création et la disposition de corps de sapeurs-pompiers. Sous l'offre de garantie(s), de dispositifs et de moyens développés pour assurer une protection maximale, soit dans une définition à la sûreté, ceci admettait dès lors le maintien d'une part d'imprévisibilité, même minime, face au phénomène et la prise en compte de facteurs nés de l'accident pouvant, par exemple, compromettre l'extinction rapide d'un départ de feu. L'étude, à travers l'évolution du service d'incendie et des moyens de secours à l'échelle de l'agglomération lyonnaise, a ainsi mis en évidence l'ensemble des efforts accomplis en ce sens et qui ont permis la maîtrise de l'élément, non pas sous ses déclarations mais bien en liaison avec ses conséquences. Aussi, la maîtrise du risque incendie a-t-elle été concentrée spécifiquement sur ses effets, permettant alors de conclure sur un passage de l'incendie dévastateur au sinistre limité sur un plan spatial, et ce, entre le début et la fin des années 18003493, essentiellement sous l'influence du développement socio-économique et de la révolution industrielle ; ce qui ne signifiait toutefois pas la disparition des phénomènes catastrophiques3494. Si le rapport à la situation et si l'état du risque ont évolué, l'enjeu de procéder à l'éradication de la menace incendie, à défaut son atténuation, est donc demeuré capital, déterminant un processus de gestion progressif permettant d'y parvenir et dont la base fondamentale s'appuyait sur la capacité à répondre à l'urgence d'une demande de secours -une réponse prenant la forme d'une politique publique de sécurité-. Car, bien que des mesures aient été prises pour prévenir les départs de feu, le danger à toute déclaration demeurait bel et bien celui de l'extension d'un incendie dont le coup d'arrêt ne pouvait alors plus être porté, parfois difficilement, que par l'intervention d'hommes rompus à l'exercice pratique du service d'incendie et à la manipulation d'agrès appropriés. Quant à l'emploi de nouveaux matériaux de construction ou l'usage de nouveaux modes d'édification, ils ne constituaient que des moyens, ceux de favoriser les temps de résistance des structures bâties, notamment dans le cadre d'une évacuation des populations3495, et de concentrer le feu dans un espace. Ce sont ces derniers éléments qui ont d'ailleurs concédé à nos sociétés modernes, tel que cela a été précisé, les bases de la réflexion qui a conduit à l'institution de nombreuses normes de sécurité, par exemple, dans les établissements recevant du public et dans les immeubles de grande hauteur3496.

L'étude, au-delà d'une interprétation et d'une contribution à l'histoire de la gestion des risques a, de plus, revêtu un intérêt fondé sur le monde urbain, celui d'une ville parmi les plus importantes du tissu citadin lorsque le rapport est porté au territoire national ; une cité qui, à la différence de Paris, a composé son service de secours et de lutte contre le feu sur un mode civil et volontaire avant de devenir professionnel. Pour l'essentiel, l'accession à la maîtrise des incendies a donc procédé, affirmativement, de la création des corps de sapeurs-pompiers qui font aujourd'hui, sous d'autres qualités et d'autres missions, partie intégrante du patrimoine social3497. Car, si la société est à présent correctement protégée face au risque incendie, le mouvement a, fort logiquement, beaucoup dû au travail des autorités administratives, du législateur, mais, avant tout, pour ne pas dire plus que tout, énormément à la formation de ces unités de secours et aux hommes qui s'y engagèrent. Malgré l'intervention des pouvoirs publics3498, la prévention mettra effectivement du temps à porter ses fruits. D'ailleurs, l'analyse du risque incendie à l'échelle de la surface de l'agglomération lyonnaise et "l'histoire" du corps de sapeurs-pompiers de la ville ne s'arrêtent, bien évidemment, pas à l'année 1913. Il s'agit néanmoins d'une date charnière. Celle-ci aurait d'ailleurs pu se reporter à l'après Grande Guerre puisque, en dehors des dernières mises à la retraite des personnels volontaires, de l'augmentation des effectifs professionnels ou de la suppression des postes-casernes, les nouvelles perspectives ne pourront, par exemple, dans l'établissement d'un nouveau règlement du corps3499, être travaillées ou appliquées, pour l'essentiel, qu'au sortir du conflit de 14-18. Seulement, les changements étaient déjà trop importants, entre le passage d'une structure humaine fondée sur un engagement volontaire et un recrutement par concours professionnel, entre un parc matériel et technique classique et des engins modernes, entre l'état du risque incendie et la diversification des missions pour franchir, ici, cette année 1913, marquant dès lors une phase de rupture dans l'organisation humaine, matérielle et fonctionnelle du bataillon ; un stade ouvrant la perspective à une autre analyse3500. L'épisode de la guerre franco-allemande de 1914-1918 mettra d'ailleurs à rude épreuve le service d'incendie de la cité lyonnaise dont l'exercice passera, dès août 1914, sous le contrôle du génie militaire de la Place de Lyon3501. Devant la réduction des effectifs suite à la mobilisation des hommes, des territoriaux seront même affectés dans les rangs3502. Quant à l'exigence de service, les sapeurs devaient, en sus, assurer la protection des nombreux établissements, usines de guerre et poudreries, implantés dans la cité ou à proximité et qui travaillaient pour la défense nationale ; si bien que l'armée financera, à cet effet, l'achat de plusieurs fourgons-pompes qui viendront renforcer le parc automobile du bataillon3503. Quoi qu'il en soit, les hommes, le matériel et l'organisation sortiront éprouvés de cette guerre qui, en développant des postes de secours dans des installations industrielles périphériques de la cité lyonnaise, conduira à l'établissement définitif d'un service d'abonnement pour les communes limitrophes ne disposant pas de telles unités d'intervention et désireuses de se protéger contre le risque incendie et ses effets3504. Beaucoup plus généralement, l'analyse des risques, soit au sens large, à l'échelle de l'agglomération lyonnaise et des moyens de secours mis à disposition, portera d'autres étapes structurelles ou d'autres références à des événements dramatiques, hors l'adaptation aux circonstances de la seconde Guerre Mondiale. D'ailleurs, certaines d'entre elles ont marqué durablement l'histoire de la cité et du corps de sapeurs-pompiers à l'image de la catastrophe du Quartier Saint-Jean, dans la nuit du 12 au 13 novembre 1930, qui, entre deux glissements de terrains successifs, causa la mort de plusieurs civils, de plusieurs agents de police ainsi que de 19 sapeurs, ou, beaucoup plus tard, celle de la raffinerie de Feyzin, au matin du 4 janvier 1966, représentant la première grande catastrophe industrielle française et qui fit plusieurs victimes dont 7 dans les rangs des soldats du feu lyonnais3505.

Dans une perspective nationale, la fonction et les missions remplies par les unités de secours formées par les corps de sapeurs-pompiers ne cesseront de prendre, c'est maintenant clairement démontré, de l'importance, avant tout autour de l'exercice et de la dispense de moyens de secours, de défense et de sauvegarde contre les destructions résultant de la déclaration d'un incendie, puis autour de missions beaucoup plus vastes. Si le projet des autorités, par l'entremise du décret de 1875, a été de donner une même organisation à tous les corps de France3506, la création de la Fédération établissait l'identification à la fonction, à l'utilité de l'institution et au poids progressif, mais de plus en plus manifeste, effectivement pris par les sapeurs-pompiers dans la société3507. En 1914, au moment où était organisée l'Exposition Internationale Urbaine de Lyon, en plus de la référence au bataillon composé dans la cité et assurant sa "sécurité", un volet de cette manifestation était ainsi consacré, sur l'ensemble, au(x) service(s) d'incendie. Elle proposait alors aux visiteurs d'évoluer parmi une exposition rétrospective, facteur expressif du vécu des hommes, mais aussi à travers une présentation technique, avec la présence de fournisseurs de matériels, ou éducative, par la participation d'organismes de prévention3508. Cette conscience de l'importance et du rôle des corps de sapeurs-pompiers autour de la sécurité et de la protection des biens et des personnes n'était pas nouvelle mais avait attendu pour s'exprimer officiellement que soient promulgués des textes de lois tel celui de la loi de finances, en 18983509. Le poids social de ces hommes s'affermira encore avec la création du Conseil Supérieur des sapeurs-pompiers, en 1907, auprès du Ministère de l'Intérieur3510. Cependant il importait également, et surtout, d'adapter les modes d'administration de ces institutions avec le développement de la société. Le décret d'avril 1914 sera alors celui qui portera la marque d'un pouvoir centralisateur fort3511, acte auquel s'enchaînera la Grande Guerre dont les sapeurs-pompiers sortiront diminués et à laquelle, en outre, leurs rangs paieront un lourd tribut. Seulement, de cette guerre, terrible, naîtront, pour un temps, des développements techniques qui permettront, par exemple, au matériel d'incendie d'évoluer significativement, notamment autour de la traction mécanique et du moteur automobile. Quant à l'organisation en elle-même des corps, c'est un nouveau décret, celui de 19253512, qui viendra en jeter les nouvelles bases, désarmant définitivement les hommes qui deviendront alors placés sous complète dépendance du Ministère de l'Intérieur. Puis, progressivement, ce sont les notions de protection et de sécurité civiles qui feront leur apparition. Sous la définition des secours et à compter de la 1ère Guerre Mondiale, l'évolution et la diversification des missions remplies par les "soldats du feu" ne cesseront, enfin, de se manifester, plus au moins rapidement selon les milieux et les années, pour conduire cette institution jusqu'à la perception moderne que nous en avons, celle de spécialistes des secours, quelles que soient leurs formes depuis le développement de la société et des loisirs ; celle de techniciens des risques ; celle aussi d'une fonction exprimant ses inquiétudes, qui n'ont finalement rien d'exclusivement moderne au regard de l'étude qui vient d'être présentée et du parallèle qu'elle peut engendrer ; ou celle des hommes, engagés volontaires ou professionnels, et des débats, eux aussi hérités de l'histoire des sociétés, qui animent, périodiquement, à cet égard, le monde social et politique.

Quant au strict rapport à l'incendie, le résultat d'une analyse plus contemporaine ne serait plus celui d'une destruction massive du tissu urbain, en dehors d'événements exceptionnels, mais de l'enchaînement des effets interprétés par la société moderne sous deux autres formes de conséquences souvent majeures, à savoir la pollution de l'air et la pollution des eaux. Aujourd'hui, la manifestation et l'image de l'incendie dévastateur demeurent essentiellement celles liées au milieu naturel dont la préoccupation n'est cependant pas récente3513. Toutefois, si les flammes ne détruisent plus un quartier entier, elles causent encore de fréquents ravages et sont parfois à l'origine de véritables tragédies humaines sans que l'entière responsabilité n'en revienne, d'ailleurs, au feu mais, indirectement, à ses effets ; par exemple, ceux sur les matériaux et les dégagements nocifs produits malgré les mesures réalisées et les normes à respecter, établies réglementairement. En outre, d'autres terribles embrasements, issus du XXème siècle et frappant, couramment, des établissements recevant du public, marqueront la société, l'histoire du risque incendie et sa gestion ou celle de l'organisation des sapeurs-pompiers communaux ou urbains, tel le sinistre déclaré, le 28 octobre 1938, au premier étage du magasin des Nouvelle Galeries de la ville de Marseille3514, et influençant, du même coup, les politiques publiques de sécurité. Dans l'interprétation, hypothétique ou analytique, de ce dernier événement, l'expression pourrait être celle renvoyant à un risque alors imaginé comme maîtrisé dans ses débordements mais sans la réserve de la définition précédemment abordée ; une appréciation née des bouleversements mis en avant tout au long de ces pages, imposant bien un maintien des structures de secours mais n'ayant pas encore produit, à cette date, une coordination efficace. Si bien que le bilan de cet incendie sera relativement lourd puisque, sans parler du bâtiment détruit, 75 victimes étaient recensées. Quant aux conséquences directes, elles allaient conduire, ni plus ni moins, à la militarisation des sapeurs-pompiers marseillais3515. Il ne s'agit, ici, que d'un exemple moderne mais qui nous rappelle que le feu a significativement marqué nos sociétés, qu'il demeure redouté, redoutable et à craindre, et qu'il continue, en conséquence, de se manifester de manière quotidienne sans heureusement engendrer, pour chaque déclaration, un enchaînement catastrophique. D'ailleurs, la question posée dans les colonnes du quotidien lyonnais Le Progrès, daté du 27 mai 1912, "Devons-nous rester voués aux flammes ?", établissant un retour et une interprétation sur les propos tenus par le capitaine JATOWSKI, alors commandant le bataillon des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon, résumait bien la situation ; celle, effectivement, dans un sens, de la maîtrise du risque, notamment à travers la disposition d'un corps de sapeurs-pompiers qui réclamait, cependant, un casernement définitif des hommes et une évolution de son parc technique3516, et d'un mouvement du caractère des incendies ; mais, surtout et avant tout, celle d'une maîtrise demeurant aléatoire puisqu'elle restait tributaire des propriétés de la flamme et de la part d'imprévisibilité entourant le phénomène dont la prévention ne fournissait, ou ne fournit, sous une certaine forme, qu'une barrière sécuritaire psychologique et, pas encore, ou pas toujours, fonctionnelle. L'interrogation exprimait donc ces craintes, légitimes et toujours d'actualité. D'un autre point de vue, si la mesure du risque, bien réel, lui donnait tant d'importance, il serait inapproprié de ne pas faire un renvoi sur la seule présence de cette menace urbaine, hors épidémies, conflits et phénomènes naturels -encore difficilement gérables, à cette époque, pour certains d'entre eux- alors que le risque industriel et technologique commençait à peine à se manifester. D'ailleurs, ces deux risques que représentent l'incendie et l'industrie se croiseront sur la seconde moitié du XIXème siècle entre la diminution de l'un, par l'application de modes de gestion appropriés, et la croissance de l'autre. Seulement, selon les mêmes principes d'observations que ceux réalisés dans la gestion du risque incendie, la gestion du risque industriel et technologique, sans parler de la gestion moderne des risques majeurs, bénéficiait, à présent, d'une grille de lecture ; celle de la menace incendie, permettant alors d'appréhender, plus généralement, les périls, et de mettre en place les réponses sécuritaires normatives, humaines ou matérielles, adaptées et issues de l'expérience de la conduite de la politique publique de sécurité incendie. Quant à la fréquence des déclarations de feu, si elle est restée toute relative à l'échelle d'un territoire sous un simple dénombrement, le processus a bel et bien été celui d'un mouvement lorsque le rapport est opéré avec les effets engendrés.

La gestion publique du risque, sous un positionnement au milieu urbain, est ainsi véritablement devenue flagrante sur la seconde moitié du XIXème siècle et ce, de façon affirmative, à travers l'organisation des corps de sapeurs-pompiers. Le territoire de l'agglomération lyonnaise et le bataillon de soldats du feu qui y officia, entre 1852 et 1913, en portent, dans tous les cas, la trace significative et, maintenant, démontrée.

Ces dernières pages ne sauraient se refermer sans que ne soient adressés des remerciements, sincères et mérités, à la personne qui, patiemment et consciencieusement, a bien voulu relire l'ensemble des volumes constitutifs à ce travail. Cette conclusion ne saurait, de plus, s'achever sans la référence à une manifestation, pour le moins symbolique -sans parler des événements tragiques ou des faits sociaux récents- qui pourrait, en outre, se percevoir, sous l'image, comme ironique, voire comme l'interprétation d'un signe conformément à la perception historique longtemps prêtée à l'élément ; ce, tout particulièrement dans le cadre de cette étude qui s'est intéressée au risque incendie à l'échelle de l'agglomération lyonnaise. En effet, certains des ouvrages, plusieurs des publications qui ont servi à la construction de ce travail, qui ont fourni un aliment souvent précieux à l'argumentation, ont disparu dans un incendie ; dans l'embrasement qui a ravagé la Bibliothèque Universitaire lyonnaise nommée "des Quais" dans la nuit du 11 au 12 juin 1999, détruisant de nombreuses collections.

Notes
3446.

DUBOIS-MAURY J. - La vulnérabilité de la ville à l'incendie, Annales de la recherche urbaine, 1988, n° 40, pp. 65-72.

3447.

FRIES F. / YERASIMOS S. - La ville en feu, Paris, Laboratoires Théorie des mutations urbaines, Cahiers
n°s 6-7, 1993, 172 p.

3448.

DUBY G. (sous la direction de) - Histoire de la France urbaine, Paris, Seuil, 1980-1985, 5 vol. (tome 3 :
La ville classique, de la Renaissance aux Révolutions, 1981, 655 p. ; pp. 460-464). La référence porte, notamment, sur l'incendie de la ville de Rennes, survenu en 1720, et les libérations d'espace alors provoquées ainsi que sur la reconstruction projetée ouvrant la voie aux réflexions sur l'urbain.

3449.

Idem 1.

3450.

Se reporter au tome IV, Sources et bibliographie.

3451.

CHALINE Cl. / DUBOIS-MAURY J. - La ville et ses dangers : prévention et gestion des risques naturels, sociaux et technologiques, Paris, Masson, 1994, VIII-247 p. ; pp. 7 et suiv. La première partie de cet ouvrage de référence porte ce titre évocateur : "Le feu, risque majeur dans l'histoire urbaine".

3452.

Ibidem 6.

3453.

L'agglomération lyonnaise, constituée des communes de Lyon, La Guillotière, La Croix-Rousse et Vaise, est officiellement créée par décret impérial du 24/03/1852 faisant suite à de précédents actes comme la loi du 19/06/1851 / AML, 1270 WP 001 – Sapeurs-pompiers : Organisation et fonctionnement du service, budget, comptabilité ; 1803-1929. Arrêté de constitution du bataillon des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon rendu en date du 01/09/1852.

3454.

AML, 1270 WP 001 – Sapeurs-pompiers : Organisation et fonctionnement du service, budget, comptabilité ; 1803-1929.

3455.

FABIANI J.L. / THEYS J. - La société vulnérable : évaluer et maîtriser les risques, Paris, Presses de l'Ecole Normale Supérieure, 1987, VI-674 p. Cet ouvrage, formé de plusieurs articles, aborde, de façon globale, la définition du terme et ses enjeux.

3456.

CHALINE Cl. / DUBOIS-MAURY J. - La ville et ses dangers : prévention et gestion des risques naturels, sociaux et technologiques, Paris, Masson, 1994, VIII-247 p. ; pp. 34 et suiv.

3457.

A l'échelle des temps historiques, il est parfois difficile de porter une juste évaluation des conséquences.

3458.

DUBOIS-MAURY J. - La vulnérabilité de la ville à l'incendie, Annales de la recherche urbaine, 1988, n° 40, pp. 65-72.

3459.

Comme les mesures de prévention, les règles d'urbanisme ou les corps de vigiles établis sous l'initiative des édiles romains.

3460.

VILLE DE LYON. - Les dossiers du Grand Lyon - Efficacité et disponibilité : les sapeurs-pompiers, Lyon, Communauté Urbaine de Lyon, 1992, dossier n° 11, 16 p.

3461.

Rappelant, à juste titre, la mission originelle de constitution des corps de sapeurs-pompiers.

3462.

Idem 15. De nombreux autres paramètres, comme celui de la modification des limites administratives de couverture des risques ou le chiffre de la population considérée sur un territoire d'intervention, entrent également en jeu et faussent l'appréciation sous un strict usage des chiffres.

3463.

FRIES F. / YERASIMOS S. - La ville en feu, Paris, Laboratoires Théorie des mutations urbaines, Cahiers
n°s 6-7, 1993, 172 p.

3464.

CHALINE Cl. / DUBOIS-MAURY J. - La ville et ses dangers : prévention et gestion des risques naturels, sociaux et technologiques, Paris, Masson, 1994, VIII-247 p.

3465.

L'argument de la densité continue de représenter un centre de préoccupation dans la réflexion menée sur la sécurité incendie, notamment en fonction du danger de l'enchaînement des conséquences.

3466.

ALLEMANDOU P. / FUSILIER R. - Traité sur l'organisation des corps et le statut des sapeurs-pompiers communaux, Paris, SERPIC/France-Sélection, 1968, XL-475 p. ; pp. 15 et suiv. Cette loi fut prise sous l'Assemblée Constituante et précisait, sous son titre XI, dans l'article 3, à hauteur de l'alinéa 5, qu'était confié à la vigilance des autorités municipales "(...) le soin de prévenir par des précautions convenables et celui de faire cesser par la distribution des secours nécessaires, les accidents et fléaux calamiteux tels que les incendies, (...)".

3467.

Un point de la première partie du chapitre I a mis en lumière ces éléments. L'appui sur les connaissances des propriétés physiques et mécaniques de la flamme est devenu un élément essentiel à la compréhension du risque et livre, aujourd'hui, maintes précisions à l'analyse des statistiques suivant les classes de feu.

3468.

Idem 22. Le pouvoir des flammes était aussi celui d'un pouvoir psychologique issu des représentations qui étaient attachées à l'élément.

3469.

L'incendie qui ravagea un immeuble lyonnais de 5 étages, dans le courant du mois de janvier 1898, était relaté, dans les colonnes de la presse quotidienne locale et régionale, comme un véritable roman, situant de nombreux rebondissements.

3470.

NIERES Cl. - La reconstruction d'une ville au XVIII ème siècle : Rennes, 1720-1760, Paris, Cl. Klincksieck, 1972, 413 p. / CHALINE Cl. / DUBOIS-MAURY J. - La ville et ses dangers : prévention et gestion des risques naturels, sociaux et technologiques, Paris, Masson, 1994, VIII-247 p. ; pp. 11 et suiv.

3471.

Un point de la première partie du chapitre I, sous le titre "De l'influence et de la persistance des représentations humaines et sociales du feu aux devoirs et obligations des autorités en matière d'incendie", aborde ainsi, à travers des éléments de situation, la perspective historique de gestion du risque incendie. Car, historiquement, l'incendie représente le premier risque urbain contre lequel la société a cherché à se prémunir.

3472.

DUBOIS-MAURY J. - La vulnérabilité de la ville à l'incendie, Annales de la recherche urbaine, 1988, n° 40, pp. 65-72.

3473.

CHALINE Cl. / DUBOIS-MAURY J. - La ville et ses dangers : prévention et gestion des risques naturels, sociaux et technologiques, Paris, Masson, 1994, VIII-247 p. ; pp. 34 et suiv. Les documents légués au patrimoine historique, y compris ceux signés du baron HAUSSMANN, ne portent néanmoins pas de référence directe au phénomène.

3474.

Comme cela a été plusieurs fois présenté dans les chapitres précédents, la référence au rang occupé par la ville de Lyon, dans le maillage des villes françaises et de la nation politique, et, par cet intermédiaire, l'image associée, ont fréquemment constitué une préoccupation pour les autorités municipales ou l'opinion.

3475.

Idem 27. Sans parler du déplacement des secours dès lors facilité.

3476.

Idem 27 / Ibidem 28.

3477.

DUBOIS-MAURY J. - La vulnérabilité de la ville à l'incendie, Annales de la recherche urbaine, 1988, n° 40, pp. 65-72.

3478.

DELUMEAU J. / LEQUIN Y. (sous la direction de) - Les malheurs du temps - Histoire des fléaux et des calamités en France, Paris, Larousse, 1987, 520 p. Selon le point de vue de certaines analyses, à l'image de cette publication, des nuances sont toutefois à admettre, légitimement, sous l'appréciation du nombre mais pas encore catégoriquement rapport aux conséquences.

3479.

FRIES F. / YERASIMOS S. - La ville en feu, Paris, Laboratoires Théorie des mutations urbaines, Cahiers
n°s 6-7, 1993, 172 p. ; pp. 1-3.

3480.

LUSSIER H. - Les sapeurs-pompiers au XIX ème siècle - Associations volontaires en milieu populaire, Paris, L'Harmattan, 1987, 174 p. Dans son ouvrage, l'auteur évoque, à travers l'exercice de cette fonction, l'une des grandes formes de sociabilité populaire de la fin du XIXème siècle.

3481.

AML, 1270 WP 001 – Sapeurs-pompiers : Organisation et fonctionnement du service, budget, comptabilité ; 1803-1929. Arrêté de constitution du bataillon des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon rendu en date du 01/09/1852.

3482.

Idem 36. Délibération en conseil municipal du 05/08/1912 approuvée par arrêté préfectoral du 04/10/1912. C'est au moment du rendu de cet acte que fut définitivement posé le calendrier des dernières étapes prévues pour 1913 et devant conduire à l'achèvement de la nouvelle organisation projetée.

3483.

THIERS Ed. - La réorganisation des sapeurs-pompiers de la ville de Lyon, Lyon, Association Typographique, 1881, 118 p. / VILLE DE LYON. - Sapeurs-pompiers - Commission d'études pour la réorganisation du bataillon des sapeurs-pompiers, Lyon, Association Typographique, 1885, 29 p.

3484.

LUSSIER H. - Les sapeurs-pompiers au XIX ème siècle - Associations volontaires en milieu populaire, Paris, L'Harmattan, 1987, 174 p.

3485.

Bulletin des lois – 1851 ; Bull. n° 375, tome VII, pp. 447-449. Loi du 05/04/1851 sur les secours et pensions à accorder aux sapeurs-pompiers municipaux ou aux gardes nationaux victimes de leur dévouement dans les incendies, à leurs veuves et à leurs enfants.

3486.

Bulletin Officiel du Ministère de l'Intérieur – 1899 ; pp. 213-221. Décret du 12/07/1899 portant règlement d'administration publique pour l'exécution de l'article 59 de la loi de finances du 13/04/1898, déterminant le mode d'emploi du crédit ouvert au budget du Ministère de l'Intérieur sous le titre : "Subventions aux communes pour les sapeurs-pompiers et pour le matériel d'incendie".

3487.

Bulletin Officiel du Ministère de l'Intérieur – 1903 ; pp. 363-386. Décret du 10/11/1903 qui portait règlement d'administration publique sur l'organisation des corps de sapeurs-pompiers (7 chapitres et 73 articles), suivi du rapport au Président de la République.

3488.

RIVIERE M. - Pandectes françaises – Nouveau répertoire de doctrine, de législation et de jurisprudence, Paris, Chevalier-Maresq/Plon-Nourrit, 1886-1905, 59 vol. ; volume n° 51, pp. 219-238.

3489.

RIVIERE M. - Pandectes françaises – Nouveau répertoire de doctrine, de législation et de jurisprudence, Paris, Chevalier-Maresq/Plon-Nourrit, 1886-1905, 59 vol. ; volume n° 51, pp. 219-238.

3490.

Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers Français. - Congrès international des sapeurs-pompiers (12/08/1900) - Compte-rendu, Versailles, Imp. Pavillet, 1900, 80 p. ; pp. 45 et suiv. Réflexions portées sur la question de la création, dans toutes les villes importantes, d'un service de sauvetage et d'ambulance.

3491.

Bulletin Officiel du Ministère de l'Intérieur – 1876 ; pp. 193-200. Décret du 29/12/1875 relatif à l'organisation et au service des corps de sapeurs-pompiers (7 chapitres et 35 articles). Article 6 sur l'engagement financier des communes / Bulletin Officiel du Ministère de l'Intérieur – 1903 ; pp. 363-386. Décret du 10/11/1903 qui portait règlement d'administration publique sur l'organisation des corps de sapeurs-pompiers (7 chapitres et 73 articles), suivi du rapport au Président de la République. Article 3 sur l'engagement financier des communes.

3492.

AML, 1270 WP 019 – Sapeurs-pompiers : Demandes, acquisitions et essais de matériels : - Pompes, voitures et échelles ; 1859-1897 ; - Pompes automobiles ; 1893-1910.

3493.

DUBOIS-MAURY J. - La vulnérabilité de la ville à l'incendie, Annales de la recherche urbaine, 1988, n° 40, pp. 65-72.

3494.

La destruction de certaines villes américaines, à l'image de Chicago, en 1871, en est un exemple révélateur malgré des caractéristiques à l'origine propices au développement d'un phénomène d'envergure.

3495.

Les bâtiments américains développeront, progressivement, un réseau d'évacuation propre à chacun fondé, essentiellement, sur la disposition extérieure d'escalier(s) de secours.

3496.

En termes techniques et contemporains, ces lieux sont respectivement signés E.R.P. -la référence a déjà été portée antérieurement sur ces bâtiments- et I.G.H.

3497.

LUSSIER H. - Les sapeurs-pompiers au XIX ème siècle - Associations volontaires en milieu populaire, Paris, L'Harmattan, 1987, 174 p.

3498.

CHALINE Cl. / DUBOIS-MAURY J. - La ville et ses dangers : prévention et gestion des risques naturels, sociaux et technologiques, Paris, Masson, 1994, VIII-247 p. ; pp. 34 et suiv.

3499.

AML, 1270 WP 001 – Sapeurs-pompiers : Organisation et fonctionnement du service, budget, comptabilité ; 1803-1929. Il faudra en effet attendre 1919 pour que le conseil municipal approuve un nouveau règlement en remplacement de celui de 1896 et qui ne sera autorisé par le Ministère de l'Intérieur que le 08/05/1920.

3500.

COTTIER C. - Les sapeurs-pompiers professionnels de Lyon (1913-1945), Mémoire au Diplôme d'Etudes Approfonfies (DEA) d'histoire, Université Lumière Lyon2, Lyon, 1995, 160 p.

3501.

Idem 54. Décision prise au moment de la déclaration de guerre.

3502.

AML, 1270 WP 003 – Sapeurs-pompiers : Effectifs : - Guerres de 1870, 1914, 1939 : Conséquences sur les effectifs ; 1871 ; 1915-1919 ; 1940.

3503.

PERIER J. - Les véhicules d'incendie à Lyon, Lyon, Editions du XX Mars, 1990, 142 p. ; pp. 1 et suiv.

3504.

AML, 1270 WP 023 – Sapeurs-pompiers : Interventions et incendies : - Secours hors des limites de la commune ; 1887-1940.

3505.

COMMUNAUTÉ URBAINE DE LYON. - Service d'incendie et de secours, sapeurs-pompiers de la communauté urbaine de Lyon (CO.UR.LY), Lyon, SEDIP/F. GALULA, 1986, 112 p.

3506.

Bulletin Officiel du Ministère de l'Intérieur – 1876 ; pp. 193-200. Décret du 29/12/1875 relatif à l'organisation et au service des corps de sapeurs-pompiers (7 chapitres et 35 articles).

3507.

Les statuts de la fédération ont été approuvés le 24/03/1882.

3508.

AML, 782 WP 007 : Exposition Internationale Urbaine de Lyon (1914) : Organisation générale : Sécurité, service d'incendie : Visite de la commission d'incendie et de sécurité ; 1914 / AML, 1270 WP 001 – Sapeurs-pompiers : Organisation et fonctionnement du service, budget, comptabilité ; 1803-1929. Figuraient, par exemple, au programme de cette manifestation, une exposition rétrospective des uniformes et des matériels propres à l'exercice du service des sapeurs-pompiers, une présentation photographique d'interventions et d'exécution de missions, la présence de fournisseurs comme le constructeur d'autopompes DELAHAYE et d'organismes comme le Comité de Prévention du Feu, des "stands" techniques sur le fonctionnement des extincteurs, des avertisseurs électriques d'incendie ou sur les propriétés des matériaux ignifugés.

3509.

Bulletin Officiel du Ministère de l'Intérieur – 1899 ; pp. 213-221. Décret du 12/07/1899 portant règlement d'administration publique pour l'exécution de l'article 59 de la loi de finances du 13/04/1898, déterminant le mode d'emploi du crédit ouvert au budget du Ministère de l'Intérieur sous le titre : "Subventions aux communes pour les sapeurs-pompiers et pour le matériel d'incendie".

3510.

Recueil des actes administratifs du département du Rhône – 1907 ; pp. 321-324. Rapport du 14/03/1907 du Président du Conseil, Ministre de l'Intérieur, à Mr le Président de la République sur l'organisation d'un conseil supérieur de sapeurs-pompiers suivi du décret d'institution.

3511.

Bulletin Officiel du Ministère de l'Intérieur – 1914 ; pp. 201-206. Décret du 18/04/1914 modifiant le décret du 10/11/1903 portant règlement d'administration publique sur l'organisation des corps de sapeurs-pompiers communaux.

3512.

ALLEMANDOU P. / FUSILIER R. - Traité sur l'organisation des corps et le statut des sapeurs-pompiers communaux, Paris, SERPIC/France-Sélection, 1968, XL-475 p. Décret du 13/08/1925.

3513.

Bulletin des lois – 1902 ; Bull. n° 2446, tome LXVI, pp. 13-18. Exemple de la loi du 13/12/1902 déterminant les mesures de sécurité à prendre afin d'éviter les incendies de forêts.

3514.

GRAPIN P. - Les incendies, Paris, Presses Universitaires de France, 1979, 128 p. ; pp. 32 et suiv.

3515.

Sans compter qu'était réitérée l'exigence de services de sécurité "privés" dans les lieux commerciaux ou publics.

3516.

AML, 1270 WP 001 – Sapeurs-pompiers : Organisation et fonctionnement du service, budget, comptabilité ; 1803-1929. Rapport du capitaine JATOWSKI dressé le 13/04/1912.