11. Les tendances lourdes de l’évolution du système de déplacements

Des tendances lourdes caractérisent l’évolution du système des déplacements urbains : une croissance de la mobilité qui se porte essentiellement sur l’automobile, le déclin des transports collectifs, l’allongement des distances parcourues, l’éclatement géographique de la distribution des déplacements et le développement de la mobilité non contrainte (augmentation des déplacements pour les affaires personnelles). Le fait qui retiendra le plus notre attention est l’accroissement du rayon quotidien d’action de la mobilité quotidienne. La longueur moyenne des déplacements en automobile dans les grandes villes s’est élevée, passant de 5 à 7 km environ en 10 ans.

L’évolution du système de déplacements est fortement liée aux changements des modes de vie et aux transformations des formes urbaines. En effet, ces dernières décennies sont fortement marquées par le mouvement de périurbanisation : les villes se développent sur des périphéries de plus en plus lointaines. Cette expansion urbaine de l’habitat et des activités pose en des termes nouveaux les relations entre les diverses fonctions constitutives du système urbain dans la mesure où elle s’accompagne d’une reconfiguration des localisations de ces diverses fonctions. Cela entraîne une modification de la géographie des déplacements qui leur sont liés. L’extension du tissu urbain est à l’origine du rayon accru des déplacements, plus particulièrement des migrations alternantes.

Mais réciproquement, ce mouvement d’étalement urbain a été en partie entretenu par l’accroissement des facilités de transport à destination des zones périphériques (diffusion de l’automobile, développement des projets d’investissements routiers, etc.). Cette configuration urbaine s’appuie sur l’usage de la voiture particulière pour deux raisons essentielles : d’une part, la voiture particulière est le mode de transport le mieux adapté à ces espaces dont l’urbanisation est diffuse et peu dense, et d’autre part, les transports collectifs sont peu présents ou de qualité médiocre, ceux-ci n’étant efficaces que lorsqu’il est possible de rassembler les usagers jusqu’à une destination commune. L’abaissement des densités urbaines exige et encourage donc la possession et l’utilisation de la voiture particulière et renforce la tendance générale à une augmentation de la part des déplacements en automobile au détriment des autres modes de déplacements.

Ces effets conjoints, et en particulier l’allongement des distances parcourues, conduisent à la nécessité de considérer le système de déplacements dans son inscription spatiale, et de prendre en compte les influences réciproques de l’urbanisation et des déplacements.