11. Définition du processus de la planification

Les transports, s’ils ne doivent pas être considérés comme une fin en soi, ne présentent pas moins un caractère stratégique dans le développement d’une agglomération. Les choix en matière de transport auront donc des conséquences importantes sur de nombreux aspects économiques et sociaux de la vie quotidienne. Les responsables des transports urbains, confrontés à un ensemble d’alternatives devront tenir compte des autres éléments qui composent le développement d’une agglomération. Le nombre et la nature des alternatives qu’ils s’efforceront de considérer pourront varier fortement selon les spécificités de la ville et les différents horizons d’étude retenus. La planification doit alors permettre d’établir une hiérarchie entre les variantes proposées en éliminant celles dont la viabilité peut être remise en cause. La complexité des enjeux techniques et financiers et les arbitrages entre les intérêts contradictoires expliquent le besoin de recourir à des études. Celles-ci doivent permettre de mesurer les implications attendues du projet sur le réseau existant, mais également sur l’ensemble du tissu urbain. L’étude ne peut être définie qu’en fonction de l’objectif de la planification. Les mesures de planification, qui donnent un cadre global à l’orientation du développement du système de transport, doivent être guidées par un ou des objectifs à atteindre. Il peut s’agir de la volonté de rendre le trafic plus fluide, d’augmenter la vitesse de circulation, ou bien de réduire la circulation routière et ses effets externes ; ou d’un objectif plus global consistant à réguler l’ensemble du système des transports en harmonie avec l’urbanisation. Les études de planification se définissent également par le terme de l’étude. Le choix de l’horizon d’étude joue un rôle essentiel. Merlin (1984) rappelle à ce propos que de nombreux projets s’inscrivent dans le long terme à la fois parce que la mise en service des infrastructures à l’horizon d’étude ne pourra être effective que quelques années plus tard, mais également parce que certaines infrastructures devront être utilisées pendant plusieurs décennies, voire plusieurs siècles. Néanmoins, trois horizons d’étude sont en général distingués : le court terme qui s’adresse aux études n’excédant pas cinq ans ; le moyen terme pour les études dont la durée est comprise entre 5 et 10 ans ; le long terme qui s’applique à des études dont la durée peut être supérieure à 10 ans. Les études à court terme considèrent souvent une infrastructure comme donnée et se focalisent davantage sur les mesures d’exploitation ou la connaissance fine des déplacements ou des usagers. Les études à moyen terme ont également pour objectif des analyses assez fines comme la valorisation par l’urbanisation des décisions de transport le long d’axes d’urbanisation particulièrement importants. Les études à long terme souffrent en revanche de l’éloignement entre la situation de référence et l’horizon d’étude. Elles reposent de ce fait sur des hypothèses de travail fragiles. Les incertitudes liées aux résultats qu’elles fournissent sont accrues en raison de difficultés plus grandes à maîtriser les évolutions de l’urbanisme, des activités ou des comportements de déplacements. L’intérêt des études à long terme, malgré la précarité de certaines hypothèses sur lesquelles elles reposent, ne doivent pas être négligées. Ce sont elles qui permettent de s’assurer qu’il existe une cohérence entre le système de transport retenu et le développement urbain envisagé (Le Nir, 1991).

L’échelle de l’étude est également importante. En effet, le périmètre concerné peut très bien recouvrir une micro-zone, au niveau du quartier, qu’une aire métropolitaine dans son ensemble. Selon l’échelle retenue, il sera plus ou moins facile de mener une étude désagrégée, de fournir des résultats à un niveau fin de détail.

Les études peuvent faire appel à différents moyens. Néanmoins, la modélisation est l’instrument privilégié de la planification des transports. Les modèles constituent en effet des instruments particulièrement adaptés aux problèmes rencontrés en économie des transports où leurs applications sont nombreuses et variées.