123. Les années quatre-vingts : la nécessité d’une approche stratégique

L’accent a été mis dans les années 50-60 sur les investissements à long terme et les modèles ont été orientés dans ce sens. Il est apparu progressivement que les modèles de prévision à long terme présentaient de graves insuffisances, et qu’ils s’avéraient incapables d’établir à long terme une prévision valable des structures de comportements. De ce fait, les responsables ont pris conscience qu’il était dangereux d’arrêter définitivement et une fois pour toute des plans et des investissements à long terme. Dans les années soixante-dix, on a privilégié une programmation flexible des investissements et une remise en cause de la pertinence de la prévision à long terme. Cependant, une telle méfiance à l’égard de la prévision à long terme a, par réaction, conduit l’économétrie à un mouvement qui privilégie le court terme, se concentrant par exemple sur les phénomènes de congestion, de nuisances, etc. En conséquence, l’analyse a eu de plus en plus tendance à prendre pour point de départ la demande telle qu’elle s’exprime sur le marché et à utiliser des simulations économétriques simples et à très court terme. Les simulations de ce type sont certes très intéressantes par leurs résultats, mais ne sauraient faire oublier qu’il est dangereux d’utiliser des modèles à très court terme, si l’on ne possède aucune information sur le long terme. Il est indéniable que dans un processus continu et adaptatif de planification, les décisions périodiques, même présentant un caractère à court terme, ont nécessairement des impacts à long terme et sont influencées par le long terme. Il est alors apparu indispensable, notamment en fonction de la prise de conscience croissante des effets externes générés, que toute approche se devait d’avoir au moins une perspective à long terme.