321. La pertinence des modèles désagrégés

Raux souligne que l’exigence de pertinence semble être le parent pauvre par construction du modèle quantitatif en matière de transports urbains. Le modèle vérifiera généralement la condition de cohérence interne (celle du discours mathématique) et se limitera par sa nature quantifiée à certains domaines mesurables. Cette limitation et cette formalisation mathématique nécessitent un certain nombre d’hypothèses simplificatrices : cette simplification ou réduction est inhérente à tout modèle, dont les hypothèses risquent d’être en infraction avec la réalité. Ainsi, s’interroger sur la pertinence des modèles désagrégés revient à remettre en cause certaines hypothèses sur lesquelles ils sont fondés.

Les modèles logit reposent sur une hypothèse d’indépendance des alternatives non associées (IIA), qui a été exposée dans la section précédente. La préférence d’un décideur entre deux alternatives ne dépend que de la différence des utilités mesurées entre ces deux alternatives. D’après cette hypothèse, l’introduction d’une nouvelle alternative dans un jeu d’alternatives donné modifiera les parts absolues de marché, mais laissera inchangées les parts relatives des alternatives considérées deux à deux. Il s’avère que cette propriété est loin d’être respectée dans la réalité. L’introduction d’une ligne de métro, par exemple, aura tendance à enlever une part de marché plus importante aux autres modes collectifs plutôt qu’à la voiture particulière.

Enfin, la maximisation de l’utilité par un individu ne permet pas de prendre en considération les contraintes inter-relationnelles auxquelles il peut être soumis, en particulier au sein de son ménage.