42. La prise en compte des échelles temporelles de long terme : la modélisation stratégique et les modèles interactifs de transport et d’urbanisation

L’évolution des systèmes de déplacements urbains depuis les années soixante-dix, comme nous l’avons vu précédemment, caractérisée essentiellement par la montée de la circulation automobile, l’allongement des distances parcourues, et des transports collectifs de plus en plus déficitaires, suscite l’inquiétude et pose le problème du « développement durable » ou du moins maîtrisé des villes. Cette prise de conscience des dangers de la poursuite des tendances passées et le constat d’échec des politiques menées jusqu’à présent ont conduit les responsables de la planification à envisager d’autres types de politiques. La définition de stratégies cohérentes pour gérer les déplacements sur la base d’une approche systémique et globalisante de l’espace urbain dans une perspective de long terme, s’est peu à peu imposée.

Dans une perspective de long terme, les modifications de l’offre de transport entraînent des transformations multiples ; elles ne portent pas sur les choix d’itinéraires ou de modes, ni sur les heures de départ et le chaînage des déplacements ; elles concernent le choix de la destination du déplacement, le nombre de déplacements et des choix plus fondamentaux tels que la décision d’achat d’un véhicule, ou encore les localisations d’emplois et d’activités ou de logements. Les conséquences à moyen et long terme des modifications des conditions de transport sont d’une part les révisions de certains choix d’activités (comme les lieux d’achat, voire d’emploi), d’autre part elles s’expriment à travers le trafic induit. Ce trafic induit est la partie la plus mal modélisée de toute la chaîne de déplacement (Quinet, 1998). Cela plaide en faveur de modèles introduisant des mécanismes de rétroactions entre les étapes de choix de déplacements, que sont les modèles stratégiques, et incite au développement des modèles intégrant explicitement les effets de localisation et relocalisation, c’est-à-dire intégrant l’interaction entre le transport et l’utilisation des sols.