Section 1. La notion d’interaction spatiale et les modèles gravitaires

11. Le concept d’interaction spatiale

En analyse spatiale, l’interaction est un concept fondamental, qui exprime le lien, l’échange, la dépendance et parfois même la causalité. De l’interaction naît l’échange, se forme la substance même de l’économie régionale, toutes les théories de la croissance et du développement y font nécessairement référence (Vermont-Desroches, 1994). D’un point de vue systémique - point de vue auquel se réfère souvent l’analyse spatiale - l’interaction correspond à la dynamique du système, elle est son moteur, elle en justifie son existence même. « Il serait probablement possible de redessiner l’histoire de la pensée économique spatiale autour de ce concept privilégié. En effet, le rôle des transports, si déterminant dans l’analyse de la localisation optimale (de Thunen à nos jours) ou dans l’analyse du développement spatial (théorie de la base) est corrélatif à celui de l’interaction. Les transports ne sont, dans cette perspective, qu’une matérialisation de cette interaction » (Vermont-Desroches, 1994).

L’interaction spatiale est un phénomène fondamentalement socio-économique. Le développement, la maximisation d’une interaction ont été, d’un point de vue historique, à la fois des gages de sécurité et d’efficacité économique. La naissance et la croissance des villes sont une manifestation évidente de l’interaction humaine dans l’espace économique. L’interaction spatiale se définit plus précisément à partir des phénomènes qu’elle engendre directement. Ces phénomènes d’interaction spatiale concernent naturellement l’échange, les déplacements de personnes et de marchandises mais également toutes les relations de proximité qui favorisent le développement des espaces économiques.

Toutes les activités localisées dans l’espace physique (unités de production, unités démographiques ou villes) entretiennent avec le milieu environnant un réseau de rapports complexes. Il semblerait que ces rapports s’organisent sur la base de champs gravitationnels, sensibles à la dimension des activités localisées sur le territoire et à leur distance relative. Chaque point de l’espace paraît en effet subir (et exercer) une influence qui dépend proportionnellement de l’intensité des masses en jeu, et en proportion inverse, de la distance qui les sépare de tout autre point de l’espace (Camagni, 1996). Le modèle qui traduit le principe d’interaction spatiale en termes analytique et opérationnel est le modèle « gravitationnel », ainsi nommé par analogie avec le modèle newtonien de la gravitation universelle.