21. Définitions

C’est en 1959 que Hansen proposait les premières définitions et utilisations du concept d’accessibilité. L’accessibilité est une notion plus riche que celle de proximité (dans son acception courante). Initialement, le terme de proximité exprimait deux notions différentes : une distance faible et un accès à une autre unité ou fonction économique. Si les deux notions étaient fondues dans le même mot, c’est parce qu’une distance kilométrique importante était perçue comme ce qui empêche « l’accès à » et inversement une distance réduite comme ce qui donne « l’accès à » (Molin, Vulin, 1992). Certaines évolutions sont venues troubler progressivement cette perception de la proximité : une hiérarchisation des performances de vitesse de plus en plus poussée entre les différents modes de transport entraîne tout d’abord que « l’accès à » peut être identique en se situant à deux distances différentes, mais en utilisant des modes de transport eux aussi différents. Dans la mesure où les différents réseaux de transport ont des couvertures spatiales qui sont imparfaites, qui introduisent de facto une différenciation spatiale, à égalité de distance « l’accès à » peut être très différent. Enfin, le phénomène de congestion, notamment urbaine, a pour corollaire qu’une distance géographique faible ne donne pas systématiquement « l’accès à ». Dès lors, le terme de proximité devient trop vague pour exprimer les deux idées de plus en plus disjointes de « distance faible » et « d’accès à » : coût et durée du déplacement sont de moins en moins proportionnels à la distance parcourue. Cela introduit la nécessité de la mesure de « l’accès à » : la notion d’accessibilité.

De façon générale, on entend par accessibilité le franchissement de la barrière opposée par l’espace au mouvement des personnes et des choses, comme à l’échange des biens, des services et des informations (friction spatiale). C’est une mesure de la séparation spatiale des activités humaines. Elle correspond à la facilité avec laquelle des activités peuvent être atteintes à partir d’une localisation donnée. Les mesures d’accessibilité sont fondées sur le principe que l’espace contraint le nombre d’opportunités accessibles. Au delà de ce point de vue général, les définitions et surtout les mesures qui en découlent différent largement. Gould (1969, in Morris, et alii, 1978) souligne le caractère glissant de l’accessibilité, en rappelant qu’il s’agit d’un terme que chacun utilise communément jusqu’à ce qu’il soit confronté au problème de définition et de mesure. En outre, la notion d’accessibilité ne peut pas se résumer à une mesure de séparation spatiale, c’est-à-dire à une distance géographique, distance-temps, distance-réseau, mais doit intégrer les éléments qui fondent l’interaction spatiale. La notion d’accessibilité prend en compte à la fois l’élément de séparation spatiale, ou élément résistant du déplacement, c’est-à-dire les coûts de transport, et l’élément moteur, c’est-à-dire le but du déplacement qui est la réalisation d’une activité urbaine. Enfin, certains auteurs ont souligné l’importance de fonder les mesures d’accessibilité au niveau de l’individu et sur une théorie comportementale. Dans ce cadre, les mesures d’accessibilité ne sont plus seulement une mesure agrégée du niveau de service en fonction de destinations potentielles, mais une mesure désagrégée en fonction du type d’individu qui se déplace, du motif, etc.