322. Les modèles économétriques de localisation urbaine

Les modèles économétriques ont comme objectif de déterminer quels sont les éléments susceptibles d’expliquer les choix de localisation. Contrairement aux modèles standards pour lesquels l’accessibilité est le critère essentiel, masquant des hétérogénéités spatiales et des spécificités de chaque portion du territoire, cette approche tente de prendre en compte l’ensemble des facteurs de localisations : les spécificités spatiales, la présence de biens publics, les effets de synergie ou d’idiosyncrasie entre différentes activités (classes sociales différentes, différents usages du sol). C’est ainsi que s’est développée une approche alternative aux modèles standards de micro-économie basée sur l’analyse économétrique des déterminants des choix de localisation.

Cette approche présente plusieurs avantages. Elle permet de déterminer la localisation urbaine des activités industrielles, généralement conçues comme données exogènes dans les modèles Lowry et dérivés, ou estimés avec difficulté dans les modèles d’interaction spatiale. Elle permet également d’estimer l’impact de différents types d’intervention publique ou de facteurs de localisation sur les choix de localisation des entreprises ou des ménages. Enfin, elle se base sur des hypothèses d’optimalité et ne restreint pas la liberté de choix des individus dans le cadre d’hypothèses simplificatrices à rationalité parfaite mais elle essaie d’extraire des relations empiriques fortes pour effectuer des prévisions valables.

L’approche économétrique qui opère en coupes simultanées sur des vecteurs de variable avec autant d’observations que de zones de désagrégation urbaine, se heurte aux limites suivantes. Premièrement, la limite statistique donnée par l’interaction entre les différentes variables qu’on veut expliquer (colinéarité et autocorrélation spatiale) obligeant à construire des modèles simultanés difficiles à calibrer. Deuxièmement, la limite d’agrégation des informations, par le fait que chaque zone se définit, en termes d’accessibilité par rapport à toutes les autres et non par rapport à chacune en particulier ; en résumé, le modèle n’utilise pas l’ensemble de la matrice des distances entre les zones, mais seulement un vecteur d’accessibilité globale pour chacune d’entre elles.

Il existe deux manières d’utiliser l’approche économétrique ; elles sont tout à fait semblables logiquement, mais elles diffèrent opérationnellement. La première renvoie à la construction des modèles généraux à opposer aux modèles large scale d’interaction spatiale, comme le modèle EMPIRIC. La seconde utilisation vise à calculer des équations qui expriment les préférences de localisation de différents secteurs urbains.