422. La modélisation du système urbain d’activités

4221. Le système économique urbain

La ville a une structure d’activités, caractérisée par leur distribution dans l’espace, qui est le résultat d’un certain nombre de processus qui interviennent à différents stades de son développement. Cependant, dans le domaine de l’analyse, le problème est de prévoir le développement futur le plus probable de la ville. Pour ce faire, le modèle concentre son intérêt sur les décisions de chaque activité, ménage ou entreprise, confronté au problème de la détermination de sa localisation dans l’espace urbain, c’est-à-dire modélise les décisions des individus. L’auteur considère que puisque la localisation d’une certaine activité va modifier d’une manière ou d’une autre la ville, les choix de localisation individuels devront inévitablement affecter les autres décisions sous la forme d’économies externes de localisation. Cela signifie que les choix de localisation des individus sont interdépendants, ainsi c’est seulement à partir d’une analyse jointe que l’on peut définir la demande de localisation. L’hypothèse économique des comportements des individus est la décision rationnelle, c’est-à-dire que l’on suppose qu’ils maximisent leur utilité individuelle. Cependant, contrairement aux autres biens économiques, l’espace urbain est considéré comme quasi-unique, puisque sa localisation est associée à un environnement très spécifique qui est seulement comparable à des espaces très proches. Ainsi, une parcelle de terrain donnée a une valeur directement associée à sa localisation relative dans la ville par rapport à celles des autres activités. Martinez fait référence au processus d’enchères foncières à la Alonso.

Le cadre théorique du modèle s’appuie sur plusieurs dimensions : La théorie des choix discrets dérivée de la théorie micro-économique du comportement individuel (théorie de l’utilité aléatoire), la théorie du surplus économique, et la loi des rentes d’enchères de Alonso-Fujita. L’hypothèse essentielle est que l’agent économique est un être rationnel et qu’il prend des décisions cohérentes dans l’objectif de maximiser son utilité (ou son profit). Les ménages et les entreprises sont des entités rationnelles qui cherchent à maximiser leur avantage net ; ils exécutent des activités (résidentielles, industrielles, commerciales...). Chaque agent possède une fonction d’utilité (ménage) ou de profit (entreprise). Cette utilité est définie comme une variable aléatoire. Les agents ont besoin d’échanger les uns avec les autres. Dans la mesure où ils sont dispersés dans l’espace, les échanges sont rendus possibles par des déplacements. Les choix de localisation et les choix de déplacements doivent conjointement maximiser l’utilité des agents après avoir considérés toutes les alternatives offertes.

Les déplacements sont ainsi effectués dans l’objectif de « prendre contact » ce qui justifie l’importance de la notion d’accès. L’accès peut alors être défini comme l’avantage économique dérivé de l’interaction entre deux activités, qui est l’avantage net obtenu par la prise de contact avec les autres activités moins le coût d’interaction (le coût de transport). La notion d’accès recouvre deux dimensions. La première renvoie à l’accessibilité. C’est l’avantage obtenu par l’individu qui se déplace vers certaines opportunités. Elle est perçue directement par la personne qui se déplace. La seconde est l’attractivité. Il s’agit de l’avantage obtenu « en étant visité » par d’autres activités.

La description des mécanismes d’occupation des sols et en particulier le marché des sols urbains passe par une démarche particulière synthétisant l’approche classique de l’équilibre spatial à la Alonso, avec les règles de la plus forte enchère (best-bidder), et la théorie des choix discrets (utilité aléatoire). Martinez dénomme cette synthèse théorique par « Bid-choice theory ». Le concept d’offre d’enchère est remplacé par le principe plus opérationnel du consentement à payer pour un logement localisé en un endroit donné. Le principe de maximisation de l’utilité est substitué par celui de la maximisation du surplus du consommateur procuré par ses choix de localisation. L’équilibre spatial intervient lorsque la localisation des activités remplie les deux conditions suivantes :

  1. Chaque consommateur se localise à un endroit qui maximise son surplus étant donnés les prix, c’est-à-dire qu’il choisit la meilleure alternative possible de localisation. La recherche de la maximisation de son surplus le conduit à maximiser la différence entre son consentement à payer et le prix du terrain.

  2. Les prix sur le marché des sols sont fixés par la règle de la plus forte enchère. Le terrain est affecté à celui qui dispose du consentement à payer le plus important.

Le consentement à payer, défini comme une variable aléatoire, est fonction d’un vecteur d’attributs relatifs aux caractéristiques du terrain, aux caractéristiques socio-économiques du ménage, mais aussi à l’accessibilité et l’attractivité de la zone.