114. Malgré des investissements importants, les transports publics défendent difficilement leur part de marché

C’est principalement dans les villes-centres que les transports publics progressent. En effet, les déplacements réguliers (domicile-travail à Paris, domicile-études en province) s’y sont mieux maintenus que sur les autres types de liaison, et la vitesse des transports publics y a connu une évolution plus favorable que celle de l’automobile, grâce notamment à l’extension des réseaux ferrés (métro, VAL, tramway) en province. Par contre, entre la ville-centre et la banlieue, c’est-à-dire là où ils semblaient les mieux armés, leur part régresse bien au delà de ce que pourrait expliquer une évolution défavorable de la structure des motifs. Le desserrement des banlieues explique en partie ce recul. Les structures urbaines des villes européennes ont tendance à devenir moins denses. Les zones les plus denses perdent souvent des habitants et des emplois. Ce sont les zones où les transports collectifs offrent traditionnellement les meilleures prestations et où la répartition modale en transports collectifs affiche les ratios les plus élevés : 20 à 40% dans les villes moyennes et 40 à 70% dans les centres métropolitains ayant les transports collectifs les plus développés, notamment en site propre. Toutefois, l’essentiel de la croissance et des transferts de localisation d’habitat et d’activités se disperse dans des zones à moyennes et faibles densités où le transport collectif est peu maillé et structurellement moins performant et où la répartition modale oscille entre 5 et 15%. Au total, les structures urbaines ont une dynamique d’évolution concentrique de plus en plus inadaptée à la mobilité collective. Les mutations économiques et les transformations des modes de vie tendent à réduire la part des déplacements contraints de type pendulaire (travail, formation) au profit des déplacements moins ou non-contraints (activités du temps libre, achats, loisirs) à configuration polarisées ou atomisées. Hormis les zones denses et les corridors urbains et suburbains structurés autour des infrastructures de transports publics, le transport collectif est globalement confronté à un marché des déplacements de plus en plus difficile à satisfaire car plus diffus dans l’espace et dans le temps (Bovy, 1999). D’autres raisons sont à rechercher, par exemple, dans le vieillissement des banlieues, sachant que les nouvelles générations de retraités gardent leur voiture et utilisent moins les transports publics que leurs aînés (Orfeuil, 1996).